Musée Chillida Leku

Nous avons terminé notre billet précédent sur les Peine del Viento à Saint Sébastien, avec la promesse de faire découvrir au lecteur le musée Chillida Leku, qui abrite d'ailleurs cette photo d'Eduardo Chillida sur les lieux, un peu avant sa disparition en 2002.
Le projet de Chillida Leku remonte à 1983, lorsque Chillida et sa femme ont acheté la ferme Zabalaga. C’est un musée unique, fabriqué comme une grande oeuvre d'art en soi, dans un parc de 11 ha où les œuvres ont été placées par le sculpteur lui-même, dialoguant entre elles et avec la nature. Ouvert au public en 2000 du vivant de Chillida, il a dû fermer en 2011 pour des raisons financières et n'a rouvert qu'en avril dernier, grâce à un contrat signé en 2017 avec la galerie suisse Hauser & Wirth, représentante de l’artiste, qui a entrepris des travaux de rénovation, dirigés par l’architecte argentin Luis Laplace. Le parc a quant à lui été repensé par l’architecte paysagiste Piet Oudolf.
Une fois passé les discrets bâtiments d'accueil au bord de la GI-2132,
quelques illustrations du dialogue entre les œuvres dans ce décor d'une grande beauté.
Quelques-unes des grandes sculptures en acier Corten...
A la recherche de la lumière III (2000)
Arbre VI (1999)
A la recherche de la lumière I (1997)
Union XXXII (1998)
Conseil à l'espace IV (1987)
En haut et en bas III (1991)
Arc de la liberté (1993). Pour la petite histoire : une commande de la Ville de Paris prévue pour une place qui devait devenir piétonne. Cette condition n'ayant pas été réalisée, Chillida, qui accorde une grande importance à l'environnement de ses œuvres, a renoncé à la livrer et l'a installée ici.
Eloge du fer III (1991)
Peigne du Vent XVII (1990) et Hommage à Luca Pacioli (1990)
Forêt V (1997)
Trois fers III (1990)
Conseil à l'espace VIII (2000)
Conseil à l'espace IX (2000)
Conseil à l'espace VII (1996)
Eloge du vide VI (2000)
Terminons cette présentation des grandes sculptures en acier par cet hommage à Balenciaga, couturier "parisien" enfant comme lui de cette belle province basque du Guipuzcoa (1990)
Les grandes sculptures de pierre :
Pierre IV (1996, granit)
Escuchando la piedra IV (1996, granit)
Pierre VI (1996, granit)
Ce qui est profond, c'est l'air XVII (1997, granit)
et d'autres encore, dont nous n'avons pas relevé les noms...
La ferme Zabalaga, bastide du XVIème siècle, est au milieu du parc.
La charpente est digne des scuptures du maître...
A l'intérieur, des sculptures de taille plus modeste et des dessins, souvent préparatoires à des sculptures plus monumentales, mais qui en différent, montrant l'évolution de la genèse des œuvres.
Terminons avec quelques images de notre première visite à Chillida Leku, en juillet 2008, avant sa fermeture.
Des œuvres que nous n'avons pas photographiées en gros plan cette fois...
Hommage à Georges Braque (1990)
De Musica III (1989)
Deux autres encore...
...et ces images pour remercier Fernando, qui nous avait fait découvrir Chillida Leku en 2008, et Karmele qui nous y a ramenés quelques jours après sa réouverture !.
Pays Basque

Quelques images d'un récent séjour au Pays Basque, des deux côtés de la frontière...
Biarritz, notre port d'attache...
La grande plage et le casino...
Saint-Jean de Luz, la plage, le port
Sur la corniche en allant vers Hendaye...
Pasajes de San Juan,
D'où La Fayette embarqua vers l'Amérique...
Saint-Sébastien, du côté de la Concha...
ou du côté du large...
En ville...

Et, toujours en ville, en guise d'introduction à un prochain billet sur le Musée Chillida-Leku à Hernani, une exposition consacrée à l'artiste sur le parvis de l'église Saint Vincent...
Terminons, toujours en avant-première du billet sur le musée Chillida-Leku, avec, de l'autre côté de la Concha, les Peine del Viento...
Les Nabis et le Décor

Une pause dans les excursions des vacances de printemps pour revenir à l'actualité des expositions parisiennes avec la belle exposition consacrées aux Nabis par le Musée du Luxembourg. Comme le dépliant nous le rappelle :
"À la fin des années 1880, de jeunes artistes fascinés par la peinture de Gauguin se regroupent pour affirmer leur opposition à l’impressionnisme, qu’ils jugent trop proche de la réalité. Ils se désignent eux-mêmes comme des « nabis » – mot qui signifie « prophètes » en hébreu et en arabe – car leur ambition est de révéler un art nouveau.
Le groupe, actif entre 1888 et 1900, se compose au début de peintres tels que Paul Sérusier, Paul-Élie Ranson, Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, Maurice Denis, bientôt rejoints par d’autres artistes, notamment Ker-Xavier Roussel. Ces personnalités très différentes s’accordent à donner à la peinture un rôle essentiellement décoratif avec l’idée d’abolir la frontière entre beaux-arts et arts appliqués. Fascinés par les estampes japonaises découvertes à l’occasion d’une exposition organisée à l’École des beaux-arts de Paris en 1890, les Nabis s’inspirent de ces images planes et colorées pour créer un style original."
Section 1 : Femmes au jardin
Maurice Denis : Femmes assises à la terrasse dit aussi Soir de septembre (1891), Avril, Juillet, Soir d'octobre (1892)
Pierre Bonnard : Femmes au jardin (1891) - Femme à la robe à pois blancs; Femme assise au chat, Femme à la pélerine, Femme à la robe quadrillée
Edouard Vuillard : la série des Jardins publics, panneaux commandés en 1894 par Alexandre Natanson pour son hôtel particulier de l'avenue du Bois à Paris.
Les Nourrices, La Conversation, L’Ombrelle Rouge :
Fillettes jouant, L'Interrogatoire
La Promenade
Pierre Bonnard : les tableaux de La cueillette des pommes (entre 1895 et 1899)...
et Le Grand jardin (vers 1895)
La Terrasse de Ker-Xavier Roussel (vers 1892)
La section s'achève sur Arabesque poétique dit aussi L’Echelle dans le Feuillage de Maurice Denis (1892)
Section 2 : Intérieurs
La section s'ouvre avec les quatre panneaux réalisés en 1896 par Edouard Vuillard pour la bibliothèque de l'appartement parisien du docteur Henri Vaquer, Personnages dans un intérieur :
L’Intimité, Le Piano
Le Choix des livres, le Travail
Edouard Vuillard : Le Pot de Grès (1895)
Edouard Vuillard : Le Corsage rayé (1895)
Section 3 : L'Art Nouveau
Décor pour une chambre à coucher
"En 1895, Siegfried Bing demande à Maurice Denis de réaliser une frise décorative pour une chambre à coucher destinée à sa Maison de l’Art nouveau. Denis s’inspire du cycle de lieder de Schumann L’Amour et la vie d’une femme pour représenter des épisodes marquants de l’existence féminine, de la passion amoureuse à la maternité. Peint dans une tonalité crépusculaire dominée par la couleur bleue, le décor mêle des motifs familiers à des visions symbolistes. Seuls deux panneaux sont actuellement connus sur un ensemble de sept, dispersés par des ventes successives." (Farandole et La jeune fille à sa toilette)
"Très attaché à ce décor, Denis en réalise à la fin des années 1890 une nouvelle version pour la chambre de son épouse Marthe, frise qui connaît plusieurs ajouts et modifications. Les petits paysages peints vers 1900 dans un style naïf représentent le jardin clos de la villa de l’artiste entre 1896 et 1900 à Saint-Germain-en-Laye, théâtre des premiers émois amoureux de Marthe et Maurice pendant leurs fiançailles."
"En décembre 1895, les Parisiens découvrent la première exposition organisée par Siegfried Bing dans sa Maison de l’Art nouveau. Les pièces remplies de meubles, de bibelots, de peintures, de sculptures et d’estampes sont aménagées comme un appartement. Des frises décoratives commandées par Bing à Denis et Ranson figurent au milieu de meubles conçus par l’architecte décorateur d’intérieur Henry Van de Velde. Bing avait eu l’idée géniale de conjuguer le talent des artistes avec celui des artisans pour renouveler le décor des intérieurs modernes.
À cette époque, presque tous les Nabis dessinent des projets d’arts appliqués répondant ou non à des commandes. Ils produisent des prototypes de petit format, comme des éventails ou des abat-jour, ou plus importants, comme des tapisseries ou des papiers peints. À l’issue d’un voyage aux États-Unis en 1895, Bing commande à Bonnard, Maurice Denis, Roussel, Toulouse-Lautrec et Vallotton des cartons pour des vitraux, qu’il fait exécuter par le maître verrier américain Louis Comfort Tiffany.
Les créations des Nabis dans le domaine des arts appliqués, bien que restées expérimentales, ont joué un rôle important dans l’abolition de la frontière entre art et artisanat.
Tapisseries :
Aristide Maillol. La Baigneuse ou La Vague, 1896-1899
Paul Ranson : Printemps ou Femmes sous les arbres en fleurs, 1895
Un paravent de Marguerite Sérusier, Paysage vallonné, vers 1910
Décor pour Bing
Cet ensemble composé de sept panneaux, dont six sont aujourd’hui conservés au musée départemental Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye, a été conçu par Paul Ranson pour l’aménagement d’une salle à manger commandée par Bing à l’occasion de l’ouverture de son Salon de l’Art nouveau en 1895.
Cinq femmes à la récolte
Femme à la cruche
Quatre femmes à la fontaine
Femme au chien qui saute
Trois femmes à la récolte
Femme au chien qui porte un collier
Cartons de vitraux :
Edouard Vuillard : Les Marronniers (1894-1895)
Ker-Xavier Roussel : Le Jardin, 1894
Porcelaines peintes :
Deux de Edouard Vuillard (1895), une de Pierre Bonnard (Femme et chien, vers 1905)
Projets pour papiers peints :
Maurice Denis. Les Colombes, Les Bateaux jaunes, Les Harpistes, vers 1893
Paul Ranson. Les Canards, vers 1894-1895
Projets d'abat-jour :
Maurice Denis : Le Trottoir roulant, vers 1900
Félix Valloton : Les Bateaux, 1898
Des estampes, issues pour la plupart de la collection de Maurice Denis, illustrent l'influence du Japon sur le renouveau des arts appliqués tels que les ont pratiqués les Nabis.
Section 4. Rites sacrés
"Certains artistes du groupe des Nabis se sont plus particulièrement intéressés à des sujets symbolistes, qu’ils ont transposés dans leurs décors. Les principaux représentants de ce courant sont Paul Sérusier, Paul-Élie Ranson, Maurice Denis, qui conçoivent l’art comme l’expression d’une pensée supérieure en lien avec la spiritualité, la philosophie, la poésie, l’ésotérisme."
Maurice Denis : Erlkönig [Le Roi des aulnes] projet d'abat-jour, 17 novembre 1893.
Paul Sérusier : Femmes à la source, 1899
Paul Sérusier : Les Porteuses d’eau ou La Fatigue, 1897
Paul Sérusier : La Vision près du torrent ou Le Rendez-vous des fées, vers 1897
Maurice Denis ; L’Éternel Été (Le Chant choral, L’Orgue, Le Quatuor, La Danse, 1905)
Maurice Denis : La Légende de saint Hubert
Commandé en 1895 par Denys Cochin, ce décor monumental était destiné à orner le cabinet de travail de son hôtel particulier. Le sujet avait été suggéré par le commanditaire, fervent amateur de chasse à courre.
Ballade Catalane III : Prieuré Sainte Marie de Serrabone

Terminons notre escapade en Catalogne française avec un joyau de l'art roman, le prieuré Sainte-Marie de Serrabone, fondé au début du XIème siècle, situé à proximité des gorges du Boulès, dans le massif des Aspres sur les contreforts orientaux du Canigou.
Encore difficile d'accès aujourd'hui, on y accède par une route en lacets au bout de laquelle se dessine lentement cet édifice austère...
Le portail nord, aux chapiteaux remarquables, n'est pas utilisé...
et l'entrée se fait dans la très belle galerie méridionale...
...dont les chapiteaux n'avaient, dit-on, pas beaucoup plu à Proper Mérimée lors de sa visite en 1836...
...et qui surplombe un petit jardin d'où la vue est également très belle.
La galerie donne accès à l'église du prieuré, vaisseau roman très pur...
...coupé en deux par une tribune - jubé qui est un pur joyau.
Quelques détail du portique-jubé en marbre rose provenant des carrières de Bouleternere. Il est à noter que les croisées d'ogives présentes sous la tribune ont un rôle purement décoratif, afin de cacher la voûte d'arête les surplombant, sans les toucher.
Un escalier dans la galerie méridionale permet d'accéder à une petite terrasse...
En sortant vers le jardin botanique qui entoure le prieuré, on peut faire le tour de l'édifice jusqu'en contrebas du chevet, où on retrouve la forme simple et harmonieuse de l'abside en cul de four de l'église.
Pour terminer, rendons hommage à la visiteuse anonyme dont le chant a encore ajouté à la magie du lieu.
Balade Catalane II : Saint André, Saint Génis des Fontaines

Poursuivons le parcours amorcé dans notre dernier billet : l'église Saint-André-de-Sorède (Xème siècle), dans la bourgade de Saint-André, seule trace encore visible de l'ancienne abbaye, à la façade si pure avec ses arcatures lombardes, son linteau sculpté,...
La nef est dépouillée, d'un style très pur...
Le roman primitif est partout...
Quelques détails...
Des stèles romaines réemployées...
Le campanile et le chevet...
À quelques kilomètres, l'église Saint Michel de Saint-Génis-des-Fontaines, partie de l'abbaye de Saint-Génis (IXème - Xème siècle), avec son célèbre linteau, l'une des plus anciennes traces écrite de l'art roman.
Encore une belle nef romane aux lignes pures
ornée de retables baroques, dont un du début du XVIIème siècle
Le cloître, de dimension modeste mais très harmonieux, a subi beaucoup de vicissitudes après son achat et son démantèlement en 1924 par l'antiquaire parisien Paul Gouvert, qui en a fait faire des copies vendues aux Etats-Unis, mais les éléments originaux ont été pour la plupart retrouvés et le cloître a été rebâti entre 1986 et 1994.
Le chevet est très simple, et de l'arrière de l'église abbatiale, on peut en apercevoir les tours enduites et crénelées.
Au retour, un regard sur les magnifiques tours romanes de la cathédrale d'Elne, dans le soleil triomphant.