
Une pause dans les excursions des vacances de printemps pour revenir à l'actualité des expositions parisiennes avec la belle exposition consacrées aux Nabis par le Musée du Luxembourg. Comme le dépliant nous le rappelle :
"À la fin des années 1880, de jeunes artistes fascinés par la peinture de Gauguin se regroupent pour affirmer leur opposition à l’impressionnisme, qu’ils jugent trop proche de la réalité. Ils se désignent eux-mêmes comme des « nabis » – mot qui signifie « prophètes » en hébreu et en arabe – car leur ambition est de révéler un art nouveau.
Le groupe, actif entre 1888 et 1900, se compose au début de peintres tels que Paul Sérusier, Paul-Élie Ranson, Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, Maurice Denis, bientôt rejoints par d’autres artistes, notamment Ker-Xavier Roussel. Ces personnalités très différentes s’accordent à donner à la peinture un rôle essentiellement décoratif avec l’idée d’abolir la frontière entre beaux-arts et arts appliqués. Fascinés par les estampes japonaises découvertes à l’occasion d’une exposition organisée à l’École des beaux-arts de Paris en 1890, les Nabis s’inspirent de ces images planes et colorées pour créer un style original."
Section 1 : Femmes au jardin
Maurice Denis : Femmes assises à la terrasse dit aussi Soir de septembre (1891), Avril, Juillet, Soir d'octobre (1892)
Pierre Bonnard : Femmes au jardin (1891) - Femme à la robe à pois blancs; Femme assise au chat, Femme à la pélerine, Femme à la robe quadrillée
Edouard Vuillard : la série des Jardins publics, panneaux commandés en 1894 par Alexandre Natanson pour son hôtel particulier de l'avenue du Bois à Paris.
Les Nourrices, La Conversation, L’Ombrelle Rouge :
Fillettes jouant, L'Interrogatoire
La Promenade
Pierre Bonnard : les tableaux de La cueillette des pommes (entre 1895 et 1899)...
et Le Grand jardin (vers 1895)
La Terrasse de Ker-Xavier Roussel (vers 1892)
La section s'achève sur Arabesque poétique dit aussi L’Echelle dans le Feuillage de Maurice Denis (1892)
Section 2 : Intérieurs
La section s'ouvre avec les quatre panneaux réalisés en 1896 par Edouard Vuillard pour la bibliothèque de l'appartement parisien du docteur Henri Vaquer, Personnages dans un intérieur :
L’Intimité, Le Piano
Le Choix des livres, le Travail
Edouard Vuillard : Le Pot de Grès (1895)
Edouard Vuillard : Le Corsage rayé (1895)
Section 3 : L'Art Nouveau
Décor pour une chambre à coucher
"En 1895, Siegfried Bing demande à Maurice Denis de réaliser une frise décorative pour une chambre à coucher destinée à sa Maison de l’Art nouveau. Denis s’inspire du cycle de lieder de Schumann L’Amour et la vie d’une femme pour représenter des épisodes marquants de l’existence féminine, de la passion amoureuse à la maternité. Peint dans une tonalité crépusculaire dominée par la couleur bleue, le décor mêle des motifs familiers à des visions symbolistes. Seuls deux panneaux sont actuellement connus sur un ensemble de sept, dispersés par des ventes successives." (Farandole et La jeune fille à sa toilette)
"Très attaché à ce décor, Denis en réalise à la fin des années 1890 une nouvelle version pour la chambre de son épouse Marthe, frise qui connaît plusieurs ajouts et modifications. Les petits paysages peints vers 1900 dans un style naïf représentent le jardin clos de la villa de l’artiste entre 1896 et 1900 à Saint-Germain-en-Laye, théâtre des premiers émois amoureux de Marthe et Maurice pendant leurs fiançailles."
"En décembre 1895, les Parisiens découvrent la première exposition organisée par Siegfried Bing dans sa Maison de l’Art nouveau. Les pièces remplies de meubles, de bibelots, de peintures, de sculptures et d’estampes sont aménagées comme un appartement. Des frises décoratives commandées par Bing à Denis et Ranson figurent au milieu de meubles conçus par l’architecte décorateur d’intérieur Henry Van de Velde. Bing avait eu l’idée géniale de conjuguer le talent des artistes avec celui des artisans pour renouveler le décor des intérieurs modernes.
À cette époque, presque tous les Nabis dessinent des projets d’arts appliqués répondant ou non à des commandes. Ils produisent des prototypes de petit format, comme des éventails ou des abat-jour, ou plus importants, comme des tapisseries ou des papiers peints. À l’issue d’un voyage aux États-Unis en 1895, Bing commande à Bonnard, Maurice Denis, Roussel, Toulouse-Lautrec et Vallotton des cartons pour des vitraux, qu’il fait exécuter par le maître verrier américain Louis Comfort Tiffany.
Les créations des Nabis dans le domaine des arts appliqués, bien que restées expérimentales, ont joué un rôle important dans l’abolition de la frontière entre art et artisanat.
Tapisseries :
Aristide Maillol. La Baigneuse ou La Vague, 1896-1899
Paul Ranson : Printemps ou Femmes sous les arbres en fleurs, 1895
Un paravent de Marguerite Sérusier, Paysage vallonné, vers 1910
Décor pour Bing
Cet ensemble composé de sept panneaux, dont six sont aujourd’hui conservés au musée départemental Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye, a été conçu par Paul Ranson pour l’aménagement d’une salle à manger commandée par Bing à l’occasion de l’ouverture de son Salon de l’Art nouveau en 1895.
Cinq femmes à la récolte
Femme à la cruche
Quatre femmes à la fontaine
Femme au chien qui saute
Trois femmes à la récolte
Femme au chien qui porte un collier
Cartons de vitraux :
Edouard Vuillard : Les Marronniers (1894-1895)
Ker-Xavier Roussel : Le Jardin, 1894
Porcelaines peintes :
Deux de Edouard Vuillard (1895), une de Pierre Bonnard (Femme et chien, vers 1905)
Projets pour papiers peints :
Maurice Denis. Les Colombes, Les Bateaux jaunes, Les Harpistes, vers 1893
Paul Ranson. Les Canards, vers 1894-1895
Projets d'abat-jour :
Maurice Denis : Le Trottoir roulant, vers 1900
Félix Valloton : Les Bateaux, 1898
Des estampes, issues pour la plupart de la collection de Maurice Denis, illustrent l'influence du Japon sur le renouveau des arts appliqués tels que les ont pratiqués les Nabis.
Section 4. Rites sacrés
"Certains artistes du groupe des Nabis se sont plus particulièrement intéressés à des sujets symbolistes, qu’ils ont transposés dans leurs décors. Les principaux représentants de ce courant sont Paul Sérusier, Paul-Élie Ranson, Maurice Denis, qui conçoivent l’art comme l’expression d’une pensée supérieure en lien avec la spiritualité, la philosophie, la poésie, l’ésotérisme."
Maurice Denis : Erlkönig [Le Roi des aulnes] projet d'abat-jour, 17 novembre 1893.
Paul Sérusier : Femmes à la source, 1899
Paul Sérusier : Les Porteuses d’eau ou La Fatigue, 1897
Paul Sérusier : La Vision près du torrent ou Le Rendez-vous des fées, vers 1897
Maurice Denis ; L’Éternel Été (Le Chant choral, L’Orgue, Le Quatuor, La Danse, 1905)
Maurice Denis : La Légende de saint Hubert
Commandé en 1895 par Denys Cochin, ce décor monumental était destiné à orner le cabinet de travail de son hôtel particulier. Le sujet avait été suggéré par le commanditaire, fervent amateur de chasse à courre.