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Le palais Galliera, musée de la Mode de la ville de Paris, présente une exposition originale consacrée à l'artiste mexicaine Frida Kahlo (1907-1954). À la différence de l'exposition de 2013-2014 (notre billet du 20 décembre 2013) qui présentait un dialogue de peintures de l'artiste et de son illustre conjoint Diego Rivera, peu d'œuvres de Frida elle-même mais une évocation de sa vie à travers des photos, des objets et bien sûr une superbe présentation de vêtements tels qu'elle en a mis en beauté toute sa vie.
Dans la première partie de l'exposition, de nombreuses photographies témoignent de son enfance et de sa jeunesse. Ce dessin relate l'accident grave d'autobus dont elle fut victime à 18 ans , le 17 septembre 1925 : c'est à partir de ce moment qu'elle se consacre à la peinture et adopte le vêtement traditionnel qui lui permet d'afficher sa mexicanité, mais aussi de composer avec son handicap., sachant qu'avant même cet accident, une poliomyélite contractée à l'âge de six ans l'avait déjà affligée d'une infirmité.
Une partie de l'exposition est d'ailleurs consacré à cette infirmité, avec ces croquis :
Autoportrait, 1953, encre sur papier
Pourquoi voudrais-je des pieds puisque j'ai des ailes pour voler ?, 1953, encre sur papier
Fac-similé de son journal (elle fut amputée de la jambe droite en 1953)
Divers corsets et béquilles. Certains corsets ont été décorés par Frida Kahlo.
Bottines portant un badge en relief « A Frida avec amour, Pita et Olga »>, 1948-1952, Coyoacán, Mexique, satin, cuir, coton, métal et verre.
Ces bottes présentent un talon compensé intégré pour s'adapter à la jambe droite, plus courte, de Frida Kahlo, résultat de la polio contractée dans l'enfance. Elles sont personnalisées avec des bandes de perles et de soie brodées de dragons. Le badge est un cadeau de la poétesse Pita Amor et d'Olga, l'épouse de l'artiste mexicain Rufino Tamayo.
Peu d'œuvres de l'artiste dans cette exposition centrée sur sa personnalité et sa vie, et surtout les vêtements qu'elle affectionnait, comme il convient à ce musée unique consacré à la mode.
Étreinte amoureuse de l'Univers, de la terre de moi, de Diego, 1949, dessin
Enfant tehucana, Lucha Maria ou Soleil et Lune, 1942
Autoportrait peignant Staline, vers 1954, mine de plomb sur papier
Jusqu'à sa mort, Frida Kahlo sera une militante et une fervente communiste. Son désir de consacrer son art au service de la cause politique, à l'instar de Rivera et des muralistes mexicains, est consigné dans son journal vers la fin de sa vie. Ici, l'artiste, habillée en Tehuana, est assise devant son chevalet, sur lequel est exposé un portrait de Joseph Staline. Bien que Frida Kahlo ait accueilli Léon Trotski chez elle à la fin des années 1930, elle a ensuite affirmé sa loyauté envers Staline. Ce n'est qu'après la mort de Frida Kahlo que les purges staliniennes furent plus largement connues.
Autoportrait, endormie, 1932
Photographie par Nickolas Muray du tableau de Frida Kahlo Ce que l'eau m'a donné, vers 1938
Autoportait, vers 1937, crayon et crayon de couleur sur papier calque
Les Apparences sont trompeuses, vers 1946, fusain et crayon de couleur sur papier
Autoportrait, 1938, huile sur métal
The Frame [Le Cadre], 1938, huile sur métal et fixé sous verre
Frida Kahlo a glissé son autoportrait, peint sur une feuille d'aluminium, derrière un cadre en verre peint à l'envers provenant de Oaxaca. Le tableau a été présenté en 1939, à l'occasion de l'exposition collective Mexique à la galerie Renou et Colle, à Paris. L'État français l'a alors acheté à la galerie : il est conservé au Centre Pompidou.
Ma robe est suspendue là-bas, 1933, huile et collage sur Isorel
Dans cette représentation du New York de la Grande Dépression, Frida Kahlo utilise son costume de Tehuana comme substitut à sa présence. Elle est le témoin réticent et la critique acerbe des maux de la société américaine avec le collage de files d'attente devant la soupe populaire et de manifestations politiques.
Autoportrait, 1948, huile sur panneau
Des bijoux, portés, pour beaucoup réalisés ou réarrangés par Frida Kahlo, et des objets divers.
Beaucoup de photos de l'artiste, dont le père était lui-même photographe, à commencer par ce portrait par son père en juin 1919 :
Frida et Diego Rivera chez le sculpteur Ralph Stockpole, 1931, photo de Peter Juley
Frida Kahlo et le Dr Farill, 1951, par Gisèle Freund, devant le tableau où elle s'est peinte avec le chirurgien.
Des photos en couleurs par Nickolas Muray en 1939. Sur la deuxième, elle porte des boucles d'oreille de Picasso.
Nous ne détaillerons pas les vêtements, le plus souvent traditionnels mexicains, qui comme toujours à Galliera composent de très belles installations.
Une exception pour la coiffe Resplandor, présentée sur un mannequin et portée par Frida Kalho sur cette photo de Bernard Silberstein en 1940.
Enfin, terminons par cette hommage à Frida Kahlo par Jean-Paul Gaultier : Corset multi-ceintures, jupon, manchons et coiffe, prêt-à-porter, printemps-été 1998, jacquard (corset et manchons), tulle et organza à étages (jupon)