Avec ce portrait de Berthe Morisot par Edouard Manet - qui ne figure pas dans l'exposition - nous terminons la visite de la rétrospective qui lui est consacrée au Musée d'Orsay (notre billet du 27 juillet).
Fini/non-fini : "Fixer quelque chose de ce qui passe"
"La question du fini traverse l'entière production de Berthe Morisot et, plus généralement, se situe au coeur des débats sur l'impressionnisme. Elle est certainement l'artiste qui mène à cet égard les expérimentations les plus radicales, en particulier à partir de la fin des années 1870, tant dans les scènes de plein air que d'intérieur. La recherche d'un effet d'instantanéité la conduit alors à adopter une touche de plus en plus rapide et esquissée, fusionnant figure et fond dans un all-over privé de repères spatiaux."
Sur la Plage dit aussi Plage de Nice, 1882
Jeune femme cousant au jardin, vers 1883
Au Jardin dit aussi Dames cueillant des fleurs ou Dans le bois de Boulogne, 1879
Le Lac du bois de Boulogne dit aussi Jour d'été, vers 1879
Eugène Manet et sa fille au jardin, 1883
M. Manet et sa fille dans le jardin de Bougival, 1881
La leçon au jardin, 1886
Sur le lac dit aussi Petite fillz au cygne, 1883
Les pâtés de sable, 1882
La Jatte de lait, 1890
La Barrière à Bougival, 1884
Le Jardin de Maurecourt, 1884
Enfant au fauteuil dit aussi Jeune Fille à la poupée, 1884
Jeune Fille au manteau vert, 1894
Jeune fille à la potiche,, 1889
Portrait de Mlle L.(ambert) dit aussi Isabelle au jardin, 1885
Femmes au travail
"Servantes, bonnes et nourrices sont des modèles de prédilection pour Morisot.
Au cœur de la maison, elles sont aussi un autre indice de cette peinture de l'intime à l'oeuvre chez l'artiste. Ce travail silencieux et invisible, cantonné à la sphère privée, n'a pas la dimension politique ou naturaliste des représentations des mondes paysan, artisan et ouvrier qui abondent au Salon à partir des années 1880, mais Morisot leur donne dignité et poésie."
La Nourrice dit aussi Nourrice et bébé, vers 1880
Dans la salle à manger, 1880
Autoportrait, 1885
Cousant dans le jardin dit aussi Pasie cousant dans le jardin de Bougival, 1881
Blanchisseuse dit aussi Paysanne étendant du linge, 1881
La Fable, 1883
La Petite Servante, 1886
Fenêtres et seuils
A bien y regarder, les espaces dépeints par Berthe Morisot sont souvent des seuils, des espaces liminaires où l'intérieur est ouvert vers l'extérieur et en lien avec lui. Morisot affectionne les balcons, fenêtres, vérandas et jardins d'hiver, particulièrement mis à l'honneur par l'architecture domestique de la seconde moitié du XIXe siècle. Elle privilégie ces lieux de perméabilité entre extérieur et intérieur, indéterminés, à une époque où, précisément, les espaces se différencient sexuellement et se spécialisent au sein de la maison selon les usages et rituels sociaux.
Enfant au tablier rouge , 1886
Intérieur de cottage, 1886
La Lecture, 1888
Dans la véranda, 1884
Jeune Femme assise sur un sofa, vers 1879
A la campagne dit aussi Après le déjeuner, 1881
Sur le banc dit aussi Jeune Fille dans un parc, 1888-1893
Un atelier à soi
Le titre de cette [dernière] section renvoie à un texte de la romancière anglaise Virginia Woolf qui soulignait l'importance d' "une chambre à soi si [une femme] veut écrire une oeuvre de fiction".
Si Berthe Morisot n'a pas toujours eu un atelier à proprement parler, elle a pu se ménager des espaces de création que l'on retrouve dans ses tableaux. En 1883, elle créé un salon-atelier dans l'immeuble qu'elle fait construire avec son mari rue de Villejust, actuelle rue Paul Valéry, à Paris.
On retrouve les murs rosés ou le porte-dessins dans plusieurs compositions du début des années 1890. Mais c'est bien l'intérieur dans son ensemble qui semble se saturer d'art et qui en devient le miroir.
A la fin de sa vie, Morisot multiplie en effet les compositions où sa fille Julie, ses nièces ou quelques modèles professionnels sont occupés à jouer de la musique, dessiner ou peindre.
Fillette au chien [second fragment], 1886
Lucie Léon au piano, 1892
Fillette assise dit aussi Julie Manet tenant un livre, 1889
Fillette à la mandoline, 1890
La Mandoline, 1889
Jeune Fille au lévrier, 1893
Portrait de Mlle J.[ulie] M.[anet] dit aussi Julie réveuse, 1894
Le Violon dit aussi Julie Manet au violon, 1893
Jeune Fille en blanc, 1891
et pour finir, une dernière image de sa fille Julie Manet jouant au violon en robe blanche, 1894