Nous n'avons pas encore évoqué dans ce blog la grande exposition que le centre Pompidou vient de consacrer au cubisme, évoquant en plus de 300 œuvres la période 1907-1917. Si nous y avons retrouvé beaucoup d’œuvres connues, la présentation très pédagogique des évolutions était très intéressante, et nous y avons fait de belles découvertes que nous essaierons de faire partager au lecteur.
Dans les premières salles consacrées aux sources du cubisme, des références à Cezanne, avec les Cinq baigneuses (1885-1887)
mais aussi la Femme à la cafetière (vers 1895) , rapprochée du portrait de Gertrude Stein par Picasso (1905-1906)...
Dans la salle sur le primitivisme, nous retrouvons les femmes nues de Picasso (1908) issues de la collection de Catherine Hutin que nous avions vues à Landerneau il y deux ans...
...voisinant avec, toujours de Picasso, Buste de femme, Mère et enfant, (l'un et l'autre de 1907)...
...cet autoportrait (1907), et Trois figures sous un arbre (hiver 1907-1908)
C'est à ce moment que Braque fait son apparition dans l'exposition avec le Grand nu (hiver 1907-juin 1908) et le Viaduc à l'Estaque (avril 1908), Maison et arbre (été 1908)
Pour souligner la filiation entre Cézanne et le cubisme, exposés dans la même salle, trois natures mortes de Cézanne (vers 1988-1990), Picasso (1908-1909), Derain (1910).
Les salles suivantes illustrent la proximité entre Braque et Picasso, qui travaillent souvent ensemble...
De Picasso, Paysage aux deux figures (1908)
De Braque, Arbres à l'Estaque (1908)
Une partie importante de l'exposition est consacrée à "l'éclatement de la forme homogène" (1909-1910), principalement opéré par Braque et Picaso, avec une grande similitude dans leurs tableaux. Ainsi, Nature morte à la bouteille de rhum (Picasso, 1911) et Clarinette et bouteille de rhum sur une cheminée (Braque, 1911)
Plus de peinture figurative, si l'on peut dire, chez Picasso, avec ce Nu assis, ces Femmes assises dans un fauteuil (1910)...
et ces portraits de Henry Kahnweiler et d'Ambroise Vollard (1910).
De Georges Braque, Broc et violon (1909-1910) , Usines de Rio Tinto à l'Estaque (1910).
Toujours de Georges Braque, trois tableaux de 1911: Le Guéridon, Nature morte au violon, Femme lisant.
Si la première partie de l'exposition fait une part très importante à Braque et Picasso, la suite est plus diverse et parfois surprenante, comme nous le verrons dans un prochain billet.
Nous présentons depuis quelques années à nos lecteurs les expositions magistrales proposées chaque été par la Fondation Leclerc à Landerneau. Nous vous proposons cette fois une exposition d'hiver, tout aussi remarquable, même si les artistes présentés ne nous étaient pas aussi familiers que ceux des expositions d'été : la découverte n'en a été que plus belle. Citons le dépliant :
"La peintre américaine Joan Mitchell (1925-1992) et le peintre canadien Jean-Paul Riopelle (1923-2002) s'inscrivent, à l'image de Camille Claudel et Auguste Rodin, de Frida Kahlo et Diego Rivera, (...) dans la constellation des mythologies sentimentales et artistiques, où se révèle toute la portée d'un lien affectif étroit entre deux créateurs passionnés et audacieux. Pour la première fois, une exposition retrace leurs carrières artistiques respectives à l'aune de leur relation, à compter de leur rencontre en 1955 jusqu'à leur séparation en 1979. Des œuvres emblématiques et principalement de grand format, fruits de leur travail réalisé dans le contexte particulier de cette liaison, sont présentées à Landerneau."
PROLOGUE : AVANT LA RENCONTRE
De Jean-Paul Riopelle Le Perroquet Vert (1949) 15 Chevaux Citroën (1952), Hommage à Robert le Diabolique (1953), Escalade (1954)
De Joan Mitchell, Sans Titre (1951), Sans titre (1952-1953), Sans titre (1954-1955), Sans titre (vers 1955)
LA RENCONTRE ET SES EFFETS 1955-1958
"C'est lors d'un voyage à Paris, à l'été 1955, que Joan Mitchell fait la rencontre de Jean-Paul Riopelle (..). Pendant les premières années de leur relation, Mitchell partage son temps entre son atelier de New-York et divers studios qu'elle loue à Paris durant les étés passés auprès de Riopelle L'impact de cette rencontre est mesurable à travers certaines transformations du travail de chacun. Chez Mitchell par exemple, la forme concentrique éclate au profit d'une écriture gestuelle débridée qui anime la surface de la toile. Riopelle fait pour sa part une place accrue au blanc comme élément structurel dynamisant ses compositions."
De Mitchell, Sans titre (La fontaine) (1957), Sans titre (1957), Sans titre (vers 1958)
De Riopelle, Sans titre (vers 1956), Sans titre (1956-1957), Avalanche (1957), Sans titre (vers 1958), Sans titre (1958), Gitksan (1959)
LES ANNÉES RUE FRÉMICOURT : RÉSONANCES ET DISSONANCES 1959-1967
"En 1959, Mitchell s'installe en permanence à Paris. Elle habite avec Riopelle un appartement qui lui sert également d'atelier, rue Frémicourt. Riopelle conserve quant à lui son atelier de Vanves, en banlieue parisienne. Malgré certains accrochages dans leur relation personnelle, cette période est celle où leurs démarches artistiques individuelles présentent la plus grande convergence."
De Riopelle, qui renoue à ce moment avec la sculpture - Piège, (sculpture de 1961), Autoportrait (1959), Non, non, non, non, non... (1961), Un coin de pays (1962),...
... le grand Point de Rencontre (1963), commande pour l'aéroport de Toronto, offerte en 1989, à l'occasion du bicentenaire de la Révolution, par le Gouvernement canadien à la France pour être exposée à l'Opéra Bastille dès son ouverture, Blanc, noir, vert et rouge striés de noir (1964), Sans titre (1964)
De Mitchell, Sans titre (1960), Sans titre (vers 1960), Sans titre (vers 1960), Sans titre (1964), Sans titre (vers 1964), Sans titre (vers 1962-1964)
LES ATELIERS DE VÉTHEUIL ET DE SAINT-CYR-EN-ARTHIES : LES TERRITOIRES DISTINCTS 1968-1974
"En 1967, Mitchell acquiert La Tour, une vaste propriété avec jardin située à Vétheuil, à une soixantaine de kilomètres au nord-est de Paris. Le couple voit dans cet événement l’occasion d’un nouveau départ (...). Mitchell dispose enfin là d’un atelier à sa mesure, aménagé au fond du jardin, dans une dépendance où elle se retire en pleine quiétude pour peindre les grands formats qui caractérisent désormais sa production. Quant à Riopelle, il installe, un peu plus tard, un nouvel atelier dans un hangar qu’il loue, non loin de Vétheuil, à Saint-Cyr-en-Arthies. Malgré le rapprochement souhaité, l’effet de distanciation amorcé au cours des années précédentes s’accentue, chacun trouvant refuge dans un territoire distinct."
De Mitchell, Mon Paysage (1967), Sans titre (vers 1968), Sans titre (vers 1969), Fields (vers 1972)...
...le diptyque Un Jardin pour Audrey de 1974, hommage à une amie disparue et le quadriptyque Chasse Interdite de 1973, évoquant le différend qui opposait Mitchell et Riopelle au sujet de la chasse.
De Riopelle, Sans titre (vers 1968), Suivez le guide (1969), Avatac (1971), L'Esprit de la Ficelle (1971), De la grande Baleine (1973)...
...et ce retour au thème du hibou qu'il affectionnait dans sa jeunesse, avec la toile Hommage à Grey Owl (1970) et cette statue Hibou polonais (1970)
CANADA ET NORDICITÉ : EXPRESSION DE DEUX SOLITUDES 1975-1977
"En 1974, Riopelle construit et s’installe dans un nouvel atelier à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, au nord de Montréal. À l’automne, Mitchell passe donc quelque temps avec Riopelle dans cette résidence dont l’architecture à caractère rustique contraste manifestement avec celle de Vétheuil. Suite à ce séjour en terre canadienne, certains de ses tableaux comme ceux de la série Canada paraissent évoquer des sentiments mitigés de calme et de tumulte. Parallèlement Riopelle célèbre la beauté singulière des paysages nordiques dans son imposante suite des icebergs, qu’il entreprend au retour d’un voyage à l’île de Baffin et dont toutes les toiles, sauf une, traduisent le caractère extrême des lieux par l’utilisation exclusive du noir et du blanc."
De Riopelle, Micmac (1975), Piroche (quadriptyque de 1976), Iceberg n°3 (1977), Iceberg n°5 (1977)
De Mitchell, le quadriptyque Returned, de la série Canada (1975) et l'émouvant Quatuor II for Betsy Jolas (1976).
VERS LA RUPTURE 1978-1979
"Pendant les longues périodes d'absence de Riopelle, Mitchell vit en solitaire à Vétheuil, continuant à trouver le réconfort dans l'observation sans cesse renouvelée de la nature qui l'environne. Parmi ses sujets de prédilection figure le grand tilleul qui domine sa propriété et qui lui inspire un ensemble d’œuvres d'une ampleur et d'une puissance évocatrice comparable à celle de la suite des Icebergs de Riopelle."
La rupture définitive entre Mitchell et Riopelle intervient à la fin de 1979.
Joan Mitchell : When they were gone (1977) et deux toiles de la série Tilleul (1978)
Joan Mitchell, qui n'a jamais cessé de peindre malgré un état de santé précaire, meurt à Paris le 30 octobre 1992. En épilogue, l'exposition présente un diptique de 1992, qui appartient à une suite d’œuvres dont certaines s'intitulent Tree, probablement inspirées elles aussi par le majestueux tilleul de La Tour.
A l'annonce du décès de Joan Mitchell, Riopelle entreprend son monumental triptyque en 30 tableaux, L'Hommage à Rosa Luxemburg, qu'il réalise d'un seul élan et dont les signes et les codes relatent, comme en filigrane, sa rencontre avec son ancienne compagne. Il meurt au Québec le 12 mars 2002.
Terminons avec quelques vues des salles de l'exposition : vous avez jusqu'au 22 avril pour vous rendre à Landerneau si vous ne voulez pas la manquer...
La douceur de cette mi-février incite à la promenade.
Dès le soir de l'arrivée à Saint-Pabu, "perle des Abers", la lumière du jour déclinant sur l'aber Benoît...
...et les reflets sur l'eau entre la cale du Passage et le Stellac'h, avec la maison de Jane B. qui se fond dans la brume...
Une rencontre insolite sur le chemin du retour
Les jours suivants sont l'occasion de refaire en famille toutes les promenades traditionnelles
Du point de vue sur l'Aber Wrac'h, surplombant Paluden, à Perros...
Sur le chemin, un aller et retour pour découvrir le lavoir de Kervili, où le bassin est envahi par la végétation. On imagine les lavandières bretonnes descendant - et surtout remontant les lourds cuveaux de linge...
Sur la rive opposée de l'Aber, le chantier naval du regretté père Jaouen, où la coque brisée du Bel Espoir II attend sa remplaçante : en construction au chantier Piriou à Concarneau, la coque du Bel Espoir III sera remorquée en mars prochain jusqu'à l'Aber Wrac'h pour y recevoir le gréement et les pièces récupérées sur son prédécesseur...
de Trémazan, au sud de Portsall, à la chapelle Saint Samson...
Le long des dunes de la presqu'île Sainte-Marguerite, jusqu'au blockhaus qui fait face au phare de l'île Vierge, dans la brume...
Au retour, les kite-surfeurs préparent leurs engins sur la plage...
Après Junya Ishigami à la Fondation Cartier, encore un billet consacré à un architecte japonais contemporain, très à l'honneur cette année. Nous rendons compte cette fois de la très belle exposition consacrée à la fin de l'année dernière à Tadao Ando.
Né en 1941, autodidacte, ancien boxeur professionnel, reconnaissant Le Corbusier comme son premier maître - il est allé en France pour le rencontrer au début des années 60, mais est arrivé trop tard pour le rencontrer - Tadao Ando est une personnalité hors du commun, qui a connu la consécration en 1995 avec le prix Pritzker.
Le parcours débute avec une réalisation en cours à Paris, la transformation en musée de la Bourse de Commerce de Paris, avec le concours de la Ville de Paris, pour abriter une partie des collections de François Pinault.
La rénovation de la Douane de Mer à Venise en 2009 avait elle aussi été confiée par la ville de Venise à Tadao Ando pour y abriter également un musée présentant une partie des collections de François Pinault...
Tadao Ando avait aussi concouru à la fin des années 90 pour la rénovation de la centrale électrique de Londres qui abrite la Tate Modern, mais son projet n'avait pas été retenu...
Toujours dans les musées...
Fondation Kubach-Wilmsen, Musée de sculpture sur pierre, Bad Münster am Stein, Allemagne, 1996-2010
Conçu pour exposer l’œuvre du couple de sculpteurs Wolfgang Kubach et Anna Wilmsen, le Musée de sculpture sur pierre a été construit dans la ville natale de Kubach dans la banlieue de Baden-Baden. Le bâtiment principal a été élaboré à partir d’une grange typique de la région.
Fabrica (Centre de recherche en communication de Benetton), Trévise, Italie, 1992-2000
La Fabrica, école d’art créée par Benetton, marque de prêt-à-porter dont le siège social se trouve à Trévise occupe une villa palladienne rénovée. Après avoir restauré et redonné vie au campus existant, Tadao Ando a pensé son extension en sous-sol, et l’a doté d’une cour géométrique en contrebas, restaurant un contraste raffiné avec le paysage rural.
Musée préfectoral d’art de Hyogo et Waterfront Plaza, Kobe, Hyogo, Japon 1996–2001, 1997–2001.
Le musée préfectoral d’art de Hyogo et la Kobe Waterfront Plaza ont été réalisés séparément pour deux clients distincts, puis intégrés en un seul projet par Tadao Ando.
Fondation Langen, Neuss, Allemagne, 1994-2004
Musée consacré à l’art et au paysage, construit sur une ancienne base de lancement de fusées de l’OTAN, dans la banlieue Düsseldorf.
...et une magnifique présentation de l'île de Naoshima
Sur l’île de Naoshima dans la préfecture de Kagawa au sud du Japon, Tadao Ando a développé depuis 1987 une série de projets qui ont profondément remodelé la topographie du site, créant un nouvel environnement où apparaît un paysage renaturalisé. La réalisation d’un musée d’art contemporain, partiellement enfoui entre une colline au sud de l’île et un promontoire rocheux qui offre un panorama unique sur l’ensemble du site, a constitué la base d’interventions qui se sont succédé sans schéma directeur dans un dialogue entre art, architecture et territoire, fruit d’échanges et de la prise en compte de la culture traditionnelle du site. Naoshima, petite île jusqu’alors méconnue, accueille aujourd’hui des visiteurs du monde entier tandis que deux nouveaux musées conçus par l’architecte sont en cours de réalisation.
Une réalisation originale en France :
Château Lacoste, Aix en Provence, France, 2006–2011
Le château Lacoste, situé à 15 km au nord de la ville d’Aix-en-Provence constitue le réaménagement d’un vignoble d’environ 190 ha. Musée-jardin doté de pavillons et de sculptures en plein air, ce complexe architectural résulte d’une collaboration entre Ando et d’autres architectes de renom, comme Jean Nouvel ou Frank Gehry.
Beaucoup d'édifices religieux :
Église de la Lumière, Ibaraki, Osaka, Japon, 1987-1989, 1997-1999
Église sur l’eau , Shimikappu, Hokkaïdo, Japon, 1985–1988
L’Église sur l’eau, chapelle construite au creux des montagnes du centre d’Hokkaïdo, fait face à un étang visible par une engawa (véranda) au centre de laquelle se dresse une croix.
Temple Komyo-Ji, Saijo, Ehime, Japon, 1998-2000
Temple de l'eau, Awaji, Hyogo, Japon, 1989-1991
Et pour clore le chapitre des édifices religieux :
Espace de méditation, UNESCO, Paris, 1995
Structure cylindrique de 33 m² en béton brut de décoffrage ; sol et bassin en granit irradié le 6 août 1945 lors de l’explosion d’Hiroshima et décontaminé pour utilisation ici.
Ce bâtiment est la première réalisation architecturale de Tadao Ando en France.
Un centre commercial :
Time’s I+ II, Kyoto, Japon, 1983-1984, 1984-1911
Dans le centre de Kyoto, à proximité du petit pont Sanjo Kobashi, le Time’s I+ II est un bâtiment commercial conçu en deux phases, sur la rive du fleuve Takase, dans le cadre de la modernisation et de l’urbanisation du centre ville.
Des immeubles collectifs :
Résidences Rokko I (1978-1983), II (1985-1993), III (1992-1999)
Kobe, Hyogo, Japon
et de nombreuses maquettes de petits immeubles et de maisons individuelles :
...dont une de ses premières réalisations :
Maisons pour une guérilla urbaine (une maison réalisée)
Osaka, 1973
Dans un numéro spécial de la revue Toshi Jutaku (juillet 1973) intitulé « Houses Volume 4 », Tadao Ando publie les plans de trois maisons accompagnés du texte « Urban Guerilla House ». Il y dresse une présentation enthousiaste des « forteresses » destinées aux citadins. Le seul projet réalisé, Guerilla III, Maison Tomishima, est considéré comme ayant lancé sa carrière.
ainsi que son fameux atelier d’Oyodo, Osaka, plusieurs fois remanié sur la même surface (ici, la version II - 1989-1991)
Vers la fin de l'exposition, encore deux musées récents, l'un terminé :
21-21 Design Sight, Minato-ku, Tokyo, Japon, 2001-2004
Musée de design créé en équipe autour de Issey Miyake
Les grands magasins du Bon Marché invitent de temps à autre des artistes contemporains à y réaliser des installations.
Cette année, c'est le tour de l'artiste portugaise Joana Vasconcelos, née en 1971 à Paris et qui vit et travaille à Lisbonne.
En hommage au Mois du Blanc imaginé en janvier 1873 par Aristide Boucicaut, fondateur du Bon Marché, Joana Vasconcelos a conçu cette exposition intitulée Branco Luz (Blanc lumière) autour de variations de textures blanches et de lumières, tissées et assemblées à la main dans l'atelier de l'artiste.
Elle consiste en des ouvrages présentés dans les vitrines qui bordent la rue de Sèvres...
Sur l'une des vitrines, un graffeur a même ajouté sa touche particulière. Intervention bien pardonnable : à Street Art, Street Art et demi !
Mais le clou de l'exposition est la Valkyrie Simone, gigantesquefigure tentaculaire sous la grande verrière du magasin. Joana Vasconcelos réinterprète la figure mythologique de la Valkyrie, déesse guerrière qui survole les champs de bataille à la recherche des âmes des combattants les plus valeureux et confère à ses Valkyries des vertus protectrices. Ses guerrières contemporaines aux corps arrondis, dotés de bras enveloppants et couverts d'un assemblage luxuriant de tissus et de lumière, sont chargées d'apporter sensualité et réconfort aux lieux dans lesquelles elles s'établissent.
Après Victoria (2008) et Egeria (2018), la Valkyrie Simone convoque une histoire française du féminisme.
Dans notre dernier billet, nous avons évoqué la double exposition présentée cet automne par la Fondation Louis Vuitton., avec un premier volet sur Egon Schiele (1890-1918). Le deuxième volet concernait un artiste disparu lui aussi à 28 ans, et dont l'oeuvre étrange et foisonnant est tout aussi original et attachant, l'américain Jean-Michel Basquiat.
Si le style de Jean-Michel Basquiat est déroutant au premier abord, on est vite pris par le tourbillon des graffitis, des couleurs et des formes dans cette rétrospective gigantesque à laquelle les salles de la fondation offrent un décor grandiose : c'est ce que nous nous proposons d'offrir ici au lecteur, sans autres repères que quelques dates qui jalonnent cette production qui a éclaté comme un feu d'artifice sur une petite dizaine d'années.
Au début des années 1980...
Pork, 1981, acrylique, huile et crayon gras sur porte en bois et verre
Brett as a negro, 1982, acrylique sur carrelage collé sur contreplaqué
Dans les premières salles, également...
Irony of a negro policeman, 1981, acrylique et crayon gras sur bois
Baptismal, 1982, acrylique, crayon gras et collage papier sur bois
Des œuvres de plus petit format, qui retiennent l'attention du voyageur de province...
Baby Boom, 1982, acrylique, crayon gras et collage papier sur papier avec ficelle et châssis en bois apparents
et dans la même salle...
Une salle avec des grandes oeuvres très colorées...
Offensive Orange. 1982, acrylique et crayon gras sur bois
Slave auction, 1982, collage de papiers froissés, pastel gras et acrylique sur toile
Portrait of the Artist as a young derelict, 1982, acrylique, huile et crayon gras sur bois et métal
Price of gasoline in the third world, 1982, acrylique, crayon gras et collage sur toile
Charles the First, 1982, acrylique et crayon gras sur toile
Jawbone of an ass, 1982, acrylique, crayon et collage papier sur toile montée sur supports en bois
In Italian, 1983, acrylique et crayon gras sur toile avec supports en bois et cinq plus petites toiles peintes au feutre
Horn Players, 1983, acrylique et crayon gras sur trois panneaux-toiles montés sur support de bois
Zydaco, 1984, acrylique et crayon gras sur toile
Autoportrait, 1984, acrylique et crayon gras sur papier marouflé sur toile
Grillo, 1984, acrylique, huile, collage papier, crayon gras et clous sur bois
Gold Griot, 1984, acrylique et crayon gras sur bois
Sans Titre (Word on wood), 1985, huile et crayon gras sur bois
et encore...
Toute une salle de l'exposition est consacrée à la coopération de Bacquiast avec Andy Warhol, qu'il a recherchée dans son désir de célébrité et qui s'est concrétisée quand Warhol a compris le parti qu'il pouvait en tirer...
Dos Cabezas, 1982, acrylique et crayon gras sur toile montée sur support de bois
Brown Spot (Portrait of Andy Warhol as a Banana), 1984, acrylique et crayon gras sur toile
...et des oeuvres réalisées en collaboration par les deux artistes :
Eiffel Tower, 1985, acrylique sur toile
Op Op, 1984, acrylique sur toile
Arm and Hammer, 1985, acrylique sur toile
et encore...
Terminons par quelques œuvres de la fin de la vie de Basquiat :
Negro Period, 1986, acrylique, huile, collage papier et capsules sur bois
Eroica, 1987, acrylique, crayon gras et collage papier sur papier marouflé
Mêmes techniques, même année...
Enfin deux toiles de 1988, année de sa mort par overdose, un an après celle de Warhol qui l'avait profondément affecté :
Exu, 1988, acrylique et crayon gras sur toile
et Riding with Death, 1988, acrylique et crayon gras sur toile
La fondation Louis Vuitton a abrité d'octobre à début janvier une double exposition sur Jean-Michel Basquiat et Egon Schiele. Bien qu'elle soit à présent terminée, elle a marqué la saison et nous proposons au lecteur d'en refaire le parcours, avec un premier billet sur Egon Schiele, dont la carrière fut courte mais a produit des œuvres étranges et envoûtantes, dont on reconnaît l'auteur au premier coup d'oeil.
Encore un peintre qui , comme Amadeo de Souza Cardoso, fut fauché à la fleur de l'âge par la grippe espagnole.
Au début du parcours, nombre de dessins de 1910, où il réduit la figuration à la ligne essentielle...
Puis la couleur s'invite...
Portraits et autoportraits de la même période...
...autoportraits surtout, où il s'affiche affublé d'un strabisme qui fait allusion à son nom (schielen veut dire loucher en allemand).
L'abondance et la variété des oeuvres, principalement des gouache et crayon sur papier, est impressionnante...
Quelques toiles, comme ce portrait de Trude Engel (1911-1913)
Procession (1911)
La Femme enceinte et la Mort (1911)
Le Pont (1913)
cette toile de 1913 au titre inconnu
Krumau sur la Vtava (La Petite ville IV) - 1914
Soleils d'automne (Tournesols) 1914
Encore des gouaches, un peu plus "tardives" si on peut employer ce terme pour une "carrière" si éphémère...
et des dessins...
Terminons sur quelques œuvres de l'année de sa mort, dont les sujets tranchent avec le reste de ce billet...
et cette huile sur toile, Le Couple, restée inachevée...
Avant qu'elle ne ferme ses portes à la fin de ce weekend, donnons au lecteur un aperçu d'une exposition du Grand Palais un peu originale puisque consacrée à une ville, Venise, à l'apogée de sa grandeur - et aussi à la veille de son déclin, au XVIIème siècle.
Nous en suivrons le parcours en se laissant aller au plaisir d'observer le feu d'artifice de couleurs, de paysages urbains, de personnages,à travers tableaux, meubles, sculptures que représente cette exposition foisonnante et très bien mise en scène.
Dès les premières salles, Canaletto, Marieschi, Carlevarijs, Guardi...
La mise en scène de la musique, du théâtre,...
Des vêtements, comme cette robe ou encore cette très belle installation dans l'escalier entre les deux étages de l'exposition
Des meubles et éléments de décoration...
Des sculptures, notamment cette allégorie de la foi d'Antonio Corradini, cet ange en prière de Franz Ignaz Günther, ce buste de femme de Giovanni Marchiori, ...
Des peintures de scènes :
Eliezer et Rebecca, de Giambattista Pittoni Betsabée au Bain, de Sebastiano Ricci La Montée au Calvaire et l'Offrande faite par Neptune à Venise, de Giambattista Tiepolo Scène Pastorale et Judith et Holopherne, de Giambattista Piazzietta La Construction du Cheval de Troie, de Giandomenico Tiepolo
Des scènes de la vie vénitienne, par Francesco Guardi, Marco Ricci, Giandomenico Tiepolo, Pietro Longhi...
Sur ce thème, de belles sanguines aussi...
En fin de parcours, encore quelques belles toiles de Francesco Guardi.
Terminons avec cette intéressante vidéo pédagogique présentée dans l'exposition...
Après Julian Schnabel dans notre dernier billet, nous poursuivons avec une autre figure de l'art contemporain, l’autrichien Franz West (1947-2012).
Nous vous proposons un rapide parcours de la rétrospective qu'a consacrée le centre Pompidou, l'automne dernier, à cet artiste beaucoup plus provocateur, et sans doute moins "commercial" que Schnabel.
Avant même d'entrer dans les salles d'exposition, le ton était donné avec une installation de canapés dans le hall, installation qu'il avait conçue pour la Documenta IX de Kassel en 1992, en hommage à Freud, Viennois comme lui...
Au début du parcours, des dessins du début des années 70...
...et quelques objets étranges.
Dans la salle suivante, des sculptures aux formes, à la texture et aux couleurs indéfinissables qui caractérisent son œuvre...
...comme cet emblématique Idiosyngramm de 1985.
West s'est parfois présenté comme "fabricant de meubles"...
...présentés ici dans les installations variées.
Parmi ces meubles, ces étranges poufs roses ou ces structures de couleur vive où le public est invité à se "vautrer" (en allemand dans le texte).
Un coup de projecteur sur quelques installations :
Ohne Titel (1988)
LemurenKöpfe (1992)
Two to Two (1994)
Viennoiserie (1998)
Sculpture A (2001)
Ecke (2009)
Dans la dernière salle, quelques affiches d'expositions, toujours assez provocatrices...
dont plusieurs dans des FRAC de province en France...
Pour terminer, en redescendant du 6ème étage où est présentée l'exposition, trône dans le hall du rez de chaussée une sculpture monumentale (Gekröse, 2011) où il est bien précisé que contrairement à certaines œuvres présentées dans la galerie, le public est prié de ne pas s'assoir dessus...
Pour sa première invitation à un créateur contemporain, le musée d'Orsay a convié Julian Schnabel à offrir une lecture de la collection, en proposant, dans deux salles du musée, une nouvelle scénographie et une sélection d’œuvres jamais présentées ensemble.
Julian Schnabel est un peintre américain qui a eu son heure de gloire, dont des œuvres figurent au MoMA de New York, à la Tate Modern de Londres, au Centre Pompidou qui lui a consacré une exposition dès 1987. Il est plutôt connu actuellement comme cinéaste : Basquiat (1996), Avant la nuit (2000, Grand Prix du Jury à la Mostra de Venise), Le scaphandre et le papillon (2007 - prix du meilleur réalisateur à Cannes).
Pour cette exposition, l'artiste a choisi dans la collection du musée des œuvres qui "conversent", selon l'expression des organisateurs : Van Gogh, Gauguin, Cézanne, Manet, Courbet, et des artistes moins connus tels que Carolus-Duran et Théodule Ribot, afin de "donner au public un regard nouveau sur ces œuvres qu'il a déjà vues, mais qu'il découvrira ainsi dans une nouvelle perspective - celle de Julian Schnabel".
En contrepoint de ces tableaux, l'artiste présente une sélection de ses propres peintures, des toiles des années 1980 à 2017.
Ainsi, Rose Painting (Near Van Gogh'Grave) XVII - 2017, Huile, assiettes brisées et bondo sur bois, en regard des dindons de Monet
Tina in a Matador Hat - 1987 - Huile, assiettes brisées et bondo sur bois, en regard d'un autoportrait de Van Gogh
Laissant au lecteur le soin d'apprécier les correspondances à l'aide des vues générales présentées plus haut, quelques autres peintures de Julian Schnabel.
Blue Nude with Sword (1979 - huile, assiettes brisées et bondo sur bois)
Exile (1980 - huile et ramure de cerf sur bois)
Portrait of José Ramón Antero (1997 - huile, résine et laque sur toile)
Portrait of Tatiana Livovskaia as the Duquesa de Alba II (2014 - huile, gesso et résine sur toile)
Ornamental Despair (Painting for Ian Curtis) - 1980, huile sur velours
Accattone (1978, huile, cire et pâte à modeler sur toile)
Terminons sur les œuvres de la deuxième salle, qui semblent former un ensemble :
Horserats (1988 - huile sur bâche)
My Father's Head (Jack Schnabel, 1911-2004) - 2004, vitrine avec deux objets en bronze à la symbolique un peu lourdingue...
avec pour fond Artaud (Starting to Sing Part 3) - 1981, huile et rost-oleum sur bâche
:
De tout un peu, au quotidien : l'apprentissage de la langue et de l'écriture chinoise, s'il reste un but de l'auteur, est désormais bien loin des sujets abordés...