Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

Reprenons la visite de la rétrospective Hartung du Musée d'art moderne de la ville de Paris, avec cette affiche de la dernière rétrospective du peintre à Paris, au Musée national d'art moderne, qui s'est tenue il y a plus de 40 ans dans l'aile jumelle du Palais de Tokyo, le musée national n'ayant pas encore à l'époque migré vers Beaubourg.
Elle représente une toile des années 60, ce qui convient à cette deuxième partie consacrée à la production de l'artiste de l'après-guerre à sa mort en 1989.
Commençons par cette huile sur panneau de bois T1945-26, curieusement datée 38-45, semblant corroborer que Hartung considérait les années de guerre comme une parenthèse dans son œuvre.
T1946-16, huile sur toile
T1947-12, huile sur toile
T1948-18, huile sur toile
T1948-17, huile sur toile
T1949-9, huile sur toile
T1950-8, huile sur toile
T1951-1, huile sur toile
Dessins à l'encre
Hans Hartung pratique l'agrandissement systématique de ses dessins sur toile depuis 1932-1933. Dans les années 1950, il recourt à ce procédé d'une manière sérielle pour réaliser ces nombreuses peintures "palmées" noires sur fonds de couleurs unies. Celles-ci sont réalisées à partir de motifs tirés de dessins grands comme la main, peints d'un geste doux et léger, à l'encre. Parmi les centaines de feuilles produites, celles choisies pour être transposées en tableaux comportent le tracé de la grille destinée au report. Ces motifs évoquant la calligraphie, emblématiques de son œuvre, seront choisis par l'artiste pour de nombreuses publications et restent aujourd'hui sa marque de fabrique.
T1955-25, huile sur toile
T1955-18, huile sur toile
T1956-15, huile sur toile
T1955-9, huile sur toile
T1956-20, huile sur toile
Hartung réalise aussi des photographies artistiques.
Cette série date de 1954.
Celle-ci de 1959.
Divers crayon et/ou pastel sur papier, de 1958 et 1959
Ces dessins en blanc sur un fond de peinture pulvérisé représentent les outils du peintre au début des années 60 : divers sprays qui lui servent à obtenir des effets nuageux en propulsant de fines gouttelettes sur la toile. Chacun des fonds est réalisé avec le type de spray dessiné par les assistants de Hartung sur le carton. Ces documents servent à classifier les différents outils, et à ordonner l'atelier de la rue Gauguet. Ils ont cependant été peu utilisés, et témoignent surtout de la méthode rigoureuse de Hartung et de son souci de classifier, d'ordonner et d'archiver toutes les techniques, même les plus éphémères.
Sans titre (4 fonds d'atelier), acrylique sur carton, 1963
T1961-8, gouache et pastel sur panneau d'isorel
Grattages
Dans les années 60, c'est la lacération qui vaut pour geste artistique premier. Stylets, râteaux, peignes métalliques : divers outils tranchants permettent de griffer la matière, en un élan toujours ascensionnel, du bas vers le haut. En 1961-62, Hartung utilise une peinture vinylique issue de la technologie industrielle, notamment celle des carrosseries de voiture, qu'il vient de découvrir avec enthousiasme.
T1964-H44, peinture vinylique sur toile
T1963-E45, peinture vinylique sur toile
T1963-H37, peinture vinylique sur toile
T1962-U8, peinture vinylique sur toile
T1962-L21, T1962-L22, T1962-L23, peinture vinylique sur toile
P1961-86, grattages sur carte à gratter, et P1961-35, crayon, pastel et grattages sur carte à gratter
T1962-E1, peinture vinylique sur toile
T1961-H4, peinture vinylique et pastel sur toile
Petits formats
Ces petites peintures nous placent au cœur de l’expérimentation de Hans Hartung, qui, dans la seconde moitié des années 60, renouvelle ses couleurs de prédilection, le bleu et le jaune, en utilisant des teintes acides et voyantes. Ces tableaux témoignent d'une plus grande liberté de geste. Au début des années 70, le peintre reprendra certains motifs de ces petites toiles, qu'il agrandira non plus grâce au report, mais en amplifiant son geste et en utilisant des brosses pouvant atteindre 40 cm - parfois de simples balais ménagers.
T1966-E25, peinture vinylique sur toile
T1966-E23, peinture vinylique sur toile
L'activité de photographe de Hans Hartung s'est aussi exercée comme portraitiste. Dans ces portraits qui vont de 1959 pour le plus ancien à 1981 pour le plus récent, le lecteur pourra s'amuser à reconnaître notamment le peintre Zao Wou Ki, un autoportrait de Hartung, Eric Rohmer, le poète, romancier et critique d'art Michel Ragon, disparu il y a quelques jours, le sculpteur Alexander Calder, ami proche de Hartung, et Georges Pompidou...
La grande salle suivante est consacrée aux années 70, avec de grandes toiles : T1971-R29, acrylique sur toile
T1973-R9, acrylique sur toile
T1973-E3, acrylique sur toile
T1971-R24, acrylique sur toile
T1973-E12, acrylique sur toile
T1973-R10, acrylique sur toile
T1973-R32, acrylique sur toile
T1973-R34, acrylique sur toile
T1971-H13, acrylique sur toile
T1974-R23, acrylique sur toile
T1975-R35, acrylique sur toile
On y trouve aussi d'autres techniques :
des barytés (cartons enduits de baryte, substance minérale utilisée notamment pour donner au papier photographique sa blancheur et sa brillance)
des gravures sur bois, technique à laquelle il s'est essayé en 1973 dans les ateliers Erker à Saint-Gall, en Suisse, à sa manière, sans inciser le bois à la manière classique, beaucoup trop lente à son goût, mais en entaillant rapidement le support à l'aide de divers outils et brosses...
et des céramiques, technique à laquelle il s'est essayé en 1972 à la Fondation Maeght, pendant la construction de sa maison-atelier d'Antibes.
Les dernières salles sont consacrées aux tableaux des années 80
T1980-E50, acrylique sur toile
T1982-R11, acrylique sur toile
T1982-H34, acrylique sur toile
T1981-E23, acrylique sur toile
T1981-K17, acrylique sur toile
T1980-E6, acrylique sur toile
T1982-E15, acrylique sur toile
Toutes les toiles de l'avant-dernière salle sont des acryliques sur toile de 1987.
Enfin, la dernière salle contient quelques-unes des 360 toiles que peignit Hans Hartung en 1989, l'année où il mourut, le 7 décembre à Antibes.
Il travaille essentiellement la nuit à la lumière des néons, et s'immerge dans un monde où la peinture fusionne avec la musique et la peinture qui l'environne. Dans l'atelier résonne principalement de la musique baroque, celle de Bach et Vivaldi, et parfois des airs plus récents, notamment de Stravinsky. Les séances de peinture prennent fin lorsque les toiles étalées sur le sol pour séchage remplissent toute la pièce.
T1989-N10, acrilique sur toile, la dernière toile peinte par Hans Hartung.