/image%2F1508962%2F20230103%2Fob_4aebdb_affiche-paris-et-nulle-part-ailleurs-6.jpg)
Le Musée de l'histoire de l'immigration, installé dans l'ancien musée des Colonies édifié à l'occasion de l'exposition coloniale internationale de 1931, présente une intéressante exposition ainsi introduite :
Dans la première moitié du XXe siècle, Paris est la capitale mondiale des arts, le foyer des avant-gardes vers lequel affluent artistes et intellectuels du monde entier. Après la Seconde guerre mondiale, malgré l'attractivité de plus en plus forte de New York, c'est encore à Paris, et, pour beaucoup, nulle part ailleurs, qu'il faut aller se former, créer, exposer, confronter son travail à celui des autres, écrire l'histoire de l'art.
L'exposition Paris et nulle part ailleurs plonge le public dans ces années d'effervescence qui, de 1945 à 1972, virent l'émergence de nouvelles visions, que ce soit dans le domaine de l'abstraction, de la figuration et de l'art cinétique.
1 EXILS VOLONTAIRES
On ne quitte pas son foyer sans raison. Si certains artistes viennent à Paris pour apprendre leur métier, rejoindre un mouvement artistique, d'autres fuient un régime politique ou une société hostile. Paris est, en ces années d'après-guerre, un carrefour cosmopolite où l'on perd ses repères pour en créer de nouveaux. Pour certains, la vie d'avant est souvent en arrière-plan, pour d'autres les aventures individuelles prennent sens au regard de la grande Histoire. L'artiste étranger à Paris est aussi un solitaire dans une société qui l'ignore ou même qui peut le mépriser. Cette section démontre que le souvenir du pays quitté et de l'exil peut devenir un sujet artistique à part entière.
Eduardo Arroyo (1937-2018), Espagne :
Réflexions sur l'exil : Irun-Hendaye, 1976, huile sur toile
Velásquez mon père, 1964, huile sur toile
Robinson Crusoé, 1965, huile sur toile
El Caballero español, 1970, huile sur toile
Miodrag Đurić dit Dado (1933 - 2010), Montenegro :
L'Architecte, 1959, huile sur toile
Les Limbes, dit Le Massacre des innocents, 1958-1959, huile sur toile
La Maison à Hérouval, 1967, huile sur toile
Alicia Penalba (1913-1982), Argentine
Trois sculptures :
Alada, vers 1960-1963, bronze
Hommage à César Vallejo, 1955-1960, bronze en trois morceaux superposés
Ancêtre Papillon, 1955, bronze à la cire perdue sur socle en ardoise
Judith Reigl (1923-2020), Hongrie :
Face à..., 1989, technique mixte sur toile
Antonio Segui (1934-2022), Argentine.
/image%2F1508962%2F20230103%2Fob_340ded_img-4525-1.jpg)
Avec une mention particulière pour ce peintre qui s'était installé à Arcueil, dans l'ancienne maison d'Émile Raspail :
Paris Journal 13 (3 avril 1992),
Paris Journal 63 (19 mai 1992),
Paris Journal 58 (13 mai 1992),
Paris Journal 107 (25 août 1992), huile et acrylique sur papier journal marouflé sur toile
Mucha Gente, 1966, huile sur bois découpé
À vous de faire l'histoire I, 1965-1968, huile sur toile et bois découpé
Constitué d'une soixantaine de tableautins associés et à l'origine interchangeables car montés sur plaques magnétiques, À vous de faire l'histoire I est le premier tableau d'une série poursuivie par l'artiste de 1965 à 1969. En opposition à beaucoup de ses œuvres précédentes caractérisées par une sombre satire de la société argentine, la série est inspirée par l'humour et les couleurs légères des bandes dessinées et des encarts publicitaires de la presse. Personnages comiques, éléments anatomiques, chapeaux, vêtements et nuages, librement disposés sur toute la surface de l'œuvre et parfois montés sur cubes de bois, permettent au spectateur d'imaginer à partir d'eux toutes les narrations possibles comme le font tous les enfants du monde à partir de leurs propres jouets.
Cuando te Vuelvo a Ver, 1985, huile sur toile
Hervé Télémaque (1937-2022), Haïti
Quartier, 1992, marc de café et pigments sur bois
Mornes II, 1995, marc de café et pigments sur bois
Petit célibataire un peu nègre et assez joyeux, 1964, huile sur toile
Métro n°2 (à bas les nègres), 1967, acrylique sur toile et tissu
Banania III, 1964, huile sur toile
2 HYBRIDATIONS
L'étranger est au carrefour de plusieurs cultures, qui parfois se mêlent, parfois entrent en tension. Les artistes viennent s'imprégner à Paris des chefs-d'œuvre historiques et se nourrir de la création contemporaine. Leur style, établi durant leurs années de formation, change au contact des mouvements artistiques parisiens, et contribue à les renouveler. Cette seconde partie de l'exposition interroge la manière dont certains artistes réinvestissent la modernité parisienne à l'aune des langages et techniques artistiques de leur pays natal.
Shafic Abboud (1926-2004), Liban :
L'Adieu de février, 1982, huile sur toile
À l'atelier, 1970, huile sur toile
Saisons II, 1959, huile sur isorel
Ahmed Cherkaoui (1934-1967), Maroc :
Talisman III, 1966, huile sur toile
Le Couronnement, 1964, huile et pigments sur toile
Les Rêves de la princesse, 1962, huile et pigments sur toile
Menaces de la fleur, 1962, huile et pigments sur toile
Wifredo Lam (1902-1982), Cuba - voir notre billet du 1er octobre 2015) :
Femme, 1975, huile sur toile
Maternité IV, 1960, huile sur toile
À la fin de la nuit, 1969, huile sur toile
Grande composition, 1960, huile sur toile
Joan Mitchell (1925-1992), Etats-Unis - voir notre billet du 10 décembre 2022) :
A Small Garden, 1980, quadriptyque, huile sur toile
Peinture, vers 1959, huile sur toile
Iba N'diaye, (1928-2008), Sénégal :
Les Anciens nous regardent, 1979, huile sur toile
Scène de marché, 1978, huile sur toile
Rhamb, 1979-1990, huile sur toile
Rhamb, 1979, huile sur toile
Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992), Portugal - voir notre billet du 4 juin 2016) :
Lisbonne, 1940, gouache sur carton
Normandie, 1949, gouache sur toile
Paris, la Nuit, 1951, huile sur toile
Zao Wou-Ki (1920-2013), Chine - voir notre billet du 1er juillet 2018) :
10-03-72 - En mémoire de May, 1972, huile sur toile
Vent, décembre 1954, huile sur toile
3 L'OPACITÉ DU MONDE
Au début des années 1960, nombre d'artistes insèrent dans leurs œuvres des objets ordinaires, en plein avènement de la société marchande et industrielle. Ils interrogent le réel le plus banal, son expressivité mais aussi son opacité, sa violence et sa vacuité. Leurs œuvres traduisent leur prise de distance à l'égard du pays dans lequel ils viennent d'arriver, dans un monde polarisé par la Guerre Froide mais où souffle un désir de libération sociale. En réponse à cet univers étranger et inquiétant, ils cherchent à construire un monde à eux. Cette section rassemble des artistes qui recréent un univers artistique fait d'objets venus de toutes parts.
Guðmundur Guðmundsson, dit Erró (né en 1932), Islande
12 collages des séries Collages Paris et Meca-Make-up, entre 1958 et1960
Auto-transformateur des générations, 1961, peinture glicerophtallique sur toile
Tetsumi Kudo (1935-1990), Japon :
Âmes d'artistes d'avant-garde, 1986, plastique, métal, laine, soie, résine synthétique
Votre portrait-Chrysalide dans le cocon, 1967, ouate plastifiée, polyester et lumière noire
Portrait de l'artiste, 1968-1975, plastique, résine, métal, laine, papier, peinture et bois isorel
Portrait de l'artiste, 1975, plastique, métal, terre, résine, colle, cellulose, câble, peinture, thermomètre, pinceau, cage
Milvia Maglione (1934-2010), Italie :
Rue Rambuteau, 1974, objets cousus sur textile
Dédicacé à L., 1973, objets cousus sur toile de lin peinte par endroits
Autoportrait, ,huile sur toile
Roberto Matta (1911-2002), Chili :
Contra vosotros asesinos de palomas, 1950, huile sur toile
Daniel Spoerri (né en 1930), Roumanie :
Les Souliers verts, 1976, assemblage d'objets usagés sur bois
Vue cubiste de ma chambre n° 13 de l'Hôtel de Carcassonne, 24 rue Mouffetard, 1961, assemblage de photographies et d'objets
La pharmacie bretonne, 1981, bois, verre et eau Tirage 20/55+ 5 E.A.
Les Puces, 1961, assemblage d'objets usagés sur table pliante en bois et isorel
Marché aux puces (Hommage à Giacometti), 1961, aggloméré, tissu, matériaux divers
4 UN LANGAGE UNIVERSEL
Des artistes conçoivent, dans les années 1950 et 1960, un art pour tous, au-delà des frontières, des barrières de la langue, de culture ou du milieu social. Pour établir une relation directe avec le public, ils mettent un place un langage universel de formes et de couleurs. C'est d'abord à Paris que ces artistes, venus pour beaucoup d'Amérique latine et d'Europe centrale, développent notamment l'art optique et cinétique, qui connaît vite un écho international. Cette section clôt l'exposition avec les recherches menées par une nouvelle génération d'artistes dont le langage pur de formes transcende les frontières.
André Cadere (1934-1978), Roumanie :
Barre de bois rond A 12300040, Barre de bois rond A 13020040, Barre de bois rond A 02301040, Barre de bois rond A 02030014, 1977, barres formées de vingt anneaux de bois peints de 4 couleurs différentes
Carlos Cruz-Diez (1923-2019), Vénézuela :
Labyrinthe de Transchromie B, Ed. 2/5, 1969-2017, plastique, métal, susoension
Julio Le Parc (né en 1928), Argentine :
Cercles polychromes, 1970, acrylique et collage sur toile
Surface Couleur, ondes 140, série 50, n°1, 1974, acrylique sur toile
Surface Couleur, série 48, n°1, 1970, acrylique sur toile
Vera Molnár (née en 1924), Hongrie :
3e étude pour « Effet esthétique de l'inversion des fonctions par la fluctuation de l'attention », 1960, gouache sur papier
10 carrés vert fluo coupé en 2, 1966, collage sur papier
M comme Malévitch (de la série), 1961, gouache et collage sur papier réalisé à la « Machine Imaginaire »
M comme Malévitch (de la série), 1967, gouache et collage sur papier réalisé à la « Machine Imaginaire »
Jesús-Rafael Soto (1923-2005), Venezuela :
Penetrable blanco y amarillo (réplique), 1968/2019, panneaux de plexiglas sérigraphiés, profilés aluminium, et tiges d'acier peintes
et pour finir :
Victor Vasarely (1906-1997), Hongrie - voir nos billets du 30 mars 2019 et du 3 avril 2019
Beryll, 1963, acrylique sur toile
Orion MC, 1963, acrylique sur bois
Arny (Ombre), 1967-1968, collage sur contreplaqué
et nous terminons ce billet avec Grand Iboya MC 174, 1970, éléments en luran collés sur bois, édition de 8, présenté sur fond de tableaux de Wifredo Lam.