Trêve des confiseurs
Le blog observe aussi une pause pour les fêtes de fin d'année. Pour faire patienter le lecteur, quelques photos prises au moment de Noël, que l'auteur a passé en famille chez sa fille à Angoulême : la ville historique avec les maisons au bord du "plateau", l'église Saint André...
...les murs peints rappelant les festivals de la bande dessinée, et le port de l'Houmeau que nous avions évoqué dans un blog précédent.
Le père Noël ayant apporté à l'auteur un scanner de diapositives, je ne résiste pas à vous faire profiter de quelques vues des bouches de Kotor, prises en 1973, avant le tremblement de terre de 1979...
Frida Kahlo - Diego Rivera - L'Art en fusion
Au risque de lasser le lecteur par une avalanche d'expositions, nous ne pouvons passer sous silence l'une des plus belles d'une saison où nous sommes particulièrement gâtés, celle qui réunit au Musée de l'Orangerie une sélection d'oeuvres de Frida Kahlo et Diego Rivera, ainsi que de nombreux documents sur la vie commune de ces artistes si attachants.
Diego Rivera (1886-1957) et Frida Kahlo (1907-1954), de vingt ans plus jeune, mariés deux fois, divorcés pendant un an mais incapables de vivre l'un sans l'autre, surnommés "l'éléphant et la colombe" par les parents de Frida, forment un couple mythique.
Il est rare de voir leurs peintures ainsi exposées ensemble, en un dialogue incessant malgré leurs styles assez dissemblables, d'autant que la plupart d'entre elles, même celles réalisées en Europe par Diego Rivera pendant ses jeunes années, viennent du Mexique.
La première salle de l'expo permet de découvrir des tableaux de Diego peints lors de ses années de formation en Espagne à partir de 1907 et de son séjour à Paris qui dura jusqu'au début des années 20 et pendant lequel il cotoya les artistes de Montpasnasse, notamment Modigliani qui fit son portrait.
De cette époque, un autoportrait de 1907, Le Marché au puces (1915) et un Paysage zapatiste de 1915 également.
Deux toiles du début de leur liaison, L'Embarcation fleurie (1931) de Diego et La Petite Virginia (1929) de Frida présentent une similitude de palettes...
L'oeuvre de Frida est plus intimiste, souvent allégorique, mais on peut aussi rapprocher Ma nourrice et moi (1937) de Frida et Marchande d'arums (1943) de Diego
La plus grande spécificité de l'art de Diego réside dans ses Murales, grandes fresques destinées à mettre la peinture à portée des masses, genre qu'il a commencé à développer dès le début des années 20 à son retour au Mexique : c'est d'ailleurs en peignant ses premières fresques dans une université qu'il rencontra Frida qui y était étudiante. Plusieurs reproductions grandeur nature illustrent cet art mural dans l'exposition. Cette photo de Gisèle Freund de 1951 montre Diego devant sa fresque L'Histoire du monde.
Frida quant à elle a peint beaucoup d'autoportraits comme celui, apaisé, qui orne l'affiche de l'exposition, ou de plus tourmentés comme La Colonne brisée (1944) qui exprime ses souffrances continuelles dues à un très grave accident d'autobus qui l'a frappée en pleine jeunesse. A côté, un tableau intimiste de 1936 Mes grand-parents, mes parents et moi à la manière d'un arbre généalogique où elle se présente dans le jardin de la Casa Azul où elle est née et où elle a vécu avec Diego
On peut voir des oeuvres très personnelles de Frida, comme cet autoportrait entouré de coquillages (1938) et des dessins préparatoires aux Murales de Diego, comme ce carton d'une colombe de la paix (1955)
Deux oeuvres du musée Dolores Olmedo de Mexico, un portrait par Diego (1955) de la collectionneuse qui se procura à partir des années 50 la plus grande collection de ses oeuvres, et une Nature morte de Frida (1951) que Dolores Olmedo acheta sur le conseil de Diego
Terminons sur deux des nombreuses photos de Diego et de Frida qui figurent dans l'expo, toutes deux de 1939, l'année de leur divorce - suivi d'un remariage à San Francisco en 1940...Celle de Diego, avec son singe Fulang-Chang est due à Boone Saxon, celle de Frida est due à Nickolas Muray
Cartier : Le Style et l'Histoire
Quatrième billet consacré cet automne aux expositions du Grand Palais, au calendrier particulièrement riche cette année, peut-être pour compenser les déficiences de celui de la dernière saison, où une exposition consacrée à Jean Prouvé, dont l'auteur se réjouissait, avait été inexplicablement annulée...
Pas de tableaux cette fois - bien qu'elle en comporte quelques-uns, portraits où figurent portés par leur proprétaire quelques-uns des bijous exposés - mais des objets ô combien précieux illustrant l'histoire d'une maison fondée en 1847 et aujourd'hui plus vivante que jamais.
Entré un peu par désoeuvrement en accompagnant des amis venus voir les expositions Braque et Valloton, j'ai été séduit par sa richesse - au sens ici plus propre que la plupart du temps - et son intérêt. Après tout, Cartier, dont l'activité de mécénat artistique est indéniable (pensons à la fondation Cartier pour l'Art contemporain dont nous avons parlé dans notre billet du 29 septembre 2012) mérite bien sa place au Grand Palais...
Dès l'entrée, le visiteur est saisi par la scénographie grandiose crée par la projection d'images colorées sur le plafond et les murs de la galerie, plongée dans une semi-obscurité théatrale...
Sur un support tournant sont présentés les diadèmes qui ont paré les femmes les plus en vue de la société pendant plus d'un siècle
Les vêtements et les objets les plus divers témoignement de l'évolution des goûts et des modes
L'histoire de cette maison développée à partir d'une boutique de joailller parisien du XIXème siècle semblable à des centaines d'autres, mais qui sut se recréer sans cesse et flatter les ambitions de ses clients, ouvrir dès 1902 une boutique à Londres et une à New York en 1909, est illustrée par de nombreux documents,
Parmi les clients célèbres, des maharadjahs...
La duchesse de Windsor, Grâce de Monaco, Liz Taylor, sont aussi largement évoquées dans l'exposition...Conviant le lecteur à aller lui-même le constater, nous nous contenterons pour terminer de lui présenter des objets plus insolites sortis des ateliers Cartier, l'épée d'académicien de Jean Cocteau et les bâtons de maréchal de Foch et Pétain...
Raymond Depardon au Grand Palais
Varions un peu la programmation de ce blog : le Grand Palais ne propose pas que des peintures, aussi riches que soient les expositions Braque et Valloton qui occupent actuellement la plus grande partie de ce bâtiment (hors la grande verrière...)
Depuis quelque temps, un nouvel espace adapté aux expositions de photographie a été aménagé à gauche de l'entrée de la grande verrière. Nous y avions visité l'an dernier celle consacrée à Helmut Newton ; c'est cette saison au tour de Raymond Depardon (né en 1942 à Villefranche-sur-Saône, aussi connu comme réalisateur de documentaires).
L'affiche de l'expo est un Autoportrait au Rolleiflex (posé sur un mur) 1er scooter de marque Italienne « Rumi », étiquette de presse sur le garde-boue, Ile Saint-Louis. Paris, 1959.
Dès 17 ans, le jeune Depardon avait déjà trouvé son style...
C'est de la même époque que datent ce portrait d'Edith Piaf et la célèbre photo de groupe des starlettes de l'année 1960 (169 ans à elles dix!) On y reconnaîtra (ou pas) Anne-Marie Bellini, Mireille Darc, Catherine Deneuve, Danièle Gaubert, Geneviève Grad, Joëlle Latour, Dahlia Lavi, Giselle Sandre, Catherine Spaak, Michèle Vérez.
Quelques exemples des sujets traités dans cette rétrospective, consacrée exclusivement à la photographie en couleurs, qui jalonnent la longue carrière de Depardon - dont bon nombre de photos de 2012 et 2013...Il a en effet photographié en couleurs au début de sa carrière, pour les magazines qui le lui demandaient, puis l'a abandonnée dans les années 80 pour y revenir, par goût, dans les années 2000.
Les images de Glasgow en 1980 sont très touchantes...
La campagne présidentielle américaine en 1968 :
Des images récentes d'Ethiopie - avec une "Pijo" :
Depardon sait évoquer aussi bien le Liban en guerre, dans les années 70 qu'Honolulu de nos jours..
...ou aussi bien les paysans du Chili en 1971 que ceux de Servance (Haute-Saône) en 2007.
Souhaitons une encore longue carrière à cet artiste attachant, qui accueille les visiteurs à l'entrée de l'expo par cet autoportrait de 1972, en reportage au Vietnam, aux couleurs d'une profondeur étonnante.