Les drôles d'oiseaux de Mich Mao à Saint-Pabu
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Notre séjour estival à Saint-Pabu est égayé cette année par une exposition en plein air dont les vingt installations bordent les voies de la commune et notamment le sentier côtier GR 34. Elles sont situées pour la plupart dans les espaces privés, chez des particuliers, mais toujours visibles de la route ou du GR.
Leur auteur, Mich Mao (voir son site) m'a aimablement autorisé à vous en faire partager le parcours, que nous suivrons dans l'ordre du plan ci-dessous, du numéro 1 situé comme il se doit à la mairie du bourg à l'installation numéro 20 qui orne la Maison des Abers, qui domine la petite anse de Corn Ar Gazel.
Les trois premières installations permettent de rejoindre le GR34 depuis la mairie : le numéro 2 surmonte un charmant lavoir public restauré et le numéro 3, près du petit port de Pors Ar Milin mêle allures martiale et paternelle...
Le numéro 4 surplombe le fond de l'Aber : difficile à dénicher, il est assez loin de la route que suit le GR, au fond d'un jardin. L'installation du 5 est, elle, au bord de la même route, et particulièrement riche avec trois oiseaux. L'installation 6, très pittoresque malgré son côté cannibalesque, est dans le jardinet fleuri d'une charmante maison de pierre qui jouxte la cale du Stellac'h.
En remontant de la cale vers le Bourg, un volatile vert (7) assez agressif ; en suivant le GR vers la cale du Passage, un très beau couple (8) dans le nouveau lotissement de l'Aber, puis un grand volatile rose (9) qui surplombe le sentier depuis l'extrémité d'un jardin.
Le numéro dix, sur une terrasse au dessus de la cale du Passage, est un peu loin pour être vraiment apprécié par le promeneur ; en remontant la rue du Passage vers le carrefour au dessus de Ganaoc'h, on passe devant un grand volatile vert (11) à l'air débonnaire pour atteindre le 12 qui semble vouloir s'envoler vers la rive opposée et la cale du Vill depuis le bord du rond-point.
La rue du Béniguet, qui surplombe l'Aber, est parsemée d'installations (13 à 16), toutes tournées vers la rivière,
Les trois installations de la rue de Kervigorn commencent avec ce drôle d'oiseau bleu (17) qui lui tourne le dos à l'Aber et semble monter la garde en haut de l'escalier qui descend vers la maison de ses hébergeurs ; le 18 est un peu perdu à l'intérieur d'une propriété et bien peu visible par le promeneur, lui aussi. En revanche, les deux oiseaux de l'installation 19 s'affrontent - ou se séduisent ? - au bord de la rue, à la vue de tous.
La vingtième et dernière installation orne la Maison des Abers : un oiseau chevalier se tient fièrement sur la partie en bois du bâtiment tandis qu'un oiseau aux allures de dragon s'accroche au flanc d'un mur de pierre.
Fêtes maritimes de Brest (fin)
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Nous terminons avec ce billet la relation de notre visite aux fêtes maritimes de Brest (notre billet précédent). Les "villages" sur les quais ne manquaient pas d'intérêt, comme celui de la Polynésie française avec cours de sculptures sur bois ou démonstration de danse traditionnelles...
Les activités permanentes du port jouaient portes ouvertes, comme ce célèbre chantier de restauration de bateaux anciens.
Mais revenons au plan d'eau...
...vers la zone du port de commerce où mouillent les bateaux que nous avons vu évoluer le matin. Nous longeons l'Étoile de France, goélette à hunier et à coque bois construite en 1938 pour servir de cargo pour la mer baltique,
l’Oosterschelde , goélette à trois mâts et hunier néerlandaise de 50 m construite en 1918,
Le Loth Loriën, goélette à trois mâts de 48 m construit en 1907 et rénové à la fin du siècle dernier alors qu'il était quasiment à l'état d'épave, et, bord à bord, le Mercedes et l'Artemis décrits dans notre billet précédent.
Une des plus spectaculaires unités de la flotte rassemblée à Brest commence à apparaître au loin : le Krusenstern, quatre-mâts barque construit en 1926 à Bremerhaven sous le nom de Padua et attribué en 1946 à l'URSS au titre des dommages de guerre : il fut alors rebaptisé en l'honneur de l'explorateur Adam Johann von Krusenstern, baron balte (1770-1846) qui fit le tour du monde pour le compte du tsar Alexandre 1er. Avec ses 114,5 m, il est après le Sedov, qui était attendu à Brest mais a été retenu en Russie pour cause d'avarie, le deuxième plus grand voilier traditionnel navigant encore.
Poursuivant notre chemin le long des quais, nous en approchons : il est stationné juste après le Thalassa, imposant navire de recherche scientifique de l'Ifremer.
Difficile d'avoir une vue complète du Krusenstern, par manque de recul ! L'équipage pêche : on espère que c'est pour le plaisir, et pas pour compléter un ordinaire déficient...
Après un coup d'œil sur la frégate "furtive" Aquitaine, 1ère de la série des frégates anti-sous-marines de la Marine nationale construites en coopération avec l'Italie, lancée en 2010 et admise au service actif le 2 décembre 2015, nous repartons vers la Penfeld. Nous pouvons revoir Artemis qui quitte son mouillage à notre passage et suit - sur l'eau - un chemin parallèle au nôtre. Difficile d'imaginer plus belle conclusion...
Brest en fêtes
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Tous les quatre ans depuis 1992, se déroulent pendant une semaine en juillet à Brest des fêtes maritimes qui rassemblent des bâtiments venus du monde entier, reconstitutions de vaisseaux historiques comme l'Hermione ou voiliers du siècle dernier ou du précédent encore en état. (cf notre billet du 18 juillet 2012 sur l'édition précédente)
Celles de 2016, qui se sont déroulées sous un soleil radieux - bien que peu breton...- ont été particulièrement brillantes et nous essaierons d'en donner un aperçu au lecteur de ce blog.
Passé l'entrée par le port militaire le long de la Penfeld, la fête commence. A quai, les deux goélettes à trois mats du regretté père Jaouen, Rara Avis et Bel Espoir, bord à bord, et des répliques de bateaux anciens : une réplique du Victoria, l'un des navires de Magellan, l'Etoile du Roy, réplique d'un trois mâts carré construite en 1996 pour les besoins d'un film, et la fameuse Hermione (cf. notre billet du 1er septembre 2015)
Sur la bassin évoluent de vieux gréements comme La Cancalaise, réplique de bisquine construite à Cancale en 1987, ou le Saint Guénolé, un des derniers sloops coquilliers à voile construit à la fin des années 1940 pour le dragage de la coquille Saint-Jacques en rade de Brest. Devant l'Hermione, le trois-mâts carré russe Shtandart, réplique d'une frégate du XVIIIe siècle, navire amiral du tsar Pierre le Grand.
En poursuivant notre marche vers le port de commerce, les évolutions sur le plan d'eau s'intensifient : à gauche du dundee Belle Etoile venu de Camaret, le brick néerlandais Mercedes, deux-mâts à voiles carrées construit en 1958 nous présente sa proue, puis les deux passent devant nous.
Nous apercevons sur l'autre rive deux très grands voiliers : le Libertad, 103.70 m, est un trois-mâts carré argentin qui sert, depuis 1960, de navire-école à la marine argentine. Derrière lui, le Cuauhtémoc , trois-mâts barque de 90 m qui joue le même rôle pour la marine mexicaine depuis 1982.
Passent devant nous le General Leclerc, autre cotre coquillier de 1948, et le trois-mats barque hollandais de 49 m Artemis (1926) ancien navire baleinier norvégien des mers polaires arctiques jusque dans les années 1940....
...la goélette néerlandaise Zephyr, 36 m, construite en 1931, puis une autre réplique de bisquine, La Grandvillaise, lougre de pêche à trois-mâts, à coque bois et voiles au tiers.
Après un regard sur le bateaux qui les suivent dans le soleil de midi, nous nous dirigeons vers le fond du bassin où se profile le Santa Maria Manuela, goélette à quatre-mâts de 67 m construite en 1937, un des survivants de la flotte morutière portugaise.
Nous reviendrons dans un autre billet sur d'autres aspects de cette belle fête de la mer.
Seydou Keïta, photographe africain
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La galerie consacrée depuis quelques années par le Grand Palais à la photographie nous permet souvent de belles découvertes : c'est le cas ce printemps avec Seydou Keïta (1921-2001). Nous l'avons qualifié dans le titre de photographe africain, mais il est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands photographes de la deuxième moitié du XXe siècle.
Comme l'indique le dépliant de l'exposition, "la valorisation de ses sujets, la maîtrise du cadrage et de la lumière, la modernité et l’inventivité de ses mises en scène lui ont valu un immense succès. Il prend sa retraite en 1977, après avoir été le photographe officiel d’un Mali devenu indépendant. Son œuvre constitue un témoignage exceptionnel sur la société malienne de son époque.
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Né vers 1921 à Bamako (à cette époque capitale du Soudan français). Il devient dès l’âge de 7 ans apprenti menuisier auprès de son père et de son oncle. Ce dernier lui offre en 1935 son premier appareil photo, un petit Kodak Brownie.
C'est en 1948, après avoir appris la photo en autodidacte, qu'il ouvre son studio dans un quartier de Bamako près de la gare. Il réalise des portraits de commande, individuels ou de groupe, avec une chambre 13 x 18, en noir et blanc, avec une préférence pour la lumière naturelle. La plupart des tirages d’époque sont des tirages contact, au format du négatif, que Keïta réalise lui-même.
Keïta dira plus tard : "Vous n'avez pas idée de ce que j'ai ressenti la première fois que j'ai vu mes négatifs tirés en grand format, sans une seule tache. Je savais à ce moment-là que mon travail était vraiment très bon. Dans mes photos, les gens ont l'air si vivants, on dirait presque qu'ils sont là, debout devant moi."
Citons la présentation de l'exposition : "Seydou Keïta aime tout simplement la photographie et veut donner à ses clients la plus belle image possible. Il positionne la plupart du temps ses sujets, en buste légèrement de trois quart ou en pieds, et utilise des fonds en tissu, à motifs décoratifs, qu’il change successivement au bout de quelques années, tout en les réutilisant parfois. C’est grâce à ces fonds qu’il pouvait à peu près dater ses clichés. Avec les premiers bénéfices de son activité, il acquiert des vêtements « chics », à la mode occidentale, des accessoires, du petit mobilier, un poste de radio, des bijoux mais aussi une voiture et un scooter qui sont gracieusement mis à la disposition de ses clients qui ont le loisir de composer ainsi leur représentation".et ne boudons pas notre plaisir de retrouver Singer, scooter, Solex et 203 de notre enfance...dans le Soudan français de notre enfance.
Encore quelques belles compositions....
et terminons sur un clin d'œil avec deux clichés "symétriques".
Le 22 septembre 1960, la République soudanaise proclama son indépendance, Modibo Keïta devint le premier président de la République du Mali. En 1962, à la demande des autorités, Keïta ferma son studio et devint photographe officiel du gouvernement, jusqu’à sa retraite en 1977. Il décèdera à Paris en 2001.
Albert Marquet peintre du temps suspendu
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Très belle exposition en ce moment au musée d'art moderne de la ville de Paris, qui retrace toute la carrière d'un de nos peintres préférés, Albert Marquet, avec des œuvres que nous avons découvertes malgré les nombreuses expositions que nous avions visitées auparavant, souvent consacrées à un seul aspect de sa production si riche.
Ainsi ses dessins à l'encre de Chine - discrète allusion au titre de ce blog, comme ci-contre cet autoportrait de 1925 ou ci-dessous ces scènes de rue si bien croquées.
Certains de ces dessins renvoient au thème de la mer et des bateaux, cher à Marquet.
D'autres sont plus académiques.
Précisément, une des premières salles de tableaux s'intitule Le temps des académies...Les deux premiers datent de 1898, quand Marquet fréquentait avec Matisse, Camoin et d'autres l'atelier de Gustave Moreau aux Beaux-Arts, les suivants de 1911 et 1914.
Une section intitulée La fabrique du paysage regroupe des toiles ou des œuvres de techniques diverses exécutées par le jeune Marquet quand il arpentait Paris et sa banlieue avec ses condisciples. Trois d'entre elles se réfèrent explicitement à Arcueil, même si l'auteur du blog serait bien en peine d'en situer actuellement le sujet...
...d'autres annoncent les vues des bords de Seine à Paris qui ont fait la notoriété de Marquet, mais dans un style différent.
Après ces aspects un peu moins connus de Marquet, un aperçu des autres sections de l'exposition.
Un fauve en Normandie (1906-1911). Marquet y fit ses premiers séjours avec Raoul Dufy, et il y revint toute sa vie durant.
Le Port fait référence à un des sujets de prédilection de Marquet : il en fait un paysage moderne, fébrile et vivant : Hambourg, Rotterdam, bien sûr Le Havre, Marseille en hiver et surtout Naples en splendeur au pied du Vésuve.
Paris, la Seine (1902-1947)
Pour citer le dépliant de l'exposition, "les quais que représente Marquet de 1899 jusqu'à sa mort en 1947 sont d'une variété insoupçonnable."
Dans la même section, la Seine qui en 1910 avait la même couleur ocre qu'il y a quelques semaines, et le Pont-Neuf la nuit en 1935.
La section Paysages en miroir (1908-1935), consacrée plutôt aux bords de Seine en amont ou en aval de Paris, n'est pas sans nous rappeler les bords de la Tamise évoqués dans nos billets précédents.
Bords de mer (1926-1936) met en exergue les plages aimées de Marquet : le Pyla, la Goulette en Tunisie.
La section Alger la blanche (1924-1943) présente les tableaux réalisés par Marquet dans cette ville où il passa les années de guerre et où il assista à l'arrivée des Alliés.
Enfin l'exposition se termine avec Par la fenêtre (1932-1942), avec une de ses dernières toiles, de petit format, des persiennes fermées qui "mettent en scène la lumière avec sobriété".
Chefs d'œuvre de Budapest
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Le célèbre musée de Budapest Szépmuvészeti Múzeum étant en cours de rénovation, le musée du Luxembourg accueille ce printemps à Paris quelques œuvres de sa collection et de la Galerie Nationale Hongroise. De la sculpture médiévale au symbolisme et à l’expressionnisme, l’exposition rassemble quatre-vingt peintures, dessins et sculptures de Dürer, Cranach, Greco, Goya, Manet, Gauguin, Kokoschka (…) et une dizaine d’oeuvres emblématiques de l’art hongrois offrant une perspective inattendue sur l’art européen.
Elle s'ouvre sur quelques belles œuvres de la fin du Moyen Âge, comme ces sculptures hongroises de vierge à l'enfant et des rois chevaliers Saint Étienne et Saint Ladislas.
Les peintures exposées dans cette section sont d'origine italienne, illustrant le rôle actif joué par le roi Matthias Corvin (1458-1490) dans l'importation en Hongrie des formes nouvelles de la la première Renaissance italienne.
Les tableaux de la Renaissance germanique sont remarquables : Dürer, Cranach, Altdorfer, ou les dessins animaliers de Hans Hoffman.
Dans la section du Cinquecento, Marco Basaiti, Giovanni Antonio, Jacopo Bassano...
...et dans la section suivante Un nouvel élan religieux, ce Christ de Véronèse, des Greco comme on n'en voit qu'en Espagne, Gentileschi, Johan Liss, Karel Dujardin, et le Saint Jacques de Tiepolo.
Dans la section L'âge d'or hollandais, un portrait d'homme de Frans Hals, une étude de maison par Rembrandt, un intérieur de Pieter de Hooch, une opulente nature morte de Heda.
La section Caractères présente des œuvres diverses censées faire dialoguer des visages : une Jeune fille endormie dont l'attribution résiste à l'analyse, un portrait par Goya, la Dame à l'éventail d'Edouard Manet, une Etude de tête d'homme par Rubens, deux Têtes de caractères de Messerschmidt.
Dans la section La nouvelle peinture, deux beaux Monet, un Gauguin, un Cézanne,...
...et des peintres hongrois comme Mihaly Munkacsy (Etude pour le Mont-de-Piété), Karoly Ferenczy (La femme peintre) Pal Szinyei Merse (L'alouette).
L'exposition se termine avec une section Symbolisme et modernité où se côtoient des œuvres d'artistes hongrois et étrangers : outre le La femme à la cage de Jozsef Rippl Ronai (1892) de l'affiche de l'exposition, on y trouve la Véronique et le voile de la Sainte Face d'Oskar Kokoschka, le Printemps de Franz von Stuck, une Madeleine de Puvis de Chavannes, l'Âge d'or de Janos Vaszary, une Femme assise d'Egon Schiele, La Nouvelle Eve et Le Nouvel Adam de Sandor Bortnyik...
...et, côté sculptures, des Sirènes de Rodin et un Jeune homme (1919) de Beni Ferenczy, le fils du peintre Karoly.