Tous Léger ! au Musée du Luxembourg
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Exposition haute en couleur et très divertissante au Musée du Luxembourg ce printemps, qui fait dialoguer les œuvres de Fernand Léger (1881-1955), pionnier de l’art moderne avec plus d’une trentaine d’œuvres d’artistes issus des avant-gardes européennes et américaines des années 1960 à nos jours. Elle met en avant le lien historique et artistique fort existant entre l’œuvre de Fernand Léger et la génération qui lui a immédiatement succédé : celle des Nouveaux Réalistes. Lancé en 1960 par le critique d’art Pierre Restany, le mouvement des Nouveaux Réalistes réunit des artistes tels que Arman (1928-2005), César (1921-1998), Raymond Hains (1926-2005), Yves Klein (1928-1962), Martial Raysse (1936), Daniel Spoerri (1930-2024), Niki de Saint Phalle (1930-2002). Ces artistes s’emparent des objets du quotidien de la société de consommation et de l’esthétique de la rue. Leur démarche ne vise pas la représentation du réel mais son appropriation poétique. D’autres périodes, d’autres mouvements, y compris à l’échelle internationale, comme le Pop Art américain avec Robert Indiana, Roy Lichtenstein, May Wilson, mais aussi des artistes qui émergent dans les années 1970 et 1980 comme Gilbert & George à Londres et Keith Haring à New York sont également présentés en interaction avec l’œuvre de Fernand Léger.
1. Les cinq éléments
« Faisons entrer la couleur, nécessité vitale comme l’eau et le feu, dosons-la
savamment. » Fernand Léger (1924)
FL : Composition aux deux oiseaux sur fond jaune, vers 1955, huile sur toile
Arman (1928-2005) : The Birds 11, novembre 1981, pinces autobloquantes métalliques
L'année 1981 marque une nouvelle étape dans la série des « Accumulations » (1959-2005). Les « Wall Relief » (1981-1984) sont de grandes compositions murales d'outils mécaniques mettant en évidence l'efficacité plastique de l'objet industriel produit en masse. Ici, la puissance évocatrice des pinces métalliques se mue en une nuée d'oiseaux, associant l'outil inerte au vivant, l'artificiel au naturel. Cette fascination pour la mécanique est très présente chez Fernand Léger, qui traite de la même manière « un nuage, une machine, un arbre ».
FL : La Danseuse bleue, 1930, huile sur toile
Yves Klein (1928-1962) : Vénus bleue (La Vénus d'Alexandrie) (S 41), vers 1962, pigment pur et résine synthétique sur plâtre
Dans sa quête d'absolu, Yves Klein s'empare d'un chef-d'œuvre de l'Humanité, la Vénus d'Alexandrie conservée au musée du Louvre à Paris en l'imprégnant de son bleu IKB. La couleur pure, appliquée sur un moulage de l'œuvre antique, aboutit à une expérience esthétique unissant de façon organique, la peinture au corps. Avec sa Danseuse bleue, Fernand Léger se montre peu intéressé par les formes archétypales de la femme qu'il estompe et déforme. Mais il partage avec Klein la volonté de poser un bleu outremer sur une figure féminine pour en souligner la beauté et la pureté des formes.
FL : La Baigneuse, 1932, huile sur toile
Alain Jacquet (1939-2008) : La Source (Ingres), 1965/2004, sérigraphie marouflée sur toile
Dans la mouvance du Pop Art, Alain Jacquet détourne dès 1964 les icônes de l'histoire de l'art en les juxtaposant avec des images populaires. Avec un traitement tramé emprunté aux modes de reproduction industriels, il réalise une allégorie moderne de La Source (1820-1856) d'Ingres. Coiffée d'un casque, une pin-up se tient dans une cabine de douche, un jerricane sur l'épaule en lieu et place de l'amphore initiale. Trente ans plus tôt, Fernand Léger évoque, dans La Baigneuse, le mouvement du bras du nu d'Ingres. Ici, le corps déstructuré répond aux formes humanisées d'un tronc d'arbre. Une draperie bleue les sépare et se fond avec la chevelure féminine qui évoque les remous d'une cascade. Léger et Jacquet mêlent les motifs naturels, humains et manufacturés.
Yves Klein : Sculpture sans titre (S11), 1960, pigment pur et résine synthétique sur bois [Édition posthume sur bronze en 2002]
FL : La Forêt, 1942, huile sur toile
Exilé à New York depuis 1940, Fernand Léger passe l'été 1942 dans le New Hampshire, qui lui inspire cette toile annonçant les « Paysages américains » (1942-1945).
FL : Dessins préparatoires pour la décoration de l'usine de Gaz de France à Alfortville, vers 1955, gouache sur papier
Peu avant sa mort, Fernand Léger reçoit une commande pour la décoration de la nouvelle usine de Gaz de France. Afin d'incarner cette industrie en pleine modernisation, il choisit le feu, peu représenté dans son œuvre, mais souvent célébré comme élément vital dans ses écrits. Par ses couleurs pures et vives, ce projet de décor rayonnant vise à rendre l'usine accueillante chaque matin aux employés. Léger donne ainsi à la couleur une fonction à la fois utilitaire et psychologique.
Yves Klein : Peinture de feu sans titre (F71), 1962, carton brûlé sur panneau
Dans sa quête de transmettre l'énergie et la sensibilité du monde cosmique, Yves Klein travaille dès 1957 avec le feu. La flamme d'un brûleur donne naissance à des empreintes sur papier ou à des sculptures.
FL : Troncs d'arbre, 1928, huile sur toile
Christo et Jeanne-Claude : Three Wrapped Trees, 1968, tissu, polyéthylène, corde, carton, bois et peinture acrylique
L'empaquetage protège autant qu'il révèle ce qui est caché. En 1966, le couple envisage d'envelopper des arbres en hiver. Refusé dans plusieurs parcs américains, puis pour l'avenue des Champs-Élysées à Paris, le projet ne se concrétise qu'en 1998 en Suisse.
2. La vie des objets
« L’objet [...] devait devenir personnage principal et détrôner le sujet. » Fernand Léger (1945)
Arman : Colère (meuble de style Henri-II), 1961, assemblage de morceaux de meuble
Dès 1961, Arman s'engage dans un corps-à-corps avec des objets domestiques ou des instruments de musique, symboles de la bourgeoisie, qu'il casse avec violence avant de les disposer sur un panneau de bois. Ces « Colères » expriment une critique en acte de la société conservatrice ; elles révèlent aussi la beauté du geste qui détruit pour reconstruire et montrent des objets usuels sous de nouveaux angles, à la manière des natures mortes cubistes.
FL : Composition, vers 1930, crayon graphite sur papier
May Wilson (1905–1986) :
Untitled (Madonna and circles), vers 1960, assemblage d'objets, technique mixte
Untitled (Silver Broom and Cheese Grate), vers 1960, assemblage d'objets, technique mixte
Untitled (Green Drawer), vers 1960, assemblage d'objets, technique mixte
May Wilson débute sa carrière artistique à quarante-deux ans, après une vie de femme au foyer. Dès lors, elle bouscule les normes sociales, imagine des portraits féminins entre réalité et idéalisation, crée des assemblages d'objets divers. Des objets domestiques sont réunis dans des tiroirs disposés verticalement. La couleur monochrome qui les recouvre leur confère une forme d'abstraction. Ses assemblages sont à la fois des ex-voto du temps présent et des signes de l'obsolescence programmée des objets du quotidien.
Daniel Spoerri (1930-2024) : Palette Katharina Duwen, 1989, objets divers fixés sur une table et une chaise d'écolier
Daniel Spoerri commence dès 1959 la série des « Tableaux-Pièges ». Il fixe sur un support des étals de marchés aux puces, des restes de repas, des établis de travail tels qu'ils se présentent, avant de redresser la composition à la verticale. Par ce basculement, des instants dus au hasard s'élèvent au rang d'œuvres d'art et créent un point de vue nouveau sur des objets quotidiens. Les « Palettes d'artistes » (1989-1990) révèlent le contexte de création des artistes contemporains qui délaissent la traditionnelle palette du peintre au profit de nouveaux outils extérieurs au domaine de l'art. Ainsi, sur la table de travail de sa compagne, l'artiste Katharina Duwen, on peut observer un ensemble d'objets chinés aux puces de Munich.
Niki de Saint Phalle (1930-2002) : Paire de ciseaux (Scissors), vers 1960-1961, peinture, bois et objets divers sur contreplaqué
Dès la fin des années 1950, l'artiste réalise des bas-reliefs en accumulant, sur un lit de plâtre disposé sur un panneau de bois, toutes sortes de petits objets quotidiens. On y trouve des débris, des outils et des objets pointus ou rouillés, des jouets en plastique colorés. Ces assemblages fonctionnent comme des paysages archéologiques du présent, des portraits psychologiques. Plus tard, l'artiste évoque son séjour en clinique psychiatrique à vingt-deux ans en raison de son obsession pour les objets tranchants. Avec la parution du livre Mon secret (1994), elle aborde les abus sexuels qu'elle a subis de son père lorsqu'elle avait onze ans. La présence d'objets tantôt enfantins tantôt agressifs prend dès lors une portée cathartique. L'art est un espace de liberté salvateur où elle peut surmonter ses angoisses les plus profondes.
Marcel Alocco (né en 1937) : Bande objet n° 6, février 1966, technique mixte
FL : Main et ciseaux, 1929, crayon graphite sur papier
FL : Les Gants, vers 1930, encre sur papier
Niki de Saint Phalle : Gant de travail, vers 1960-1961, peinture, plâtre et objets divers sur bois
FL : La Joconde aux clés, 1930, huile sur toile
Raymond Hains (1926-2005) : Seita, 1970, bois mélaminé et peint, toile émeri
Œuvre emblématique de Léger, La Joconde aux clés tourne en dérision une image iconique de la Renaissance en attirant l'attention du spectateur sur des objets ordinaires. Poussant plus loin la démarche de Léger qui grossit et isole au centre du tableau un trousseau de clés, Raymond Hains réalise en 1964 sa première pochette d'allumettes géante, copie fidèle d'un modèle courant. Polymorphe, son œuvre évolue des affiches lacérées vers la création d'un répertoire d'objets quotidiens monumentaux non dénués d'un certain humour quant à la notion d'œuvre d'art. Cette série fait écho aux pièces contemporaines du Pop Art américain, en particulier les pastiches d'objet de Claes Oldenburg.
Roy Lichtenstein (1923-1997) : Interior with Chair, 1997, sérigraphie extraite du portfolio Leo Castelli 90th Birthday
Fernand Léger, qui a séjourné quatre fois aux États-Unis, notamment lors de son exil à New York de 1940 à 1945, exerce une forte influence sur le Pop Art américain et sur l'œuvre de Roy Lichtenstein. Fascinés par la publicité, ils partagent une technique picturale impersonnelle, froide et linéaire, l'emploi du cerne noir et de couleurs pures contrastées, la stylisation des formes, l'absence de hiérarchie dans le choix des sujets traités, la composition en strates de couleurs superposées. À plusieurs reprises, Lichtenstein cite directement l'œuvre de Léger dans ses tableaux.
FL : Contrastes d'objets, 1930, huile sur toile
Au cours des années 1920, Fernand Léger s'intéresse à l'objet et à sa valeur plastique et cherche à renouveler le genre de la nature morte. Dès 1927, avec la série des « Objets dans l'espace », il supprime le support traditionnel de la table, disperse les objets en l'air et s'affranchit des lois de la perspective. Il étudie les rapports et les contrastes entre les objets tirés du quotidien, les formes géométriques ou abstraites et les couleurs. Il introduit également des figures humaines - ici une danseuse nue aux détails gommés, rappelant que, pour lui « la figure humaine n'a pas plus d'importance que des clés ou des vélos. »
Niki de Saint Phalle : Plastic Circles and Rectangles, vers 1960-1961, peinture, plâtre, bois et objets divers sur contreplaqué
FL : Composition aux dominos, vers 1955, estampe d'après une peinture
FL : Nature morte, A.B.C., 1927, huile sur toile
Dès 1914, dans la continuité des recherches cubistes, Fernand Léger introduit lettres et chiffres dans ses compositions, en écho à la publicité qui envahit les paysages : « La vie moderne est souvent en état de contraste et facilite le travail. L'exemple le plus fréquent c'est le panneau-réclame dur et sec, couleurs violentes, lettres typographiques, qui coupe un paysage mélodieux. »
Robert Indiana (1928-2018) : The Figure 5, 1971, sérigraphie extraite du portfolio « Decade »
La série « Decade » (1971) représente le parcours artistique d'une décennie. La dimension accessible et populaire de son œuvre, tout comme ses couleurs et ses formes, évoquent l'art de Fernand Léger.
Arman : Cachet, vers 1956-1957, empreintes de tampons sur papier (2)
Dès le milieu des années 1950, Arman emploie pochoirs et tampons encreurs dans une série d'œuvres qui préfigure son attrait pour les objets ordinaires et l'accumulation. À quarante ans d'intervalle, Arman et Léger se rejoignent dans une expérimentation typographique et iconoclaste à mi-chemin entre abstraction et figuration. L'importance accordée au hasard et aux mots dénote également leurs influences surréalistes.
« La Fin du monde filmée par l’Ange N-D. » – Blaise Cendrars, 1919, illustrations de Fernand Léger
En 1919, les éditions de La Sirène publient La Fin du monde filmée par l'Ange N-D., rédigée par Blaise Cendrars, farce satirique, pacifiste et anticapitaliste conçue comme un scénario. Ce « film de papier » illustré par son ami Fernand Léger, évoque le vocabulaire cinématographique, joue sur l'interpénétration entre texte et images et la remise en cause du principe de lisibilité. Lettres noires ou en couleurs, rappelant le lettrage au pochoir, motifs figuratifs ou abstraits et plages colorées sont associés, dissociés, superposés, entremêlés dans des compositions dynamiques qui évoquent l'agitation du monde moderne.
Sur fond de photographies de César à la société française des ferrailles de Gennevilliers (1961) et Villeglé déchirant des affiches :
César Baldaccini, dit César (1921-1998) : sans titre, sans date, tôles compressées
Jacques Mahé de Villeglé dit Villeglé (1926-2022) : Métro Arts et Métiers, 1974, affiches lacérées sur toile
Dès 1949, Villeglé opte pour le rapt urbain et décolle des affiches dans les rues de Paris (ici à l'arrêt de métro Arts et Métiers) avant de les ré-agencer sur toile. Avec les arrachages, l'artiste parodie la peinture abstraite, gestuelle
et lyrique encore dominante dans les années 1950. Cette volonté de créer un art figuratif, populaire et politique inspiré par l'esthétique de la rue le rapproche de Fernand Léger.
Niki de Saint Phalle en collaboration avec Larry Rivers (1923-2002) : Jean III (Méta-Tinguely), 1992, peinture, éléments métalliques et moteurs électriques sur bois
Après la mort du sculpteur Jean Tinguely en 1991, Niki de Saint Phalle réalise plusieurs portraits de son compagnon de vie et de travail. Ces hommages marquent le début des « Tableaux éclatés » (1992-1994) qui jouent sur le mouvement dynamique. En collaboration avec le peintre américain Larry Rivers qui réalise le portrait, Niki de Saint Phalle emploie des roues et des mécanismes engendrant sons, couleurs et mouvements pour illustrer l'homme et ses machines. Ce vocabulaire plastique rappelle la fascination de Fernand Léger pour les engrenages et l'introduction du mouvement dans l'œuvre d'art.
Benjamin Vautier, dit Ben (1935-2024) : Si l'art est partout, il est aussi dans cette boîte, 1985, peinture acrylique sur Plexiglas
Ben développe un art de gestes et d'attitudes liant l'art à la vie. Il consigne ses idées et opinions dans des écritures à la calligraphie souple et presque enfantine, jouant avec les langues dans une dialectique locale/internationale. Cette boîte, qui illustre le concept de « tout est art », n'est pas sans rappeler les mots de Fernand Léger, pour qui la typographie joue un rôle plastique important : « Il n'y a pas le beau, catalogué, hiérarchisé. Le beau est partout, dans l'ordre d'une batterie de casseroles sur le mur blanc d'une cuisine, aussi bien que dans un musée. »
Fernand Léger - Roland Brice (1911-1989), céramiste :
Les Femmes au perroquet, couleurs en dehors, vers 1952, bas-relief en terre cuite émaillée composé de 4 éléments
Visage à la main sur fond rouge, vers 1954, bas-relief en terre cuite émaillée
Martial Raysse (né en 1936) : Nissa Bella, 1964, report photographique sur feutrine marouflée sur contreplaqué, acrylique et néon sur toile
Dès 1962, l'artiste met en scène des figures féminines stéréotypées aux couleurs acidulées et aléatoires inspirées de l'imagerie publicitaire, qu'il associe à des objets du quotidien. Initialement intitulée Le Portrait de France, en l'honneur de son épouse, l'artiste France Cristini, le tableau est rebaptisé, après la séparation du couple, Nissa Bella, en hommage à la cité azuréenne et à l'esprit de vacances perpétuelles qui y règne.
Niki de Saint Phalle : Petit Témoin visage vert, 1971, polyester peint et vernis acrylique
FL : L'Homme au chapeau bleu, 1937, huile sur toile
Cette œuvre représente un personnage dans un univers de contrastes et de couleurs où les fleurs coupées sont traitées comme des objets inertes. Malgré la dimension relativement impersonnelle du tableau, on pourrait voir dans cet homme un portrait déguisé du peintre qui compose, sans distinction, avec le vivant et le non-vivant et propose une nouvelle manière de peindre le réel.
Daniel Spoerri : Agg i Hatten, 1965, assemblage, bois, verre, plâtre
Cette sculpture de Daniel Spoerri traduit en image une expression suédoise peu usitée relevant le caractère impoli d'une personne qui n'ôterait pas son couvre-chef parce qu'elle y cache les fruits d'un vol. « Avoir des œufs dans son chapeau » est un clin d'œil aux petits larcins que l'artiste a commis pendant sa jeunesse et à ses premiers pas dans le monde du spectacle, de la danse et du théâtre.
3. L’art, c’est la vie
« Transportés par l’imagination, nous atteignons la « Vie », la vie elle-même qui est l’art absolu. » Yves Klein (1959)
Pour Léger, artiste foncièrement optimiste, la peinture est un moyen de rendre hommage à la vie tout en témoignant des profondes mutations sociales de son époque. Inscrits dans le temps présent, les sujets qu’il traite reflètent la transformation des modes de vie avec l’adoption des premiers congés payés sous le Front populaire, en 1936.
FL : Le Campeur, vers 1954, huile sur toile
En 1952, Fernand Léger s'installe à Gif-sur- Yvette en région parisienne, et entame la série « La Partie de campagne », inspirée de la nature environnante où les classes populaires viennent se ressourcer et se divertir pendant leur temps libre.
Fernand Léger - Roland Brice, céramiste :
Le Tournesol, 1954, bas-relief en terre cuite émaillée
La Fleur jaune, vers 1952, bas-relief en terre cuite émaillée
Gilbert & George (Gilbert Prousch, né en 1943 et George Passmore, né en 1942) : Flower Worship, 1982, technique mixte
Ce duo de performeurs-photographes, formant une entité artistique, dépeint avec humour la société londonienne des années 1970-1980. Parodiant le conformisme, figeant les clichés, il se représente dans des situations ordinaires avec impertinence. Cet attachement à la banalité prône un art populaire comme chez Fernand Léger.
FL : Cirque, 1950, lithographie, Éditions Verve, Paris, planche extraite d'un album illustré de 63 lithographies en couleurs et en noir et blanc
FL : La Danseuse au chien, étude pour La Grande Parade, 1952, crayon graphite, fusain, encre de Chine et gouache sur papier
Niki de Saint Phalle :
Volleyball, 1993, sérigraphie
Nana Santé, 1999, lithographie
Cirque Knie, 1994, sérigraphie
FL : Les Quatre Cyclistes, 1943-1948, huile sur toile
Fernand Léger débute la série des « Cyclistes » aux États-Unis. Symbole de modernité, de liberté et de loisir populaire, le vélo le fascine comme « objet en mouvement >> mais aussi pour ses contrastes entre cadre orthogonal et roues mobiles. Avec Les Quatre Cyclistes, Léger expérimente pour la première fois la technique de la « couleur en dehors », inspirée des lumières de New York. Librement distribuées, les couleurs s'affranchissent du contour cerné des formes et animent la composition frontale des quatre jeunes femmes aux corps enchevêtrés.
Karel Appel (1921-2006) : Le Cycliste, 1969, huile sur toile et bois peint en relief
FL : Maquette pour le stade de Hanovre, vers 1955, gouache sur papier
Niki de Saint Phalle :
Football, 1992, sérigraphie
Footballers, 1994, sérigraphie
Dernière salle de l'exposition :
4. Le beau est partout
« Mes dessins ne tentent pas d’imiter la vie, ils tentent de créer la vie, de l’inventer. » Keith Haring
Dès les années 1930, Léger crée, parallèlement à ses tableaux de chevalet, des œuvres abstraites et décoratives spécialement conçues pour l’architecture. Dans le contexte de la reconstruction d’après-guerre, il répond à des commandes publiques pour accomplir son rêve d’insérer sa peinture dans les paysages urbains ou naturels. En 1946, sa première réalisation, la façade en mosaïque de l’église du plateau d’Assy, est suivie d’autres commandes, tels que les décors de l’Hôpital mémorial de Saint-Lô, manifeste le plus frappant de sa foi dans le pouvoir thérapeutique de la couleur.
Niki de Saint Phalle rejoint les préoccupations de Léger en multipliant dès 1967, les projets de sculptures monumentales et habille le monde de ses figures rondes aux couleurs éclatantes.
Une utopie artistique et politique, un idéal d’art pour tous, que les inventeurs du Street Art dans les années 1980, reprennent à leur compte en faisant des murs de New York le support de leur expressivité. Ainsi, Keith Haring rend hommage à Léger en affirmant que « l’art n’est pas une activité élitiste réservée à l’appréciation d’un nombre réduit d’amateurs, il s’adresse à tout le monde. »
Fernand Léger : Maquette pour la mosaïque de l'église Notre-Dame-de-Toute- Grâce du Plateau d'Assy, 1947
2° état, gouache sur papier
3° état, gouache sur papier
Véritable œuvre d'art totale réunissant toutes les techniques, cet édifice religieux témoigne du renouveau de l'art sacré grâce à la collaboration d'artistes tels que Marc Chagall ou Georges Braque. Le programme iconographique confié à Léger est consacré aux litanies de la Vierge.
Fernand Léger :
Projet pour une peinture murale « Vulcania », 1951, huile sur toile
Au début des années 1950, la réhabilitation du navire « Lucania » dédié au transport des passagers est en cours dans les chantiers navals de Provence à Marseille. L'architecte italien Giancarlo de Carlo fait appel à Fernand Léger pour réaliser le décor mural de la salle à manger de première classe. Une fois le choix du motif établi avec l'architecte, Léger peint sur toile la maquette du projet de dimensions réduites, qu'il confie à ses élèves pour exécuter le panneau définitif de 2,14 x 5,40 mètres. Léger intitule ce décor avec fantaisie « Vulcania » en détournant le nom du paquebot.
Les Trois Musiciens, 1930, huile sur toile
Thème prisé par les artistes depuis la Renaissance, Les Trois Musiciens de Fernand Léger sont transposés dans le monde moderne. Leurs costumes endimanchés et leurs instruments évoquent les bals populaires parisiens que l'artiste fréquente dans les années 1920.
Niki de Saint Phalle : Miles Davis, 1999, de la série « Black Heroes », mousse de polyuréthane, résine, armature acier, mosaïque de verre teinté et miroir, doré à l'or fin
Installée en 2002 sur la promenade des Anglais à Nice devant le prestigieux hôtel Le Negresco, cette sculpture monumentale représente Miles Davis jouant de la trompette. Cette œuvre illustre la joie de vivre et l'amour de la musique de Niki de Saint Phalle, tout en inscrivant son œuvre dans un paysage urbain public. En parfaite harmonie avec les décors abstraits conçus par Léger dans les années 1950, les couleurs chatoyantes et les motifs circulaires du veston en mosaïque du musicien tirent parti des contrastes dynamiques. Les deux artistes partagent la conviction que l'art et la beauté doivent inonder la vie pour le bonheur de tous.
Fernand Léger :
Les deux Guidons, 1945, huile sur toile
Composition pour une peinture murale, 1945, huile sur toile
Fernand Léger - Roland Brice, céramiste :
Le Soleil, 1954, bas-relief en terre cuite émaillée
Fernand Léger - Roland Brice, céramiste : La Branche Rockfeller, 1952, sculpture en terre cuite émaillée
Niki de Saint Phalle :
Oiseau de feu, fontaine, 1993, sérigraphie
Le Soleil, 1987, mosaïque de miroir et de céramique
Niki de Saint Phalle travaille la mosaïque dans ses réalisations monumentales, notamment au Jardin des Tarots. Cette pratique décorative, artisanale et populaire, lui permet des déploiements merveilleux et fantastiques jouant sur les rapports d'échelles de l'infiniment petit à l'infiniment grand.
Wall Street, vers 1975, polyester peint
À la sortie de l'exposition, dernière œuvre de cette salle, un tableau de Keith Haring : Untitled (n° 2557), 1986, acrylique et huile sur toile