Pissarro à Éragny
Belle exposition au Musée du Luxembourg ce printemps, consacrée à un peintre parfois un peu méconnu par rapport aux autres impressionnistes alors qu'il est sans doute le plus constant représentant de cette école.
Cette exposition présente le caractère original d'être entièrement consacrée aux vingt dernières années du peintre, de son installation à Éragny-sur-Epte, village du Vexin Français en 1884 à sa mort en 1903.
"Pour l’artiste, la propriété d’Éragny représente l’opportunité d’une stabilité nouvelle, propice au labeur et à la vie de famille. Le lieu propose des motifs nouveaux que Pissarro ne se lasse pas de peindre : fermes, pairies, vergers... Ces motifs lui permettent de renouveler sa peinture, en s’essayant au néo-impressionnisme, mais aussi en explorant de nouvelles techniques telles que l’aquarelle."
Des panoramas à profusion
L'anarchie et la nature
"Marqué par les combats qu’il a dû mener en tant qu’artiste, Pissarro est un fervent partisan de la cause anarchiste tout au long de sa carrière. Il se lie d’amitié avec de nombreuses personnalités telles qu’Élisée Reclus et Octave Mirbeau, grâce à qui il découvre la littérature anarchiste."
Un renouveau artistique (1886)
"Les premières années à Éragny marquent une étape nouvelle dans la vie artistique de Pissarro. Peu après son arrivée, sa technique impressionniste connaît une évolution sans précédent. Les tableaux de cette période témoignent toujours d’une recherche sur les effets de lumière liés aux changements de temps. Cependant, ils sont marqués par un travail sur le contraste des couleurs complémentaires, annonçant le style néo-impressionniste que le peintre adoptera par la suite. L’année 1886 est marquée par la dissolution du groupe impressionniste. Pissarro et son fils aîné Lucien se rapprochent alors d’une nouvelle génération de peintres dont Seurat est le chef de file."
Deux tableaux de Lucien Pissarro (1863-1944) sont exposés aux côtés de ceux de son père :
L’homme et la nature (1886-1890)
"Avant son installation à Éragny, Pissarro a déjà très largement représenté la vie à la campagne, notamment à Louveciennes, à Auvers ou à Pontoise. Après 1886, l’artiste continue à travailler à ce thème et élargit également sa pratique, s’essayant à la gouache, au pastel, à l’aquarelle ainsi qu’à l’eau-forte et à la gravure. Pissarro y trouve un véritable intérêt artistique. Ces techniques, plus rapides d’exécution, lui permettent une production nombreuse et plus facile à vendre que ses toiles néo-impressionnistes, longues à réaliser et qui suscitent moins d’enthousiasme auprès des amateurs et de son marchand, Paul Durand-Ruel. Ses paysages de campagne reçoivent les éloges de plusieurs critiques d’art."
Par-delà les frontières d’Éragny (1894-1914)
"En 1894, Lucien, le fils aîné de Camille Pissarro, fonde en Angleterre Eragny Press avec son épouse Esther. La petite maison d’édition publie alors son premier livre, La Reine des poissons (Queen of the Fishes). Le nom de l’entreprise basée à Epping, dans l’Essex, se veut un hommage au village familial du Vexin français. Au cours des vingt années de son existence, Eragny Press édite les textes de plusieurs auteurs, dont de nombreux Français, tels que François Villon, Charles Perrault ou encore Gustave Flaubert. Au-delà des textes classiques, la maison d’édition publie deux volumes de l’Ancien Testament. Pissarro suit de près l’élaboration des dessins de Lucien et corrige ses esquisses ; les illustrations des publications d’Eragny Press sont ainsi très inspirées des sujets de l’artiste, même après sa mort."
Richesse du paysage (1887-1894)
"Pissarro ne se lasse pas de représenter les vues depuis la fenêtre de son atelier ou de la maison, multipliant les perspectives vers Bazincourt. L’artiste découvre dans chacune de ses séances de travail quelque chose de neuf : l’effet d’un soleil couchant, d’une gelée matinale ou d’une brume épaisse enrobant le paysage. Fervent néo-impressionniste à partir de 1886, il renonce à cette technique en 1894 non sans avoir tiré de cette période des enseignements qui lui permettent de revenir à sa pratique impressionniste initiale, de façon renouvelée. En 1895, il se considère plus que jamais comme le seul véritable impressionniste."
Les Travaux des champs (1894-1901)
"Dès la fin de 1886, Pissarro s’attèle à la conception d’un livre illustré sur le travail agricole. L’ambitieux projet des Travaux des champs passe par plusieurs étapes. En 1894, The Vale Press, à Londres, publie une première version de l’ouvrage. Dans les années qui suivent, Pissarro s’inspire de nouveaux thèmes pour ce projet et se met à dessiner des compositions plus élaborées. Une abondante correspondance témoigne de l’évolution de ses recherches et de ses inspirations au fil du temps. Avec Lucien, Pissarro échange lettres et esquisses définissant différentes catégories de travail rural. L’artiste n’a jamais réussi à terminer son ouvrage. Cependant, Lucien a utilisé la plupart des esquisses et des sujets de son père pour illustrer La Charrue d’érable d’Émile Moselly en 1912."
Certaines épreuves illustrent de façon très intéressante la progression du travail de l'artiste :
Éragny : une source d’inspiration inépuisable (1894-1902)
Citons une nouvelle fois, pour cette dernière salle de l'exposition, qu'on peut considérer comme son point d'orgue, le dépliant :
"Saison après saison et année après année à la tête d’une famille grandissante, Pissarro s’est toujours acharné au travail, développant et élargissant ses champs de recherches. Son environnement et les personnes qui l’entourent lui apportent une multitude d’inspirations. Éragny représente donc bien plus qu’un simple village dans les vingt dernières années de l’artiste, c’est le lieu dans lequel il aura séjourné le plus longtemps, sans jamais en épuiser le potentiel artistique. Il s’épanouit ainsi dans cet environnement naturel et capture visuellement tous ses sujets avec une passion pour le travail, comme jamais auparavant dans sa carrière. Pour Pissarro, la créativité de l’artiste ne s’étiole pas avec les années, pourvu qu’il reste au travail"
Souvenirs de Bretagne
En cette fin de vacances scolaires, nous partageons avec le lecteur quelques images de vacances de printemps au pays des Abers.
Au bord de l'Aber Benoît à Saint-Pabu...
Le long de l'Aber Wrac'h, avec le port de Paluden et une échappée sur le chantier du regretté père Jaouen où le Bel Espoir est amarré...
Les plages de sable blanc entre Saint-Pabu et Portsall, avec kyte-surf et équitation...
La petite pointe face à l'île de Rosservo, avec ses fours à goëmon...
La côte au sud de Portsall...
Sans oublier le patrimoine : château de Kergroadec, chapelles Saint Ourzal, Saint Léonor à Porspoder...
...et la faune bretonne : dorade et vaches aux yeux tristes...
Cy Twombly (1928-2011)
Le Centre Pompidou organisait cette année la première rétrospective complète de l'oeuvre de Cy Twombly et nous nous devons de faire partager au lecteur notre découverte de cette oeuvre complexe et attachante.
Né en 1928 à Lexington,(Virginie), Cy Twombly est décédé en 2011, à l'âge de quatre-vingt-trois ans, à Rome où il a passé une grande partie de sa vie. Unanimement salué comme l'un des plus grands peintres de la seconde moitié du 20e siècle, il partageait sa vie entre l'Italie et les États-Unis.
L'expo est construite autour de trois grands cycles : Nine Discourses on Commodus (1963), Fifty Days at Iliam (1978) et Coronation of Sesostris (2000) et retrace l'ensemble de la carrière de l'artiste à travers un parcours chronologique de cent quarante peintures, sculptures, dessins et photographies. Commençons par les années 50, avec les oeuvres sans doute les plus austères...
Les oeuvres qui suivent, des années 60, ont des titres "évocateurs" comme School of Fontainebleau, Dutch Interior, School of Athens...
Nine discourses of Commodus, The Vengeance of Achilles,...
Problems I, II, II, Night Watch, Treatise on the Veil.
Le visiteur débouche, avant de reprendre le parcours pictural, sur la salle où sont exposées les sculptures de Cy Twombly, des années 50 aux dernières années de sa vie...
Le parcours reprend avec les années 70, notamment Bacchanalia-Fall (1977), Fifty Days at Iliam (1978)
Les années 90, avec les Quattro Stagioni : Primavera, Estate, Autunno, Inverno (1993-1995) puis en 2000 Coronation of Sesostris...
Le parcours se termine en beauté sur les grandes toile colorées de la fin de la vie de Cy Twombly, variations emplies de poésie..