Léonard de Vinci (1452-1519) au Louvre - sections 1 & 2

Dans la série des grandes expositions de l'automne, impossible de laisser de côté celle dont les réservations (obligatoires) ont débuté le 18 juin et atteignaient dès avant son ouverture le 24 octobre le nombre de 180 000.
Heureusement, une invitation au vernissage le 21 octobre nous permet d'en faire profiter dès à présent nos lecteurs.
1. OMBRE, LUMIÈRE, RELIEF
Cette première section s'ouvre sur un nombre considérable de draperies du jeune Léonard, élève du sculpteur Andrea del Verrocchio (vers 1435-1488), autour du monumental bronze de ce dernier Le Christ et Saint Thomas ou L'Incrédulité de Saint Thomas, commandé en 1467 pour le sanctuaire d'Orsanmichele à Florence.
Nous nous contenterons de la plus célèbre, la draperie Saint Morys (figure assise), détrempe sur toile de lin (vers 1475-1482)...
dont est présentée une reconstitution expérimentale en argile et drap imprégné d'argile, par Leticia Leratti, peintre et sculptrice, 2019
Le plus ancien dessin daté de Léonard est un Paysage de la vallée de l'Arno, portant en haut à gauche une inscription dans son écriture en miroir précisant la date du 5 août 1473.
Une réflectographie infrarouge (technique qui met en évidence toute trace de carbone à l'intérieur d'une peinture et en révèle le dessin) du premier tableau peint par Léonard au début des années 1470, une Annonciation découverte au XVIIIème siècle dans l'église Santo Bartolomeo a Monteoliveto et à présent à la Galerie des Offices à Florence.
Une Étude de tête de jeune homme (plume et encre brune, lavis) de la même époque, dont l'attribution à Léonard n'est pas certaine mais pourrait être un dessin préparatoire à cette Annonciation des Offices, dont elle évoque la tête de la Vierge.
Encore une réflectographie infrarouge, celle d'un Baptême du Christ (huile et détrempe sur bois, vers 1468-1478, Galerie des Offices) peint par Andrea del Verrocchio avec l'aide de Léonard de Vinci.
Deux panneaux, Le Miracle de Saint Donat d'Arezzo et L'Annonciation, huile sur bois de 1480-1485, qui formaient la prédelle d'un retable de la cathédrale de Pistoia, attribués à Lorenzo di Credi, élève de l'atelier de Andrea del Verrocchio qui lui en avait confié la réalisation. La petite annonciation s'inspire d'un grand panneau de Léonard.
Un bas-relief en marbre attribué à Andrea del Verrocchio, Publius Cornelius Scipio (vers 1464-1469) . Léonard s'est essayé, lui aussi, à ce genre du portrait de profil à l'antique.
Deux cassoni, panneaux d'ameublement intérieur, La Bataille de Pydna et Le Triomphe de Lucius AEmilius Paulus (détrempe sur bois, vers 1470-1475), attribués à l'atelier de Verrocchio ou à celui des frères Pollaiuolo. Certains historiens pensent que Léonard a participé à leur exécution.
Vierge à l'enfant, d'Alessandro Baldovinetti (détrempe et tempera grassa sur bois, vers 1464). Un des premiers peintres à expérimenter l'usage de techniques mixtes afin d'obtenir de nouveaux effets de réalité, on pense qu'il inspira Léonard de Vinci.
Réflectographie infrarouge de La Vierge à l'Enfant dite Madone à l'œillet, de Léonard de Vinci (détrempe et huile sur bois, vers 1474-1476). Elle confirme que dans ses premiers tableaux, Léonard prépare avec précision chaque détail de sa composition et ne fait que très peu de modifications au cours de l'exécution picturale.
Terminons cette première partie avec ce Portrait d'homme tenant un sesterce à l'effigie de Néron (Bernardo Bembo ?), huile sur bois, vers 1471-1474, de Hans Memling (vers 1435-1494) dont le lien avec Léonard nous semble ténu, mais les organisateurs ont leurs raisons et c'est de tout manière un beau tableau...
2. LIBERTÉ
Cette seconde partie de l'exposition commence autour de 1478 : Léonard trouve les voies d'un nouvel approfondissement de la leçon de Verrocchio. Selon les organisateurs, "la forme n'étant qu'une illusion que le monde, dans sa perpétuelle mobilité, ne cesse d'arracher à elle-même, le peintre ne peut saisir la vérité que par une perpétuelle liberté de l'esprit et de la main capable de nier la perfection de la forme.(...) Inhérente à cette liberté créatrice, se fait jour la tendance à l'inachèvement,destiné à devenir l'une des marques de la peinture de Léonard"
Cette Étude de la Vierge à l'enfant, dite Madone aux fruits (pointe de plomb reprise à la plume et à l'encre brune, vers 1478-1480) en est un bel exemple.
Des études à la plume et encre brune (vers 1478-1480) au recto et au verso d'une même feuille, en provenance de la collection royale britannique : Etudes pour une Vierge allaitant l'Enfant Jésus avec saint Jean Baptiste, profils humains et profils d'animaux et Etudes de profils humains
La première expression picturale de cette nouvelle manière est La Vierge à l'Enfant, dite Madone Benois (huile sur bois, transposée sur toile, vers 1480-1482), conservée au Musée de l'Hermitage et présentée ici avec sa réflectographie infrarouge qui révèle de nombreux repentirs pendant l'exécution picturale.
Bernardo Bandini de' Baroncelli pendu, pointe de plomb reprise à la plume et à l’encre brune, décembre 1479.
Étude pour un saint Sébastien, pointe métallique, plume et encre brune, vers 1478-1482
Réflectographie infrarouge de L'Adoration des Mages, huile sur bois (1480-1482) de la Galerie des Offices
Saint Jérôme pénitent, huile sur bois de noyer, vers 1480-1482, du musée du Vatican, exemple de l'inachèvement qui devient un caractère permanent de la pratique de Léonard
La Vierge à l'Enfant avec saint Jean Baptiste et un ange, dite Vierge au rochers, huile sur bois transposée sur toile, vers 1483-1494, conservée au Musée du Louvre et sa réflectographie infrarouge.
Étude de figure pour l'ange de la Vierge aux rochers, pointe métallique, rehauts de blanc sur papier préparé ocre, vers 1490-1494
Portrait de jeune homme tenant une partition, dit Le Musicien , huile sur bois de noyer, vers 1483-1490, de la Pinacothèque de Milan et sa réflectographie infrarouge
Portrait d’homme, dit Le Condottière, huile sur bois de peuplier, 1475
On pense que cette oeuvre de Antonello da Messina (vers 1430-1479) a pu influencer Léonard pour son portrait du Musicien
Réflectographie infrarouge du Portrait de Cecilia Gallerani, dite La Dame à l'hermine, huile sur bois de noyer, vers 1485-1490, au musée national de Cracovie.
Portrait d'une dame de la cour de Milan, dite La Belle Ferronnière, huile sur bois de noyer, vers 1483-1490, Musée du Louvre , et sa réflectographie infrarouge.
Béatrice d'Este, marbre de Gian Cristoforo Romano, vers 1489-1490, l'un des trois modèles considérés par les historiens comme pouvant être celui de La Belle Ferronnière.
La deuxième partie de l'exposition s'achève sur une série de portraits attribués à deux brillants collaborateurs de l'atelier de Léonard de Vinci à Milan :
Giovanantino Boltraffio (1467-1516)
et Marco d'Oggiono (vers 1470-1524)
Nous présenterons dans un prochain billet les sections 3 et 4 de l'exposition.