8 sculpteurs Place Saint-Sulpice
La place Saint-Sulpice revêt ces jours-ci un aspect inhabituel : aux scuptures monumentales, d'un classissisme éprouvé, des quatre prédicateurs non moins classiques qui ornent la fontaine (Bossuet, Fènelon, Massillon et Fléchier) se sont adjointes des figures plastiques nettement moins conventionnelles.
Les affiches apposées sur les arbres nous apprennent qu'elles ont été installées dans le cadre des vingt ans du salon Poetica des ateliers d'artiste du 6ème arrondissement.
Nous convions le lecteur à les découvrir, comme nous l'avons fait jeudi dernier, sous les premiers rayons du soleil printanier.
Tout d'abord, cette installation, Asphyxie, sorte d'atelier aux allures de pompe à pétrole, due à Ugo Schildge, qui voisine avec Signes et Ecritures n°3, de Martine Demal.
L'Etudiant, de Jacqueline Badord, et Oscillation-Sylvilagus de Sophie Cavalié.
Mer-Sea, "oeuvre d'Art-rébus" très colorée de Jacques DuPont, auteur de l'affiche du salon, et le brâme du Cerf, bronze de Florence de Ponthaud-Neyrat.
Enfin, avec Laetitia Lara, qui signe la Déesse-Mère, et Nuria Roman, qui signe Reina de copas, qui l'une et l'autre sont installées aux Baléares, nous terminons sur une note internationale.
Espérons qu'après les deux billets consacrés au MACVAL, les lecteurs rétifs à l'art contemporain ne prendront pas ombrage de cette nouvelle incursion dans le domaine, mais au contraire commenceront à y prendre goût...
Les Champs Golots
Animation insolite samedi dernier 16 mars à Épinal : un bassin est installé rue du Général-Leclerc, devant la Mairie
Un peu plus loin, on peut croiser une famille qui s'y rend, chaque enfant portant un objet flottant de fortune
Il s'agit de la fête des Champs Golots, dont je garde le souvenir depuis mon enfance, encore qu'à mon époque, les Champs Golots étaient toujours le soir du jeudi-saint, et les bateaux étaient éclairés par des bougies, et non un samedi après-midi deux semaines avant Pâques...Il n'y avait pas de bassin installé pour la circonstance, mais les caniveaux, avaec le renfort de boudins de sable, étaient remplis à l'aide des bouches d'incendie et atteignaient une largeur impressionnante - du moins à mes yeux d'enfant.
Paradoxalement, c'était plus proche de cette illustration du 19è siècle, dans le même rue de l'Hôtel de ville, dont on reconnaît le porche, que de la fête actuelle!
Quelques vues de la compétition (car les plus bateaux les plus imaginatifs sont récompensés : la seule obligation est qu'ils doivent flotter!)
Quelques indications pour les lecteurs peu au courant - dont mes propres enfants...-de cette tradition bien locale.
La fête des Champs golots est une tradition du département des Vosges et plus spécialement des vallées de la Moselle et de la Moselotte, à Remiremont et à Épinal notamment. Elle célèbre la fin de l'hiver.
En patois local, l'expression «lé chan golo» signifie que les champs "coulent", c'est-à-dire qu'ils sont libérés de la couche de neige et que les rigoles sont gorgées du trop-plein d'eau. Les enfants peuvent alors faire voguer toutes sortes de bateaux de fortune sur lesquels sont allumés des bouts de chandelles.
Organisée traditionnellement peu avant Pâques, le jeudi-saint ou le samedi des Rameaux, la fête voit les enfants présenter leurs plus belles réalisations de bateaux devant un jury d'adultes. On appelle aussi champs-golots ces embarcations basées sur des boîtes à fromage, qui doivent pouvoir flotter bien sûr, mais qui sont surtout jugées pour leur esthétique.
Jadis les enfants suivaient leur batelet en chantant. Les paroles sont reproduites phonétiquement par Gustave Fraipont :
Lé chan golo (Les champs coulent)
Lé lour relo (Les veillées s'en vont)
Pâque revié (Pâques revient)
Ço i gran bié (C'est un grand bien)
Pou lé chette et pou lé chié (Pour les chats et pour les chiens)
Pou lé jo tot aussi bié (Et pour les gens tout aussi bien).
Terminons, pour nos lecteurs qui peuvent lire les vidéos, par un reportage réalisé par le quotidien Vosges-Matin en 2010, qui s'intéresse surtout aux Champs Golots de Remirement, dont l'ampleur semble dépasser nettement celle des Champs Golots d'Épinal.
Expositions temporaires au MACVAL
Le lecteur auquel nous avons présenté dans notre dernier billet le musée d'art contemporain du Val-de-Marne n'aura pas manqué de remarquer qu'en ce moment se tiennent deux expositions temporaires : l'une, Emoi & moi, présente les oeuvres d'une vingtaine d'artistes présents dans les collections ou invités, l'autre, Wilder Mann, rassemble les photos réalisées sur ce thème par Charles Fréger.
Dans Emoi & moi, nous sommes accueillis par Ma collection de châteaux où Annette Messager a réuni en une seule installation ses deux collections réalisées en 1972.
En arrière-plan de l'installation des Objets de prémonition réalisés par Daniel Pommereulle en 1974-1975, une fresque composée de dessins de Simon English Keep Me in the Apple of Your Eve, Hide Me in the Shadow of Your Nakedness (2010-2013)
Les grandes impressions multicolores de Pierre Joseph, Atlas, images restaurées (2005) se reflètent dans les Lacs de lait doré (I & II) de Laura Lamiel (2013) - laiton, moteurs, divers éléments.
Notons encore deux grandes installations :
Polder (2005) : trois tables et trois portes éclairées, bois, feuille de bakélite, métal, perles de verre, néons, ficelle de Tatiana Trouvé
The Lovers (2012) panneaux en bois, 30 sculptures et 5 dessins de Dominik Lang.
Une oeuvre intéressante de Pierre Buraglio, Mémento caviardé (2005), impression pigmentaire de l'agenda 1999, édition et impression Franck Bordas : comme l'indique la notice, "pour ce Mémento caviardé, Pierre Buraglio biffe systématiquement toutes les annotations de son agenda de l’année 1999. Par ce geste plastique de recouvrement et d’occultation, auquel il recourt de façon récurrente depuis 1982, l’artiste indique un rapport ambigu à sa propre mémoire, à la fois exposée et cachée."
Enfin, une oeuvre de Jean-Pierre Reynaud, célèbre pour le pot géant doré qui a longtemps orné le parvis de Beaubourg, Psycho-objet pointu (1966) impression sur papier, rhodoïde, PVC, peinture, résine, métal sur panneau isorel, bois.
L'autre exposition se visite plus rapidement, même lorsqu'on est un peu handicapé par une attelle...
L'exposition monographique de Charles Fréger Wilder Mann présente une série de portraits, autour de la figure emblématique de « l’homme sauvage » issus de toute l’Europe (19 pays traversés, de l’Autriche à la Finlande). Entre figures mythologiques et subsistances médiévales, vêtus de peaux de bêtes ou d’ornements végétaux, ces Wilder Mann louent les saisons et fêtent le cycle de la vie, dressant une cartographie des coutumes ancestrales du vieux continent. De quoi donner des idées de déguisement aux enfants...
Terminons cette série de billets consacrée au Macval, pour ceux de nos lecteurs qui peuvent lire les vidéos, par une installation du parcours actuel des collections permanentes, La Danse du Scalp, d'Annette Messager (2012).
Le Musée d'art contemporain du Val-de-Marne (MACVAL)
L'auteur du blog, bien qu'habitant le Val-de-Marne depuis plus d'une décennie, n'avait pas encore eu l'occasion de visiter un très beau musée, inauguré en 2005, que ses impôts locaux financent cependant en partie puisque créé par le département dans une démarche initiée en 1982 par la création d'un Fonds départemental d'art contemporain.
Situé à Vitry-sur-Seine, son entrée donne sur la place de la Libération, elle-même agrémentée en son centre d'une grande statue de Jean Dubuffet, Chaufferie avec cheminée, érigée en 1996.
Outre les collections permanentes, présentées par rotation, en principe tous les 18 mois, sous forme d'un parcours - actuellement le parcours #5, le musée abrite des expositions temporaires sur lesquelles nous reviendrons dans un prochain billet. Le hall d'accueil des collections s'orne d'une oeuvre monumentale de Richard Fauguet, Sans titre, qui ouvre le parcours #5, intitulé Vivement demain.
Au fil du parcours, La Révolution à l'envers, de Gilles Barbier (2007) et La belle hypothèse, de Delphine Coindet (2003), qui fait référence, le lecteur l'aura deviné, au jardin de Monet à Giverny...
Une oeuvre du collectif Présence Panchounette (1985) Bateke Walkman, et une installation de Jean-Luc Vilmouth (1991), Projet pour mars.
L'arbre et le lierre, de Pierre Malphettes (2010) et Paramour, de Jean-Luc Verna (2010)
Une installation monumentale de Sarkis (2002) Trésors de la mémoire (les onze enfants de l'histoire du cinéma) réunit dans une immense salle les portraits de onze enfants aux yeux "caviardés" par un néon rose.
Une oeuvre qui se présente elle même (à côté d'elle, exil / luxe dans la même veine)...
Les quelques oeuvres du parcours que nous présentons à présent ont été surtout choisies pour leur caractère photogénique : le lecteur avide d'en savoir plus pourra utilement se rapporter au site du MACVAL. Que le lecteur peu porté sur l'art contemporain ne désespère pas : comme l'indique cette oeuvre lumineuse de Shipa Gupta (2007), Don't worry you too will be a star...
Ne quittez pas le musée sans faire un tour dans le jardin, où vous attendent ces scultures monumentales d'Alain Séchas (2007), Les grands fumeurs...
Et pourquoi pas, comme l'auteur du blog, déjeuner au restaurant du musée, au menu original.
Danseurs chorégraphes
Un spectacle très original ce jeudi 28 février à l'amphithéâtre de l'Opéra Bastille.
Les spectacles des « danseurs chorégraphes » permettent aux artistes du Ballet de l’Opéra de présenter des « petites formes », fruits de leurs recherches récentes. Depuis trente ans, treize rendez-vous ont eu lieu, offrant au public la possibilité de découvrir des aspects inédits du talent des artistes et permettant à certains d’entre eux d’avancer vers des créations de plus grande envergure. Le programme de cette 14e édition se compose de sept solos, duos et oeuvres pour petits groupes interprétés par les danseurs de la Compagnie.
La première pièce était de Samuel Murez, intitulée Premier cauchemar. Sur une musique originale de Siegfried de Turckheim, sept danseuses et cinq danseurs, les Bureaucrates, entouraient le Rêveur, Hugo Vigliotti.
La deuxième pièce était un pas de deux , Deux à deux, de Maxime Thomas, sur le deuxième mouvement du Concerto italien de Jean-Sébastien Bach, dansé par l'auteur et Letizia Galloni.
Je n'ai malheureusement pas d'illustration pour les deux pièces suivantes,
En attendant l'année dernière, de Grégory Gaillard sur une musique originale de Stéphane Jounot, avec la danseuse Lucie Fenwick en solo.
Kaléidoscope, d'Allister Madin, sur diverses musiques (Claude Lamothe, Cinematic Orchestra, Kyle Landry, pour un groupe de quatre danseuses et deux danseurs, dont l'auteur.
Venait ensuite Smoke Alarm, de Julien Meyzindi, sur des musiques de Cliff Martinez et Landau, avec un pas de deux par Alice Renavand et Alexandre Gasse.
L'avant-dernière pièce, Songes du Douanier, sur une musique originale de S. Blanc et J. Levatois, mettait dans une mise en scène très originale deux danseuses et deux danseurs, dont le chorégraphe lui-même, très applaudi. Sur l'image, Charlotte Ranson. (il fallait comprendre que le Douanier s'appelait Rousseau, naturellement...)
La dernière pièce était due à Simon Valastro, sur la sérénade en ut majeur pour trio à cordes op. 10 de Ernst von Dohnanyi. Intitulée - de façon complétement hermétique pour moi, je dois l'avouer - Stratégie de l'Hippocampe,elle mattait en scène une famille composée d'Eve Grintza (la mère), Eléonore Guérineau (la fille), Alexis Renaud, Jean-Baptiste Chavignier et Hugo Vigliotti (le Chien!) La sérénité du portrait de famille initial ne doit pas faire préjuger de la suite, très déjantée...
A la fin du spectacle, les jeunes chorégraphes furent tous chaleureusement applaudis.