/image%2F1508962%2F20221010%2Fob_496692_img-7784.jpg)
Exposition hors du commun à la Fondation Cartier, l'artiste aborigène Sally Gabori.
Considérée comme l'une des plus grandes artistes contemporaines australiennes de ces deux dernières décennies, Sally Gabori commence à peindre en 2005, vers l'âge de 80 ans, et atteint rapidement une renommée artistique nationale et internationale. En quelques années d'une rare intensité créatrice, jusqu'à sa disparition en 2015, elle élabore une œuvre unique aux couleurs vibrantes, sans attache apparente avec d'autres courants esthétiques, notamment au sein de la peinture aborigène contemporaine.
Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori est née vers 1924 sur l'île Bentinck, dans le golfe de Carpentarie, au nord de l'Australie. Elle appartient au peuple kaiadilt et parle la langue kayardilt. Son nom, Mirdidingkingathi Juwarnda, est issu de la tradition kaiadilt qui veut que chacun soit nommé en fonction de son lieu de naissance et de son ancêtre totémique. Ainsi, Mirdidingkingathi indique que Sally Gabori est née à Mirdidingki, une petite crique située au sud de l'île Bentinck, et que son « totem de conception > est juwarnda, le dauphin.
Pendant les neuf années de son activité artistique, Sally Gabori peint plus de 2000 toiles explorant comme en accéléré les multiples ressources de l'expression picturale. Son œuvre est titrée selon le lieu, chacun représenté plusieurs centaines de fois. Le parcours d'exposition en dévoile les plus importants : au rez-de-chaussée est présenté un ensemble de toiles principalement liées au lieu Thundi.
Toutes sont des peintures polymères synthétiques sur toile de lin ; nous les classons par ordre chronologique :
Thundi, 2008 :
Thundi, 2010 :
De 2010 également, ce tableau est titré Thundy - Big River
Thundi, 2011 :
Thundi, 2012 :
Dans cette salle, deux autres lieux sont aussi présents :
Ninjilki, 2006 et 2011 :
et Dibirdibri Country, 2010 :
L'autre grande salle du rez-de-chaussée est consacrée surtout à des Oeuvres collectives.
L'installation la plus spectaculaire est faite de deux toiles monumentales de 2m par 6 m, réalisées avec six autres femmes artistes, dont ses sœurs et nièces : Thunduyingathi Bijarrb May Moodoonuthi, Wirrngajingathi Bijarrb Kurdalalngk Dawn Naranatjil, Kuruwarriyingathi Bijarrb Paula Paul, Rayarriwarrtharrbayingathi Mingungurra Amy Loogatha, Birrmuyingathi Maali Netta Loogatha et Warthadangathi Bijarrba Ethel Thomas.
En haut : Makarrki - King Alfred's Country, 2008
En bas : Sweers Island, 2008
Une toile réalisée avec ses filles Amanda et Elsie :
Pat et Sally's Country, 2011
Dans cette salle, également, deux toiles titrées Thundi, 2010 :
et une toile intitulée Dibirdibi Country, 2011
Au sous-sol, la grande salle est principalement consacrée à Dibirdibi.
Inépuisable source d'inspiration, c'est Dibirdibi que Sally Gabori a le plus souvent représenté. Les toiles réunies ici sont à la fois des célébrations du récit fondateur de son île natale et des portraits de son mari bien-aimé, Pat Gabori.
Par ordre chronologique, Dibirdibi Country, 2008 :
De la même année, Outside Dibirdibi, 2008 :
et Ninjilki, 2008 :
Dibirdibi Country, 2009 :
De la même année, Nyinyilki - Main Base, 2009
Dibirdibi Country, 2010 :
et, sur quatre panneaux, Dibirdibi Country, 2012 :
Terminons avec la petite salle du sous-sol, où Sally Gabori évoque Nyinyilki.
À Nyinyilki, sur la côte sud-est de l'île, se trouve un lagon d'eau douce jonché de nénuphars, d'où se dégage une atmosphère douce et humide. Issue d'un bras mort d'une rivière ou d'un cours d'eau, cette étendue d'eau est aussi appelée billabong, typique des paysages australiens.
La mer, dans ses différents tons de bleu, est morcelée par endroits par un vaste système de pièges à poissons composés de murets de pierres, construits par les kaiadilt sur les pourtours de l'île. Sally Gabori, comme la plupart des femmes Kaiadilt, était chargée de la pêche et de l'entretien de ces pièges. Ce motif figure en abondance dans les tableaux de Sally Gabori, le plus souvent sous forme d'épais traits noirs qui tranchent avec les couleurs vives et pastel de ces paysages.
Nyinyilki, 2009 :
et quatre toiles Nyinyilki, 2010 :