Marseille en hiver
Une pause entre les expositions : nous proposons au lecteur quelques images de Marseille où nous sommes descendus visiter le MUCEM, musée des civilisations d'Europe et de la Méditerranée, chef d'œuvre de l'architecte Rudy Ricciotti qui, accolé au fort Saint-Jean à l'entrée du Vieux-Port, est désormais un des joyaux de ce site unique. Nous consacrerons d'autres billets à ce monument et aux expositions qu'il abrite, nous contentant aujourd'hui de faire partager au lecteur un peu du soleil qui était au rendez-vous. Le Vieux-Port sous le soleil matinal...
Vers le fort Saint-Jean, désormais accessible par une passerelle de Ricciotti et intégré au site du MUCEM...
Dans le quartier du Panier, une merveille d'harmonie classique : l'ancien hospice de la vieille Charité, dû à l'architecte marseillais Pierre Puget, et qui abrite à présent divers musées archéologiques et des locaux de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.
A mi pente au dessus du vieux port, l'abbaye Saint-Victor, fondée au Vème siècle par Jean Cassien à proximité des tombes de martyrs de Marseille, parmi lesquels saint Victor qui lui donna son nom.
Depuis l'esplanade devant l'abbaye, très beau point de vue sur le Vieux-Port et les deux forts qui en défendent l'entrée, Saint-Nicolas et Saint-Jean. A l'arrière-plan, vers les quais du nouveau port, la cathédrale la Major, édifice du XIXème siècle qui se donne des allures de cathédrale de Sienne, n'en aura sans doute pas la longévité, en travaux suite à la constatation de graves désordres...
La montée vers Notre-Dame de la Garde est un peu dure mais au pied de la basilique la vue récompense pleinement le pèlerin...
En empruntant le sentier qui serpente à travers la pinède, on peut atteindre la corniche et la suivre pour retourner vers le centre de la cité, jusqu'au parc du Pharo, actuel palais des congrès, avec une nouvelle vue sur le Vieux-Port et les forts. Comme un peu partout en ville, des panneaux sur l'histoire de Marseille permettent de ne pas "se promener idiot".
Terminons ce tour de ville avec quelques bâtiments culturels ou remarquables : la cité radieuse de Le Corbusier, alias la maison du fada depuis Notre-Dame de la Garde, les immeubles bâtis lors de la reconstruction du Vieux-Port par Fernand Pouillon avec André Lecomte, André Devin et Auguste Perret entre 1947 et 1953, l'hôtel de ville , œuvre de Gaspard Puget, frère de l'architecte de la Charité, un des rares immeubles à avoir échappé aux destructions allemandes de l'Occupation, l'ancienne "Criée libre aux poissons" à présent théâtre national, l'Opéra de Marseille, élégant bâtiment Art déco reconstruit après l'incendie qui ravagea en 1919 l'édifice original de 1787 dont ne subsiste que la colonnade.
Bernard Buffet au Palais de Tokyo
Cette saison ne manque pas d'expositions passionnantes. La rétrospective que consacre le musée d'art moderne de la ville de Paris à Bernard Buffet (1928-1999), artiste jugé par l'intelligentsia et les musées français trop "commercial" et boudé dès le début de son succès par son propre pays, est l'une des plus remarquables. Nous en parcourrons les trois sections qui retracent chronologiquement sa carrière.
L’invention d’un style – 1945 - 1955 / Une gloire fulgurante
Voyage autour de ma chambre. Citons le dossier de presse :
Bernard Buffet "prend ses proches comme sujets, se peint beaucoup lui-même et fait l’inventaire des objets familiers : paniers à bouteilles, dessous de plats, lampes à pétroles et moulins à café. Les animaux qu’il peint –lapin, raie, achetés au marché– s’inscrivent dans une tradition picturale, de Chardin à Courbet."
"Avec Deux hommes dans une chambre, Bernard Buffet remporte à 19 ans le prix de la Critique organisé par la galerie Saint-Placide. Dans le style distinctif de l’artiste, cette œuvre est faite d’un mélange de simplicité, avec des figures statiques, un fond dépouillé, un monde clos peuplé d’ustensiles familiers et insolites qui agissent comme autant de capteurs de sensibilité. Cependant, les personnages qui habitent les toiles de Bernard Buffet se montrent détachés de ce qui les entoure et ne sollicitent en rien le spectateur. Les sujets des premières œuvres de Buffet sont indistinctement des nus masculins et féminins, dans des postures souvent triviales."
Portraits et autoportraits
Sur le thème de la crucifixion
Horreur de la guerre : Bernard Buffet peint ce triptyque et les vingt-six aquarelles qui l’accompagnent en 1954 ; il n’a que 26 ans.
Sur le thème du cirque
La fureur de peindre – 1956- 1976 / Le Tournant
Des paysages...
Un hommage à Courbet, des natures mortes, des images de son atelier, des animaux...
Sa série des Oiseaux, "peintures de format monumental qui réinterprètent d’une manière agressive et osée le thème de Léda et le Cygne", son Museum d'Histoire Naturelle,...
Sa femme Annabelle, un autre de ses sujets inépuisables.. Bernard Buffet sera aussi sollicité par les magazines pour des couvertures sur les grands hommes de l'époque...
Un regard sur son travail de graveur, avec notamment La Voix humaine de Jean Cocteau, où "le graphisme serré remplit la page d’une manière étouffante, la taille fluctuante des caractères figure les changements de ton et recouvre parfois l’image"
Les séries des Femmes déshabillées, des Plages, des Folles, datent de cette époque qui s'achève avec celle des Paysages Tranquilles.
Mythologies – 1977-1999 / L’exil
L'Enfer de Dante, 20 000 lieues sous les mers, ...
Kabuki, Clowns musiciens...
"L’ensemble des Terroristes s’enracine dans la production parfois très violente de l’artiste qui se penche avec récurrence sur le thème de la guerre et son absurdité sacrificielle"
"Le vernissage de l’exposition Mes singes en février 1999 est le dernier auquel Buffet assiste."
"Lorsque Bernard Buffet met fin à ses jours à Tourtour, vingt-quatre toiles numérotées ayant pour thème La Mort sont dans l’atelier, prêtes pour la prochaine exposition. Masculins ou féminins (parfois les deux), ces personnages anachroniques en costumes de la Renaissance ont d’abord été peints vivants, puis Buffet les a peu à peu écorchés de façon à ce qu’apparaisse le squelette, jusqu’à les transformer progressivement en transis."
Hervé Di Rosa et les Arts modestes
Nous n'avions pas encore eu l'occasion d'évoquer dans ces pages la maison rouge, fondation privée reconnue d’utilité publique, qui a ouvert ses portes en juin 2004. Elle a été fondée pour promouvoir la création contemporaine en organisant, au rythme de trois par an, des expositions temporaires, monographiques ou thématiques.
Plus jamais seul, Hervé Di Rosa et les arts modestes, poursuit le cycle des expositions que la maison rouge consacre aux collections privées : c'est la troisième fois depuis sa création que la fondation invite un artiste à mettre en regard son travail avec les œuvres et objets qu’il a collectés.
Hervé Di Rosa (né à Sète en 1959) s’est engagé à partir des années 1980 dans la reconnaissance de l’art modeste qu’il définit lui-même comme « proche de l’art populaire, de l’art primitif, de l’art brut mais ne s’y réduit pas. Il est autant composé d’objets manufacturés que d’objets uniques, pour la plupart sans grande valeur marchande mais à forte plus-value émotionnelle. Les amateurs se retrouvent au-delà du regard critique, de la notion du bon ou du mauvais goût, de la rigueur esthétique, dans un sentiment de bonheur éphémère et spontané, aux parfums de souvenirs d’enfance et de plaisirs simples et non théorisés ». Dès l'entrée de l'exposition, une collection de céramiques et d'objets divers qui évoquent les parents de l'artiste plante le décor de cette définition.
Mais aussitôt passé devant cette collection, on est confronté à des œuvres d'Hervé Di Rosa, elles aussi sans prétention, hétéroclites, mais qui "parlent" toujours au visiteur. On retrouvera ce dialogue tout au long du parcours.
La visite se poursuit à travers une impressionnante installation en forme de passage plongé dans une semi-obscurité, La Vie des Pauvres (1993)
On atteint par ce passage La Boutique de l'Art modeste...
En 2000, Hervé Di Rosa fonde à Sète le MIAM (Musée International des Arts Modestes) qu’il préside depuis et dans lequel il dévoile exposition après exposition les multiples facettes de cet art modeste. La salle suivante évoque ces expositions, de 2000 à 2016...
Au hasard de ces expositions, des œuvres africaines d'art modeste (Nsangou Mama dit Picasso Bamoum avec Le Sida provoque l'Affres), des signatures comme Michel Gondry avec le piano à tricoter de La Science des Rêves ou Jacques Rouxel et ses Shadoks.
Dans la même salle, les Cartes de L'Art modeste, et une installation éphémère en forme de clin d'œil photographique...
La salles intitulée Véhicules présente quelques sculptures montrant ses personnages des Deux Nigauds voyageant dans différents véhicules...
et, en regard, des collections très complètes de véhicules issus de bandes dessinées : Blake et Mortimer, les aéronefs de Tintin (une petite référence à notre dernier billet), Spirou et Fantasio, ...
...des véhicules inspirés par les films de James Bond, des taxis du monde entier.
Dans la foulée, quelques œuvres des années 90, patchwork de feuilles de métal rivetées et laquées et de matériaux divers, et un spécimen de pedicab de Manille qui semble sorti de l'imagination de Gaston Lagaffe : dans le patio de la maison rouge, Théatre d'ombres, ensemble de quatorze scuptures en acier découpé et peint de couleurs vives.
Dans une section intitulée Voyages, un ensembles de dessins Tendres Tropiques faits lors de son passage à la Réunion, de grands tableaux tout simples évoquant Tel Aviv, Miami, Barbès...
Le temps manquant pour présenter en détail les autres salles de cet artiste hors normes dans l'univers duquel on se laisse engloutir peu à peu, nous nous contentons d'un aperçu des autres sections, qui mêlent œuvres originales et collections.
Cabinet de curiosités
(avec tout-de-même, pour le lecteur averti, une deuxième référence à notre dernier billet sur Hergé)
Autour du Monde
Classic
Sous-Marines
...et pour finir,
La Bibliothèque
où l'on peut feuilleter à loisir quelques ouvrages ou regarder un dessin animé réalisé avec les "personnages" d'Hervé Di Rosa.