
Exposition un peu étrange et envoûtante au Musée de l'Orangerie cet hiver, à l'occasion du cent-unième anniversaire du mouvement Dada né en 1916 à Zürich au Cabaret Voltaire et qui s'est propagé en Europe et à New York en une formidable expression libératoire après le désastre de la Première Guerre mondiale, pour reprendre les termes de ses organisateurs, pour imploser et se dissoudre en 1922.
Nous en suivrons le parcours, entremêlant des expressions artistiques des membres du courant Dada et des œuvres, africaines ou issues d'autres continents, considérées comme leurs sources d'inspiration.
ANTE DADA
Dans cette section, pour mettre en exergue l'influence des arts "primitifs" avant même le mouvement Dada, Nu sur fond rouge de Picasso (1905-1906), Adorateur de Karl Schmidt-Rottluff (1917), un bâton de danse de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Tête d'Homme du même Karl Schmidt-Rottluff (1917), un dessin de masque makondé de Raoul Hausmann (1915), un masque makondé (Tanzanie)
GUERRE
Le mouvement Dada est né en Suisse, ses fondateurs, souvent allemands, fuyant les "abattoirs" et l'absurdité de la guerre, d'où cette section qui met en exergue la présence sur les champs de bataille des troupes "levées" en Afrique...
Sculpture surmontée d'un casque britannique, affiche de Lucien Hector Jonas (1917), Canne figurant un tirailleur sénégalais gravée "1er RTS", Casque Adrian surmonté d'une tête de cochon coiffée d'un casque à pointe.
PERFORMANCES
Affiche de Marcel Slodki pour l'ouverture du Cabaret Voltaire, tableau Cabaret Voltaire de Marcel Janco, revue, invitation, photo de la première foire internationale Dada à Berlin en 1920, reconstitution d'une installation.
DADA GALERIE
Paul Guillaume, qui commença sa carrière de galeriste avec l'art "nègre", et dont la collection de tableaux, poursuivie par sa femme Dominique Walter-Guillaume est à l'origine du musée de l'Orangerie, est évoqué dans l'exposition, avec nombre de pièces d'art africain.
FRANCIS PICABIA
Portrait de Tristan Tzara (1919), Serpentins (1918-1919)
JEAN ARP
Trousse d'un DA (1920-1921), Composition en diagonale - crucifixion (1915), Configuration : portrait de Tristan Tzara (1916), Composition horizontale - verticale n°20 (1917)
SOPHIE TAEUBER-ARP
Motifs abstraits (masques (1917), Composition verticale - horizontale (1918), Taches quadrangulaires évoquant un groupe de personnages (1920), Personnages (1926), Portrait de Jean Arp (1917)
Sophie Taeuber-Arp s'est aussi intéressée aux ouvrages de perles africains et en a créé elle-même ; projets de costumes katsina d'indiens hopi et reconstitutions (2015) de ces costumes de 1922, une photo de Sophie Taeuber et de sa sœur Erika Schlegel dans des costumes hopi créés par Sophie en 1922..
MARIONNETTES
Là encore Sophie Taeuber est très présente avec les marionnettes crées en 1918 pour la représentation du Roi Cerf, de Carlo Gozzi. Notons aussi les très belles poupées Dada de Hannah Höch (vers 1916-1918)
Quelques tableaux rattachés au mouvement Dada : Nu Bleu (1916) et deux sérigraphies (1917) de Raoul Hausmann, Portrait visionnaire (1917) de Hans Richter...
MARCEL JANCO
est très présent lui aussi avec des tableaux, Jazz (1918) et Jeu de dés (sur plâtre, 1920) et ses masques de 1919 - le premier représente Tristan Tzara.
Dans la dernière section, quelques nouvelles références extra-européennes, avec ce masque japonais en relation avec les masques de Janco, la déesse cambodgienne Uma utilisée dans les collages de Hannah Höch, une proue de bateau de combat maori, un masque Baloué mis en scène, une statuette magique du Congo...
Le parcours de l'exposition s'achève sur l'évocation de l'après-Dada, notamment le mouvement surréaliste.
Max Ernst : La Nature à l'aurore (1936)
Man Ray : Noire et blanche (1926, épreuve négative)