Monastères cisterciens de Catalogne
Un peu de patrimoine, à l'occasion d'une excursion lors d'un séjour à Tarragone. Tentés par la "route des monastères cisterciens", nous avons commencé par le plus fameux, Poblet, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Fondé à l'initiative du comte Raimond-Bérenger IV de Barcelone, qui donne en 1151 aux moines cisterciens de Fontfroide une terre, tout juste reconquise sur l'occupant arabe, sur laquelle ils vont bâtir leur abbaye, le monastère de Sainte-Marie de Poblet est à l'heure actuelle le plus grand monastère encore habité d'Europe.
Passé la muraille qui ceinture le domaine,
nous suivons une allée dans l'axe de l'église du couvent, au portail richement décoré
pour atteindre l'esplanade qui s'étend devant la muraille médiévale aux douze tours construite par le roi d'Aragon Pierre IV le Cérémonieux (1319-1387) : à droite l'entrée de l'église ; à gauche, entre deux tours massives, l'entrée des locaux du monastère.
L'entrée débouche sur un sombre vestibule voûté, au fond duquel une porte romane laisse passer la lumière du cloître.
Sur la droite du vestibule, une grande salle, autrefois dortoir des frères convers puis pressoir du monastère ; sur la gauche, l'ancien réfectoire des frères convers.
Passée la porte romane au fond du vestibule, le très beau cloître (40 x 35 mètres) même styles roman et gothique.
On remarque à l'extérieur d'une des ailes le pavillon du lavabo.
Cet élégant édifice situé en face du réfectoire abrite une grande vasque où les moines venaient se laver les mains au retour du travail.
Sur la même aile du cloître, la cuisine et le vaste réfectoire des moines
Sur une autre aile, la vaste salle capitulaire;
Au niveau supérieur, l'impressionnant dortoir des moines,
qui débouche sur le sur-cloître, d'où on a une très belle vue sur les clochers de l'abbatiale et sur la sobriété des murs de la nef aux petites ouvertures romanes.
Il reste quelques arcs qui supportaient la galerie du sur-cloître. On a de celui-ci une belle vue sur le jardin du cloître et le pavillon du lavabo.
Terminons avec la très belle église abbatiale, construite en 1166, très vaste, à cause de la taille de la communauté monastique. Elle est construite suivant une architecture romane dans laquelle les techniques gothiques, comme la croisée d'ogives, commencent à apparaître, notamment dans les bas-côtés et le déambulatoire. La forme cistercienne traditionnelle n'est pas entièrement respectée, avec l'absence d'un chevet plat remplacé par une abside autour de laquelle court un déambulatoire.
Le retable monumental, en albâtre blanc, a été réalisé entre 1527 et 1529 par Damián Forment.
De chaque côté du chœur, les tombeaux royaux, réalisés tout au long du XIVe et du XVe siècles, monument funéraire insolite par sa position élevée au-dessus de deux arches. Construit à l'initiative de Pierre le Cérémoniaux, ce panthéon royal d'Aragon abrite les tombes d'une quinzaine de rois et de reines d'Aragon, de Alphonse II le Chaste, mort en 1196 à Jean II d'Aragon mort en 1479.
À la sobriété romane du déambulatoire...
s'oppose la pompe de la nouvelle sacristie, grand bâtiment baroque du XVIIIème siècle couvert d’une grande coupole avec la lanterne correspondante que nous avions aperçue depuis le sur-cloître.
Enfin, la très belle nef romane, vue du chœur et vue de l'entrée du public.
Un dernier regard d'ensemble, sur le monastère entouré de vignes...
et nous dirigeons vers un autre monastère cistercien de ce circuit, Santes Creus, dans la commune de Aiguamúrcia, toujours dans la province de Tarragone, à une trentaine de kilomètres de Poblet.
Garés au pied des murailles d'où émerge une coupole du monastère,
passant sous l'arche d'une maison aux façades décorées comme nous en avions déjà vu à Tarragone, nous gagnons une esplanade, où une porte monumentale surmontée d'une tour ornée d'une clocheton...
débouche sur une place monumentale au fond de laquelle l'église abbatiale nous attend.
Malheureusement, l'église et son cloître sont fermés pour rénovation.
Heureusement, la place elle-même vaut la visite...
et nous découvrons, parmi les maisons qui la bordent, l'hôtel de ville de Aiguamúrcia, ancien palais abbatial, avec son charmant petit cloître et ses colonnades.
Un dernier regard sur ce si beau site pour terminer ce billet.