Delacroix (1798-1863)

Un des grands événements culturels de la saison à New York semble être, d'après la presse, l'exposition Delacroix au Metropolitan Museum : cela m'a rappelé que c'est le Louvre qui en est l'organisateur avec le Metropolitan et que je l'avais vue au printemps à Paris sans en rendre compte dans ce blog.
Je vais essayer de rattraper cette omission coupable en quelques coups de projecteur, sans être aussi exhaustif que d'habitude car elle est un peu lointaine à présent - dans le temps et dans l'espace...
Le visiteur est accueilli dès l'entrée par les grands tableaux monumentaux. qui, peints dans sa jeunesse, témoignent de son précoce génie ..
...connus comme La Barque de Dante (1922), Scènes des massacres de Scio (1824), La Liberté guidant le peuple (1830),
...ou moins célèbres comme La Grèce sur les ruines de Missolonghi (1826) et La Bataille de Nancy (1831)
Une très belle série de lithographies de son Faust (1926-1927), certaines avec de nombreuses et intéressantes "remarques"
Toujours des tableaux de jeunesse, comme cette académie (Mademoiselle Rose) vers 1820
ou la Jeune orpheline au cimetière (1824)
A défaut de la monumentale Mort de Sardanapale (1827) que l'on n'a pas descendu des étages du Louvre, des études et esquisses...
On apprend que Delacroix a peint aussi dans les années 25-26 de petits tableaux destinés aux cabinets d'amateurs...
Figurent quelques exemples de ses incomparables études d'animaux ...
De nombreux tableaux inspirés par son voyage en Afrique du Nord en 1832...
ainsi que ses croquis...
Ce voyage restera une source d'inspiration toute sa vie...
Notons au passage cet autoportrait de 1837 qui a orné nos billets de 100 Francs pendant des années avant l'introduction des billets en euros...
Les natures mortes constituent aussi un aspect méconnu et intéressant de son oeuvre...
De nombreuses scènes religieuses, comme ce Saint-Sébastien, ou ce premier calvaire haut en couleurs qui heurta ses commanditaires vannetais et le conduisit à plus de sobriété par la suite...
La fin de l'exposition montre comment Delacroix revisita au long de sa carrière ses thèmes de prédilection. Terminons sur ces belles scènes où s'affrontent homme et animal...
Lavardin (Loir-et-Cher)
Lavardin, labellisé parmi les "Plus beaux villages de France" , est une toute petite commune du Loir-et-Cher située près de Montoire - celui de la tristement célèbre entrevue.
On le repère de loin grâce aux imposantes ruines du château médiéval qui domine le site, mais ce dernier est loin d'en être le seul attrait.
C'est surtout l'église romane Saint-Genest, avec ses peintures murales, que nous présenterons en détail à nos lecteurs.
Que ce soit dans la lumière du soleil couchant...
...ou lorsque nous revenons la visiter dans la journée, sa silhouette rustique aux lignes épurées invite à la découverte.
Dès l'entrée, la richesse et l'originalité de ses peintures murales est à couper le souffle.
Sur les parois latérales du chœur, des scènes de la vie du Christ et une allégorie du Jugement dernier.
A la voûte du chœur, le Paradis où alternent saint et anges musiciens...
Au fond du choeur, le Christ en majesté, dans une mandorle, est entouré du tétramorphe, dont l'ange est presque totalement effacé.
Les décors des piliers, en majeure partie du XVème s., sont dans un état de consevation variable, mais très attachants de naïveté...
Saint Antoine, que l'on priait pour "le feu de Saint-Antoine", maladie provoquée par l'ergot de seigle, entouré d'ex-voto en forme de pieds et de mains.
et des figures que je n'ai pu identifier...
L'oeuvre sans doute la plus remarquable est un baptême du Christ, réalisé a fresco à la fin du XIIème s., sur un fond de lait de chaux...
Pour terminer la visite de l'église, quelques détails des peintures...
et de l'architecture.
Du parvis de l'église, imprenable vue sur les ruines du château...
En s'approchant de la forteresse, un dernier regard sur l'église et le village perdus dans les frondaisons.
Junya Ishigami, Freeing Architecture
Nous renouons avec les expositions parisiennes, en visitant de justesse - car elle avait été heureusement prolongée jusqu'au 9 septembre, celle consacrée par la fondation Cartier à Junya Ishigami. Laissons parler le dépliant : "Figure majeure et singulière de la jeune scène architecturale japonaise, Lion d’or à la Biennale d’architecture de Venise en 2010, Junya Ishigami est l’auteur d’une œuvre conceptuelle et poétique dans laquelle le paysage tient une place prépondérante. À l’occasion de l’exposition Freeing Architecture, conçue spécialement pour la Fondation Cartier pour l’art contemporain, l’architecte présente dix-neuf de ses projets architecturaux en Asie et en Europe à travers plus de trente maquettes, dessins et films. Il dévoile ainsi ses recherches les plus récentes sur la fonction, la forme, l’échelle et l’environnement en architecture, esquissant
ainsi sa vision du futur du premier art."
Nous présenterons des photographies de quelques uns de ces projets, en ayant conscience que quelques clichés rendent difficilement compte de ces créations si originales...
Cloud Arch
Monument urbain
Sydney, Australie
Structure: acier
Date de réalisation: 2015–
Des éléments en sont installés dans la petite salle du rez de chaussée de la Fondation et y structurent la présentation des œuvres.
Habitation et restaurant
Yamaguchi, Japon
Superficie: 194 m2
Structure: béton
Date de réalisation: 2013–
Le sol a été utilisé comme moule pour le bâtiment, en creusant des cratères destinés à être emplis de béton. Une fois sèche et dégagée de la terre qui l’entoure, la masse de béton ainsi obtenue constitue la structure de l’édifice et prend la teinte de la terre et des pierres du site.
Kids Park
Jardin d’enfants intérieur
Est du Japon
Superficie: 2 264 m2
Date de réalisation: 2013–
Les maquettes présentées sont des silhouettes d'animaux gigantesques.
Forest Kindergarten
Jardin d’enfants
Shandong, Chine
Superficie: 5 400 m2
Structure: acier, béton
Date de réalisation: 2015–
Cloud Garden
Jardin d’enfants, garderie et centre d’accueil parental
Kanagawa, Japon
Superficie: 2 264 m2
Date de réalisation: 2013-2014
House of Peace
Copenhague, Danemark
Superficie: 3 000 m2
Structure: béton
Date de réalisation: 2014
La présentation des maquettes dans la grande salle du rez de chaussée de la Fondation est une oeuvre en elle-même...
House with Plants
Habitation
Est du Japon
Superficie: 99,8 m2
Structure: acier
Date de réalisation: 2010-2012
Botanical Farm Garden
Art Biotop / Restaurant
Restaurant
Tochigi, Japon
Superficie: 16 515㎡
Structure: acier, béton
Date de realisation: 2017–
Botanical Farm Garden
Art Biotop / Water Garden
Jardins irrigués
Tochigi, Japon
Superficie: 16 670 m2
Date de réalisation: 2013-2018
Chapel of Valley
Chapelle
Shandong, Chine
Superficie: 132 m2
Structure: béton armé
Date de réalisation: 2016–
Centre culturel
Shandong, Chine
Superficie: 3 000 m2
Structure: acier, béton
Date de réalisation: 2016-
Conçu comme une promenade au milieu de l’eau...
Park Groot Vijversburg
Centre d’accueil des visiteurs
Tytsjerk, Pays-Bas
Superficie: 245 m2 (nouvelle construction), 350 m2 (rénovation)
Structure: verre, acier
Dates de réalisation: 2012-2017
Terminons par le sous-sol de la Fondation...
Habitation
Est du Japon
Superficie: 128,5 m2
Structure: béton, acier
Date de réalisation: 2013–
Projet de maison pour les parents et la grand-mère de Junya Ishigami, sur l’emplacement de la maison familiale actuelle...
Résidence pour personnes âgées
Tohoku, Japon
Superficie: 560 m2
Structure: bois
Date de réalisation: 2012–
Pour cette résidence pour personnes âgées atteintes de démence, Junya Ishigami s’est inspiré de l’architecture des habitations traditionnelles japonaises...
Polytechnic Museum
Musée
Moscou, Russie
Superficie: 39 870 m2
Structure: brique, acier, béton
Date de réalisation: 2012–
Junya Ishigami a choisi de simplement restaurer le bâtiment du XIXème siècle en surface et de restructurer entièrement les fondations afin d’en faire un nouveau rez-de-chaussée pour l’entrée du musée. Photos : nouvelle structure, bâtiment avant et après restauration.
8 Villas in Dali
Villas
Dali, Chine
Superficie: 5 300 m2
Structure: pierre, béton
Date de réalisation: 2016–
De larges mégalithes caractéristiques de la région et présents sur le site servent de base à la conception du bâtiment. Ces dernières, éventuellement repositionnées, servent de piliers au grand toit en béton armé de 300 mètres de long. Des baies vitrées servant de cloisons et de murs sont insérées dans cet agencement rocheux. Le bâtiment est divisé en huit villas de 500 m2 occupant chacune l’une des huit terrasses en escalier.
University Multipurpose Plaza
Espace polyvalent
Kanagawa, Japon
Superficie: 4 109 m2
Structure: acier
Date de réalisation: 2008–
Cet espace, dont la hauteur du plafond varie entre 2 et 3 mètres, est constitué d’un toit fait d’une seule et même feuille d’acier de 12 mm d’épaisseur se dilatant ou se contractant selon la température extérieure, soutenue par quatre murs latéraux et percée de plusieurs ouvertures zénithales.
et pour terminer, un bâtiment situé juste à côté sur le même site :
KAIT Workshop
Atelier d’étudiants, salle polyvalente
Kanagawa, Japon
Superficie: 1 989,15 m2
Structure: acier
Date de réalisation: 2004-2008
Pour donner une idée de la minutie de l'architecte - et de l'exposition qu'il a conçue de ses œuvres à Paris - voici la présentation de ce projet dans le guide :
Tout en transparence et en légèreté, l’atelier des étudiants de l’Institut technologique de Kanagawa (KAIT) est à la fois une ode à la liberté et une méditation sur l’équilibre. Cet immense espace, fermé par des murs de verre et dépourvu de cloisons intérieures est jalonné par plus de 300 colonnes très fines. Leur disposition, à première vue aléatoire, suit pourtant un plan précis rappelant celui d’une constellation. Il a fallu plus de deux ans à Junya Ishigami pour déterminer l’emplacement, l’orientation et la taille de chaque colonne afin de créer différentes zones d’activités et de garantir la stabilité du bâtiment. Cette apparente irrégularité délimite les espaces de travail sans pour autant les cloisonner. Elle offre également à l’œil de multiples perspectives et permet une circulation fluide, tout en répondant à la volonté de Junya Ishigami : créer un bâtiment dont la conception évoque l’organisation organique d’une forêt.
Pour ceux qui souhaitent une vision plus globale, la vidéo de présentation de l'exposition, disponible sur le site de la Fondation Cartier :
Atelier des Capucins à Brest
Le premier billet de cette rentrée fera référence à une des belles découvertes de l'été en Bretagne, l'exposition Henry Moore à Landerneau, dont nous avions rendu compte dans nos billets du 24 juillet et du 28 juillet.
Ce dernier s'achevait sur une statue "hors les murs", installée à Brest sur la terrasse de l'Atelier des Capucins. Ce sont ces derniers, encore en cours d'aménagement, que nous nous proposons de faire découvrir aujourd'hui au lecteur.
Pour s'y rendre, le plus spectaculaire est d'emprunter le premier téléphérique urbain de France, qui relie les deux rives de la Penfeld depuis novembre 2016.
En quittant la rive gauche, on s'élève pour découvrir les bassins de carénages et le château de Brest, au pied du pont de Recouvrance,...
La traversée est parallèle au Pont et la descente s'effectue vers la gare rive droite située dans les ateliers des Capucins, en découvrant au passage d'autres bassins de carénage et la statue de Moore sur la terrasse.
Depuis la terrasse d'arrivée, le ballet des cabines du téléphérique est plein d'élégance.
Le couvent des Capucins auquel le site doit son nom a été bâti à la fin du XVIIème siècle. Terrain et édifices ont été attribué par un décret de 1791 à la Marine, qui en fit d'abord un casernement. La construction des ateliers actuels - tels qu'ils ont été reconstruits après les importants dommages causés par la dernière guerre mondiale -a été décidée par la Monarchie de Juillet afin de répondre aux besoins de construction de nouvelles machines propulsives et a duré de 1840 à 1865. Au final l’ensemble couvre une superficie de deux hectares et demi.
À partir des années 1980 l’activité de l’Arsenal de Brest décline progressivement jusqu’au point où la Marine cède en 2009 le plateau des Capucins à la Ville de Brest qui entreprend alors de créer le quartier des Capucins et transformer les ateliers en un vaste lieu culturel et commercial.
Façades Est, Ouest et Nord, avec, au nord, le môle dit « du viaduc », édifié de 1848 à 1857 sur les plans de Menu du Mesnil, édifice en pierres de taille traversé par une arche en plein cintre de 30 mètres de diamètre.
La rénovation n'est pas terminée, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur : de même, attenant au site, le sinistre édifice de la prison de Pontaniou, destinée au 17ème siècle aux filles de mauvaise vie, puis aux divers détenus de la Marine avant de devenir prison civile jusqu'à sa désaffectation en 1960, attend toujours des jours meilleurs...
La rénovation interne allie les structures d'origine à des matériaux innovants...
La création de niveaux donne un charme particulier aux passages sous les arcades...
Des expositions originales sont déjà proposées au public...
Le clou du site est le grand hall avec son spectaculaire pont roulant Potain...
où sont conservées quelques machines remarquables de l'ancien arsenal :
L' aléseuse Asquith...
L'aléseuse Richards...
et le grand tour Somua de 22m à l'histoire mouvementée.