Magique Aber Benoît

Malgré une météo que les journaux locaux qualifient modestement de "capricieuse", l'Aber Benoît conserve cet été encore tout son charme pour les vacanciers.
Que ce soit depuis la mer en promenant de jeunes visiteurs autour des figures tutélaires du Chien et de la Jument...
...en rencontrant toutes sortes d'embarcations de loisir et de travail, et même un monument historique comme le canot de sauvetage Yvon Salaün...
...ou en parcourant le sentier côtier à Saint-Pabu.
Les vues sur l'aber, depuis les maisons de la pointe de Kervigorn, ont beaucoup de charme...
...jusqu'à Corn Ar Gazel, qui conserve la mémoire du dernier conflit.
La plage d'Erleac'h, notre favorite, où il n'est pas difficile de trouver une place pour poser sa serviette...
Comme l'an passé - voir notre billet du 29 juillet 2016 - la commune de Saint-Pabu a confié à un artiste le soin d'égayer les lieux par quelques sculptures...
Et si le temps persiste dans sa morosité, Guignol attend petits et grands sur la place Theven Ar Reut.
Portraits de Cézanne au musée d'Orsay

Le musée d'Orsay consacre cet été toute une exposition à un aspect de l'œuvre de Cézanne moins emblématique que ses paysages ou natures mortes mais plus intime et plein d'intérêt.
Cézanne n'a peint qu'environ deux cents portraits, et cette exposition exceptionnelle en rassemble près de la moitié, peints tout au cours de sa carrière, représentant toujours des proches, parents et amis, car il n'a jamais accepté de commande.
Parmi cette série des plus anciens, le portrait du père de l'artiste, et celui du peintre Achille Emperaire, refusé au salon de 1870 et qui fait partie des collections permanentes d'Orsay.
Dans ses sujets de prédilection, au début de sa carrière avant les années 70, son oncle Dominique, avocat, qu'il peint à grands coups de couteau, à la manière de Courbet
Quelques-uns des rares dessins de l'exposition
Beaucoup d'autoportraits et de portraits d'artistes amis...
Encore quelques figures diverses...
...avant d'aborder un des thèmes à la fois les plus récurrents et énigmatiques, les portraits qu'il réalise tout au long de leur vie commune d'Hortense Piquet qui fut sa maîtresse, la mère de son fils Paul, et enfin son épouse...
Pour finir, des portraits d'amis...
...et ceux réalisés vers la fin de sa vie.
Pays Basque, de part et d'autre de la Bidassoa

En alternance avec les grandes expositions, quelques photos d'un bref séjour au Pays Basque en juin dernier.
Biarritz, notre point d'attache, avec sa grande plage et son petit port....
Saint-Sébastien (Donostia), sous un soleil aussi basque que le soleil breton, avec sa vielle ville et sa place de la constitution aux fenêtres numérotées pour servir de loges lorsque s'y déroulent des fêtes......
Le retable de Saint-Vincent, la plus ancienne église de la ville
Le port avec le musée naval et l'aquarium...
L'île Santa Klara et le Monte Igueldo, à l'entrée de la baie, la Concha, immense plage en bordure de la ville neuve,
La mairie, le musée municipal San Telmo, le drapeau basque qui flotte sur la place de Guipuzcoa...
Toujours sous la pluie, plus à l'ouest, Zumaia avec son église fortifiée et sa plage si particulière, avec son sable sombre et ses fameuses falaises de flysch, alternance de grès et de schistes argileux...
De retour du côté français - et du soleil - Urrugne avec sa charmante église, son monument aux morts qui a su garder son caractère local...
...et, pour terminer, Saint-Jean-de-Luz, avec son port, d'où nous apercevons la localité voisine de Ciboure, le chenal avec la navette maritime rétablie il y a quelques années et si pratique, la vue sur Socoa d'où nous partions, jadis, pour la traversée de la baie à la nage le 14 juillet, l'une des deux tours dues à l'architecte André Pavslovski...
...l'église Saint-Jean Baptiste qui vit en 1660 le mariage du jeune Louis XIV avec l'infante Marie-Thérèse...
et depuis la pointe de Sainte-Barbe, la vue sur la ville et la grande plage, sur les ouvrages qui, entre la pointe et Socoa, protègent Saint-Jean et sa baie, et sur les falaises de flysch, qui rappellent, en moins spectaculaire, celles de Zumaia.
Walker Evans
Belle rétrospective au Centre Pompidou d'un photographe américain des plus marquants du 20ème siècle, Walter Evans (1903 - 1975)
Si son oeuvre photographique est profondément ancrée dans l'observation de la vie quotidienne et reflète l'Amérique profonde, Walker Evans a été marqué par le séjour qu'il effectua à Paris dans les années 20, avec l'ambition de se consacrer à l'écriture. Il suivit un cursus de langue et civilisation française à la Sorbonne, s'exerça à la traduction de Cendrars, Gide, Baudelaire.
La rétrospective retrace la totalité de la carrière de l’artiste à travers plus de 300 tirages d'époque. Elle accorde également une large place aux collections de cartes postales, de plaques émaillées, d’images découpées réunies par Walker Evans tout au long de sa vie.
De retour à New York en 1927, ayant décidé de devenir photographe, ses premiers clichés font une large part aux techniques de la plongée, la contre-plongée, le gros plan, le décadrage, la surimpression ou les jeux graphiques. Son style, d'après les commissaires de l'exposition, "relève de ce qu’il faut bien qualifier, malgré l’apparente contradiction, d’un modernisme photographique des plus classiques".
C’est à travers deux rencontres décisives que Walker Evans sortira de ce "modernisme classique", celle de Lincoln Kirstein qui lui propose début 1931 de l’accompagner pour photographier l’architecture victorienne du nord-est des États-Unis et celle de Berenice Abbott, photographe de grand talent, qui lui fait découvrir fin 1929 les clichés du vieux Paris d’Eugène Atget. En citant toujours les commissaires, "Evans découvre un domaine qu’il ne cessera plus jamais d’explorer : celui de la culture populaire, domestique et utilitaire, c’est-à-dire vernaculaire."
Architectures victoriennes
Façades, affiches, signes...
Torn Movie Poster (1930), Highway Corner Reedsville, West Virginia (1936), Roadside Stand near Birmingham, Alabama (1936) Garage, Atlanta, Georgia (1936) Christ or Chaos (1943)
Le peuple des humbles...
Ces photographies proviennent d'un voyage à la Havane en 1933 et de la mission qu'il effectua en compagnie de l’écrivain James Agee de 1935 à 1937 pour la Farm Security Administration (FSA), un programme gouvernemental du New Deal destiné à venir en aide aux cultivateurs les plus touchés par la crise économique. Citons encore les commissaires : Walker Evans "ne cherche surtout pas à faire de l’art, mais plutôt à documenter la résilience ou la dignité humaine face à l’adversité. À de rares exceptions près, qui révèlent les limites d’Evans face à la souffrance, ses photographies ne sont pas volées. Les personnes qu’il photographie participent à la construction de leur image en regardant le photographe, son objectif, et par-delà ceux qui bientôt les dévisageront."
Ruines
Stamped Tin Relic (1929), Louisiana Plantation House (1935) Negro Barbershop Interior, Atlanta (1936), Corrugated Tin Facade (1936), Ringling Bandwagon, Circus Winter Quarters,Sarasota (1941)
Portes, Monuments, Églises
Ionic Doorway, New York State (1931), Doorway, 204 West 13th Street, New York City (1931), Doorway, Greenwich Village, New York (1934), Gravestone (Crystal Springs) Mississipi (1935), Mainstreet of Pennsylvania Town (1935)
Negroes Church, South Carolina (1936), Untitled, Church (1936), Wooden Church, South Carolina (1936), Church, Georgia (1936)
Masques, outils
Quatre planches du portefeuille African Negro Art (1935)
Bricklayers Pointing Trowel by Marshaltown Trowel Co, $1.35 (1955)
Terminons sur ces portraits de citadins pris à l'improviste, caractéristiques de Walker Evans, qui en a pris plusieurs séries.
Bridgeport (1941)
Six clichés des Detroit Pedestrians (1946)
Corner of State and Bridgeport Streets, Chicago (1947)
...et quelques photographies des passagers du métro new-yorkais, entre 1938 et 1941.
Walker Evans "opère avec un petit appareil dissimulé dans l’échancrure de son manteau. La série sera partiellement publiée en 1955 et 1962 dans des revues, exposée au MoMA en 1966 et éditée sous la forme d’un livre la même année. À la différence d’un portraitiste classique, Evans ne choisit pas ses sujets en fonction d’une particularité, ce sont les passagers eux-mêmes qui viennent « inconsciemment s’asseoir devant une machine fixe et impersonnelle ». Par le dispositif mis en place, puis par le recadrage des images serrées sur le visage, il transforme ainsi le wagon du métro en une cabine de Photomaton, le processus photographique le plus neutre et automatique qui soit."