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L'âge d'or du textile vosgien (1872-1960)

20 Avril 2013 , Rédigé par japprendslechinois Publié dans #Au fil de l'eau

Nous rendons compte aujourd'hui de la brillante conférence inaugurale des 100 ans de la Rotonde, ancien foyer "social" subsistant à Thaon les Vosges, vestige de la BTT, usine d'anoblissement textile installée en 1872 par Armand Lederlin.

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Elle était donnée par notre ami Jean-Pierre Doyen, honneur d'autant plus mérité qu'il avait été il y quelques années, comme rapporteur, l'un des principaux artisans du classement - et donc de la conservation - de ce remarquable monument.

Tout en nuançant comme il se doit l'expression "âge d'or" du textile vosgien retenue pour intituler cette causerie, l'auteur a d'abord retracé la révolution industrielle qui a transformé à partir des années 1870 la moyenne Moselle, soulignant que l'industrie textile dans les Vosges s'était développée dès le début du XIXème siècle dans les vallées plus hautes, comme en témoigne cette très belle photo prise à Cornimont il y a une quarantaine d'années.

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Mais l'industrialisation de la moyenne Moselle a été la plus spectaculaire, comme en témoignent ces graphiques, montrant l'implantation progressive des usines, le long de la Moselle, du chemin de fer et du canal de l'Est, et le développement spectaculaire de la population des communes concernées, parallèle à la diminution de celles de la campagne périphérique.

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L'architecture de ces usines a été aussi abordée, les vastes bâtiments en rez-de-chaussée à toiture à "sheds" comme ceux de Nomexy contrastant avec les constructions à étages en briques dites "à l'anglaise" comme celle de Vincey, bâtie d'ailleurs à partir de capitaux principalement britanniques.

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Le comportement paternaliste des patrons du textile vosgien a fait l'objet de développements très intéressants, que ce soit de la part des premiers capitaines d'industrie comme Armand Lederlin à Thaon : ci-dessous la ferme modèle de la Prairie Gérard mise en place par son entreprise et un camion de l'usine en distribuant le lait :

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tradition paternaliste perpétuée dans l'empire de Marcel Boussac qui a absorbé au XXème siècle une grand part des entreprises fondées au XIXème par les pionniers : ci-dessous, à côté d'un graphique qui retrace les acquisitions de Marcel Boussac dans la moyenne Moselle, une maison d'une cité Boussac à Nomexy.

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La diversité des cités ouvrières peut être illustrée par cette image d'une cité Lederlin des années 1870 et cette autre des cités jardins construites pour la même entreprise par l'architecte Jean Walter à partir de 1910.

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Bien d'autres aspects ont été abordés par le conférencier, comme les liens entre le coton et la politique. En conclusion, faisant allusion à l'intense utilisation actuelle de la salle intercommunale de la Rotonde de Thaon, il a lancé un appel à la mise en valeur de deux autres autres fleurons du patrimoine industriel vosgien, la filature de Vincey déjà citée - inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques - et la centrale électrique de Nomexy, dont le classicisme structurel rappelle Auguste Perret.

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L'aqueduc Médicis a 400 ans

12 Avril 2013 , Rédigé par japprendslechinois Publié dans #Au fil de l'eau

119-1933 IMGLe fidèle lecteur se souvient de mon billet du 2 mars 2012  (voir ce lien) où j'évoquais l'aqueduc de la Vanne, réalisation de l'ingénieur Belgrand sous le second Empire, dans le cadre des grands travaux hausmanniens.

Au bas de ma rue, l'aqueduc de la Vanne traverse la vallée de la Bièvre, au même endroit qu'un aqueduc beaucoup plus ancien, sur lequel prennent appui ses hautes arches de meulières.

Sur le dessin ci-dessous qui montre Arcueil au XVIIIème siècle, on retrouve, sans l'aqueduc Belgrand bien entendu, les six arches qui surplombent à présent la chaussée, et qui à l'époque dominaient la Bièvre,recouverte depuis le XIXème siècle. A part l'église Saint-Denys d'Arcueil et la "Maison des Gardes", qui abrite à présent le conservatoire municipal de musique, peu de choses subsistent, notamment pas les vignes encore abondantes à l'époque sur les collines dominant la Bièvre, ni le château des Guise, seigneurs d'Arcueil, à l'emplacement des actuelles cités-jardins.

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Cet aqueduc ancien, voulu dès 1609 par Henri IV pour alimenter Paris en eau, sur le tracé d'un ancien aqueduc romain hors d'usage mais qui traversait déjà la vallée de la Bièvre au même endroit, a été réalisé par la régente Marie de Médicis, d'où son nom. Les travaux de terrassement ont débuté en 1613, et ont duré une dizaine d'années : le 18 mai 1624 les eaux coulent officiellement dans les conduites. Les eaux captées à une altitude de 75 mètres à Rungis descendent sur 13 kilomètres jusqu’à la maison du Fontainier à 57 mètres d’altitude avec une pente moyenne de 1,4 ‰.

Le plan de l'aqueduc Médicis disribué dans le cadre des célébrations des 400 ans de l'ouvrage fait apparaître son tracé et l'ensemble des quelque 27 regards dont la plupart subsistent. L'aqueduc n'est plus opérationnel, la réalisation de l'aéroport d'Orly et du Marché d'intérêt national de Rungis ayant tari les sources qui l'alimentaient : ce qui y coule suffit à peine à alimenter le lac du Parc Montsouris...

Plan

Quelques vues de regard, qui allient édicule extérieur et architecture intérieure. A gauche, le regard n°1, à Rungis, dit "Grand regard royal", et  à droite le regard 6, à l'Haÿ-les-Roses, que nous avons pu visiter samedi 6 avril dernier dans le cadre des événements organisés à l'occasion des 400 ans, 

Grand regard royalRegard 6

Deux regards proches du domicile de l'auteur et du pont-aqueduc qui enjambe la vallée de la Bièvre, le 14 et le 15, ce dernier à proximité immédiate de la gare d'Arcueil-Cachan du RER B (ligne de Sceaux, pour les anciens). On remarquera qu'une conduite a été ajoutée dans cette partie, conduite absente - et inutile - dans la conception initiale.

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La simplicité de cet ouvrage lui donne une grande beauté, surtout dans les parties dépourvues de canalisation.

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Le port de Dieppe

5 Avril 2013 , Rédigé par japprendslechinois Publié dans #Au fil de l'eau

A l'invitation d'un ancien collègue et toujours ami, nous le retrouvons ce jeudi 4 avril dans sa ville natale de Dieppe. Malgré le froid (à peine quelques degrés, comme sur la plus grande partie du pays), accentué par un vent de Nord Est de 17 noeuds, le soleil brille sur cette ville au charme indéfinissable, qui a connu ses heures de gloire au XVIè siècle avec ses grands armateurs, puis au début du XIXème comme cité balnéaine la plus en vogue.

Les maisons du quai Henry IV s'alignent au bord de ce qui est à présent le port de plaisance. On y reconnaît l'ancien collège des Oratoriens, et un peu plus loin l'Hôtel d'Anvers (1697)

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La vue sur le port de plaisance, dominée par les falaises qui bordent l'est du chenal, avec la chapelle ND du Bon-Secours et le sémaphore, ne manque pas d'allure.

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Au hasard de la promenade, le membre associé donateur de la SNSM qu'est l'auteur du blog n'a pu s'empêcher d'avoir son attention retenue par la barque qui orne un coin de rue...

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Deux aspects de l'économie locale, le passé avec une ancienne brasserie dont l'inscription Art Deco a séduit l'auteur, et le présent avec la "Côte d'Albâtre", impressionnant ferry qui relie jusqu'à deux fois par jour Dieppe à Newhaven : rappelons que Dieppe est le point de débarquement le plus proche de Paris.

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Un aperçu bien partiel de cette ville dont le site et le patrimoine valent le détour pour nos lecteurs qui ne la connaissent pas encore...

 

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