Hommage à l'abbé Grégoire
Comme chaque année (voir notre billet du 30 mai 2013 à ce lien) la promotion 1969 de Telecom ParisTech s'est retrouvée ce samedi 22 mars pour quelques agapes, précédées de la visite guidée d'un lieu propre à stimuler l'esprit d'ingénieurs sénescents et de leurs toujours sémillantes compagnes...
Il s'agissait du musée des Arts et Métiers, créé avec le Conservatoire National des Arts et Métiers par décret de la Convention du 8 vendémiaire de d'an 3 de la République sur le rapport de l'abbé Grégoire. Cet admirable prêtre lorrain, élu en 1789 député du clergé à l'asssemblée constituante, prit une part importante aux plus belles pages de la Révolution, notamment à l'élaboration de la constitution civile du clergé - il fut élu évêque constitutionnel dans deux départements et dut en choisir un - à l'émancipation des Juifs et à la première abolition de l'esclavage. Notons que la cérémonie de son entrée au Panthéon en 1989 avec Monge et Condorcet, fut boycottée, deux cents ans après la Révolution, par la hiérarchie de l'Eglise Catholique de France, le seul évêque présent étant Mgr Gaillot...
L'endroit le plus spectaculaire du Musée est l'ancienne église de l'abbaye Saint-Martin, avec ses aéroplanes anciens suspendus dans la nef...
et les automobiles anciennes perchées sur une passerelle qui permet de les examiner sous tous les angles
Aucune célébrité n'y manque, aussi diverses que la Ford T et le fardier de Cugnot...
...un exemplaire de l'Eole de Clément Ader avec ses hélices de plume et ses ailes de chauve-souris, et une collection de cycles allant du grand bi aux premiers Solex...
Des collections impressionnantes d'instruments anciens de la recherche, comme ce matériel de chimie ou ces microscopes...
De nombreux métiers, en maquette comme ce métier sénégalais ou en "vrai"...
Des maquettes d'usine très pédagogiques, comme cette aciérie...
N'oublions pas l'informatique, avec ce super ordinateur Cray II des années 80 et cette "gamelle" de disques à la capacité "impressionnante" de 80 mégaoctets...
Les objets de la vie quotidienne ont aussi leur place, avec cette yaourtière Yalacta qui ravivera les souvenirs de plus d'une lectrice...et cette collection d'interrupteurs électriques, qu'on pourrait croire constituée à partir des maisons de notre enfance
Bill Viola au Grand Palais
Exposition très originale au Grand Palais du 5 mars au 21 juillet, puisque c'est la première fois que les Galeries nationales accueillent un "vidéaste", c'est à dire un artiste dont les oeuvres sont des intallations à base de vidéos - et qui réfute toute idée d'être comparé à un réalisateur de cinéma, même si la plupart des films sont à présent tournés en numérique...
Nous ne cacherons pas que nous nous y sommes rendus avec un peu de scepticisme, et d'ailleurs l'absence de queue à l'entrée du Grand Palais n'était pas pour nous rassurer.
Mais nous nous sommes laissés prendre par la magie de ces installations, même s'il est impossible d'observer chaque oeuvre (entre 7 et 35 mn) en entier, et je me promets d'y retourner pour n'en rien manquer.
J'espère que ce billet me permettra de partager avec vous un peu de cet enthousiasme pour cette rétrospective qui couvre les quatre décennies de l'activité de cet artiste américain né en 1951 dont le dossier de presse de l'exposition précise :
"Avec vingt œuvres magistrales, soit cinquante écrans et des heures d'images, Bill Viola au Grand Palais constitue l’une des plus larges rétrospectives consacrées à l'artiste. L'œuvre de Bill Viola a été présentée et célébrée dans les plus grands musées : première rétrospective au Whitney Museum de New York en 1997, MOMA à New York, National Gallery de Londres, Mori Art Museum de Tokyo, J. Paul Getty Museum à Los Angeles, Guggenheim Museum (Bilbao, Berlin, New York)... Il manquait une rétrospective en France, où si Bill Viola est peu présent dans les collections nationales, il a été cependant très tôt identifié comme un grand artiste (présentations au Musée d'art moderne de la ville de Paris en 1983, à la Fondation Cartier en 1990, au Musée de Nantes en 1992, au Festival d'automne en 1996)."
Quelques aperçus sur des oeuvres, à commencer par deux photos de "The Quintet of the Astonished" (2000) où cinq personnages aux visages poignants se meuvent avec une lenteur émouvante
Un extrait de deux minutes de cette oeuvre est visible sur Youtube https://www.youtube.com/watch?v=As7OtWMYPRc
L'installation magistrale est sans doute "Going Forth By Day" (2002) où dans une salle immense sont projetés simultanément cinq cycles d'images de 35 mn :
Dans un genre plus simple,"Three Women" ( 2008 - 9mn 6s) et "Ascension" (2000 - 10 mn) qui nous a rappelé que nous avions déjà vu une oeuvre de Bill Viola à l'Opéra Bastille il y a quelques années, car il avait participé avec Peter Sellars à une très belle mise en scène de Tristan et Iseult où les préludes étaient joués sur des vidéos qu'il avait réalisées
Pour terminer, une installation de sept vidéos, "The Dreamers" (2013)
J'en ai réalisé moi-même une courte video présentant en séquence quatre de ces rêveurs. (pour les lecteurs sur iPhone ou iPad, suivre ce lien : http://www.dailymotion.com/video/x1gxsmr_the-dreamers_creation
XVIème insolite
De retour à Paris, l'auteur se proposait de visiter l'exposition Impressionnistes en privé, réunissant au musée Marmottan cent chefs d'oeuvre issus de collections particulières, afin d'en rendre compte à ses fidèles lecteurs...Las, devant la longueur de la queue, cette expédition s'est muée en une promenade dans les environs.
Comme toujours à Paris, elle fut l'occasion de découvrir - ou redécouvrir - quelques sites que nous ferons, à défaut d'impressionnistes, partager au lecteur.
En descendant la rue des Vignes, un peu insolite dans ce quartier élégant, un ensemble d'habitations à bon marché des années 1920, avec ses cages d'escalier à l'italienne, ouvertes sur l'extérieur, et dans lequel est inséré le petit théatre du Ranelagh à l'allure provinciale d'avant-guerre...
Un peu plus bas, sur la rue Raynouard, un grand immeuble préfigurant la reconstruction du Havre, construit - et même habité de 1932 à sa mort en 1954 - par Auguste Perret
Juste à côté de l'immeuble Perret, relique du village de Passy, la maison où Balzac s'est pendant sept ans caché de ses créanciers, comme nous l'apprend la notice ci-dessous que nous invitons le lecteur à consulter.
L'intérieur de ce modeste logis conserve quelques objets ou meubles évoquant l'écrivain...
...mais surtout d'intéressantes installations permettant d'appréhender l'immensité de la somme littéraire que constitue la Comédie humaine, avec ses milliers de personnages dont un état-civil est reconstitué dans une pièce, qui abrite aussi une très belle collection de bois gravés dessinés par Charles Huard (1874-1965) pour lédition complète des oeuvres de Balzac publiée par Conard de 1912 à 1940
Le jardin, de plein pied avec l'appartement de Balzac situé au deuxième étage de la maison, est dominé par l'immeuble Perret
Cette maquette reconstituant la maison dans les années 1840 où Balzac l'a habitée permet de mieux comprendre l'agencement des lieux
La porte principale de la cour de l'immeuble donne sur une ruelle qui a conservé son cachet ancien et même une borne marquant la frontière entre Auteuil et Passy...
En remontant vers la porte de la Muette, on ne manquera pas d'admirer l'ancien bureau central des PTT du XVIème arrondissement (1931)...
ni la petite gare SNCF de Boulainvillers, à présent sur la ligne C du RER