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Aujourd'hui, un billet autour d'une petite commune des Vosges, Domjulien, qui comptait au dernier recensement 175 habitants curieusement surnommés queuches de bian polain, cuisses de blanc poulain en patois local. C'est le patrimoine exceptionnel de son église qui en motive le sujet.
Vues extérieures de l'église, dont le chœur gothique est inscrit au titre des monuments historiques :
L'intérieur lumineux, qui n'a pas dû beaucoup changer depuis le XVIIIème siècle avec son badigeon "Marie-Thérèse"
Le premier sujet d'émerveillement est ce retable qu'on découvre à gauche dès franchi le porche d'entrée.
Une inscription, qu'un cartel aide le visiteur à déchiffrer, permet de le dater précisément en 1541.
Ce retable a malheureusement été exposé de longues années à l'extérieur de l'église, où l'action des pluies n'a pas été sans effet, mais il reste très beau, comparable à ceux de l'église de Gugney-aux-Aulx, à quelques dizaines de kilomètres.
Au centre, la crucufixion :
Les panneaux latéraux avec les apôtres
L'ornementation de la partie supérieure
L'église recèle aussi une remarquable mise au tombeau du XVIIème siècle.
(avec un clin d'œil à notre ami historien qui tente de se substituer à Joseph d'Arimathie)
- Joseph d'Arimathie
- Deux saintes femmes (Marie Jacobé et Marie Salomé)
- Marie et Jean
- Marie-Madeleine, "en cheveux" et près des pieds du Christ, selon la tradition, et Nicodème
S'ajoutent aux personnages traditionnels deux anges de part et d'autre de la scène, portant les instruments de la Passion.
Non loin, une statue de Saint Georges terrassant le dragon, un peu dégradée mais très expressive, notamment pour ce qui concerne le dragon
Sur l'autel à l'extrémité du bas-côté gauche, une belle statue de Saint-Julien, dans une curieuse tenue de chasseur
Au mur à côté de cet autel a été posée la dalle funéraire d’Antoine de Ville, seigneur de Domjulien mort en 1425. Il s'agit du grand-père ou de l'arrière-grand-père d'Antoine de Ville (né à Domjulien vers 1450 et mort à Naples en 1523), capitaine de Charles VIII, premier alpiniste à gravir le mont Aiguille en 1492, et considéré comme un pionnier de l'alpinisme.
Sur l'autel symétrique, au fond du bas-côté droit, une très belle statue de la vierge à l'enfant, probable œuvre d'un sculpteur rhénan.
Dans le chœur, des restes de peintures murales et une intéressante descente de croix. On remarque une clé de voûte aux armes de la famille de Ville, aux couleurs curieusement inversées, probablement repeinte à une époque où le souvenir des seigneurs de Ville était déjà lointain...
Dans une petite chapelle fermée où l'aimable Mme Claudel, qui nous avait ouvert le bâtiment, nous a conduits, un autel avec une expressive statue de Saint-Antoine aux ardents
et quelques statuettes de confrérie :
- Sainte Anne, représentant l'éducation de la Vierge
- Sainte Philomène,
- Saint Julien, dans un costume de soldat romain plus conforme à la tradition de Saint Julien de Brioude
Quelques maisons du village avant de le quitter...
Tout près de Domjulien, sur les collines, nous découvrons un paysage viticole un peu inattendu dans ce département peu réputé pour sa production
Les vignes dominent le village de La Neuveville-sous-Monfort,
avec sa cave coopérative viticole. L'auteur a conservé une étiquette de "vin de table des Vosges" datant de quelques dizaines d'années, et conserve dans sa cave - sans oser les boire, peut-être de peur d'être déçu - quelques bouteilles d'une production plus récente.