Overblog Tous les blogs Top blogs Mode, Art & Design Tous les blogs Mode, Art & Design
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU

Elles font l'abstraction : suite et fin

2 Juin 2021 , Rédigé par japprendslechinois

Comme promis, un dernier regard sur cette exposition-fleuve rendant hommage à 106 femmes artistes qui ont marqué de leur empreinte l'irruption de l'art abstrait tout au long du siècle dernier. (cf. nos billets du 22 mai et du 29 mai derniers).

Science et photographie

La photographe allemande

Marta Hoepffner (1912, Pirmasens - 2000, Lindenberg im Allgäu)


Räumliche Strukturen, Variation III (orange), 1979 [Structures spatiales, variation III (orange)], image interférente en couleurs à la lumière polarisée Streifen im Achteck I, 1968 [Rayures dans l'octogone l], image interférente en couleurs à la lumière polarisée et deux autres réalisations de même nature

Elles font l'abstraction : suite et fin
Elles font l'abstraction : suite et fin
Elles font l'abstraction : suite et fin
Elles font l'abstraction : suite et fin

et l'américaine 

Berenice Abbott (1898, Springfield, Ohio - 1991, Monson, Maine)

avec ces photographies "abstraites" des années 1960 (balle rebondissante et pendules stroboscopés, et autres effets)

Elles font l'abstraction : suite et fin

Black and White, Op and Pop

à gauche :

Martha Boto (1925, Buenos Aires - 2004, Paris)

Essaim de reflets, 1965, acier inoxydable, aluminium, Plexiglas, moteur

Martha Boto, formée à Buenos Aires, opte pour un langage plastique abstrait dès 1954. À son arrivée à Paris, en 1959, elle se lie aux artistes gravitant autour de la galerie Denise Ren À partir de 1963, elle recourt à l'électricité et réalise ses premières sculptures cinétiques.

à droite :

Eduarda Emilia Maino, dite Dadamaino (1930, Milan- 2004, Milan)

Dès les années 1950, Dadamaino s'engage sur la voie d'un art pensé comme une plongée radicale dans l'espace et vers d'autres dimensions possibles. Surtout connue pour ses toiles monochromes percées de trous ovales, elle est remarquée dans les années 1960 sur la scène artistique européenne grâce aux Oggetti ottico-dinamici présentés au Musée des Arts Décoratifs de Paris en 1964.

Oggetto ottico-dinamico, 1962-1971, plaques d'aluminium fraisées sur fils de nylon fixés sur structure de bois

Elles font l'abstraction : suite et fin

Louise Nevelson (1899. Percaslavie, Ukraine) - 1988, New York)

A la fin de 1920, elle suit des cours de peinture à l'Art Student's League of New York. Par la suite, elle travaille avec Hans Hofmann à Munich en 1931, puis à New York et Mexico en tant qu'assistante de Diego Rivera. Dès 1933, elle expose peinture et gravure, et se tourne vers la sculpture. De 1949 à 1950, elle étudie la terre cuite, l'aluminium, le bronze au Sculpture Center, puis elle étudie la gravure avec Stanley Wiliam Hayter . Elle est l'une des premières à montrer ses sculptures dans les années 1950

Tropical Garden II, 1957, Assemblage de 15 boîtes en bois peint 

Elles font l'abstraction : suite et fin

Les années 1960

Carla Accardi (1924, Trapani, Italie - 2014, Rome)

En 1947, la sicilienne Carla Accardi co-fonde le groupe marxiste et formaliste Forma 1 aux côtés de Piero Dorazio, Pietro Consagra, Giulio Turcato et Antonio Sanfilippo, théoricien du groupe qu'elle épouse deux ans plus tard. Dès 1954, elle trace de façon répétitive des signes blancs à l'aspect calligraphique sur des toiles peintes en noir. Cette « anti-écriture » se fait constitutive de son œuvre. A partir de 1964, les feuilles de scofoil deviennent son support de prédilection. Elle apprécie la transparence de ce matériau inhabituel qu'elle associe à de la peinture fluorescente, déclarant à ce sujet : « ce n'était que lumière ! ».

Rotoli, 1966-1971, peinture sur sicofoil, 10 éléments
Sans titre, 1967, peinture sur sicofoil

Elles font l'abstraction : suite et fin
Elles font l'abstraction : suite et fin

Derrière les Rotoli de Carla Accardi, deux acrylique sur toiles, vers 1965, de l'américaine

Marcia Hafif (1929, Pomona, Californie - 2018, Laguna Beach, Californie)

Marcia Hafif séjourne à partir de 1961 pendant une dizaine d'années à Rome, où elle fréquente la scène artistique de l'époque dont fait partie Carla Accardi. 

Elles font l'abstraction : suite et fin

llona Keserü née en1933 à Pécs (Hongrie), vit et travaille à Budapest

Ilona Keserü est une des représentantes majeures de la scène artistique hongroise des années 1960. Elle se forme notamment aux côtés de l'artiste Ferenc Martyn, lui-même membre du groupe Abstraction Création, qui l'engage à se tourner vers un langage pictural abstrait. En 1967, elle découvre dans un cimetière près du lac Balaton des pierres tombales aux formes ondulées. Ce motif est dès lors récurrent dans ses peintures aux tonalités chaudes, comme dans la série Közelités.
 

Közelítés 1., 1969 [Approche 1.] huile sur toile
Közelítés 2., 1969 [Approche 2.] acrylique, toile en relief
 

Elles font l'abstraction : suite et fin

Tess Jaray (née en 1937 à Vienne en Autriche, vit et travaille à Londres

Peintre et graveuse britannique, elle a enseigné à la Slade School of Fine Art, UCL de 1968 à 1999. 

St Stephen's Green, 1964, huile sur toile 

Elles font l'abstraction : suite et fin

Textile et abstraction

Sheila Hicks (1934, Hastings, Nevada, vit et travaille à Paris)

Sheila Hicks, installée à Paris depuis 1964, se forme à l'Université de Yale auprès du théoricien des couleurs Josef Albers et du spécialiste de l'art et des textiles précolombiens Georges Kleber Textile Fresco témoigne de son intérêt pour les méthodes de tissage de l'Amérique précolombienne. On perçoit ainsi dans les nouds rythmant cette composition le souvenir du quipu, ancien outil de calcul de l'administration inca.

Textile fresco, 1977, 5 panneaux d'écheveaux torsadés en lin, soie et coton

Elles font l'abstraction : suite et fin

Lenore Tawney (1907, Lorain (Ohio - 2007, New York)

Lenore Tawney, formée au dessin, à la sculpture et au tissage au New Bauhaus / Institute of design de Chicago dans les années 1940, développe une œuvre textile délicate à l'aspect éthéré. Ses tapisseries à chaînes ouvertes, réalisées à l'horizontale, sont alors composées d'une alternance d'espaces tissés et non tissés. 

Union of Water and Fire, 1974, Lin et fil de pêche

Elles font l'abstraction : suite et fin

Magdalena Abakanowicz (1930, Falenty, Pologne - 2017, Varsovie

Elles font l'abstraction : suite et fin

Eccentric Abstraction

Louise Bourgeois (1911, Paris - 2010, New York) 

Après des études à Paris, Louise Bourgeois s'installe en 1938 à New York. Dans les années 1960, elle réalise des œuvres à la forte dimension physique et corporelle, souvent en latex. Avenza Revisited Il est typique d'une abstraction post minimale opposée à la rigidité minimaliste. Un ensemble de formes cellulaires, dans lesquelles l'artiste voit des « nuages », semble contenu dans un cocon de chair s'étalant sur le sol. Cette sculpture en bronze, réalisée à partir du moule d'une sculpture en plâtre, témoigne des recherches de Louise Bourgeois autour des matériaux. Le bronze, métal dur, lourd et inaltérable, fige cette forme à l'aspect viscéral.

Avenza Revisited II, 1968-1969, bronze, nitrate d'argent et patine polie
 

Elles font l'abstraction : suite et fin

Au premier plan :

Eva Hesse (1936, Hambourg, Allemagne - 1970, New York)

Eva Hesse, formée à la peinture auprès de Josef Albers à l'Université de Yale, explore d'abord l'abstraction géométrique dans les années 1950.

Sans titre, 1970, fibre de verre, résine, polyester, polyéthylène, fils d'aluminium, 7 éléments

Derrière, au mur :

Rosemarie Castoro (1939, New York - 2015, New York)

Proche de la scène de la danse expérimentale dans les années 1960, l'intérêt de Rosemarie Castoro pour le corps en mouvement transparaît dans ses œuvres plastiques postérieures. Armpit Hair fait partie de la série des Brushstrokes, sculptures composées de couches de plâtre recouvertes de graphite et appliquées sur un support de bois à l'aide d'un balai. Bien qu'abstraite, cette peinture-sculpture post-minimale a une connotation féministe, son titre « Poils sous les bras » dénonçant avec humour l'idéal du corps féminin lisse et épilé.

Armpit Hair, 1972, isorel, bois, gesso, graphite et pâte à modeler

Elles font l'abstraction : suite et fin

Lynda Benglis, née en 1941 à Lake Charles (Louisiane), vit et travaille à New York et Santa Fe.

Au contraire des minimalistes qu'elle fréquente à New York, Lynda Benglis cherche à insuffler de la vie dans ses œuvres. Dès 1968, elle répand des traînées de latex liquide coloré sur le sol. Ces « fallen paintings », rappellent le sort des « fallen women » femmes déchues de l'ère victorienne. EAT MEAT trouve son origine dans une série de sculptures en mousse de polyuréthane débutée en 1969 : déversé sur le sol, le matériau y trouve sa forme de façon autonome.

EAT MEAT, 1969-1975, Bronze

Elles font l'abstraction : suite et fin

Modernité au Liban

Etel Adnan, née en 1925 à Beyrouth (Liban), vit et travaille à Paris

Etel Adnan est une poétesse américano-libanaise, écrivain et artiste visuelle ; polyglotte, elle écrit en français, en anglais et en arabe

Huiles sur toile entre 1960 et 1975

Elles font l'abstraction : suite et fin
Elles font l'abstraction : suite et fin
Elles font l'abstraction : suite et fin
Elles font l'abstraction : suite et fin
Elles font l'abstraction : suite et fin

Helen Khal (1923, Allentown, Pennsylvanie - 2009, Ajaltoun, Liban)

Née de parents libanais, Helen Khal grandit en Pennsylvanie avant de passer deux ans au Liban à partir de 1946. Formée à la peinture à Beyrouth puis à New York, elle réalise dans les années 1960 des œuvres composées de blocs de couleur infusés de lumière qui évoquent la peinture de Mark Rothko.

Deux huiles sur toile sans titre de 1968

Elles font l'abstraction : suite et fin
Elles font l'abstraction : suite et fin

Virginia Jaramillo, née à El Paso (Texas), vit et travaille à New-York 

Installée à New York en 1967, l'artiste d'origine mexicaine Virginia Jaramillo développe depuis près de soixante ans une œuvre abstraite originale.

Altotron, 1976, huile sur toile 

Elles font l'abstraction : suite et fin

Alma Woodsey Thomas (1891, Colombus, Ohio - 1978, Washington DC)

Dans la série des Earth Paintings dont Iris, Tulips, Jonquils and Crocuses fait partie, Alma Woodsey Thomas adopte un point de vue macroscopique sur la nature, comme si elle ne pouvait plus en distinguer que des taches de couleurs. Dès le début des années 1960, son travail, fondé sur des mosaïques de couleurs organisées en bandes circulaires ou verticales, est associé au Color Field painting.

Iris, Tulips, Jonquils, and Crocuses, 1969, acrylique sur toile
Orion, 1973, acrylique sur toile

Elles font l'abstraction : suite et fin
Elles font l'abstraction : suite et fin

Vera Molnár  née en 1924 à Budapest (Hongrie), vit et travaille à Paris 


Sans titre, 1972, dessin à l'ordinateur, encre de Chine et encres de couleur sur table traçante
À la recherche de Paul Klee, 1970, encre sur papier
 

Elles font l'abstraction : suite et fin
Elles font l'abstraction : suite et fin

Une installation originale composée d'oeuvres diverses de 

Monir Shahroudy Farmanfarmaian (1924, Qazvin, Iran - 2019, Téhéran)

Monir Sharoudy Farmanfarmaian étudie les beaux-arts à l'Université de Téhéran avant de s'inscrire à la Parsons School of Design de New York. Elle se tourne vers l'abstraction en 1957, après un voyage en Iran au cours duquel elle est fascinée par la richesse de l'artisanat et par l'ornementation des monuments et des mosquées.

Elles font l'abstraction : suite et fin

Les années 1970 aux États-Unis

Elizabeth Murray (1940. Chicago - 2007, New York)

Enthousiasmée par l'oeuvre de Paul Cézanne, Elizabeth Murray se forme à la peinture à la fin des années 1950 à l'Art Institute of Chicago puis au Mills College d'Oakland. En 1967, elle s'installe à New York, où elle est marquée par la sculpture de Claes Oldenburg et la peinture de Ron Gorchov.

Parting and Together, 1978, huile sur toile

Elles font l'abstraction : suite et fin

Barbara Kasten née en 1936 à Chicago, vit et travaille à Chicago

Barbara Kasten réalise au début de sa carrière des œuvres textiles abstraites dans lesquelles elle inclut des éléments photographiques. A partir de 1974, elle fait de la photographie son médium principal, influencée par László Moholy-Nagy et Ludwig Mies van der Rohe et par les environnements lumineux du mouvement californien Light and Space.
 

Cibachromes, années 1980

Elles font l'abstraction : suite et fin
Elles font l'abstraction : suite et fin

Mary Heilmann, née en 1940 à San Francisco, vit et travaille à New-York

C'est à l'Université de Californie de Berkeley où enseignent alors Peter Voulkos et David Hockney que Mary Heilmann, marquée par la philosophie du surf et par la contre-culture californienne, se forme à la céramique et à la sculpture à la fin des années 1960. Installée à New York, elle est relativement isolée : ses tableaux postmodernistes détonnent sur une scène artistique dominée par les minimalistes.

Chinatown, 1976, acrylique sur toile

Elles font l'abstraction : suite et fin

Une abstraction politique ?

Harmony Hammond, née en 1944 à Chicago, vit et travaille à Galisteo, Nouveau-Mexique

Activiste féministe, co-fondatrice de la galerie A.I.R de New York en 1972 et autrice d'importantes expositions et ouvrages sur l'art lesbien, Harmony Hammond est à l'origine d'une œuvre abstraite et engagée, flottant entre sculpture et peinture.

Trois Floorpieces, 1973, tissu et peinture acrylique

Elles font l'abstraction : suite et fin

Howardena Pindell, née en 1943 à Philadelphie, vit et travaille New-York

Sans titre, 1971, acrylique sur toile

Elles font l'abstraction : suite et fin

Corporalité de l'abstraction

Huguette Caland (1931, Beyrouth - 2019, Beyrouth)

Dans la série Bribes de corps, initiée au début des années 1970, l'artiste libanaise Huguette Caland, alors installée à Paris, peint des fragments du corps humain en blow up ou plans rapprochés. La courbe, le désir et l'érotisme sont célébrés à travers ce que le critique d'art Raoul-Jean Moulin comme alors une « abstraction corporelle ». Sa palette de couleurs, faite de teintes souvent vives et inattendues, détonne et contribue à l'abstractisation du motif. 

Bribes de corps, 1973, huile sur lin
Checkpoint, 1974, huile sur lin

Elles font l'abstraction : suite et fin
Elles font l'abstraction : suite et fin

Zilia Sánchez, née en 1926 à La Havane (Cuba), vit et travaille à San Juan, Porto Rico

Zilia Sánchez, peintre cubaine exilée à New York à partir de 1960, est d'abord marquée par la peinture informelle qu'elle découvre lors de séjours en Espagne dans les années 1950. À partir de 1966, elle développe une œuvre sérielle, au vocabulaire et à la palette réduits. Autoproclamée "mulâtre minimaliste", elle reconnaît sa filiation avec une abstraction minimale qu'elle subvertit en y intégrant une forte dimension corporelle.

Eros, 1976/1998, acrylique sur toile tendue, supports de bois peints

Elles font l'abstraction : suite et fin

Abstractions cosmologiques

APY Art Centre Collective
Wawitiya Burton, Nyurpaya Kaika, Timpayie Presley, Naomi Kantri Angkalinya Cadie Curtis, Nyumi Burton. Tjungkara Ken, Tingila Young, Sylvia Ken Wipana Jimmy, Mary Pan, Maringka Baker, Alison Milka Carroll Cartene Thompson, Mona Metaliki, Illuwanti Ken, Panjiti Lewis, Tuppy Goodwin Puna Yanima, Julie Yaltangki, Barbara Moore. Sharon Adamson, Paniny Mick, Betty Muffler, Nellie Coulthardt, Ingrid Treacle, Meredith Treacle. Anywpa treacle. Madeline Curley. Imatjala Curtey, Tjangali George. Elizabeth Dunn, Teresa Baker Kani Patricia Tunkin

Le APY Art Centre Collective regroupe sept centres d'art formés par des artistes issus de communautés aborigènes du sud de l'Australie. Leurs ceuvres collectives sont des transcriptions picturales de récits mythologiques ancestraux mêlant diverses traditions locales. La loi des femmes est vivante sur nos terres a été réalisée par un groupe de femmes détentrices de savoirs traditionnels. 

Nganampa mantangka minyma tjutaku Tjukurpa ngaranyi alatjitu, 2018 [La Loi des femmes est vivante sur nos terres), acrylique sur toile

Elles font l'abstraction : suite et fin

Terminons, dans la dernière salle de l'exposition, avec comme un clin d'œil au titre de ce blog, une artiste chinoise : 

Irene Chou (1924, Shanghai, Chine - 2011, Brisbane, Australie)

Les peintures d'Irene Chou sont le fruit d'un syncrétisme entre influences artistiques orientale et occidentale. À Hong Kong, elle étudie la peinture de l'École de Lingnan, fondée sur la représentation à l'encre de la faune et de la flore. Elle découvre auprès de Lui Shou-Kwan, pionnier du New Ink Painting, le potentiel d'abstraction de la peinture à l'encre.

The Passage of Time, 1990/1991, encre de Chine, couleur et acrylique sur papier coréen hanji 
The Universe Lies Within II, 1997, encre de Chine, couleur et acrylique sur papier coréen hanji 

Elles font l'abstraction : suite et fin
Elles font l'abstraction : suite et fin
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article