Georges Mathieu - Geste, vitesse, mouvement
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Peu d'artistes ont autant marqué l'environnement visuel de ses contemporains que Georges Mathieu (27 janvier 1921 - 10 juin 2012) : ses images abstraites, devenues un style-signature, se sont en effet incarnées dans des peintures, mais aussi sur tous les supports de la modernité, de l'affiche au générique de télévision, en passant par les médailles et la monnaie. Alors que sa personnalité publique hors-norme faisait polémique, Mathieu a assuré sa place dans la culture populaire.
Plus de 50 ans après celle qui s'y était tenue en 1971, l'Hôtel de la Monnaie, en collaboration avec le Centre Pompidou, elle met notamment en regard son œuvre picturale et ses nombreuses créations pour l'institution monétaire, dont la pièce de 10 francs reste la production la plus emblématique.
Le parcours de l'exposition retrace la carrière de Georges Mathieu depuis les années 1940, où il participe à la création d'un expressionisme abstrait international, jusqu'aux années 1990, en faisant une large place au fonds Mathieu du Musée national d'art moderne qui a fermé ses portes pour de longues années au début du mois de mars.
Visions d'histoire
Le grand hall par lequel débute l'exposition accueille trois toiles monumentales :
La Bataille de Bouvines, 25 avril 1954, huile sur toile
Mathieu revêt un costume médiéval pour peindre cette œuvre, quelques jours avant sa présentation au 10 Salon de Mai. La mise en scène se poursuit avec la traversée de Paris de la peinture en carriole à cheval, puis par un pèlerinage collectif sur le lieu même de la bataille. S'extrayant du fouillis des taches et des différents tracés, pour beaucoup directement sortis du tube, la grande barre noire qui se dirige vers le bas à droite est censée représenter la fuite de l'Empereur du Saint-Empire romain germanique défait par les troupes de Philippe- Auguste.
Les Capétiens partout !, 10 octobre 1954, huile sur toile
S'inspirant de l'élection de Hugues Capet le 1er juin 987, Mathieu peint Les Capétiens partout ! en plein air, dans le parc de la demeure du galeriste et antiquaire Jean Larcade à Saint-Germain-en-Laye et exposée sans attendre à la Galerie Rive Droite. Son fond sombre met particulièrement en valeur les longues touches blanches évoquant le climat de réjouissance qui accompagne l'événement fondateur de la dynastie capétienne.
La Victoire de Denain, 26 mars 1963, huile sur toile
Dernière des « batailles » abstraites de Mathieu, La Victoire de Denain a été peinte trois jours seulement avant sa présentation au Musée d'art moderne de la Ville de Paris en mars 1963, pour la première rétrospective de l'artiste. L'œuvre est réalisée dans les salles de l'exposition. L'artiste s'inspire de la bataille du 24 juillet 1712, épisode décisif de la guerre de Succession d'Espagne qui se solda par une victoire inespérée des armées de Louis XIV.
Limbes
Dans les années 1940, Georges Mathieu, tout comme le peintre allemand Wols, est un acteur important de l'abstraction informelle, dont le critique Michel Tapié se fait le promoteur. Mathieu développe une « non figuration psychique », mêlant graphismes abstraits et formes organiques sur des fonds chromatiques raffinés. Sa technique distinctive consiste notamment à écraser le tube de couleur directement sur la toile. Cette période dite des « Limbes » évolue vers des signes plus autonomes au début des années 1950.
Evanescence, 1945, huile sur toile
Appartenant au tout début de la production abstraite de Mathieu, Evanescence constitue une rare et précoce manifestation chez l'artiste du dripping. Initié par l'artiste surréaliste Max Ernst, ce mode de recouvrement de la surface picturale qui consiste à laisser s'écouler la peinture depuis un récipient maintenu en hauteur, sera bientôt popularisé aux États-Unis par Jackson Pollock. Se détachant sur un fond brun aux subtils rehauts de rouges et de verts, les entrelacs obtenus par ce procédé manifestent l'influence de l'automatisme prôné par les surréalistes.
Phosphène, 22 septembre 1946, huile sur toile
Opalescence, 1948, huile sur bois
Cette œuvre a d'abord porté le titre Sanguinolence sourde, jugé peut-être trop explicite par l'artiste. Peint sur un support de fortune, Opalescence confirme l'inspiration organique de Mathieu. Dans cette forme complexe, désormais centrée dans l'espace pictural, où dominent le noir et le rouge, ne croit-on pas reconnaitre carapace, pattes ou antennes de quelque insecte démembré ? Sur le fond, sali de bruns, l'artiste varie les modes de recouvrement : traces, frottis ou filets directement sortis du tube.
Frotissance, 1946, huile sur bois
Dynasty, 1949, huile et case-arti sur contreplaqué
Dans le même mouvement :
Jackson Pollock (1912-1956) : Painting (Silver over Black, White, Yellow and Red), 1948, peinture sur papier marouflé sur toile
Alfred Otto Wolfgang Schulze dit Wols (1913-1951) : Aile de papillon, 1947, huile sur toile
Camille Bryen (1907-1977) : Hépérile, 1951, huile sur toile
Emprise du signe et geste médiévale
En mai 1950, la galerie parisienne René Drouin expose les illustrations de Mathieu pour le poème La Complainte sauvage d'Emmanuel Looten, ainsi que huit peintures. Cette exposition marque une nouvelle phase dans l'œuvre de Mathieu, caractérisée par des signes autonomes sur des fonds uniformes. Techniquement, l'artiste rehausse de tracés rouges d'épais graphismes noirs. Pour ses titres, Mathieu s'inspire désormais d'épisodes méconnus de l'histoire médiévale française, ce qui donne à son art abstrait une dimension figurative paradoxale.
Hommage à Louis XI, 1950, huile sur toile
Présenté avec sept autres peintures à la Galerie René Drouin en mai 1950, l'Hommage à Louis XI est l'une des premières peintures de Mathieu portant un titre historique. Le large motif qui semble léviter dans l'espace pictural est constitué d'impulsifs coups de brosses chargées de peinture noire sur lesquels Mathieu écrase rapidement une calligraphie furieuse de rouge, de noir et de blanc directement sortis du tube.
La Tour de Villebon, 1951, huile sur bois
Un Silence de Guibert de Nogent, 1951, huile sur bois
Faisant allusion à un obscur abbé bénédictin du XIIe siècle, cette peinture recourt à des motifs qui s'inscrivent de manière plus cadrée dans le rectangle de la toile. À la manière d'un idéogramme japonais, celui de droite est puissamment charpenté, tandis que celui de gauche, vaguement anthropomorphe, rappelle les signes de La Complainte sauvage, le poème que Mathieu vient d'illustrer. Le sens de la plupart des coulures qui partent vers le haut indique que Mathieu a choisi de retourner la toile à un moment décisif du processus pictural.
Lothaire se démet de la Haute-Lorraine en faveur d'Othon, 1954, huile sur toile
Peint peu après Les Capétiens partout ! pour la caméra des Actualités Fox-Movietone, Lothaire se démet de la Haute-Lorraine en faveur d'Othon, par sa relative simplicité et son absence de toute couleur, apparaît comme une démonstration presque sommaire de l'« abstraction lyrique ». C'est sans doute la raison pour laquelle Mathieu croit bon, en 1994, de trouver « cette pochade indigne de figurer dans les collections » du Centre Pompidou où elle était pourtant entrée en 1986 sans qu'il y trouve à redire.
Un imaginaire topographique
À partir des années 1950, Georges Mathieu multiplie les expositions internationales, notamment au Japon en 1957 et au Brésil en 1959. Son cosmopolitisme le rend apte à concevoir en 1966 une série d'affiches pour la compagnie Air France, visant à capturer l'essence des destinations desservies. Pour cela, Mathieu intègre des éléments figuratifs dans ses compositions. Réalisées avec des papiers et encres spéciaux, ces affiches sont présentées au Musée national d'art moderne en 1967 et connaissent une grande diffusion.
Seventh Avenue, 1957, huile sur toile
Pour sa sixième et dernière exposition à la Galerie Kootz de New York en novembre 1957, Mathieu exécute à l'abri des regards 14 peintures dans le sous-sol d'un palace. Seventh Avenue compte parmi celles auxquelles il attribue le nom d'une artère de la métropole américaine, manifestant ainsi son attachement à l'univers urbain (la nature est de fait peu présente dans l'art de Mathieu). Légèrement décentrés, les élégants graphismes blancs et rouges se détachent sur un fond bleu profond, alors peu usité par l'artiste.
Orry, 1965, huile sur toile
Mathieu s'inspire de cette peinture pour concevoir, pour Air France, l'affiche consacrée à l'Espagne. Dans le luxueux livret édité par la compagnie aérienne qui accompagne le lancement de la série, Mathieu décrit ainsi les éléments qui constituent ce « grand chant funèbre qui monte au-dessus des plateaux désertiques » : « Couleur d'ingratitude. Déchirure noire, broderie sublime ».
L'attrait du Grand Siècle
L'esthétique et les fastes du XVIIe siècle français constituent pour Mathieu une source d'inspiration récurrente. Dans ses Dix-huit moments de la conscience occidentale, présentés à l'Hôtel de la Monnaie en 1971, trois sont consacrés au siècle de Louis XIV.
Hommage au maréchal de Turenne, 19 janvier 1952, huile sur toile
L'Hommage au maréchal de Turenne est une manifestation précoce de la révérence de Mathieu envers les figures aristocratiques du XVIIe siècle. La peinture frappe par son strict bi-chromatisme : sur le fond d'un rouge éclatant, une addition de signes noirs, certains aux forts empâtements, s'agglutine le long d'une large oblique noire, tandis que des taches viennent çà et là animer la surface.
Hommage à Delalande, 1970, huile sur toile
Choisi pour l'affiche et la couverture du catalogue de l'exposition que l'Hôtel de la Monnaie consacre en 1971 à Mathieu, l'Hommage à Delalande célèbre le dernier maître de la Chapelle royale de Louis XIV. Comme d'autres peintures de cette série consacrée à la musique, l'œuvre fait appel à un motif récemment apparu dans l'œuvre plastique de Mathieu, le cartouche ou blason muet, motif décoratif lui aussi hérité du Grand Siècle. L'aplat rouge, festonné de graphismes jaune vif, contraste de manière particulièrement séduisante avec le bleu lumineux du fond.
Hommage à Monsieur de Vauban, auteur de la « Dîme royale », 21 septembre 1969, huile sur toile
Athys, 1970, huile sur toile
Composition, 1974, huile sur toile
Dix-huit moments de la conscience occidentale, 1971, médailles / frappe, bronze argenté (avers) et cuivre (revers)
Créée à l'automne 1970, cette ambitieuse série de médailles illustre le vœu de Mathieu de réinventer l'esthétique et la technique de cet art ancestral, en y transposant les codes de l'« abstraction lyrique » à l'avers (côté pile) et le tracé calligraphique de son écriture au revers (côté face). Curieux du processus de fabrication, l'artiste s'est rendu dans les ateliers de la Monnaie de Paris pour collaborer avec les artisans d'art.
5. 534, La Règle de saint Benoît
6. 590, Saint Colomban fonde Luxeuil
7. 1099, Godefroy de Bouillon entre à Jérusalem
8. 1125, Morienval, la naissance du gothique - frappe, bronze dore et émail noir; bronze argente et email rouge
11. 1658, Charles Le Brun à Vaux, le classicisme français
12. 1675, Leibniz invente le calcul infinitésimal
Période orthogonale
Au début des années 1960, Georges Mathieu adopte une nouvelle manière faisant désormais place à des tracés rectilignes. Jusque dans les années 1970, ce langage plus géométrique fait appel à des graphismes qui peuvent évoquer un univers urbain ou industriel. Cette évocation du progrès technique des Trente Glorieuses (1945-1975) est celui que Mathieu choisit de symboliser au revers de la pièce de 10 francs frappée en 1974.
Projet de façade pour le siège de RTL à Paris, 1968, plâtre et résine dorée
Dans le domaine architectural, qui le verra notamment signer le bâtiment d'une usine vendéenne en 1972, Mathieu réalise plusieurs études pour répondre au concours lancé par la station de radio RTL pour la façade de son siège, rue Bayard à Paris. Le motif de la résille, lointainement inspirée par la grille cubiste, inclut des éléments colorés. C'est finalement Victor Vasarely qui remporte le concours en 1969 avec une proposition très différente (démontée en 2017).
Étude pour l'affiche célébrant le 50e anniversaire de l'Union internationale des chemins de fer, 1971, huile sur toile
Rupture promise, 1973, huile sur toile
Micromégas, 1973, huile sur toile
Port-Royal, 1964, huile sur toile
Arsilda, 1970, huile sur toile
Méru, 1965, huile sur toile
Mégapolis II, 1969, huile sur toile
La pièce de 10 francs, 1974-1981
En janvier 1974, le ministre de l'Économie et des Finances, Valéry Giscard d'Estaing, organise un concours pour la conception de la nouvelle pièce de 10 francs. Désireux qu'une de ses œuvres entre dans la poche des Français, Mathieu se lance dans la compétition avec l'intention d'inventer de nouveaux symboles monétaires. Esquissant d'abord différents motifs abstraits s'inspirant de ses créations antérieures, il choisit de représenter les contours de la France à l'avers et, au revers, des tracés orthogonaux pour évoquer la modernité industrielle
Diverses esquisses pour l'avers.
Agrandissement du revers, 1974, galvanoplastie, cuivre doré
La pièce en cupronickel et aluminium qui a habité nos portemonnaies de 1974 à 1987, avant d'être remplacée brièvement par une pièce blanche en nickel qui a été vite retirée car elle se confondait trop facilement avec la pièce de deux francs, puis par une pièce bicolore, amorce des pièces d'un et deux euros, qui eut cours jusqu'à l'arrivée de ces dernières le 1er janvier 2002. (Rappelons à nos jeunes lecteurs que cette pièce valait 1,524 €)
Suite en blanc
Mathieu se livre à plusieurs reprises dans les années 1960 à de drastiques réductions chromatiques. Sous la forme de longs filets sortis du tube, le graphisme blanc sur blanc ne s'accompagne que de quelques discrets aplats de couleurs. Les commandes de la Manufacture nationale de céramique de Sèvres permettent à Mathieu d'appliquer ce minimalisme sur porcelaine avec des services présentant des filets d'or sur blanc.
Guermantes, 1964, huile sur toile
Prière, 1962, huile sur toile
Orion I, 1980, huile sur toile
Assiettes, 1967-1969, céramique - Manufactures nationales, Sèvres & Mobilier national
En 1967, Mathieu entame une collaboration avec la Manufacture de Sèvres. Calligraphe habile, il s'approprie la surface blanche et diaphane des assiettes en porcelaine des services Diane et Brimborion et invente des décors tracés à l'or pur. Commandés à l'occasion des expositions universelles de 1967 et de 1970, les motifs des services Montréal et Osaka reprennent le dispositif architectural des deux pavillons français. En 1970, Mathieu conçoit la marque de fabrique de la manufacture pour la Ve République, toujours en usage.
Artiste populaire
Outre la pièce de 10 francs, le graphisme de Mathieu a marqué le quotidien des années 70-80 :
Le premier logo de la chaîne de télévision Antenne 2 (6 janvier 1975 au 12 septembre 1983)
Le trophée des Sept d'or, cérémonie de récompenses de la télévision française, organisée par le magazine de programmes télévisuels Télé 7 jours, de 1975 à 1991, puis de 1993 à 2001 et enfin en 2003.
Timbre célébrant le double anniversaire du 18 juin 1940 et de la mort du Général de Gaulle en 1970
Œuvres Zen
En 1957, un voyage au Japon confirme l'intérêt de Mathieu pour l'esthétique Zen qui l'amène épisodiquement vers une plus grande économie de moyens. En 1964, il illustre le livre de Robert Godet, Le Judo de l'esprit. En 1971, on le voit peindre Karaté au début du film Mathieu ou la Fureur d'être. Cette séquence vient illustrer les notions de risque et de vitesse qui sont au fondement de sa pratique artistique.
Anneau de la Princesse Honora, 1961, huile sur toile
Relevant de ces « œuvres zen» que Mathieu aura régulièrement conçues à partir de la fin des années 1950, cette peinture, dont le titre convoque le souvenir d'une princesse byzantine ayant cherché à nouer alliance avec Attila, n'est constituée que de quelques tracés elliptiques exécutés à la force du poignet, à la manière d'un paraphe agrandi.
Karaté, 1971, huile sur toile
Réagissant aux mouvements et aux cris martiaux de deux karatékas placés devant lui, l'un européen, l'autre asiatique, respectivement vêtus de noir et de rouge, Mathieu brosse énergiquement cette composition, en commençant par les ponctuations de rouge avant d'exécuter un graphisme noir aux allures d'idéogramme japonais. Les éclaboussures qui en émanent manifestent la fulgurance du geste pictural.
Hommage à Louis IX, 1957, huile sur toile
Le Vide interrompu, 1999, gouache et encre sur papier
L'Ombre chinoise désintégrée, 1999, aquarelle et encre sur papier
Et en conclusion : « L'avenir d'un style »
À partir des années 1980, Georges Mathieu poursuit son œuvre dans un contexte artistique désormais moins favorable à l'« abstraction lyrique » dont il reste l'ultime représentant. Unique dans son œuvre, La Libération d'Orléans par Jeanne d'Arc constitue un étonnant retour à la figuration, alors que Mathieu continue à produire des peintures pleinement abstraites. Par leurs titres, poético-psychologiques, celles-ci traduisent une sorte de désenchantement.
La Libération d'Orléans par Jeanne d'Arc, 1982, huile sur toile
Cette œuvre a été présentée pour la première fois à Tokyo en 1982 dans une exposition consacrée par l'historienne Régine Pernoud à « Jeanne d'Arc et son temps ». C'est d'abord une commande de la municipalité d'Orléans destinée à son nouvel Hôtel de Ville. Qualifiée par Mathieu lui-même d'« œuvre hybride, que l'on pourrait appeler abstracto-figurative», cette peinture d'histoire, dans le sens le plus académique du terme, aurait été conçue pour le plaisir de Régine Pernoud et celui des enfants qui pouvaient y retrouver certains repères, comme ces lances, drapeaux et croupes de chevaux orientés vers les tours d'une cathédrale bien reconnaissable.
L'Heure sans nuit, 1986, huile sur toile
Rêves desséchés, vers 1990, huile sur toile
Sous ce titre trahissant un état dépressif, la composition de cette peinture, caractéristique de la production du dernier Mathieu, se déploie dans la partie supérieure du support. Sur des faisceaux de touches effilées noires, de larges tracés et amas rougeoyants s'écoulent comme des larmes de sang. L'œuvre, comme la grande majorité des œuvres de Mathieu conservées par le Musée national d'art moderne, provient d'une des dations acceptées par l'Etat depuis la disparition de l'artiste.