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Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

8 Mars 2025 , Rédigé par japprendslechinois

Dernière grande exposition monographique au Centre Pompidou avant sa fermeture pour une rénovation qui va durer plusieurs années.
Suzanne Valadon n’avait pas bénéficié de monographie à Paris depuis celle que le Musée national d’art moderne lui avait consacrée en 1967. Conçu par le Centre Pompidou-Metz en 2023, puis présenté au Musée d’arts de Nantes et au Museu Nacional d’Art de Catalunya à Barcelone en 2024, sous le titre « Suzanne Valadon. Un monde à soi », l’hommage à cette artiste ostensiblement moderne et libérée des conventions de son temps, se poursuit donc au Centre Pompidou, en 2025 avec une version enrichie de nouveaux prêts et augmentée d’archives inédites.

Une première partie intitulée Apprendre par l'observation fait allusion à ses premières années : modèle sous le nom de Maria, peintre sous le nom de Suzanne Valadon, elle apprit à dessiner en observant à l'œuvre les artistes pour lesquels elle posait. Parmi ces derniers, le jeune Henri de Toulouse-Lautrec avec lequel elle a une liaison enflammée, et qui lui donne le prénom de Suzanne, en référence à la Suzanne biblique car elle pose nue pour des vieillards... 

Dans l'entrée, L'Acrobate ou La Roue, 1916, huile sur toile
Valadon représente souvent les corps dans des positions complexes et utilise fréquemment des cadrages qui permettent des raccourcis et des distorsions visuelles. L'Acrobate tranche cependant par son dynamisme et une grande liberté dans la touche. Avec une grande économie de moyens, le mouvement du personnage est réduit à une ligne brisée presque abstraite. Cette œuvre rappelle, tant par son contenu que par sa technique, certaines compositions d'Edgar Degas ou de Henri de Toulouse-Lautrec qui fréquentaient les cirques. Elle fait aussi écho à la biographie de Valadon, qui fut une éphémère artiste de cirque avant de devenir modèle puis peintre.
La Chambre bleue, 1923, huile sur toile
Suzanne Valadon livre le portrait d'une femme ostensiblement moderne et libérée des conventions de son temps. L'œuvre rappelle les représentations classiques de la figure de l'odalisque. Valadon rompt avec la tradition orientaliste du nu alangui, lui préférant un corps au repos. Sa forte stature, son bas de pyjama rayé, son attitude nonchalante et blasée lui ôtent toute forme d'érotisme.

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Des autoportraits :

1883, mine graphite, fusain et pastel sur papier
Réalisé à l'âge de 18 ans, une des toutes premières œuvres qui nous soit parvenue.
1911, huile sur toile
1916, huile sur carton fin contrecollé sur toile
Autoportrait aux seins nus, 1931, huile sur toile 
À l'âge de 66 ans, elle signe ici son dernier autoportrait. Délaissant les habituelles idéalisation et érotisation des corps féminins, elle se dépeint avec des traits de visage sévère, les lèvres crispées, et la poitrine légèrement tombante trahissant les premiers signes de vieillesse. Elle réalise ici le premier portrait d'une artiste âgée nue, renversant la vision esthétique privilégiée du corps féminin jeune.

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Autoportrait, 1893, crayon gras sur papier
Mon portrait, 1894, encre de Chine sur papier
Autoportrait, 1903, sanguine sur papier

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Dans  cette section figure la première des œuvres d'artistes femmes contemporaines de Suzanne Valadon qui parsèment l'exposition.

Juliette Roche (1884-1980) : Autoportrait à Serrières, vers 1925, huile sur carton
On ne sait pas si Suzanne Valadon a rencontré Juliette Roche. Cependant, toutes deux participent aux Salons des Indépendants au début des années 1920, toutes deux exposent à deux reprises, mais jamais ensemble, à la galerie Berthe Weill en 1920.

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Des toiles d'artistes pour lesquelles Suzanne Valadon a posé :

Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) :
La Grosse Marie, 1884, huile sur toile
Femme tirant son bas, vers 1894, huile sur carton
Pierre Auguste Renoir (1841-1919) : La Toilette : femme se peignant, 1907-1908, huile sur toile
Jean-Jacques Henner (1829-1905) : Dormeuse ou Étude. Variante dans un paysage, après 1893, huile sur toile

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Edgar Degas (1834-1917) :
Femme nue, assise par terre, se peignant, 1886-1890, pastel et fusain sur papier vergé
La Toilette après le bain, sans date, fusain
Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898) : Jeunes filles au bord de la mer, vers 1879 (Version réduite du tableau présenté au Salon de 1879), huile sur toile
Précurseur du symbolisme. Puvis de Chavannes a eu une grande importance chez toute une génération d'artistes modernes. Valadon a entre 14 et 15 ans lorsqu'elle le rencontre, probablement au marché aux modèles sur la place Pigalle à Paris où l'artiste a un atelier. Durant près de dix ans, Valadon sert de modèle pour les personnages féminins, mais aussi masculins, des grandes compositions de Puvis.

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Paul Cézanne (1839-1906) : Cinq baigneuses, 1877-1878, huile sur toile fine, avec une préparation blanche mixte en réserve
Exposée lors de sa rétrospective au Salon d'Automne de 1907, l'une de ces baigneuses a pu inspirer Valadon dans la réalisation de son grand tableau Joie de vivre (1911). Elle a également probablement remarqué La Joie de vivre (1905-1906) de Henri Matisse, exposé au Salon des Indépendants de 1906. Ce tableau a appartenu à Pablo Picasso dont Valadon était proche.
Henri Matisse (1869-1954) : Nu drapé étendu, 1923-1924, huile sur toile
Un dialogue étroit se noue entre Suzanne Valadon et Henri Matisse dans leurs correspondances stylistiques et leur intérêt partagé pour le nu. Entre 1921 et 1925, Matisse entreprend une série d'odalisques enchâssées dans des fonds décoratifs, dont cette toile se démarque par la grande simplification du décor. Au même moment, Valadon réalise plusieurs grands nus allongés dans des intérieurs, où se superposent de larges aplats de couleur contrastés et où la forte présence de tissus évoque le travail de Matisse.

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Pour clôturer cette section, une toile de Suzanne Valadon :

Gilberte nue se coiffant, 1920, huile sur toile
Loin d'une vision éthérée des figures allégoriques sur ce thème, comme dans Les Jeunes filles au bord de la mer (1879) de son maître Pierre Puvis de Chavannes, Valadon campe ici un personnage au corps non idéalisé, enroulant une lourde mèche de cheveux. Gilberte, petite-nièce de Valadon et qui a servi de modèle à plusieurs reprises, se tient nue dans un intérieur où quelques détails évoquent l'atelier.

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Dessins
C'est avec la pratique du dessin que la carrière artistique de Valadon débute. Edgar Degas, qui la soutient dans cette voie, loue ses « dessins méchants et souples ». Le trait bien appuyé, qui cerne les corps et les objets, est la « signature » de Valadon et influence très fortement sa peinture. Le nu, en particulier féminin, est le sujet central de son œuvre graphique. Elle figure les femmes, la plupart du temps, actives, vaquant à des scènes de la vie quotidienne (toilette, bain, ménage...). Malgré leur apparente spontanéité, ces œuvres sont le fruit d'une lente élaboration, comme le montre son utilisation régulière du papier-calque. Cette technique, apprise auprès de Degas, lui permet de dupliquer et transférer ses personnages d'un support à un autre.

Mère et enfant, vers 1883, crayon gras sur papier
Utrillo enfant, 1886, sanguine et mine graphite sur papier

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

La Mère de Suzanne Valadon et son fils Maurice Utrillo, vers 1890, crayon sur papier
Utrillo nu et sa grand-mère assis, 1892, mine graphite sur papier calque collé sur papier
Utrillo essuyé par sa grand-mère, 1892, mine graphite sur papier calque

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Utter de profil, 1911, mine graphite sur papier
Paul Mousis lisant, 1892, fusain et mine graphite sur papier
Paul Mousis et son chien, 1891, mine graphite sur carton
Portrait de Miguel Utrillo de profil, 1891, fusain et crayon sur papier

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Grand-mère et Louise nue assise à terre, 1910, estampe, épreuve, planche du portfolio, tirage 72/75, pointe sèche sur papier vélin
Portrait de jeune fille, 1920, dessin au fusain

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Utrillo pensif, 1911, fusain sur papier calque
Utrillo de face, 1925, fusain sur papier
Utrillo de trois quarts, 1925, fusain sur papier

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Portraits de famille
L'œuvre peint et dessiné de Suzanne Valadon est marqué dès ses débuts par l'exécution de portraits de ses proches. N'ayant pas les moyens d'avoir recours à des modèles tarifés, elle peint les membres de sa famille. Dans Portrait de famille (1912), elle trône au centre de la composition, entourée de sa mère, de son amant André Utter et de son fils Maurice Utrillo, s'affirmant comme la véritable cheffe de famille. Les portraits familiaux de Valadon n'ont rien de complaisant. Elle peint les personnes qu'elle côtoie tous les jours comme elle les perçoit. Pas une ride ne manque au visage de sa mère Madeleine. Son fils, en 1909, apparaît tourmenté, le visage émacié, l'air abattu et le regard vide. Lorsqu'elle peint la famille d'Utter, ses sœurs et sa mère semblent compassées et raides dans leurs fauteuils.

La Mère de l'artiste, 1912, recto, huile sur carton
Portraits de famille, 1912, huile sur toile
Grand'mère et petit-fils, 1910, huile sur carton
Dans ce portrait au réalisme méticuleux et sans idéalisation, dans la tradition des portraits flamands du 15° siècle, la figure de Maurice Utrillo contraste avec celle de Madeleine, la mère de Suzanne Valadon. Les moyens économes avec lesquels l'artiste représente Madeleine et le chien, comme le regard d'Utrillo, seul à être dirigé vers le spectateur, suggèrent l'effacement progressif de la grand-mère au profit d'une jeunesse triomphante. L'artiste renonce ici à toute vraisemblance spatiale. La juxtaposition des deux bustes, d'échelles distinctes, sur un fond saturé de motifs floraux et sans perspective, évoque par ailleurs la manière des primitifs flamands.

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Portrait d'Erik Satie, 1892-1893, huile sur toile
Erik Satie (1866-1925) : Suzanne Valadon, 1893, encre sur papier à musique
Au début des années 1890, Valadon fréquente le compositeur Erik Satie, qui habite comme elle rue Cortot, à Montmartre. Tandis qu'il la croque à plusieurs reprises sur du papier musique, elle réalise son portrait, une de ses toutes premières toiles, qui révèle son talent précoce de portraitiste. Après six mois de relation passionnée, le couple se sépare. Dévasté, Satie compose en réaction Vexations, une partition obsédante dont le motif doit être répété huit cent quarante fois et peut durer jusqu'à vingt-quatre heures selon le tempo adopté. Retrouvée à son domicile après sa mort, l'œuvre n'a jamais été jouée de son vivant.

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Portrait de Maurice Utrillo, 1921, huile sur papier marouflé sur toile
Utrillo devant son chevalet, 1919, huile sur carton

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

La Famille Utter, 1921, huile sur toile
Neuf ans après Portraits, Valadon renoue avec le portrait de groupe en figurant une partie de sa belle-famille dans l'étroite salle à manger de la rue Cortot. De gauche à droite, on reconnaît les deux sœurs d'Utter, Germaine et Gabrielle, ainsi que leur mère. Une certaine austérité classique se dégage de ce tableau. À gauche, seule Germaine, le corps penché, la tête posée sur sa main droite, les jambes croisées, et entourée de fleurs, tranche avec ses deux voisines, représentées raides dans leurs fauteuils. Le critique d'art Robert Rey les a comparées aux Trois Dames de Gand (vers 1800), un tableau attribué à Jacques-Louis David, conservé au musée du Louvre.
Germaine Utter devant sa fenêtre, 1926, huile sur toile
André Utter et ses chiens, 1932, huile sur toile
Chien couché, étude II, sans date [vers 1920], fusain et crayon de couleur sur papier

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Marie Coca et sa fille Gilberte, 1913, huile sur toile
Assise sur un fauteuil, Marie Coca, la nièce de l'artiste, se tient aux côtés de sa fille Gilberte, installée à ses pieds sur un coussin, une poupée posée sur ses genoux. La fillette fixe le spectateur, tandis que sa mère détourne le regard au loin. La construction singulière du tableau en quinconce, où le sol bascule vers le regard du spectateur et où les personnages sont projetés vers l'avant, renforce la différence de taille entre les modèles et souligne le passage de l'enfance à l'âge adulte. Valadon recourt par ailleurs au traditionnel jeu du « tableau dans le tableau », citant une estampe d'Une Répétition d'un ballet à l'Opéra (1874) d'Edgar Degas, en haut à gauche de la composition.
La Poupée délaissée, 1921, huile sur toile
On retrouve ici, huit ans plus tard, les mêmes personnages peints dans Marie Coca et sa fille Gilberte (1913). La mère sèche sa fille devenue adolescente tandis que celle-ci se tourne vers le miroir qu'elle tient à la main. La poupée, qui était fièrement installée sur les genoux de la petite fille dans le tableau précédent, est ici jetée sur le sol. Atteignant la puberté, la jeune fille se désintéresse de sa poupée préférant contempler son image.

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Nous terminerons cette première partie du parcours de l'exposition avec des natures mortes et des paysages de Suzanne Valadon.

« La vraie théorie, c'est la nature qui l'impose. »
«La nature a une emprise totale sur moi, les arbres, le ciel, l'eau et les êtres, me charment » écrit Valadon. Pourtant, elle ne peint des natures mortes et des paysages que tardivement dans son œuvre. Les premières peintures, marquées encore par Paul Cézanne, apparaissent pendant les années de la Grande Guerre. Par la suite, Valadon affirme un style coloré, construit et à la ligne nerveuse. Les couleurs sourdes et saturées des paysages, les lignes ondoyantes des arbres l'associent à l'esthétique de Paul Gauguin. Peintes dans le décor de son atelier, les natures mortes laissent entrevoir son univers. Les tableaux de fleurs deviennent à la fin de sa vie les cadeaux réguliers que Valadon offre à ses proches.

Le Sacré-Cœur vu du jardin de la rue Cortot, 1916, huile sur toile
Le Jardin de la rue Cortot, 1928, huile sur toile

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Le Château de Saint-Bernard (Ain), 1931, huile sur toile
L'Église de Saint-Bernard, 1929, huile sur toile
La Cour du Château de Saint-Bernard, 1930, huile sur toile
En 1923, Valadon et Utter font l'acquisition d'un château à moitié en ruine à Saint-Bernard, dans l'Ain. Le trio Valadon-Utter-Utrillo séjourne à plusieurs reprises dans leur « domaine féodal », parfois de façon éparpillée, au gré des disputes et des besoins d'isolement de chacun. Dans cette toile, Valadon ne présente pas de vue globale et frontale du château et opte pour un cadrage permettant davantage de jeux perspectifs où l'architecture fusionne avec la végétation, comme pour Le Jardin de la rue Cortot de 1928. La palette, la touche et la simplification des formes évoquent les paysages provençaux de Cézanne.

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Chien endormi sur un coussin, vers 1923, huile sur carton marouflé sur panneau
Nature morte, 1920, huile sur carton
Sur une table recouverte d'un grand tissu à motifs, un plat d'étain chargé de fruits, un bouquet dans un vase dont on n'aperçoit pas le sommet, un pot de fleurs et une cruche sont posés côte à côte, apparemment sans organisation. Le tissu drapé et la vue plongeante rendent volontairement instable la composition. Ce tissu brodé, appelé « suzani », a sûrement été rapporté d'Ouzbékistan par son premier mari Paul Mousis, négociant en étoffes. Suzanne Valadon le représente dans plusieurs de ses toiles.
Nature morte au poisson, 1926, huile sur toile

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
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Dans cette section, une œuvre d'une femme peintre contemporaine de Valadon, Mela Muter (1876-1907) : Les Poissons, vers 1920, huile sur toile
Les routes de Suzanne Veladon et de la peintre franco polonaise Mela Muter, de onze ans sa cadette, se sont croisées à de nombreuses reprises. Avec Erik Satie, un temps amant de Valadon et ami de Muter, chez le marchand Ambroise Vollard qui publie des gravures de Valadon et expose Muter, aux Salons d'Automne et des Indépendants où toutes deux exposent aux mêmes moments, à la Société des Femmes Artistes Modernes où elles sont présentes depuis sa création en 1931 par Marie Anne Camax Zoegger et enfin chez le galeriste Bernheim-jeune où elles participent toutes deux à une exposition collective en 1935. D'abord influencée par le symbolisme, la peinture de Muter évolue rapidement vers une facture à la touche expressionniste et aux couleurs éclatantes.

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)

Le Canard, 1930, huile sur toile
Nature morte au lièvre, faisan et pomme, 1930, huile sur toile
Nature morte au lapin et à la perdrix, 1930, huile sur toile
Dans les années 1930, Valadon réalise plusieurs natures mortes comportant lièvres, faisans canards, perdrix, lapins. Elles sont réalisées lors de séjours à Saint-Bernard avec le gibier qu'Utter rapportait de la chasse.

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
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Le Chemin dans la forêt, vers 1918, huile sur toile
L'Étable en Beaujolais, 1921, huile sur toile
Route dans la forêt de Compiègne, 1914, huile sur toile

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
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Vase de fleurs, 1934, huile sur toile
Fleurs, 1929, huile sur toile
Bouquet de fleurs, 1930, huile sur toile
Le motif du bouquet de fleurs, présent notamment dans plusieurs portraits, devient un sujet autonome et récurrent dans les dernières années de Valadon. Souvent offertes en guise de remerciements aux proches de l'artiste, ces toiles se caractérisent par un certain dépouillement que seuls quelques détails ornementaux, comme ici les motifs circulaires incisés sur la panse du vase ou encore le petit napperon, viennent contrecarrer.
Bouquet de roses, 1936, huile sur contreplaqué
Vase de fleurs sur un guéridon, 1936, huile sur toile

Suzanne Valadon (1865-1938) au Centre Pompidou (I/II)
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Nous poursuivrons dans un prochain billet le parcours de cette belle rétrospective.

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W
magnifique évocation détaillée, je découvre ici le lien de parenté ente Valadon et Utrillo (je suis en pleine instruction de tout ce qui touche à l'art), je comprends la nécessité d'une 2è billet et j'y cours (je n'ai pas encore vu l'expo et j'ignore si j'aurai l'occasion de la voir)
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