Préhistoire, une énigme moderne

Il ne vous reste que quelques jours pour découvrir au Centre Pompidou une exposition un peu singulière, ainsi présentée par l'institution :
Voyagez dans une histoire de regards et de fascination, en présence d’icônes préhistoriques, modernes et contemporaines ! Du Mammouth de la Madeleine à Dove Allouche en passant par Louise Bourgeois, cette exposition originale met en lumière le lien qui unit la préhistoire à l’art moderne et contemporain.
Au cours d’un parcours chronologique, découvrez comment les artistes et la société ont subi l’attrait des origines pendant la modernité, cédant à une vision fantasmée de ce qui était avant l’histoire. Cette véritable machine à remuer le temps n’a cessé de modeler les horizons mentaux de la modernité et de fournir des modèles concrets pour des expérimentations de tous ordres.
Sans trop de considération métaphysiques ni archéologiques, nous nous attacherons surtout à présenter au lecteur les œuvres que nous avons vues - ou revues - au passage...
En commençant par Cézanne, avec trois tableaux autour des carrières de Bibemus :
Dans les carrières de Bibemus, vers 1895
Le Rocher rouge, vers 1895
La Montagne Sainte-Victoire vue des carrières de Bibemus, 1899-1900
Graham Sutherland : The Origins of the Land [Les origines du territoire], (huile sur toile, 1950-1951)
Alberto Savinio (1891-1952) :
Nella Foresta (1928)
Souvenir d'un monde disparu (1928)
Giorgio De Chirico : Melanconia delle partenza [Mélancolie du départ], 1916
Max Ernst est très présent, avec :
Eislandschaften, Eiszapfen und Gesteinsarten des weiblichen Körpers [Paysages glaciaires, stalactites et minéraux du corps féminin], Gouache et crayon sur papier, 1920
Der grosse Wald [La grande forêt], huile sur toile de 1927
Un peu malade le cheval patte pelu la fleur blonde qui tourmente les tourterons (Mine graphite, aquarelle, et collage sur papier aplliqué sur carton, 1920)
et six planches du Portfolio Histoire naturelle, 1926
Planche III : Petites tables autour de la Terre
Planche V : Le tremblement de terre
Planche XXVIII : Le repas du mort
Planche IV : Le châle à fleurs de givres
Planche XI : Coups de fouet ou ficelles de lave
Planche XV : Les cicatrices
Otto Dix (1891-1969) : Steinkohlenzeit. Steinkohlenlandschaft [Le Carbonifère. Paysage carbonifère] (1922)
Au passages, quelques figurines du XIXème siècle d'animaux plus ou moins préhistoriques...Ce ne seront pas les derniers du parcours...
Yves Klein : Anthropométrie-ANT 84 (Pigment pur et résine synthétique sur papier marouflé sur toile, 1960)
Nous retrouvons les Femmes encerclées par le vol d'un oiseau (26 avril 1941) de Joan Miró (cf notre billet du 24 novembre 2018)
De Picasso, cette Femme nue couchée, huile sur toile de 1936 inspiré par une sculpture préhistorique dont une reproduction était toujours présente dans son atelier...
...ce Minotaure blessé (plâtre gravé, 1933-1934)...
...et ce Buste de femme (plâtre original de 1931).
André Masson : La Terre (sable et huile sur contreplaqué, 1939)
Des fragments de peinture murale sur panneau d'André Giacometti (vers 1949-1950)
Deux sculptures de Jean Arp :
Coquille formée par une main humaine (plâtre original, 1935)
Torse préadamite (moulage original en plâtre, 1938)
Deux sculptures de Louise Bourgeois :
Harmless Woman [Femme inoffensive] (bronze, patine dorée, 1969)
Fragile Goddess [Déesse fragile] (bronze, patine dorée, 1970)
Benjamin Palencia : Composition préhstorique (huile et sable sur toile, 1933)
Joan Miró : Peinture, 8 mars 1933
Paul Klee : Zeichen verdichten sich [Les signes s'épaississent] (pinceau sur papier sur carton, 1932)
Jean Dubuffet : Le Cours des choses - Mire G 174 (Boléro) - 22 décembre 1983
Oscar Dominguez : Cueva de Guanches [Grotte de Guanches] (huile sur toile, 1935)
Amédé Ozenfant : La Grotte aux baigneurs (huile et plâtre sur toile, 1930-1931)
Pinot Gallizio : La notte cieca [La nuit aveugle] (huile sur toile libre, 1962)
Des œuvres "préhistoriques" en provenance de grottes du Zimbabwe :
Relevé par Joachim Lutz pour Leo Frobenius (1929)
Relevés par Henri Breuil (1959-1960)
Au centre de l'exposition, une création originale de Miquel Barceló (à qui une salle des cabinets de curiosités de Landerneau était consacrée (cf. notre billet du 17 août dernier) :
Il trionfo della morte (argile sur verrières, 2019)
entoure une sculpture de Louise Bourgeois :
Cumul I (sculpture en marbre blanc posée sur un socle de bois en deux parties, 1968)
Deux photo-montages de 1963 par Robert Smithson
Marcel Gromaire : Dolmen à Carnac (Huile sur toile, 1953)
Barbara Hepworth : Single Form (Eikon), Bronze, 1937-1938 et Two Figures (Menhirs), Ardoise sur socle de bois, 1964
Alberto Giacometti : Femme (plâtre original, 1928)
Jacques Lipsghitz : Ploumanac'h (plâtre, 1926)
Robert Morris : Model of Observatory (bronze martelé sur bois, 1971-1972)
Robert Delaunay : Relief blanc (plâtre et caséine sur toile métallique, 1935)
Richard Long : Snake Circle [ Cercle-serpent] (Gneiss [pierre], 1991)
Jean-Pascal Flavien : Viewer Small (Climate) (bois peint, ventilateur, système audio 5.1, 2008)
Une série de statues réalisées en 2018 par Marguerite Humeau, jeune artiste française formée et établie à Londres, qui a déjà exposé à la Tate Modern et que le centre Pompidou semble beaucoup apprécier (prix Marcel Duchamp 2019, entrée envisagée dans les collections,...)
Ne manquons pas au passage cette vitrine d'objets réalisés par Ami Drach et Dov Ganchrow en 2011, où figure celui retenu pour l'affiche de l'exposition !
Juste avant la sortie, une installation de 70 petites effigies de dinausaures, au moment de leur extinction par une météorite.
Jake et Dinos Chapman : Hell Sixty-Five Millions Years BC (papier toilette, carton, papier journal, colle et bronze, 2004-2005)
La Roche Maurice (Roc'h Morvan)

A quelques kilomètres de Landerneau, après la visite de l'exposition à la fondation Leclerc (nos billets des 10 août 2019 et 17 août 2019), ne manquez pas de passer à La Roche Maurice, bourgade dominée par la ruine d'une forteresse impressionnante du XIIIème siècle, ancienne résidence des vicomtes du Léon.
Elle recèle un enclos paroissial (cf. pour ce terme notre billet du 28 avril 2016) d'une grande originalité, où le calvaire, réduit aux trois grandes croix du Christ et des larrons est en bordure de la clôture et apparaît aux regards en premier.
En contournant l'ossuaire, on accède à l'intérieur de l'enclos...
entre l'église bâtie de 1509 à 1589, avec son impressionnant clocher de près de 60 m et sa porte aux colonnes ioniques , accostée et surmontée de niches abritant les statues de saint Yves, saint Pascal Baylon et saint Vincent Ferrier....
...et l'ossuaire un peu plus récent (1639-1640)...
au soubassement orné de personnages représentant les différentes conditions sociales, égales devant la mort...
En pénétrant dans l'église, on est aussitôt saisi par l'importance du jubé en chêne polychrome du XVIème siècle...
...se détachant sur la la voûte lambrissée d'azur constellée d'étoiles et d'angelots.
La riche décoration du jubé comporte saints et papes, à l'avers...
comme au revers...
De part et d'autre du jubé, côté nef, Sainte Marguerite et sainte Anne...
Saint-Yves, patron de l'église, figure naturellement lui aussi en bonne place, entouré de plaideurs...
Tout le jubé est richement décoré...
et l'on remarquera la probable influence de récits de navigateurs avec la représentation d'épis de maïs...
...et même de figures qui évoquent les statues aztèques...
Les sablières sont également richement sculptées et dignes d'intérêt...
Le vitrail, daté de 1539, provient de l'atelier de Laurent Sodec à Quimper. Il a une surface de 21 m2 et comporte 15 scènes représentant la Passion et la Résurrection du Christ. On remarquera les armes de la famille de Rohan, de gueules à macles d'or posées, sur le manteau du cavalier au pied de la croix du mauvais larron, à la gauche du Christ.
En sortant de l'église par le petit portail de la face sud, daté de 1550,
...on peut aller au chevet plat de l'église, puis revenir vers le calvaire qui dresse vers le ciel ses croix impressionnantes devant l'ossuaire...
Terminons sur cette image qui résume la beauté sévère de ce site, avec le donjon de la forteresse en arrière-plan.
Cabinets de Curiosités à Landerneau (2/2)

Nous poursuivons la visite commencée dans notre billet du 10 août dernier avec la salle [C3].
Collectionneur et mécène, Antoine de Galbert a créé et présidé pendant 14 ans La Maison rouge (cf. notre billet du11 janvier 2017), fondation d’art contemporain à Paris qui a dorénavant réorienté ses actions de mécénat. Parallèlement il collectionne depuis une trentaine d’années l’art contemporain, brut, primitif, populaire, et religieux. Il propose ici une sélection d’œuvres traitant de la condition animale, dans un esprit de cabinet de curiosités contemporaines, une nouvelle arche de Noé.
Dans la perspective du Caducée artiologique de François Courbe, dit Docteur Courbe (1995)...
Ces tableaux de Friedrich Schröder-Sonnenstern (Der Friedens Habicht , 1960) et, dessous, Kwame Akoto dit Almighty God.
Dans cette vitrine, où l'on remarque le serpent à pattes de Joan Fontcuberta,...
Deux poissons éclopés, l'un de Magritte...
et l'autre de Hans-Peter Feldman (2010)
Dans l'installation centrale...
...on remarque Sans titre (2009) de Nicolas Milhé (hyène naturalisée, dents en or)...
Mouton autruche de Thomas Grünfeld, avec au mur Milka-Kuh de Damien Deroubaix (2003)
et ce magnifique Renard au bouquet de Benoît Huot.
Passons à la salle [B3] Théo Mercier
Artiste plasticien né en 1984 à Paris, Théo Mercier place au cœur de son processus de travail la collecte d’objets, fruit de ses voyages dans le monde entier. L’artiste réunit ici minutieusement des objets hétéroclites de sa collection aux côtés de productions et de reproductions d’objets aux formats disproportionnés, pour proposer deux visions du monde à travers deux ensembles de collections qui se font face.
Les deux "visions du monde" en question...
Pour ceux à qui - comme moi - l'opposition entre ces visions aurait échappé, quelques détails de l'une...
...et de l'autre.
Sur les deux autres parois de la salle, d'un côté...
et de l'autre.

Et en hauteur, dans un renfoncement, trônant sur une étagère, une installation sibylline...

Passons à la salle [D3]
Né en 1957, Miquel Barceló est un peintre, sculpteur et céramiste, originaire de l’île de Majorque en Espagne. Passionné par les cavités, hanté par les éléments naturels, son travail se nourrit notamment de la rencontre avec l’objet ethnographique. Des figurines miniatures aux monstres marins séchés, Miquel Barceló dresse un inventaire du monde qu’il revisite et remodèle. Il puis alors son inspiration dans cette collection d'animaux, de végétaux et de matière minérale.
Des figurines miniatures...
...aux monstres marins séchés...
Collections d'animaux, de végétaux...
...et de matière minérale.
Poursuivons notre parcours un peu erratique par la salle [D1] Musée de la Chasse et de la Nature, Paris.
Au cœur du Marais à Paris, ce musée, initié en 1967 par François et Jacqueline Sommer, propose une exceptionnelle galerie animalière où l’art est venu parfaire la nature. Dans le décor profus et théâtralisé des hôtel de Guénégaud et de Mongelas datant du XVIIe et XVIIIe siècle, le visiteur peut s’égarer comme dans cette salle.
Des vitrines de trophées classiques, surréalistes ou baroques...
Une installation centrale avec un Dieu de la forêt de Janine Janet (1957, plâtre et écorce de bouleau), un Sanglier avec deux faisans sur le dos de Julien Salaud et une Tête de licorne avec une défense de narval de Saint Clair Cernin (bronze, dent de narval)
Sur deux parois opposées, deux Diane et Actéon, l'une de Karen Knorr (photographie) et l'autre,anonyme du début du XVIème siècle (tapisserie)
La salle [E1] Andreas Gursky François Curiel présente, sans souci d'unité, une photo de Andreas Gursky, Amazon (2016)...
...la collection de marteaux d'enchères de François Curiel, directeur général "monde" de Christies ...
...et, cerise sur le gâteau, la propre collection de boîtes de sardines de Michel-Edouard Leclec !
Salle [E2] Mucem Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée
Georges Henri Rivière est un ethnologue collectionnant les objets du quotidien. Fin regardeur de l’art populaire, il a été un muséographe d’exception dans l’histoire des expositions. Au sein de son musée des arts et traditions populaires, dont les collections appartiennent depuis sa fermeture en 2005 au MUCEM, la galerie d’études de Georges Henri Rivière offre en 1972 une présentation inédite.
Avec des vitrines de boules et quilles de jeu à neuf (milieu XXème), de hautbois d'écorce et hautbois (1er tiers et milieu du XXème siècle), de Colliers et sonnailles d'ovins ou caprins, coudés de type alpin ou ronds de type pyrénéens (2ème moitié du XIXème siècle, 1ère moitié du XXème siècle) et d' Outils à bras à percussion posée et à percussion lancée (1ère moitié du XXème siècle).

Salle [E3] :
Laissons Jean-Jacques Lebel la présenter lui-même : ce morceau de bravoure est à notre sens une des "curiosités" de l'exposition.
"La soixantaine de visages de provenance, d’époque et de type très divers réunie ici, envisage d’élaboration d’une riposte collective, à la fois artistique et politique, au contrôle permanent des identités. Cette sélection s’inscrit en faux contre l’omniprésence des caméras espions électroniques, le repérage par algorithmes, le stockage illimité des données informatiques. Facebook annonce l'ère du totalitarisme identificatoire globalisant. Ce montrage à contre-courant se situe hors norme et hors champ donc du panopticum. Il préconise ouvertement l'imprescriptibilité et la fluidité des visages, l'ingouvernabilité des identités en transition, l'avènement des voyants en lieu et place des voyeurs, dans le champ artistique et dans le champ social."
Un panneau de photos et vidéos :
Une installation centrale haute en couleurs :
Des accrochages divers...
Parmi lesquels cette Vanité de Stéphane Pencreac'h...
...une sculture, Mécamask, de Guðmundur Guðmundsson, dit Erró...
...Lénine et le porc poignardé, micro-installation de Jean-Jacques Lebel (métaux, bois, plastique)...
...deux scuptures en bois ethnique Songye (Congo)...
....Tête à yeux multiples, huile sur toile d'Alberto Martini...
...Edgar Poe, gravure de Vallotton...
...Dora Maar, huile sur toile d'Antonio Saura.
Au fonds du bâtiment d'exposition, la salle, ou plutôt le couloir [F] Jacques Attali présente la collection de sabliers de ce dernier, sur fond d'aphorismes réunis par son propriétaire.
La seule chose vraiment rare, c'est le temps.
Le propre de l'homme,
c'est qu'il a conscience du temps.
Si le temps a un commencement, que se passait-il avant?
Et s'il n'en a pas, que s'est-il passé pendant tout ce temps?
Penser à ce que le temps
fera de notre passage sur cette planète
est à la fois la plus vaine,
la plus folle, et la plus sage des ambitions.

Terminons avec un espace jamais ouvert jusqu'à présent dans le cadre d'une exposition de la fondation.
Achevée en 1642, la chapelle du couvent des Capucins est un lieu chargé d’histoire(s) . Après la Révolution elle devient prison, puis école, avant d’accueillir diverses industries. Dans les années 1960, Hélène et Édouard Leclerc acquièrent une partie du couvent et se lancent dans l’aventure qui les mène en 1965 à ouvrir le premier supermarché de l’enseigne pour lequel la chapelle tient lieu de réserve. Le magasin déménage au nord de landerneau en 1986 et de très importantes restaurations sont menées dans la chapelle. Le couple y dépose alors sa collection d’art sacré, passionnément constituée au fil des années : des objets de toutes époques et provenances acquis au coup de cœur. Ensemble ils ont veillé à l’ordonnancement des pièces pour créer une atmosphère qui leur convienne et qu’ils aient envie de partager.
Cabinets de Curiosités à Landerneau (1/2)

L'exposition d'été proposée cette année par la fondation Hélène et Edouard Leclerc à Landerneau est bien différente de cette la la saison d'hiver (notre billet du 4 mars dernier). Laissons parler son commissaire Laurent Le Bon :
Lieu essentiel de la culture renaissante et baroque, instrument de savoir autant que de plaisir esthétique, au carrefour de l'art et de la science, le cabinet de curiosités fut la victime du siècle des Lumières.
Il suscita, au XXème siècle, l'intérêt des historiens, des amateurs de bizarre et des artistes, notamment des surréalistes qui en apprécièrent l'étrangeté et la poésie. Devenu source d'inspiration, aussi bien que tendance du goût, il fait désormais partie de l'imaginaire contemporain. Prenant acte de ce renouveau, cette exposition se propose d'en montrer différentes expressions, échos et interprétations.
En prélude, un trompe-l’œil (Scarabattolo) de Domenico Remps :
puis la salle [A2] Florence, Galerie des Offices, Trésor des Grands-Ducs - Galerie Kugel,
avec une maquette du Saint-Sépulcre de Jérusalem (XVIIème siècle) en bois d'olivier, nacre, ébène, ivoire
une broderie en papier Ex-voto du coeur de Jésus de la fin XVIIème,
quelques livres : Cabinet de la bibliothèque Sainte-Genevière du P. Claude du Moulinet (1620-1687) et des monstres issus des Œuvres d'Ambroise Paré (Paris, 1585)
Mais on retiendra surtout de cette salle les bronzes dorés dont Augsbourg s'était fait une spécialité à la fin du XVIème et au début du XVIIème siècle...
La salle [A3] Rouen, Musée des Arts du Fer Le Secq des Tournelles évoque la collection de Henry Le Secq des Tournelles ...
qui avait consacré sa vie à rassembler ce qui avait trait à l'art de la ferronnerie.
Heurtoirs et anneau de portes...
Coffret inscrit "Seres Bacchus" et entrée de serrure aux armes et devise de Henri II (France, deuxième moitié du XVIème siècle)
Matrice pour le sceau de Marie-Antoinette (Pierre-Joseph Lortior, 1779)
Corps, dit "corset de fer", France, fin du XVIème siècle et Masque d'infamie, France, XVIème ou XVIIème siècle
Lanterne magique, France, deuxième moitié du XVIIIème siècle
Briquet-pistolet (France, vers 1999) et Clé à systèmes - clé-pistolet à percussion (France, vers 1860)
Ciseaux de couturière en forme d'oiseau et autres petits objets divers... s
Couteau-souvenir révolutionnaire, dit "Palloy", du nom de l'entrepreneur qui fut chargé des travaux de démolition de la Bastille
Grille d'oculus, Amiens, fin du XVIIIème siècle
Enseigne de notaire "Au roi de la basoche", France, XVIIIème siècle
Couronne d'épines (ancienne enseigne de cabaretier), Le Mont-Valérien, France, XVIIème siècle
Au passage, une salle un peu particulière où le commissaire de l'exposition s'exprime,
...en illustrant son propos d'un bric à brac rassemblé dans un cube aux parois un peu opaques.
Nichée au milieu de l'exposition, la salle [D2] Collection Émile Hermès :
La collection initiée par Émile Hermès dès la fin du XIXe siècle a été transmise et enrichie depuis par trois générations de ses descendants. Elle dissimule aujourd’hui dans les étages de la maison parisienne un microcosme foisonnant aux allures de caverne d’Ali Baba, presque entièrement dédié au cheval et au voyage.
Donnons en un aperçu un peu hétéroclite :
[B1 & B2] Muséum national d'Histoire Naturelle
Émerveiller pour instruire . Dès sa fondation, le Jardin du Roi, ancienne appellation du Jardin des Plantes, site historique du Muséum, était doté d'un cabinet de curiosités. Y étaient conservés des insectes, herbiers, fossiles (...)
Insectes...
...et leur habitat...
Herbiers...
...dont des carporamas de Louis Marc Antoine Robillard d'Argentelle (1777-1828)
Minéraux...
Objets de la mer, coquillages, fossiles ou autres...
Effectuons une transition entre naturalisme et surréalisme - qui sera plus présent dans notre prochain billet -avec la salle [C2] Faculté de Médecine de l'Université de Montpellier - Conservatoire d'anatomie
Utérus avec foetus au 7ème mois (XIXème siècle, papier mâché)
Un impressionnant écorché partiel en résine...
Une planche illustrant diverses "maladies des yeux"
Au chapitre des "curiosités foraines" de l'ancien musée Spitzner, cette Femme à barbe "Buste momifié grandeur nature de Germaine D..., monté sous globe" (XIXème siècle, textile, cire, verre, métal, restes organiques, support bois)
et les frères siamois Giacomo et Giovanni-Battista Tocci (XIXème siècle, cire, cheveux, textile, bois, velours)
Terminons la première partie de ce parcours, avec, au centre de la salle, cette magnifique Vénus anatomique (XIXème siècle, cire, cheveux naturels, yeux en verre soufflé).
Berthe Morisot (1841-1895) - 2/2

Avec ce portrait de Berthe Morisot par Edouard Manet - qui ne figure pas dans l'exposition - nous terminons la visite de la rétrospective qui lui est consacrée au Musée d'Orsay (notre billet du 27 juillet).
Fini/non-fini : "Fixer quelque chose de ce qui passe"
"La question du fini traverse l'entière production de Berthe Morisot et, plus généralement, se situe au coeur des débats sur l'impressionnisme. Elle est certainement l'artiste qui mène à cet égard les expérimentations les plus radicales, en particulier à partir de la fin des années 1870, tant dans les scènes de plein air que d'intérieur. La recherche d'un effet d'instantanéité la conduit alors à adopter une touche de plus en plus rapide et esquissée, fusionnant figure et fond dans un all-over privé de repères spatiaux."
Sur la Plage dit aussi Plage de Nice, 1882
Jeune femme cousant au jardin, vers 1883
Au Jardin dit aussi Dames cueillant des fleurs ou Dans le bois de Boulogne, 1879
Le Lac du bois de Boulogne dit aussi Jour d'été, vers 1879
Eugène Manet et sa fille au jardin, 1883
M. Manet et sa fille dans le jardin de Bougival, 1881
La leçon au jardin, 1886
Sur le lac dit aussi Petite fillz au cygne, 1883
Les pâtés de sable, 1882
La Jatte de lait, 1890
La Barrière à Bougival, 1884
Le Jardin de Maurecourt, 1884
Enfant au fauteuil dit aussi Jeune Fille à la poupée, 1884
Jeune Fille au manteau vert, 1894
Jeune fille à la potiche,, 1889
Portrait de Mlle L.(ambert) dit aussi Isabelle au jardin, 1885
Femmes au travail
"Servantes, bonnes et nourrices sont des modèles de prédilection pour Morisot.
Au cœur de la maison, elles sont aussi un autre indice de cette peinture de l'intime à l'oeuvre chez l'artiste. Ce travail silencieux et invisible, cantonné à la sphère privée, n'a pas la dimension politique ou naturaliste des représentations des mondes paysan, artisan et ouvrier qui abondent au Salon à partir des années 1880, mais Morisot leur donne dignité et poésie."
La Nourrice dit aussi Nourrice et bébé, vers 1880
Dans la salle à manger, 1880
Autoportrait, 1885
Cousant dans le jardin dit aussi Pasie cousant dans le jardin de Bougival, 1881
Blanchisseuse dit aussi Paysanne étendant du linge, 1881
La Fable, 1883
La Petite Servante, 1886
Fenêtres et seuils
A bien y regarder, les espaces dépeints par Berthe Morisot sont souvent des seuils, des espaces liminaires où l'intérieur est ouvert vers l'extérieur et en lien avec lui. Morisot affectionne les balcons, fenêtres, vérandas et jardins d'hiver, particulièrement mis à l'honneur par l'architecture domestique de la seconde moitié du XIXe siècle. Elle privilégie ces lieux de perméabilité entre extérieur et intérieur, indéterminés, à une époque où, précisément, les espaces se différencient sexuellement et se spécialisent au sein de la maison selon les usages et rituels sociaux.
Enfant au tablier rouge , 1886
Intérieur de cottage, 1886
La Lecture, 1888
Dans la véranda, 1884
Jeune Femme assise sur un sofa, vers 1879
A la campagne dit aussi Après le déjeuner, 1881
Sur le banc dit aussi Jeune Fille dans un parc, 1888-1893
Un atelier à soi
Le titre de cette [dernière] section renvoie à un texte de la romancière anglaise Virginia Woolf qui soulignait l'importance d' "une chambre à soi si [une femme] veut écrire une oeuvre de fiction".
Si Berthe Morisot n'a pas toujours eu un atelier à proprement parler, elle a pu se ménager des espaces de création que l'on retrouve dans ses tableaux. En 1883, elle créé un salon-atelier dans l'immeuble qu'elle fait construire avec son mari rue de Villejust, actuelle rue Paul Valéry, à Paris.
On retrouve les murs rosés ou le porte-dessins dans plusieurs compositions du début des années 1890. Mais c'est bien l'intérieur dans son ensemble qui semble se saturer d'art et qui en devient le miroir.
A la fin de sa vie, Morisot multiplie en effet les compositions où sa fille Julie, ses nièces ou quelques modèles professionnels sont occupés à jouer de la musique, dessiner ou peindre.
Fillette au chien [second fragment], 1886
Lucie Léon au piano, 1892
Fillette assise dit aussi Julie Manet tenant un livre, 1889
Fillette à la mandoline, 1890
La Mandoline, 1889
Jeune Fille au lévrier, 1893
Portrait de Mlle J.[ulie] M.[anet] dit aussi Julie réveuse, 1894
Le Violon dit aussi Julie Manet au violon, 1893
Jeune Fille en blanc, 1891
et pour finir, une dernière image de sa fille Julie Manet jouant au violon en robe blanche, 1894