Pièce d'eau des Suisses
Le temps maussade de ce mois de novembre m'incite à vous faire partager quelques rayons de soleil glanés il y a quelques jours à Versailles lors d'une très belle matinée, tout en faisant découvrir à ceux qui ne le connaitraient pas un lieu un peu magique du Parc de Versailles, qui a l'avantage d'être accessible à tout moment et gratuitement, car il est séparé du château et de son environnement immédiat par le Chemin Départemental n°10, dénommé à cet endroit Route de Saint-Cyr.
Longue de 682 mètres et large de 334 (il est vrai qu'elle est antérieure au système métrique...), elle est bordée d'une double rangée de platanes bi-centenaires (au moins pour ceux qui ont échappé à la tempête de 1999).
Arrivé à son extrêmité, du pied d'une statue équestre de Louis XIV, copie de celle du Bernin - modifiée par Giraudon - qui est conservée à l'orangerie du château, la perspective vaut le coup d'oeil
Une fois fait le tour de la pièce d'eau,accéder à l'orangerie permet de renverser la perspective et de voir combien la pièce d'eau des Suisses, malgré son caractère actuel de lieu ouvert et presque sauvage, s'intègre au décor majestueux du château.
Villa Savoye à Poissy
Nous avons déjà eu l'occasion dans notre billet du 25 août 1012 d'évoquer avec la Maison La Roche une création de Le Corbusier. Ce dimanche a été l'occasion de revoir entre amis une de ses constructions les plus emblématiques, la villa 'de weekend" construite à Poissy quelques années plus tard, de 1929 à 1931 pour l'assureur Pierre Savoye.
Réquisitionnée pendant la guerre par les allemands, puis occupée à la Libération par les Américains, la villa - en piteux état - et son terrain de 7 ha avaient été en 1958 acquis par la ville par expropriation pour utilité publique en vue de construire un lycée.
La prise de conscience du caractère exceptionnel de cette réalisation a conduit à la revente à l'Etat de la villa et de l'hectare de terrain qui l'entourait, et à son classement comme monument historique dès 1965, du vivant de Le Corbusier. Sa restauration - qui a apparemment duré une trentaine d'années...- a débouché sur son ouverture au public en 1997, date à laquelle nous l'avions visitée pour la première fois.
Le pavillon de gardien, à l'entrée, nous a semblé en moins bon état que lors de notre dernière visite en 2006, paut-être parce qu'il n'est plus occupé...On en apprécie cependant mieux les volumes à présent.
La villa elle-même offre au regard, dès le détour du chemin sa silhouhette épurée.
En longeant la porte incurvée du garage, on atteint l'entrée principale.
A l'intérieur, le jeu des volumes offre une variété inépuisable de points de vue
Caractéristiques de la manière de Le Corbusier, les chambres intègrent rangements,cabinet de toilette ; ici ce dernier permet d'isoler un coin bureau particulièrement agréable
Le grand salon, que prolonge une terrasse derrière un panneau vitré, offre au visiteur un instant de repos
Les deux étages de terrasses offrent des cheminements variés et rappellent la vocation première de cette maison de weekend...
Les détails des pièces utilitaires ne manquent pas d'intérêt, comme cette petite salle de bain, la buanderie, ou le lavabo pour les invités...
les paillasses de la cuisine ou la cheminée du salon...
ou encore ce petit bureau et cette somptueuse salle de bains.
Une intéressante exposition sur les arts ménagers se tient en ce moment à la villa Savoye : en voici pour terminer ce billet un petit aperçu
Meubles rares à l'Hôtel de Miramion
Au hasard de notre promenade dominicale (à double titre...) dans Paris ensoleillé par le soleil de novembre, une exposition originale sur les quais de la Seine, dans l'Hôtel de Miramion.
Cet hôtel construit en 1630 par François Mansart pour Christophe Martin, Conseiller d'Etat, Intendant et Contrôleur général des Ecuries du Roi, a une longue histoire : acquis en 1675, quelques années après la mort de ce dernier, par Mme de Miramion, dame très pieuse qui secondait Vincent de Paul dans ses oeuvres de charité, veuve à 17 ans après 7 mois de mariage, il abrita la petite communauté laïque qu'elle avait fondée pour l'instruction et l'éducation des jeunes filles, les soins des pauvres et des malades. D'abord épargnée à la Révolution compte tenu de son caractère laïc, la communauté fut dissoute en 1794, et l'Hôtel de Miramont, après quelques vissicitudes, il accueillit en 1812 la Pharmacie générale de hospices de Paris, installée jusque là dans l'Hopîtal des Enfants-trouvés, sur l'île de la Cité, puis à partir de 1934 le musée de l'Assistance Publique-Hopitaux de Paris, jusqu'au 30 juin 2012 où il fut fermé : la réouverture de ce musée est prévue dans les locaux de l'Hôtel-Dieu, où la fermeture définitive des urgences agite en ce moment les esprits et devient un enjeu des prochaines élections municipales.
Vendu par l'AP-HP à Xavier Niel, fondateur et PDG de Free, il accueille pour quelques jours une exposition d'ameublement et décoration contemporains organisé par la galerie parisienne Balice Herting et les galeries milanaises Nilufar Gallery et Gio Marconi Gallery. nous espérons que le lecteur sera comme nous séduit par la conjugaison des meubles et objets contemporains (de 1940 à nos jours) et des volumes de l'hôtel de Mansart, souvent surprenante, toujours de bon goût...
Avant cette découverte, nous étions passés par le Jardin des Plantes tout proche, occasion d'ajouter un codicille à notre billet du 24 octobre sur la FIAC hors les murs, certaines installations n'ayant pas encore été démontées...
Felix Valloton : le feu sous la glace
La programmation des galeries nationales du Grand Palais est particulièrement riche cet automne.
Parallèlement à la superbe rétrospective de Braque (voir notre billet du 18 septembre) se tient une exposition très complète sur Félix Valloton, peintre né suisse en 1865 et mort français en 1925, membre de l'école des Nabis mais plutôt original au sein de cette dernière.
Longtemps Valloton se résuma pour moi à ce tableau du Musée d'Orsay que j'aimais beaucoup :
Puis au fil des visites de musées je découvris des toiles comme ces pins du musée de Quimper, ou ces deux tableaux du musée André Malraux, du Havre, exposés à l'exposition organisée l'an dernier au musée du Luxembourg (notre billet du 10 octobre 2012 consacré au Cercle de l'Art Moderne) dont seul le premier figure à l'exposition du Grand Palais,
L'exposition actuelle présente toutes les facettes de l'oeuvre de ce peintre original, et elles sont nombreuses : on peut en préférer certaines et être un peu hermétique à d'autres...
Les paysages, comme les pins du musée du Quimper ou la grève blanche à Vasouy (ne pas confondre avec celle de Plouguerneau...) :
Les scènes intimes, à la manière des autres nabis comme Vuillard ou Bonnard
Des scènes de rue, de parcs et jardins
Des natures mortes, assez rares...
Parmi mes préférés, cette rue de Marseille et le célèbre tableau de la valse...
...ou encore ces objets peints avec la minutie d'un peintre flamand, ou ce paysage aux couleurs surréalistes
Beaucoup de nus féminins, où la manière de Valloton se reconnaît aussitôt...
Des peintures où l'on retrouve des scènes photographiées par Valloton...
Les hommes et les femmes ont dans les tabeaux de Valloton des rapports compliqués
Des portraits également, comme Mme Bernheim ou Emile Zola
L'oeuvre gravé de Valloton est présent, soit avec des scènes intimes...
ou plus animées...
L'exposition s'achève sur des tableaux plus méconnus comme ceux consacrés à la guerre de 1914, centenaire oblige...Celui de droite, peu dans la manière habituelle de l'artiste, évoque Verdun