Modernités suisses au Musée d'Orsay
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Exposition originale à Orsay : une quinzaine d'artistes, plus de 70 œuvres pour la plupart jamais montrées en France - sauf quelques-unes, précisément, dans les collections permanentes d'Orsay - pour refléter la grande vitalité, au tournant du XXème siècle, de la scène artistique de la jeune confédération helvétique née en 1848.
Section 1 - Figures tutélaires : Ferdinand Hodler et Giovanni Segantini
Nés dans les années 1850, Ferdinand Hodler (1853-1918) et Giovanni Segantini (1858-1899) font figure de pionniers de la modernité et marquent toute une génération de peintres de vingt ans leurs cadets. Menant des carrières internationales, ils deviennent à la fin des années 1890 des acteurs majeurs de la peinture symboliste européenne, rompant avec la tradition naturaliste fondée sur l'imitation du réel. Pour Hodler, la mission de l'artiste consiste à révéler l'harmonie de la nature, au-delà des particularités: il s'agit de voir et de dégager l'essentiel. Segantini, de son côté, déploie un sens de la synthèse et de la simplification. Ses sujets paysans se muent en méditation sur la place de l'homme dans la nature et sur le cycle de la vie. Malgré sa mort prématurée en 1899, son art marque durablement Giovanni Giacometti, tandis que Hodler inspirera les peintres Amiet, Buri, Righini, Perrier ou encore Vallet.
Ferdinand Hodler : La Pointe d’Andey, vue depuis Bonneville [La Pointe d’Andey von Bonneville aus] 1909, huile sur toile
Portrait de Mathias Morhardt [Bildnis Mathias Morhardt] 1913, huile sur toile
Le Bûcheron [Der Holzfäller] 1910, huile sur toile
Femme joyeuse [Fröhliches Weib] 1909, huile sur toile
Autoportrait [Selbstbildniss] 3 février 1912, huile sur toile
Giovanni Segantini : Midi dans les Alpes [Mezzogiorno sulle Alpi] 1891, huile sur toile
Section 2 - Lumière et couleur
Comme son mentor Segantini, Giovanni Giacometti (1868-1933) est obsédé par la lumière. À la mort du maître en 1899, Giacometti achève l'une de ses toiles, ce qui lui permet d'étudier sa touche divisionniste: des traits enchevêtrés de mille couleurs, plus ou moins épais, qui vibrent entre eux pour faire surgir la lumière. Fasciné par cette manière, le jeune Giacometti pousse ses expérimentations encore plus loin en traduisant les effets de la lumière par de larges stries colorées. Cuno Amiet (1868-1961) partage cette attirance pour la lumière et ses effets colorés. Après avoir travaillé en Allemagne et en France, Amiet et Giacometti reviennent en Suisse. Leurs recherches picturales du tournant du siècle transfigurent des sujets tirés de leur quotidien: la nature environnante et le cercle familial.
Giovanni Giacometti : Autoportrait devant un paysage hivernal (Autoritratto davanti a paesaggio invernale]1899, huile sur toile
Vue sur Capolago et le lac de Sils [Blick über Capolago und den Silsersee) vers 1907, huile sur toile
Floraison [Fioritura] 1900, huile sur toile
Arc-en-ciel [Arcobaleno] 1916, huile sur toile
Cuno Amiet : Le Grand Hiver [Der Grosse Winter] 1904, détrempe sur toile
Taches de soleil [Sonnenflecken] 1904, huile sur toile
Section 3 - Cuno Amiet: le chemin de Pont-Aven
Le séjour de Cuno Amiet à Pont-Aven en 1892-1893 est déterminant. Depuis les années 1860, ce village breton est très fréquenté par les artistes, attirés par les paysages, les habitants aux costumes traditionnels et le sentiment de fréquenter une région épargnée par l'industrialisation. Vers 1885-1890, Paul Gauguin et ses amis y abandonnent le réalisme au profit d'œuvres marquées par une forte stylisation et l'emploi de couleurs vives cernées d'un contour sombre. S'il ne rencontre pas Gauguin, Amiet est fasciné par ce qu'il découvre à Pont-Aven des recherches les plus avancées des artistes postimpressionnistes. Son opinion sur l'art en est bouleversée et les œuvres qu'il produit en Bretagne, puis de retour en Suisse, attestent de la puissance de ce choc visuel et culturel.
Bretonne [Bretonin] 1892, huile sur toile marouflée sur bois
Garçon mendiant avec du pain [Bettelknabe mit Brot] 1894, huile sur toile
Bretonne couchée [Liegende Bretonin] 1893, huile sur toile
Paysage près de Pont-Aven [Landschaft bei Pont-Aven] 1892, huile sur toile
Section 4 - Cuno Amiet et Giovanni Giacometti: «Nos éducateurs à l'art de Van Gogh »
En Suisse, les œuvres de Cuno Amiet et Giovanni Giacometti jouent un rôle majeur dans l'appréciation par le public des œuvres des impressionnistes, de Cézanne et de Van Gogh. Ils admirent beaucoup ce dernier, lisent sa correspondance et copient ses œuvres. En 1908, à Zurich, une importante exposition présente les œuvres de Van Gogh aux côtés de celles de peintres suisses. Le critique Hans Trog voit alors les tableaux de Giacometti et Amiet qu'il considère dès lors comme des «éducateurs» à l'art du maître, à leurs «accords de couleurs pures et éclatantes». Une nouvelle génération de collectionneurs acquiert ainsi des œuvres de Van Gogh et contribuent à les faire connaître en Suisse.
Giovanni Giacometti : Le pain [Il pane] 1908, huile sur toile
Autoportrait [Autoritratto] 1909, huile sur toile
Le Pont de Langlois, copie d'après Van Gogh, vers 1906-1907, huile sur fibrociment
Paysage ensoleillé (Agn) [Paesaggio sole (Agn)] 1910, huile sur toile
Portrait de Trutti Müller [Bildnis Trutti Müller] 1907, huile sur toile
Cuno Amiet : Le Chapeau violet [Der violette Hut] 1907, huile sur toile
Ce premier portrait de Gertrud Müller par Amiet est peint en même temps que celui de Giovanni Giacometti lors d'une séance de pose commune. La jeune femme, qui prend des cours de dessin auprès d'Amiet dès 1904, deviendra collectionneuse et mécène de nombreux peintres suisses.
Autoportrait en rose [Selbstbildnis in Rosa] 1907, huile sur toile
Nature morte avec des asters [Stillleben mit Astern] 1908, huile sur toile
L'Arlésienne, copie d'après Vincent Van Gogh, 1908, huile sur toile
Section 5 - La recherche de l'innocence
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'industrialisation croissante de la Suisse provoque des bouleversements sociaux. De nombreux artistes fuient la vie trépidante des villes pour créer leur propre paradis a la campagne. Les peintres reprennent de façon neuve et variée des thèmes classiques, comme la moisson, sujet cher au XIXe siècle évoquant l'harmonie entre l'homme et la nature. Amiet en fait une célébration du bonheur terrestre dans des œuvres qui évoquent à la fois Cézanne, l'Art Nouveau et le mouvement expressionniste allemand Der Blaue Reiter. Chez Alice Bailly (1872-1938), la nature vierge de toute présence humaine apparaît comme un refuge harmonieux et éclatant, tandis que Giovanni Giacometti s'inspire des modèles classiques italiens pour célébrer le bonheur familial. Évocatrice de l'innocence, l'enfance l'inspire, tout comme Amiet ou Martha Stettler (1870-1945).
Alice Bailly (1872 - 1938) :
Verger [Ursenbach] 1909, huile sur toile
Printemps à Orsay (L'Arbre blanc) 1912, huile sur toile
Giovanni Giacometti :
Maternité [Maternità] 1908, huile sur toile
Lumière et ombre II [Luce e Ombra II] 1912, huile sur toile
Cuno Amiet :
Au Jardin [Im Garten] 1911, huile sur toile
Le Jardin de la ferme [Bauerngarten] vers 1907, huile sur toile
La Cueillette [Obsternte] 1912, huile sur toile
Le Pommier [Apfelbaum] 1907, huile sur toile
Étude pour Les Filles jaunes [Studie zu Die Gelben Mädchen] 1905, huile sur plaque en fibrociment (Eternit)
Martha Stettler (1870 - 1945) :
La Toupie [Der Kreisel] entre 1907 et 1916, huile sur toile
Section 6 - L'inquiétant théâtre de l'intime
Si la révolution industrielle et ses mutations sociales entraînent chez certains un retour à une nature idéale, d'autres, comme Félix Vallotton (1865-1925) et Sigismund Righini (1870-1937), s'attardent plutôt sur l'angoisse qu'elles génèrent. L'étrangeté fait irruption dans la sphère intime lorsque les deux peintres bouleversent les codes traditionnels du portrait familial, notamment par leur usage de la couleur. Dans Le Dîner, effet de lampe, Vallotton anéantit l'image idéalisée de la famille par une atmosphère trouble et sinistre. Il aborde de façon implacable les tensions et conflits amoureux dans La Chambre rouge. Figure respectée de la vie culturelle zurichoise, Righini pose un regard ambivalent, voire ironique, sur les portraits monumentaux et très colorés de sa propre famille: isolés les uns des autres, femme, enfants, père et mère apparaissent comme sur une scène de théâtre, chacun conservant la pose qui lui a été attribuée, chacun faisant face au spectateur.
Félix Vallotton (1865-1925) :
Autoportrait 1897, huile sur carton
La Chambre rouge 1898, tempera sur carton
Le Dîner 1899, huile sur carton marouflé sur bois
Sigismund Righini (1870-1937) :
Autoportrait sur fond de fleurs [Selbstbildnis vor Blumenhintergrund) vers 1908, huile sur carton
La Famille I [Die Familie I] 1904, huile sur toile
La Famille II [Die Familie II] 1911, huile sur toile
Section 7 - Renouveau des scènes de genre paysannes
Les expositions nationales suisses (en 1883 à Zurich, 1896 à Genève et 1914 à Berne) sont de véritables vitrines du patriotisme helvète. Une iconographie nationale s'y forge à travers la peinture alpine, tandis que l'accent est mis sur les identités régionales, les sujets populaires exaltant les coutumes d'une population rurale montrée en costumes traditionnels. Attirés par le mode de vie des paysans, des peintres quittent la ville pour la campagne : Ernest Biéler (1863-1948), Edouard Vallet (1876-1929), Max Buri (1868-1915). Jusqu'alors dépeints dans une veine naturaliste précise, ces sujets traditionnels sont repris par ces artistes sans aucune approche anecdotique et dans un langage plastique novateur: une ligne souple évoquant l'Art Nouveau chez Biéler, un jeu de couleurs franches et vives chez Buri, des compositions structurées chez Vallet.
Ernest Biéler (1863-1948) :
L'Auteur 1911, aquarelle et gouache sur papier
Le Petit Cheval rouge 1909, tempera et crayon sur papier contrecolé sur toile
Ramasseuse de feuilles vers 1906-1909, aquarelle, gouache et crayon sur papier marouflé sur carton
Max Buri (1868 - 1915) :
Autoportrait [Selbstbildniss] 1913, huile sur toile
Jeune fille de la vallée du Hasli [Mädchen aus dem Haslital] vers 1906, huile sur toile
Joueur d'accordéon en compagnie [Handorgeler in Gesellschaft] 1905-1906, huile sur toile
La Sieste [Siesta] 1907-1910, huile sur toile
Édouard Vallet (1876-1929) :
Autoportrait 1912, huile sur toile
Dimanche matin 1908-1909, huile sur toile
Section 8 - Le paysage symboliste
En Suisse, le multilinguisme et un fort régionalisme ont limité l'émergence d'une iconographie nationale dans la peinture d'histoire. Depuis la fin du XVIIIe siècle, cette recherche d'une identité nationale s'exprime plutôt dans le paysage, mais celui-ci perd vers 1900 cette fonction patriotique au profit d'une approche subjective et onirique de la nature. Chez des artistes aussi différents que Félix Vallotton, Hans Emmenegger (1866-1940), Alexandre Perrier (1862-1936) et Albert Trachsel (1863-1929), le paysage devient rêve, vision fantastique ou symbole d'harmonie. Basés sur une connaissance aigüe et précise de la nature, leurs tableaux la transfigurent par le jeu de couleurs irréelles, la stylisation des motifs et l'importance donnée aux effets de lumière. Cette approche symboliste renouvelle profondément la tradition du paysage helvète et celle de la peinture de montagne en Suisse et en Europe.
Félix Valloton :
Derniers rayons dit aussi Paysage avec arbres 1911, huile sur toile
La Mare (Honfleur) 1909, huile sur toile
Albert Trachsel (1863-1929) :
L'Île des arbres en fleurs (Paysage de rêve) [Traumlandschaft] vers 1912-1913, huile sur toile
Paysage de rêve [Traumlandschaft] vers 1907, huile sur toile
Hans Emmenegger (1866 - 1940) :
Château-rocher III [Felsenburg II 1901, huile sur toile sur un apprêt à la détrempe
En Février (étude) [Im Februar (Studie)] 1907, huile sur toile
Alexandre Perrier (1862-1936) :
Le Lac Léman et le Grammont 1901, huile sur toile
Section 9 - Augusto Giacometti: de l'Art Nouveau à l'abstraction
L'art d'Augusto Giacometti (1877-1947) relève d'une vision diamétralement opposée à celle de son cousin Giovanni : ce dernier prône la peinture de plein air et l'observation directe du modèle, alors qu'Augusto considère la nature comme le point de départ d'un travail fondé sur l'imagination. Formé auprès du Suisse Eugène Grasset, installé à Paris et tenant de l'Art Nouveau, il s'appuie sur ce langage formel pour donner aux couleurs et à la ligne leur propre valeur et atteindre une certaine abstraction.
Augusto Giacometti (1877-1947) :
Plein été [Hochsommer] 1912, huile sur toile
Fantaisie Chromatique [Chromatische Fantasie] 1914, huile sur toile
Autoportrait au chapeau [Selbstbildnis mit Hut] 1908, huile sur toile
Contemplation [Contemplazione] vers 1908, huile sur toile
Section 10 - Natures mortes: jeux de couleurs et de formes
Fleurs, fruits, objets familiers : les motifs traditionnels de la nature morte restent attrayants pour les artistes comme pour les collectionneurs. Comme Cézanne, Gauguin ou Van Gogh avant eux, les peintres y déploient un nouveau vocabulaire artistique et se livrent à des expérimentations de forme, de couleur et de composition. Jouets, céramiques traditionnelles suisses et végétaux leur inspirent des combinaisons inédites, aux couleurs souvent intenses. Parmi ces réinventions de l'univers quotidien, celle d'Alice Bailly est la plus radicale. Elle est la seule des artistes de cette exposition à s'inscrire, au début des années 1910, au coeur d'une nouvelle avant-garde française : le cubisme.
René Auberjonois (1872 - 1957) : Nature morte au pot jaune 1910, huile sur carton
Alice Bailly : Nature morte au réveille-matin 1913, huile sur toile
Félix Vallotton : Pommes 1919, huile sur toile
Giovanni Giacometti : Nature morte avec livres [Stilleben mit Büchern] vers 1907-1908, huile sur toile
Cuno Amiet : Nature morte [Stillleben] 1907, huile sur toile
Hans Emmenegger : Fruits [Früchte] 1909, huile sur toile
Max Buri : Grande nature morte aux fleurs avec pommes (Grosses Blumenstück mit Äpfeln] vers 1911, huile sur toile
Sigismund Righini : La Table [Der Tisch] 1908, détrempe sur carton
Dernière section de cette exposition où les découvertes ont été nombreuses, Vallotton étant le seul de ces artistes bénéficiant en France d'une grande notoriété (cf. notre billet du 5 novembre 2013) :
Section 11 - Dimensions cosmiques
Lacs, montagnes et autres éléments naturels sont ici simplifiés et réduits à l'essentiel, frôlant l'abstraction. Nos repères spatiaux traditionnels sont brouillés par les horizontales du lac Léman de Hodler, la fragmentation du motif chez Emmenegger, les ciels étoilés de Giacometti ou les éclatants couchers de soleil de Vallotton. Ces paysages des années 1910 se vident de toute présence humaine, même quand il s'agit de lieux normalement très fréquentés. Lignes, couleurs, formes dépassent la représentation du motif et du moment pour suggérer un univers, un au-delà insondable de la nature. Intenses et magnétiques, ces paysages revêtent une dimension cosmique. Ils invitent à la méditation, à la rêverie et à l'émerveillement face à l'infini et à la beauté.
Hans Emmenegger : Reflet sur l'eau (Petit bateau à vapeur se reflétant dans l'eau) [Reflektion im Wasser (Kleiner Dampfer, sich im Wasser spiegelnd)] 1908-1909, huile sur toile
Ferdinand Hodler : Brouillard du soir sur le lac de Thoune [Abendnebel am Thunersee] 1908, huile sur toile
Le Lac Léman et le Mont-Blanc à l'aube (octobre) [Genfersee mit Mont-Blanc am frühen Morgen (Oktober)] 1917, huile sur toile
Augusto Giacometti : Nuit étoilée (Voie lactée) [Sternenhimmel (Milchstrasse)] 1917, huile sur toile
Félix Vallotton : Coucher de soleil, ciel orange 1910, huile sur toile
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