Histoires de voir
Pour marquer la rentrée "parisienne" de ce blog, nous rendons compte aujourd'hui de notre visite à une exposition tout à fait originale de la Fondation Cartier pour l'art contemporain.
Nous l'avons vue il y a déjà quelque temps, mais il reste au lecteur intéressé jusqu'au 21 octobre pour visiter cette étrange réunion d'oeuvres de plus de 50 artistes du monde entier, peintres, sculpteurs, dessinateurs et cinéastes, qu'on pourrait considérer, dans le classement implicite de nos usages culturels, comme "naïfs", car aucun n'était au départ artiste "de métier" ni de formation.
Le bâtiment de la Fondation Cartier, oeuvre de Jean Nouvel où cette institution est installée depuis 1994 fournit à cette expo, comme à toutes celles que nous avons eu le loisir d'y voir, un cadre toujours aussi magique. Nous reproduisons quelques photos donnant une idée de l'"accrochage", extraites du site de l'exposition (Photos © Olivier Ouadah)
Après l'expo, nous conseillons au visiteur de faire un tour dans le jardin qui entoure le bâtiment et d'y prendre un café assis sur les gradins de l'amphithéatre de verdure ou sur les fauteuils monstrueux et incongrus qui le parsèment.
Pour préparer votre visite, ou simplement avoir un aperçu des oeuvres elles-mêmes, le lecteur est convié à visiter le site de la fondation (lien).
Saint-Pierre d'Aulnay
Le poids de la rentrée, même pour un retraité - rentrée des petits enfants, reprises des audiences à la Cour naionale du droit d'asile, révisions de chinois pour être au top le 30 septembre et entrer en deuxième année la tête haute - a conduit l'auteur du blog à différer la mise en ligne d'un article suscité par la suite de notre visite à Saintes : remontant vers Paris à travers la Saintonge, nous avons passé un moment à Aulnay où nous tenions à revoir l'église Saint-Pierre, une pure merveille de l'art roman, située très à l'écart du bourg, au milieu de l'enclos d'un vieux cimetière, et très peu signalée.
Construite entre 1120 et 1140, elle figure pourtant sur la première liste des 934 monuments historiques dressée en 1840 sous la direction de Prosper Mérimée. Plus récemment, elle a été inscrite en 1998 par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité, au titre des Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France, avec 70 autres égises, cathédrales, ponts ou hotels de pélerins.
Une fois passé le portail central de la façade Ouest, on découvre une nef à trois vaisseaux toute d'élégance et de simplicité.
Une coupole surmonte la croisée du transept ; la décoration luxuriante des chapiteaux contraste avec la sobriété générale du décor.
Mais autant que l'intérieur de l'édifice, nous avons été séduits, comme la première fois où nous y étions arrêtés un peu par hasard lors d'un séjour en famille près de Poitiers, par la quiétude de ce lieu parsemé de curieuses pierres tombales en forme de sarcophage, où chaque endroit offre une vue différente, mais toujours aussi belle.
Le portail Sud est lui aussi en tout point remarquable. L'ordonnance des fenêtres latérales saisit par sa beauté.
Tout en impressions, cet article laissera sans doute sur sa faim le lecteur friand de détails sur la décoration si riche de cet édifice, comme en témoigne le détail ci-dessous de la facade Ouest. Aussi le convions-nous à se reporter à l'article très détaillé qui lui est consacré par Wikipedia (voir ce lien)
Saintes, au fil de la Charente
Après avoir pris congé de nos petits-enfants au matin de la rentrée scolaire à Angoulême, nous avons suivi - c'était de circonstance - le chemin des écoliers pour regagner la région capitale, en suivant la Charente jusqu'à Saintes.
Cette petite ville plus de deux fois millénaire nous était largement méconnue.
Le lecteur sait-il que lorsqu'Auguste créa en 27 avant JC trois provinces impériales sur le territoire de la Gaule, Saintes était la capitale de l'une d'elles?
Ces trois provinces étaient la Gaule Belgique (capitale Durocortorum, actuelle Reims), la Gaule Lyonnaise (capitale Lugdunum, actuelle Lyon) et la Gaule Aquitaine, dont la capitale était Mediolanum Santonum, actuelle Saintes. Ce n'est qu'au troisième siècle de notre ère que Burdigala, actuelle Bordeaux, supplanta Saintes définitivement. C'est peut-être en souvenir de cette grandeur passée que lors de la création des départements en 1790, Saintes fut la préfecture de la Charente inférieure (actuelle Charente maritime). Ce n'est qu'en 1810 que La Rochelle prit sa place, reléguant Saintes au rang de sous-préfecture. En compensation, Saintes resta le chef-lieu de l'administration judiciaire du département : les assises de la Charente maritime se tiennent toujours à Saintes...
Notre première visite fut pour l'imposante cathédrale Saint-Pierre, aperçue derrière les quais de la Charente, puis au détour des petites rues de la ville ancienne. Hélas, un arrêté de péril en prive le visiteur depuis juin dernier :
Même de l'extérieur, l'édifice impressionne, par son clocher massif et par ses arc-boutants dressés dans le vide : la nef originale s'est en effet effondrée en 1568 lors du saccage de l'édifice par les troupes huguenotes emmenées par l'amiral de Coligny qui en avaient sapé les piliers et la nouvelle, reconstruite à partir de 1595 n'atteint, faute de moyens (déjà!) , que les deux tiers de la hauteur de la précédente.
La promenade dans la vieille ville est l'occasion, à chaque pas, de belles découvertes :
Sur l'autre rive de la Charente, nos pas nous ont conduits vers l'abbaye aux dames, abbaye bénédictine fondée en 1047 et qui fut jusqu'en 1792 l'une des plus importantes de France, formant les jeunes filles de la noblesse du royaume. Elle fut utilisée comme prison à la Révolution, jusqu'à ce qu'un décret de Napoléon 1er en fasse une caserne, affectation qu'elle conservera jusqu'en 1924 : rachetée par la ville, elle a depuis été restaurée et les bâtiments conventuels abritent des activités culturelles.
L'église abbatiale, romane, est d'une grande beauté ; les bâtiments conventuels qui subsistent, édifiés dans la décennie 1650-1660, d'une grande sobriété.
Le retour vers le fleuve nous permet d'avoir un aperçu de la Mediolanum Santonum antique, donc l'arc de Germanicus, arc routier à deux baies initialement bâti à l’arrivée de la voie romaine Lyon-Saintes (Lugdunum – Mediolanum Santonum), au niveau du pont romain sur la Charente. Sur proposition de Prosper Mérimée en 1843 l'arc fut déplacé à quinze mètres de son emplacement pour des travaux sur les quais de la Charente.
l'Houmeau
Séjour à Angoulême ce weekend pour garder nos petits-enfants, leur rentrée s'effectuant un jour plus tard que celle de leur maman professeur...
Nous nous proposons de faire découvrir au lecteur, avec nous, un aspect de la ville que nous ne connaissions pas encore.
Le titre est emprunté à un panneau d'information proposé par la ville au passant, dont nous ferons partager le contenu au lecteur.
Le port est à présent dévolu aux activités de loisir. On a depuis la passerelle qui relie les deux rives de la Charente une belle vue sur la colline où se dresse la ville haute.
Derrière le port s'étend un quartier très attachant, qui ne manque pas de références littéraires.
Le port est dominé par un très bel édifice.
Les habitants de l'Houmeau - et les autres - n'ont qu'un pas à faire - et une passerelle à franchir - pour profiter de cette belle promenade de la coulée verte, aménagée sur l'autre rive de la Charente.
Au détour du chemin, la pile d'un pont disparu, ou les vestiges de la majestueuse allée d'une demeure fantômatique...