Matisse. Cahiers d’art, le tournant des années 30
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Belle exposition à l'Orangerie, centrée exclusivement sur l'œuvre de Matisse dans la décennie 1930-1940.
" C’est à travers le prisme de Cahiers d’art, grande revue d’avant-garde créée par Christian Zervos en 1926, que l’exposition aborde l’œuvre de Matisse dans les années 1930. Porte-voix du modernisme international et des courants esthétiques de son temps, la revue rend compte de la production de l’artiste tout au long de l’entre-deux-guerres.
L'exposition permet de voir plusieurs œuvres exceptionnelles, très rarement exposées en France, comme Le Grand nu couché de Baltimore, Le Chant de Houston et d'autres toiles conservées dans différents musées américains.
À l'entrée de la première salle, un tableau des collections permanentes de l'Orangerie, Les Trois soeurs, 1917, huile sur toile.
Ce triple portrait réalisé d'après un unique modèle, Lorette, appartient à un moment charnière de la production de Matisse, vers 1916-1917. Le marchand et collectionneur Paul Guillaume acquiert cette œuvre en 1926. Pièce maîtresse de sa collection, elle est visible dans Cahiers d'art 1927 n°I et reproduite dans l'encart publicitaire de sa galerie, dans le numéro 1931 n°V-VI.
Dans cette salle introductive, trois autres toiles de la deuxième moitié des années 1920 :
Odalisque à la culotte grise, 1926-1927, huile sur toile
Femme à la voilette, 1927, huile sur toile
Odalisque au coffret rouge, 1927, huile sur toile
Une des nombreuses pages présentées de la revue Cahiers d'Art reproduisant des tableaux et des dessins de Matisse...
Trois gravures :
Figure endormie sur fond moucharabieh, 1929, eau forte
Nu accroupi, main sur l'épaule, 1929, eau forte
Nu assis, mains aux genoux, 1929, eau forte
avec, en contrepoint, une eau-forte sur cuivre (19 octobre 1929) de Pablo Picasso, Femme nue assise couronnée de fleurs.
En 1930, Matisse quitte la France pour un voyage à Tahiti, marquant ainsi volontairement une pause dans sa création, et engageant un tournant dans son œuvre. La salle suivante évoque ce voyage, avec des toiles réalisées plusieurs années plus tard :
Fenêtre à Tahiti ou Tahiti I, 1935, huile sur toile
Fenêtre à Tahiti ou Tahiti II, 1935-1936, gouache et tempera sur toile
et ce dessin, réalisé sur place : Tahitiennes, 1930, crayon et encre sur papier.
En septembre 1930, il se rend à nouveau aux États-Unis qu'il avait traversés en train en mars pour se rendre à Tahiti et rencontre le collectionneur Albert C. Barnes qui lui passe commande d’une décoration murale pour sa fondation à Merion, près de Philadelphie.
Une photographie in-situ de The Dance, été 1932-avril 1933, huile sur toile à la Fondation Barnes, à Merion :
La Danse, harmonie grise, 1930-1931, huile sur toile
La Danse, harmonie bleue, 1930-1931, huile sur toile
La Danse, harmonie ocre, 1930-1931, huile sur toile
Étude pour "La Danse", panneau de gauche, novembre 1932, crayon graphite sur papier
Étude pour "La Danse", panneau de gauche, 20 février 1932, crayon graphite sur papier
Une étude pour La Danse, avril 1932, papiers gouachés, découpés et collés sur papier, présentée à l'exposition
La Danse dite de Paris, huile sur toile, photographiée au Musée d'Art Moderne de Paris le 27 janvier dernier
La Danse inachevée, 1931, huile sur toile, photographiée au Musée d'Art Moderne de Paris le 13 avril dernier.
La suite du parcours mêle dessins, tableaux, sculptures des années 1930, une découverte pour beaucoup d'entre eux issus de collections américaines.
Nymphe dans la forêt (La Verdure), 1935-1942/1943, huile sur toile
Ce panneau inachevé, initié pour un projet de tapisserie, mêle des motifs de faunes et de forêts, inspirés de ses illustrations pour Poésies de Stéphane Mallarmé et Ulysse de James Joyce. Resté longtemps accroché sur les murs de l'atelier du Regina à Nice, il ne cesse d'être retouché par le peintre, en recouvrements et effacements successifs.
Nu accroupi, 1936, fusain sur papier
Nu renversé et feuillage, 1936, fusain et estompe sur papier
Nu au collier (Lydia), 1935, encre de Chine sur papier
Nu couché aux coussins fleuris, sur fond de plantes vertes (Lydia), 1936, encre de Chine sur papier
Grand nu couché (Nu rose), 1935, huile sur toile
Grand nu assis, 1922-1929, bronze
Henriette I, 1925, bronze, fonte à la cire perdue
Henriette II, 1927, bronze, fonte à la cire perdue
Henriette III, 1929, bronze, fonte à la cire perdue
Le Chant, 1938, huile sur toile
Portrait au manteau bleu, 1935, huile sur toile
La grande robe bleue et mimosas, 1937, huile sur toile
Dès 1936, Matisse réalise plusieurs portraits de Lydia, parée de colliers et vêtue d'une robe bleue à jabot, confectionnée par ses soins pour les besoins de la peinture. Ce tableau résulte d'une lente genèse, un processus de sublimation au cours duquel la figure devient une icône hiératique qui flotte, très droite, auréolée d'une couronne dorée de mimosas dans un espace de plans colorés symétriques.
La Blouse verte, 1936, huile sur toile
Corselet sur fond de "Tahiti" (La Biche), 1936, huile sur toile
Nu dans un fauteuil, plante verte, 1936-1937, huile sur toile
Femme nue drapée, 1936, huile sur toile
Nu au peignoir, 1933, huile sur toile
La Robe rayée, 1938, huile sur toile
Danseuse au repos, 1940, huile sur toile
Dans l'atelier de Matisse, où l'on distingue à l'arrière-plan le dessin de Nymphe et faune, une jeune femme pose vêtue d'une blouse roumaine, tenue à la mode dans les années 1930 sur la Côte d'Azur. Matisse s'intéresse à la beauté graphique des blouses, à leurs broderies stylisées et à la disposition de leurs détails, qu'il transcrit dans des compositions épurées jusqu'à la version parachevée de La Blouse roumaine de 1939-1940.
Robe rayée, fruits et anémones, 1940, huile sur toile
Odalisque à la robe persane jaune, anémones, 1937, huile sur toile
Intérieur au vase étrusque, 1940, huile sur toile
Femme assise dans un fauteuil, 1940, huile sur toile
Nature morte à la dormeuse, 1940, huile sur toile
À la sortie de l'exposition, en écho aux blouses roumaines portées par les modèles de nombre de tableaux de la fin du parcours, nous retrouvons un tableau bien connu de la collection du Musée national d'art moderne au centre Pompidou, La Blouse roumaine, 1940, huile sur toile.