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Une exposition très originale au Petit Palais nous a fait découvrir André Devambez (1867-1944), un artiste reconnu et en vogue de son vivant mais à présent plutôt tombé dans l'oubli.
Avant même d'entrer dans l'exposition, le visiteur est accueilli par de grandes affiches publicitaires de 1905 pour l'aliment complet Maxime Groult fils aîné. Devambez met toute son efficacité visuelle au service de ces trois affiches formant triptyque. Il utilise pleinement les ressorts de la publicité pour faire passer un message hygiéniste, porteur de réconciliation sociale. Manichéisme, outrance et une bonne dose d'humour constituent les aliments efficaces de sa recette promotionnelle.
André Devambez fut encouragé très tôt par son père - graveur et éditeur - à suivre une formation artistique académique. Il a d'abord comme maître un élève de Jean-Léon Gérôme, le peintre d'histoire Gabriel Guay (1848- 1923). Puis il s'inscrit à l'Académie Julian et réussit le concours d'entrée à l'École nationale supérieure des beaux-arts, en 1885. Le prix de Rome, remporté en 1890, lui ouvre la voie à un séjour de cinq ans à la Villa Médicis. Quelques œuvres "académiques" du jeune Devambez :
Élie enlevé dans un char de feu, 1886, huile sur toile
Le Désespoir d'Hécube devant son fils assassiné, 1885, huile sur toile
Le Renoncement de saint Pierre, 1890, huile sur toile
Il continuera à peindre des grands formats tout au long de sa vie :
Conversation, vers 1932, huile sur toile
La Complainte ou La Chanson, 1939, huile sur toile
De grandes perspectives urbaines :
L'Exposition de 1937, vue du deuxième étage de la Tour Eiffel, 1937, huile sur toile
Vue de Paris, rue [de] Monttessuy vue de la Tour Eiffel, 1937, pierre noire et huile sur bois
Une curiosité :
Portrait collectif des membres de l'Académie française, 1936, huile sur toile
À l'occasion du tricentenaire de sa création, l'Académie française conçoit, en 1934, le projet de faire réaliser un portrait de groupe des quarante académiciens en fonction. André Devambez, président de l'Académie des beaux-arts depuis le mois de janvier 1934, se voit confier l'exécution de l'œuvre.
Dans le croquis légendé qui précise l'identité des trente- huit membres représentés figure le maréchal Pétain, qui n'est pas le premier Immortel auquel on aurait pensé...Renseignements pris, il a été radié de l'Académie en 1945 et on a attendu 1952, après son décès, pour élire un nouveau titulaire au fauteuil 18.
Beaucoup de tableaux de scènes de bistrot :
Les Incompris, 1904, huile sur toile
Attablé au café, un ivrogne à l'œil vide et aux airs de Verlaine est avachi devant son bock de bière. En face de lui, une vieille femme aux traits tombants lit son quotidien L'Art, le bras posé sur une boîte de peinture. Il s'agit de l'ancien modèle de l'Olympia de Manet, Victorine Meurent, peintre elle-même. À leurs côtés, s'anime un trio en pleine conversation échevelée. Les personnages réunis ne semblent pourtant pas vraiment liés les uns aux autres. C'est l'atmosphère de la bohème que restitue ici Devambez, d'un trait féroce et pathétique à la fois.
Et divers autres buveurs ou buveuses d'absinthe, huiles sur bois non datées.
Dans la même veine, une belle lithographie couleurs, non datée, Les Projets pour l'année prochaine
Et beaucoup de portraits ou de scènes intimes :
Ses deux enfants (Pierre et Valentine), en 1914 puis en 1925, etdiverses scènes familiales
La Lecture (Cécile Devambez lisant devant un miroir), huile sur carton non datée
La Mère de l'artiste (étude pour Portrait de famille), vers 1928, huile sur toile
La Famille de l'artiste (sa mère Catherine, sa femme Cécile, sa fille Valentine), 1928, huile sur toile
Deux peintres (André-Marius Aillaud, et Jacques Pierre, élèves de Devambez à l'École nationale des beaux-arts de Paris), 1937, huile sur toile
Réunion d'étudiants, 1934, huile sur toile
Les spectacles occupent une place particulière :
Une première au Théâtre Montmartre, 1901, gouache
Concert Colonne, vers 1933, huile sur toile
Femme dansant devant une draperie, huile sur panneau non datée
L'un de ses tableaux les plus connus, La Charge, 1902-1903, huile sur toile
Une section de l'exposition est intitulée Devambez, peintre du progrès, avec ses peintures de meetings d'aviation :
Le seul oiseau qui vole au dessus des nuages, 1910, huile sur toile
Les Avions fantaisistes, 1911-1914, huile sur toile
Les Grandes manœuvres militaires, vers 1911, huile sur toile
Vol durant la "Quinzaine d'octobre" ; Port-Aviation, 14 octobre 1909, huile sur toile
On retrouve cet aspect dans ses lithographies :
Le Dirigeablobus au-dessus de la place de l'Opéra, 1909
Une Noce en aéro-taxis, 1909
Le métro parisien est très présent aussi dans son œuvre :
Quai du métro, huile sur carton non datée
L'Heure de pointe dans le métro, vers 1920, huile sur carton
Station de métro Pigalle, fin 1936-début 1937, huile sur carton
La Station de métro, 1908, lithographie
sans oublier le tramway !
Le Tram jaune, huile sur bois non datée
La poursuite, lithographie non datée
ni l'automobile :
La Vie et les inventions modernes : Le Déjeuner sur l'herbe (esquisse), vers 1910, huile sur bois
Le Passage de la course, 1901, illustration de la couverture du numéro spécial du journal Le Rire paru le 13 juillet 1901, lavis de gouache, aquarelle et crayon
L'illustration sous toutes ses formes
C'est sans doute comme illustrateur que Devambez reste le plus connu.
Sur le thème de Gulliver :
Gulliver enlève la flotte, 1909, huile sur toile
Gulliver devant les docteurs du Pays de Brobdignac
Revue des troupes de Lilliput devant le Palais de l'Empereur
(Impressions en couleurs extraites de la revue L'Illustration, 2 décembre 1911
Gulliver en tournée, 1909, huile sur bois
On retrouve sa patte sur toutes sortes de supports :
Comme dans l'introduction de ce billet, des publicités :
La revue Le Conseiller Municipal :
La Phosphatine Fallières :
Les Galeries Lafayette :
et même à l'exportation !
Encore quelques grandes scènes de genre :
Le 14 juillet en ballon, 1902, encre noire, crayon noir, gouache et aquarelle
Un grand mariage : le lunch, impression photomécanique
La Tournée électorale, impression photomécanique
Un aspect plus sombre de sa production : la guerre de 1914-1918.
En 1914, Devambez, trop âgé pour être mobilisé, participe toutefois aux premières missions de peintres envoyés sur la ligne de front pour en rapporter des images pour la presse et le musée de l'Armée. Il est frappé par ce qu'il découvre : une « dévastation complète », des « ruines grandioses », des Poilus couverts de boue. Son patriotisme et la suppression des missions aux artistes le poussent finalement à s'engager, comme de nombreux peintres, dans la section de camouflage du 13e régiment d'infanterie, au début de l'année 1915. Il s'agit d'un travail dangereux, effectué parfois à proximité immédiate de l'ennemi. Le 3 juin 1915, Devambez est blessé par l'explosion d'un obus. Plusieurs opérations et près d'un an de convalescence lui seront nécessaires pour être à nouveau sur pied, mais il gardera toute sa vie des séquelles de cette blessure.
Quatre eaux-fortes de 1917 :
Le Fou
L'Espionne
Un Schrapnell
Les Otages
Verdun, avril 1917 (ruines de la rue Mazel), 1917, huile sur toile
Verdun, près de Souville, 1917, huile sur toile
Pastilles incendiaires, 1915, impression photomécanique
L'Attaque, 1915, plume et encre de chine, crayon noir, lavis d'encre noire et gouache
Vers l'attaque, vers 1915, fusain, encre noire et aquarelle
L'Escorte du président Wilson, place Saint-Augustin-14 décembre 1918, 1918, huile sur toile
Souilly, 1917, huile sur carton
Apogée de cette section, La Pensée aux absents, triptyque de grand format que Devambez exposa au Salon des artistes français en 1924.
Autour du panneau central intitulé Le Souvenir, les panneaux de gauche, La Lettre, et de droite, Les Trous d'obus.
Vers la fin de l'exposition, de nombreux exemplaires des tout-petits tableaux que Devambez affectionnait :
Une série inspirée de contes et légendes, où l'on reconnaître notamment un Cyclope, les Rois Mages, le Petit Chaperon rouge, le Petit Poucet, le Chat Botté, Barbe-Bleue, des fées et des chevaliers...
Une autre série avec conjurés, bagarres et même des scènes contemporaines...
À la sortie de l'exposition, des illustrations d'un de ses personnages pour livres d'enfants, Auguste (1913)