
Le nom de Vasarely évoque généralement des images colorées, massivement diffusées pendant les années 1960 et 1970. L'exposition présentée en ce moment au Centre Pompidou permet de retracer le projet de cet artiste, débuté à Budapest à la fin des années 1920, dans le sillage des avant-gardes historiques et du Bauhaus et poursuivi à Paris où il s'installe avec son épouse dès 1930.
Vingt-deux ans après sa mort en 1997, c'est un hommage mérité qui est rendu à cette figure incontournable des années 70 : la dernière grande exposition consacrée à Vasarely remonte à 1963 au musée des Arts décoratifs...Nous en suivrons le parcours, organisé en 7 section.
1. Les Avant-gardes en héritage
Formé à Budapest au Muhely (« Atelier ») de Sándor Bortnyik, ancien élève du Bauhaus, Vasarely apprend à adapter le langage du modernisme à la communication commerciale. À son installation à Paris en 1930, il travaille comme graphiste publicitaire.
Les « études plastiques » qu’il réalise alors sont marquées par cette conception de la forme efficace et préfigurent les travaux à venir. La série des « Zèbres », entreprise dans les années 1930, annonce ainsi les ondes et vibrations de la période cinétique.
Catcheurs (1939), Amor 1-2 (1945)
Oeuvres diverses de 1937 à 1939...
Vasarely a d'abord gagné sa vie avec la publicité...
L'Homme (1943), dernier tableau figuratif de Vasarely...
2. Géométries du réel
C’est pendant les années de guerre que s’affirme chez Vasarely une ambition artistique à part entière. À l’origine des trois grands cycles autour desquels s’organise son oeuvre au seuil des années 1950, on décèle les structures sous-jacentes du réel, perçu dans ses grands rythmes comme dans ses manifestations les plus dérisoires. La contemplation des galets et des objets roulés dans le flux et le reflux des eaux engendre les formes adoucies qui peuplent les œuvres de la série « Belle-Isle ». Les réseaux de craquelures sur les carreaux de céramique d’une station de métro inspirent les contours des plans de couleurs de la série « Denfert ». Enfin, dans la série « Cristal-Gordes », lignes brisées et angles aigus transposent les formes cristallines et minérales du village du Luberon perché sur son rocher.
Goulphar, 1947
Belle-Isle GP, 1952-1962
Sauzun, 1950
Mar-Caribe, 1950-1956
Kerrhon, 1953-1954
Orgovan, 1950-1955
Nives II, 1949-1958
Sénanque 2, 1948-1950
Santorin, 1950
Ezinor, 1949-1953
Zante, 1949
Hô II, 1948-1952
Ruhr, 1950
Zombor (Hommage à Rizal), 1949-1953
Gordes, 1952
Kiruna, 1952-1962
Siris II, 1952-1958
Yellan II, 1949-1960
Luberon-Ménerbes, 1950
Composition abstraite (1950-1952)
Silur, 1952-1958
3. Énergies abstraites
Au début des années 1950, les séries « Photographismes » et « Naissances » marquent la réduction du langage de Vasarely au noir et blanc. Une des sources de cette évolution est la réversibilité de l’image photographique, positive ou négative. Dans la perspective d’une esthétique simple et logique, dotée d’une grande capacité de transmission de l’information, et dans le contexte de la cybernétique naissante, l’opposition noir/blanc offre un équivalent du langage binaire et oriente le processus créatif du côté de la programmation. Les contrastes du noir et du blanc engendrent en outre des phénomènes optiques qui déterminent une perception dynamique. Vasarely est en train d’inventer ce que, dans la décennie suivante, on appellera l’op art, l’une des évolutions les plus significatives de l’abstraction géométrique depuis son apparition.
Cintra, 1955-1956
Hommage à Malévitch, 1954-1958
Kantara, 1957-1959
Dobkö, 1957-1959
Procion et Procion négatif, 1959
Tlinko II, 1956
Supernovae, 1959-1961
Leyre, 1962
Ilava, 1956
Vega, 1956
T.M., 1958
Andromède, 1958
Nous poursuivrons la visite de cette rétrospective très complète dans un prochain billet