Pays de Saumur

Essayant d'alterner entre expositions et découvertes touristiques, quelques images d'une belle journée au bord de la Loire éclairée par le soleil de juin et l'amitié.
Le plus bel endroit pour découvrir Saumur est la rive droite de la Loire, l'essentiel du Saumur historique s'étendant le long de la rive gauche du fleuve.
Quelques zooms sur l'église Notre-Dame des Ardilliers, le château, l'église Saint-Pierre-du-Marais, l'Hôtel de Ville, le théâtre...
Le touriste affamé pourra monter par les rues bordées de maisons anciennes vers la place Saint-Pierre où il trouvera pour se restaurer d'accueillantes terrasses...
L'église Saint-Pierre, qui conserve un beau choeur roman, constitue un bel ensemble qui mêle de nombreux styles, notamment parce que, à l'instar du château dont la partie ouest du rempart nord s'est effondrée en 2001, ses fondations sont instables et ont nécessité des travaux au cours des siècles.
On ne peut quitter Saumur sans jeter un coup d'œil à la célèbre école d'application de l'Arme Blindée-Cavalerie...
ni visiter la chapelle classique Notre-Dame des Ardilliers, qui forme avec les anciens bâtiments conventuels des Oratoriens à présent occupés par un lycée privé professionnel et technologique un magnifique ensemble.
À quelques kilomètres en amont, la collégiale Saint Martin de Candes domine le confluent de la Vienne avec la Loire. Elle a été construite principalement entre 1175 et 1250 à l'emplacement d'une église fondée par Saint-Martin qui y est mort en 397, venu en visite de son évêché de Tours.
Son porche Nord, monumental et finement décoré, accueille le pèlerin
L'intérieur frappe par sa luminosité et la richesse de sa décoration,
avec notamment ses nombreuses statuettes polychromes.
Et pour finir, ne pas oublier de déguster les produits locaux...
Ross Lovegrove - Convergence
Une fois de plus, une exposition du Centre Pompidou nous fait découvrir un designer époustouflant, Ross Lovegrove, un Anglais né en 1958 dont les créations sont toutes plus étonnantes les unes que les autres. Il au début de sa carrière conçu le Walkman de Sony, l'iMac d'Apple, ...
Nous nous proposons de vous le faire découvrir à votre tour, à travers les réalisations exposées, parfois des objets "usuels", de dimension variable puisqu'ils vont des couverts ou vases au mobilier urbain de dimension architecturale en passant par les véhicules, parfois des réalisations au caractère abstrait témoignant des recherches de l'artiste.
Les premières images que nous avons de l'expo sont un peu déroutantes, avec notamment le Concept Car Swarovski Crystal Aerospace, prototype de voiture solaire, et d'autres installations plus mystérieuses
Un peu de concret, avec des chaises, un canapé et ces éléments d'escalier réalisés pour Novartis.
Où l'on voit que fauteuils empilés et escaliers peuvent conduire à des installations esthétiques, que la feuille du Gingko Biloba peut inspirer une table en fibre de carbone. La sculpture Ridon (2005) réunit selon le cartel la trinité chère à Lovegrove : beauté organique, réduction de la matière, attention portée à la structure et à l'ergonomie.
De très beaux objets avec cette valise, ces vélos, ces couverts et ustensiles, ce siège dont il reste à savoir s'il est aussi confortable qu'esthétique
Encore un peu d'abstraction avec ces objets créés numériquement à partir de l'observation de structures naturelles...
Une mention spéciale pour ce concept car Twin'Z réalisé par Ross Lovegrove pour Renault, préfigurant la future génération des Twingo...
Des chaises d'une série de 100, imprimées en 3D, toutes uniques, "soumises à des variations inspirées par l'anatomie humaine", des chaussures à talon (oui, les vertes!), un fauteuil, une table, des enceintes acoustiques, des sièges d'avion...
Si vous vous laissez tenter - d'ici le 3 juillet - par cette belle exposition, vous pourrez la conclure comme nous par une vidéo où Ross Lovegrove expose sa démarche - un peu complexe, mais passionnante...Comble du raffinement, le petit espace vidéo est équipé de fauteuils dus au designer!.
Nivernais Roman
A l'occasion d'une promenade avec nos bons amis à bord de Sabrina sur le Canal latéral à la Loire, nous souhaitons vous faire partager quelques beautés du patrimoine roman de cette région.
Nous avons évoqué dans un précédent billet la cathédrale Saint-Cyr et Sainte-Julitte de Nevers dont la longue histoire a mêlé avec harmonie les éléments romans d'origine et les somptueuses extensions gothiques. Au hasard des rues de Nevers, de nombreux vestiges romans attirent l'attention comme cet ancien monastère à usage commercial, cet autre - Abbaye Notre-Dame -sur lequel s'est appuyé le moderne musée de la faïence...
...mais le joyau roman de Nevers est sans conteste l'église Saint-Etienne, presque cachée au fond d'une ruelle.
Sa silhouette trapue apparaît au milieu d'une sorte de cour. La perte à la Révolution de ses trois hautes tours l'a certes mutilée mais elle n'a fait qu'en gagner en simplicité : la gravure ci-contre (cliché Jochen Jaknke) montre l'état de la façade avant 1792, avec son narthex ajouté au xIIe siècle et lui aussi détruit.
Classée dès 1840, elle a été qualifiée par Viollet-le-Duc de "monument le plus parfait que le xie siècle ait laissé à la France".
Ancien monastère bénédictin, les bâtiments conventuels ont été détruits mais on trouve des vestiges du cloître contre le bas-côté sud de l’église.
Le chevet : sobriété des proportions, harmonie de l’agencement de ses masses, avec ses trois chapelles rayonnantes, les deux absidioles du transept, le toit du déambulatoire puis le mur de l'abside, le tout couronné par la souche de la tour qui se dressait primitivement sur la croisée du transept. Des contreforts plats renforcent cette verticalité.
L'intérieur est d'une grande beauté, notamment la nef composée de six travées, voûtée d’un berceau en plein cintre soutenu par des doubleaux reposant sur des colonnes engagées. Elle est singulière par son élévation de trois étages, qui culmine à 18 mètres sous une voûte en berceau et représente une prouesse qui restera inégalée jusqu'à la période gothique.
Même en pleine campagne, on peut trouver des merveilles romanes, telle la si attachante petite église de Jaugenay, quasiment intacte depuis la deuxième moitié du XIIème siècle malgré les vicissitudes qui en ont fait longtemps une grange et qui a été classée en 1976.
L'intérieur de cette petite église de campagne désaffectée depuis deux siècles est très simple mais a conservé d'originaux chapiteaux.
Terminons sur le prieuré Notre-Dame à La Charité sur Loire, à l'histoire elle aussi tourmentée puisqu'un incendie la ravagea en 1559 et conduisit à la perte d'une des deux tours de façade et des premières travées de la nef. De plus, en 1840 Prosper Mérimée, inspecteur général des monuments historiques, sauva l'édifice d'une destruction programmée par le passage de la route royale de Nevers à Paris entre le chœur et la tour de façade.
Ci-dessous une maquette du prieuré avant l'incendie de 1559, l'ancienne entrée dans son état actuel, ce qui reste des premières travées et l'entrée actuelle vers les travées intactes de la nef
Quelques vues de l'intérieur, avec le très beau tympan de l'église primitive replacé à l'intérieur du bâtiment.
Terminons en apothéose ce billet sur l'admirable chevet de cette église Notre-Dame de la Charité.
Tokyo Paris, chefs-d’œuvre du Bridgestone Museum of Art
Le fondateur de la célèbre entreprise de pneumatiques Bridgestone, Shojiro Ishibashi (1889-1976), a commencé sa collection dès la fin des années 1930 et a fait édifier un musée à Tokyo en 1952 pour la présenter au public : elle comporte des œuvres de la période impressionniste et des œuvres d'art moderne occidentales et japonaises. La collection a ensuite continué d'être enrichie par les générations suivantes de la famille Ishibashi : la fondation conserve aujourd'hui plus de 2600 œuvres.
À l'occasion des travaux de l'actuel musée et en attendant la livraison de nouveaux bâtiments, les chefs-d’œuvre de la collection sont présentés en ce moment au musée de l'Orangerie. Il s'agit d'une occasion unique pour les découvrir en s'épargnant un voyage au Japon !
Comme le soulignent les organisateurs, il y a un lien particulier entre le musée Bridgestone et celui de l'Orangerie, nés l'un comme l'autre de l'ouverture au public, par la création d'une fondation pour l'un ou un don à l'Etat pour l'autre, d'une collection rassemblée par un industriel - la collection Ishibashi et la collection Walter-Guillaume.
Une dynastie industrielle éprise d’art
Un hommage à Shojiro Ishibashi, avec son buste par Fumio Asakura, devant l'oeuvre de Shigeru Aoki (1882-1911) Un présent de la mer - 1904.
Le premier goût pour la peinture yôga
Ce terme désigne la peinture moderne japonaise de style occidental. Celle-ci occupe une place de choix dans la collection que Shojiro Ishibashi a constituée : ce sont les premières œuvres qu’il a acquises, à partir de la fin des années 1920.
Takeji Fujishima (1867-1943) Réminescence de l’ère Tempyo - 1902, Éventail noir, 1908-1909
Shigeru Aoki (1882-1911) Paradis sous-marin, 1907, Marine, Mera, 1904
Hanjirô Sakamoto (1982-1969) Trois chevaux paissant, 1932
Sôtarô Yasui (1888-1955) Portrait de Mme F., 1939
et aussi Tsuguharu Fujita (1886-1968), mieux connu du public français, Nature morte au chat, 1939-1940
L’impressionnisme au cœur de la collection
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) Petite fille, 1887
Edgar Degas (1834-1917) Au foyer de la danse, 1895-1898, Après le bain, vers 1900, Portrait de Léopold Levert, vers 1874
Gustave Caillebotte (1848-1894) Jeune homme au piano, 1876
Édouard Manet (1832-1883) Le Bal de l’Opéra, 1873, Portrait de Manet par lui-même, dit aussi Manet à la calotte, 1878-1879
De Renoir encore, Mlle Georgette Charpentier assise, 1876
Honoré Daumier (1808-1879) Don Quichotte et Sancho se rendant aux noces de Gamaches, vers 1850
Camille Corot (1796-1875) La Jeune Femme dans le bois, 1865
Gustave Courbet (1819-1877) Cerf courant dans la neige, vers 1856
Jean-François Millet (1814-1875) La Traite des vaches à Gréville, 1854-1860
Eugène Boudin (1824-1898) Scènes de plage aux environs de Trouville, vers 1865
Claude Monet (1840-1926) L’Inondation à Argenteuil, 1872-1873
Camille Pissarro (1830-1903) Jardin potager au jardin de Maubuisson, Pontoise, 1878
Alfred Sisley (1839-1899) Saint-Mammès et les coteaux de la Celle – matin de juin, 1884 et Rue de village à Marlotte – femmes allant au bois, 1866
de Monet encore Belle-Île, effet de pluie, 1886, Nymphéas, 1903, Nymphéas, temps gris, 1907, Crépuscule à Venise, vers 1908
de Renoir enfin Terrasse à Cagnes, 1905
Le post-impressionnisme dans la collection, de Cézanne à Toulouse-Lautrec
Paul Gauguin (1848-1903) Les Foins, 1889, Nature morte à la tête de cheval, 1886, L’Aven, 1888
Paul Cézanne (1839-1906) Baigneurs au repos, vers 1875-1877, Baigneurs, vers 1897-1900, Cézanne coiffé d’un chapeau mou, vers 1890-1894, Montagne Sainte-Victoire et Château Noir, vers 1904-1906
Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) Au cirque : dans les coulisses, vers 1887
Gustave Moreau (1826-1898) La Toilette, vers 1885-1890
Vincent Van Gogh (1853-1890) Moulins et jardins à Montmartre, 1886
Auguste Rodin (1840-1917) Faunesse debout, vers 1884 - Marbre, H. 71 cm
L’art moderne dans la collection, de Matisse et Picasso à l’abstraction
Émile-Antoine Bourdelle (1861-1929) Pénélope, 1909 Bronze, H. 118,8 cm
Ossip Zadkine (1890-1967) Torse (Torso), 1951 Ébène, H. 131 cm
Constantin Brancusi (1876-1957) Le Baiser, 1907-1910 Plâtre, H. 28 cm
Henri Rousseau (1844-1910) L’Herbage, 1910
Amedeo Modigliani (1884-1920) Portrait d’homme, dit aussi Le Jeune Paysan, vers 1918
Pablo Picasso (1881-1973) Bouteille de marc de Bourgogne, verres, journal, 1913, Corrida : cheval blessé, 1923, Saltimbanque aux bras croisés, 1923, Tête de femme, 1923
Maurice Denis (1870-1943) La Bacchanale, décor pour le magasin « Le Tigre royal » à Genève, 1920
Giorgio De Chirico (1888-1978) Troubadour, date inconnue
Paul Signac (1863-1935) La Rochelle, date inconnue
Henri Matisse (1869-1954) Collioure, 1905, Nu dans l’atelier, 1899, La Jacquette rayée, 1914, Figure au corselet bleu, 25 juin 1935, Nature morte – symphonie en rouge, 1927
Raoul Dufy (1877-1953) Nature morte aux fruits, vers 1915-1920
Pierre Bonnard (1867-1947) Paysage d’été, dit aussi Paysage de Vernon, 1929
Paul Klee (1879-1940) Île, 1932
Piet Mondrian (1872-1944) Étude de dune pointilliste, crête à gauche, 1909
Chaïm Soutine (1894-1943) Le Grand Arbre dans un village du Midi, vers 1924-1925
Entre Orient et Occident : abstractions et figurations d’après-guerre
Joan Miró (1893-1983) Peinture, 1927
Jean Fautrier (1898-1964) Spires, 1963 et Tête d’otage, 1945
Kazuo Shiraga (1924-2008) Konto, 1990
Pierre Soulages (né en 1919) Peinture, 26 mai 1969, 1969
Wou-Ki Zao (1920-2013) 07.06.85, 1985
Hans Hartung (1904-1989) T 1963 K7, 1963
Hisao Domoto (1928-2013) Solution de Continuité no 9, 1964
Kazuo Shiraga (1924-2008) Kannon Fudara Jodo, 1972
Jackson Pollock (1912-1956) Number 2, 1951.
Les vitraux de Saint Cyr et Sainte Julitte
La cathédrale de Nevers, dédiée à Saint-Cyr et à sa mère Sainte Julitte, domine la ville haute et la Loire à ses pieds. Elle a subi en juillet 1944, suite à une "fâcheuse erreur d'appréciation lors d'un raid aérien de la RAF sur des entrepôts ferroviaires voisins" de graves dommages qui en avaient notamment détruit tous les vitraux.
Leur remplacement a donné lieu à un projet qui, initié par André Malraux dans les années 1960, a été relancé dans les années 1980 sous l'influence du Président Mitterrand : le projet s'est étendu sur de nombreuses années, avec l'interventions de plusieurs artistes aux styles assez différents, mais dont la réunion constitue un ensemble magistral. Avant d'entrer dans le vif du sujet, quelques images de l'extérieur de la cathédrale : gargouilles, chevet...
...et de l'intérieur, avec la peinture murale de l'abside romane, une belle mise au tombeau du XVème dans la crypte, une horloge ancienne, l'élégant transept, la grande nef gothique...
Dans la crypte romane, le style dépouillé de Gottfried Honegger, (maître verrier : Jean Mauret) qu'on retrouve aussi dans les baies hautes de la nef, côté nord en bleu. Dans celles du du côté sud, qui a échappé à mon objectif, les motifs sont en rouge (photos © Denis Krieger)
Les fenêtres basses de la nef sont dues à François Rouan, associé au maître-verrier Benoît Marq.
C'est Jean-Michel Aberola, associé au maître verrier Dominique Duchemin, l'artiste le plus figuratif du lot. Ci-dessous la Pentecôte, le baptême du Christ, le passage de la mer Rouge,...
...la Création, l’Église, la chapelle de Saint-Laurent, celle de l'Arche de Noé.
Sont dus aux mêmes artistes les très beaux ensembles de la chapelle des mystères joyeux, de celle du Saint-Sacrement, de celle du Souvenir, ainsi que les vitraux des côtés du transept.
Complétons cette rapide présentation par un aperçu du travail d'un autre artiste non figuratif, Claude Viallat, associé au maître-verrier Bernard Dhonneur, qui a notamment réalisé les baies hautes de la nef et du chœur.