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Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

29 Février 2020 , Rédigé par japprendslechinois

Une découverte lors de notre dernier séjour à Toulouse : la collection rassemblée par Georges Bemberg, riche Argentin amateur d'art, et que ce dernier a prêté pour 99 ans à la municipalité afin de la rendre accessible au public, dans le très beau cadre que constitue l’hôtel d'Assezat.

Ce dernier fut élevé en 1555-1557 sur les plans de Nicolas Bachelier, le plus grand architecte toulousain de la Renaissance, pour Pierre d'Assézat, qui fit fortune grâce au commerce du pastel mais mourut ruiné en 1581 avant même que les travaux ne soient terminés. Le bâtiment fut légué à la ville au dix-neuvième siècle afin qu'elle y accueille des sociétés savantes, ce qui est toujours le cas aujourd'hui.

Passé le pavillon de l'entrée et  son portail orné d'une frise de métopes, on débouche dans la cour d'honneur, avec sa tour, ses façades classiques aux trois ordres d'architecture (chapiteaux doriques au rez-de-chaussée, ioniens au premier étage, corinthiens à l'étage supérieur) et sa coursière sur le côté droit de l'entrée.

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)
Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)
Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)
Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

La collection est présentée sur deux étages. Dans l'étage consacré éux "anciens", la salle I est entièrement consacrée à Venise, avec notamment deux Canaletto : Le Grand Canal à Sainte Lucie et Vue de Dolo

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)
Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

Une exception : Miss Frances Elisabeth Sage de George Romney, que nous avions rencontré dans notre billet du 12 octobre 2019.

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

Dans la salle II, dite Louis XVI, Portrait de la comtesse Kagenek en Flore d'Elisabeth Vigée-Lebrun,

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

Bergers sous une grotte et Château en ruine sur un rivage de Hubert Robert,

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)
Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

D'inévitables Putti de François Boucher,

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

et quelques objets chinois pour justifier le titre de ce blog...

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)
Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)
Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

Dans la salle V dite "de l'Europe", Paysanne à la coupe de fruits de Nicolas Tournier

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

et Scène d'auberge de Pieter Brueghel le Jeune.

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

Dans la salle VI, "Galerie de portraits", Jean Bertrand de Jean Clouet

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

Plusieurs tableaux de Lucas Cranach l’Ancien, Les amoureux, Portrait de jeune fille, Vénus et Cupidon.

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)
Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)
Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

Dans la salle VII dite "de la Coursière", Le Fauconnier de Paul Véronèse,

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

Portrait de Scipione Venerio de Jacopo Tintoretto

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

Terminons la partie de la collection consacrée aux anciens avec quelques tableaux dont nous n'avons pas relevé la salle :
Portrait de Lady Dorothy Dacre de Van Dyck
Portrait de Gentilhomme et Portrait de jeune fille, du Tintoret
Portrait d'Alfonso d'Este du Titien
et encore deux tableaux de Lucas Cranach l'Ancien, décidément très présent dans la collection, Portrait de Sybille de Clève, électrice de Saxe et une scène assez curieuse.

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)
Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)
Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)
Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)
Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)
Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

Malgré tout l'intérêt de cet étage des "Anciens", qui a un petit côté "cabinet de curiosités", nous avons préféré l'étage supérieur dit des "Modernes", que nous présenterons plus largement dans notre prochain billet. 
Donnons-en un avant-goût avec la salle VIII dite "pointilliste" (mais pas que...)

La Chaîne des Maures par Henri-Edmond Cross (1906-1907)

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

Un canal à Venise par Henri-Edmond Cross (1899)

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

Homme à la barque par Henri-Edmond Cross 

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)


Le clocher de Saint-Tropez par Paul Signac (1896)

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

Arbres (amandiers) en fleurs par Paul Signac (1896)

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

La Table de la mer par Henri Le Sidaner (1920)

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

Mignonne, allons voir si la rose... par Paul Sérusier (vers 1910)

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

Chopin par Walter Sickert (1914)

Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (I/II)

Dans notre prochain billet, les autres salles de la collection "moderne", avec notamment un rassemblement assez exceptionnel de toiles de Pierre Bonnard.

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Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

25 Février 2020 , Rédigé par japprendslechinois

Reprenons la visite de la rétrospective Hartung du Musée d'art moderne de la ville de Paris, avec cette affiche de la dernière rétrospective du peintre à Paris, au Musée national d'art moderne, qui s'est tenue il y a plus de 40 ans dans l'aile jumelle du Palais de Tokyo, le musée national n'ayant pas encore à l'époque migré vers Beaubourg.

Elle représente une toile des années 60, ce qui convient à cette deuxième partie consacrée à la production de l'artiste de l'après-guerre à sa mort en 1989.

Commençons par cette huile sur panneau de bois T1945-26, curieusement datée 38-45, semblant corroborer que Hartung considérait les années de guerre comme une parenthèse dans son œuvre. 

 

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1946-16, huile sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1947-12, huile sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1948-18, huile sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1948-17, huile sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1949-9, huile sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1950-8, huile sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1951-1, huile sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

Dessins à l'encre
Hans Hartung pratique l'agrandissement systématique de ses dessins sur toile depuis 1932-1933. Dans les années 1950, il recourt à ce procédé d'une manière sérielle pour réaliser ces nombreuses peintures "palmées" noires sur fonds de couleurs unies. Celles-ci sont réalisées à partir de motifs tirés de dessins grands comme la main, peints d'un geste doux et léger, à l'encre. Parmi les centaines de feuilles produites, celles choisies pour être transposées en tableaux comportent le tracé de la grille destinée au report. Ces motifs évoquant la calligraphie, emblématiques de son œuvre, seront choisis par l'artiste pour de nombreuses publications et restent aujourd'hui sa marque de fabrique.

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1955-25, huile sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1955-18, huile sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1956-15, huile sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1955-9, huile sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1956-20, huile sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

Hartung réalise aussi des photographies artistiques.
Cette série date de 1954.

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

Celle-ci de 1959.

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

Divers crayon et/ou pastel sur papier, de 1958 et 1959

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

Ces dessins en blanc sur un fond de peinture pulvérisé représentent les outils du peintre au début des années 60 : divers sprays qui lui servent à obtenir des effets nuageux en propulsant de fines gouttelettes sur la toile. Chacun des fonds est réalisé avec le type de spray dessiné par les assistants de Hartung sur le carton. Ces documents servent à classifier les différents outils, et à ordonner l'atelier de la rue Gauguet. Ils ont cependant été peu utilisés, et témoignent surtout de la méthode rigoureuse de Hartung et de son souci de classifier, d'ordonner et d'archiver toutes les techniques, même les plus éphémères.
Sans titre (4 fonds d'atelier), acrylique sur carton, 1963

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1961-8, gouache et pastel sur panneau d'isorel

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

Grattages
Dans les années 60, c'est la lacération qui vaut pour geste artistique premier. Stylets, râteaux, peignes métalliques : divers outils tranchants permettent de griffer la matière, en un élan toujours ascensionnel, du bas vers le haut. En 1961-62, Hartung utilise une peinture vinylique issue de la technologie industrielle, notamment celle des carrosseries de voiture, qu'il vient de découvrir avec enthousiasme.
T1964-H44, peinture vinylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1963-E45, peinture vinylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1963-H37, peinture vinylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1962-U8, peinture vinylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1962-L21, T1962-L22, T1962-L23, peinture vinylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

P1961-86, grattages sur carte à gratter, et P1961-35, crayon, pastel et grattages sur carte à gratter

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1962-E1, peinture vinylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1961-H4, peinture vinylique et pastel sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

Petits formats
Ces petites peintures nous placent au cœur de l’expérimentation de Hans Hartung, qui, dans la seconde moitié des années 60, renouvelle ses couleurs de prédilection, le bleu et le jaune, en utilisant des teintes acides et voyantes. Ces tableaux témoignent d'une plus grande liberté de geste. Au début des années 70, le peintre reprendra certains motifs de ces petites toiles, qu'il agrandira non plus grâce au report, mais en amplifiant son geste et en utilisant des brosses pouvant atteindre 40 cm - parfois de simples balais ménagers.

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1966-E25, peinture vinylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1966-E23, peinture vinylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

L'activité de photographe de Hans Hartung s'est aussi exercée comme portraitiste. Dans ces portraits qui vont de 1959 pour le plus ancien à 1981 pour le plus récent, le lecteur pourra s'amuser à reconnaître notamment le peintre Zao Wou Ki, un autoportrait de Hartung, Eric Rohmer, le poète, romancier et critique d'art Michel Ragon, disparu il y a quelques jours, le sculpteur Alexander Calder, ami proche de Hartung, et Georges Pompidou...

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

La grande salle suivante est consacrée aux années 70, avec de grandes toiles : T1971-R29, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1973-R9, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1973-E3, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1971-R24, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1973-E12, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1973-R10, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1973-R32, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1973-R34, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1971-H13, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1974-R23, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1975-R35, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

On y trouve aussi d'autres techniques :
des barytés (cartons enduits de baryte, substance minérale utilisée notamment pour donner au papier photographique sa blancheur et sa brillance)

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

des gravures sur bois, technique à laquelle il s'est essayé en 1973 dans les ateliers Erker à Saint-Gall, en Suisse, à sa manière, sans inciser le bois à la manière classique, beaucoup trop lente à son goût, mais en entaillant rapidement le support à l'aide de divers outils et brosses...

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

et des céramiques, technique à laquelle il s'est essayé en 1972 à la Fondation Maeght, pendant la construction de sa maison-atelier d'Antibes.

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

Les dernières salles sont consacrées aux tableaux des années 80
T1980-E50, acrylique sur toile

 

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1982-R11, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1982-H34, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1981-E23, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1981-K17, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1980-E6, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1982-E15, acrylique sur toile

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

Toutes les toiles de l'avant-dernière salle sont des acryliques sur toile de 1987.

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

Enfin, la dernière salle contient quelques-unes des 360 toiles que peignit Hans Hartung en 1989, l'année où il mourut, le 7 décembre à Antibes.
Il travaille essentiellement la nuit à la lumière des néons, et s'immerge dans un monde où la peinture fusionne avec la musique et la peinture qui l'environne. Dans l'atelier résonne principalement de la musique baroque, celle de Bach et Vivaldi, et parfois des airs plus récents, notamment de Stravinsky. Les séances de peinture prennent fin lorsque les toiles étalées sur le sol pour séchage remplissent toute la pièce.

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)

T1989-N10, acrilique sur toile, la dernière toile peinte par Hans Hartung.

Hans Hartung - La Fabrique du geste (II/II)
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Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

15 Février 2020 , Rédigé par japprendslechinois

A l'occasion de la réouverture du Musée d'art moderne de la Ville de Paris, après plusieurs années de rénovation, ce dernier présente une très belle exposition qui nous a donné l'opportunité de redécouvrir Hans Hartung, peintre allemand, qui s'est engagé dans la Légion étrangère française au début de la dernière guerre, et qui a vécu plusieurs années à Arcueil...

"La dernière rétrospective dans un musée français datant de 1969, il était important de redonner à Hans Hartung (1904-1989) toute la visibilité qu’il mérite. L’exposition porte un nouveau regard sur l’ensemble de l’œuvre de cet artiste majeur du XXe siècle et sur son rôle essentiel dans l’histoire de l’art. Hans Hartung fut un précurseur de l’une des inventions artistiques les plus marquantes de son temps : l’abstraction.

Acteur d’un siècle de peinture, qu’il traverse avec une soif de liberté à la mesure des phénomènes qui viennent l’entraver – de la montée du fascisme dans son pays d’origine l’Allemagne à la précarité de l’après-guerre en France et à ses conséquences physiques et morales – jamais, il ne cessera de peindre.

Nous consacrerons ce premier billet à la période qui va jusqu'à la guerre, en commençant par quelques tableaux de sa prime jeunesse :

T1921-2 : D'après le 3 mai de Goya II, huile sur carton (1921)

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

Autoportrait de 1922

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

Le Grand cheval, huile sur carton, 1922

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

T1922-1 Danse des bacchantes autour d'un nu couché, huile sur papier kraft marouflé sur panneau, 1922

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

Trois personnes assises, le Kokoschka, huile sur panneau de bois contreplaqué, 1923

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

Des aquarelles sur papier de 1922,

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

Des craies noires, fusains ou sanguines sur papier, tous de 1923

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

Stintek I, maisons devant la digue, huile sur panneau de bois contreplaqué, 1925

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

Leucate, ma cabane grise, huile sur panneau de bois, 1927

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

A partir de 1932, Hartung poursuit une création exclusivement abstraite. La dissolution du référent, la construction de l'espace par plans, sans hiérarchie entre le fonds et les formes, témoignent de l'héritage du cubisme dans son oeuvre. 

T1933-3, huile sur toile, 1933

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

T1935-1, huile sur toile, 1935

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

T1934-2, huile sur toile, 1934

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

T1936-11, huile sur toile, 1936

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

T1937-1, huile sur toile, 1937

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

T1937-17, huile sur toile, 1937

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

Sans titre, aquarelle sur papier, 1932

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

T1936-2, huile sur toile, 1936

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

T1938-12, huile sur panneau celotex, 1938

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

T1938-29, huile sur panneau celotex, 1938

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

T1938-30, huile sur bois, 1938

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

T1938-2, huile sur toile, 1938

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

Le seul collage de l'exposition, réalisé en 1938 dans l'atelier de Julio González (1876-1942), sculpteur et peintre né à Barcelone, venu en France dès la fin des années 1890 et définitivement installé en France à partir de 1904. Hans Hartung le rencontre en 1937, année où González installe son atelier à Arcueil, il épousera sa fille Roberta en 1938.

T1938-16, collage sur panneau de bois, 1938

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

C'est aussi sous la conduite de González et dans son atelier que Hartung réalisera sa seule sculpture :

Sans titre, fer, 1938

A la différence de González, qui maintient le rapport à la figure humaine, Hartung s'affranchit de tout référent.

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

Encore quelques œuvres de 1938 :

Sans titre, pastel, fusain et craie noire sur papier

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

T1938-3, huile sur bois, 1938

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

T1938-6, huile sur panneau celotex, 1938

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

Trois oeuvres sans titre, crayon et pastel sur papier de 1939 :

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

Trois œuvres sans titre, gouache et crayon sur papier de 1940 :

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

Têtes, gouache sur papier, 1940

Pendant la guerre, principalement en 1940, Hartung peint plus de quatre-vingts têtes. Bouche ouverte et langue tirée, yeux écarquillés, elles expriment à la fois le désarroi et la colère. Ces gouaches évoquent la fureur et l'effroi des civils tués dans Guernica de Pablo Picasso (1937), mais aussi les sculptures sur le thème de la Montserrat réalisées par Julio González en hommage aux souffrances du peuple pendant la guerre d'Espagne. Après la Seconde Guerre mondiale, Hartung minore leur importance et les montre peu : elles auraient été produites pour "faire plaisir à ses proches", selon ses mots, dans un contexte où, précise-t-il, "tout lui était plus ou moins indifférent". 

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

Dessins-écritures

Les années de guerre sont marquées par une pratique obstinée du crayon et de l'encre sur papier. En 1942, alors qu'il a trouvé refuge chez les González dans le Lot, Hartung réalise des motifs calligraphiques dont certains lui serviront de source pour les œuvres de l'immédiat après-guerre.

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)
Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)

Terminons cette première partie avec cet autoportrait de 1943, crayon sur papier.

Hans Hartung - La Fabrique du geste (I/II)
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Un Enterrement à Shanghai (Yan Pei-Ming)

8 Février 2020 , Rédigé par japprendslechinois

Un mini-billet relatif à une mini-exposition à la fin de l'année dernière à Orsay.

Quand il arrive en France en 1980, Yan Pei-Ming, alors âgé de vingt ans, se rend immédiatement à Paris afin de découvrir les œuvres de Gustave Courbet alors exposées au musée du Louvre. Trente-neuf ans plus tard, devenu français - et un des peintres les plus magistraux de notre temps - il s'inspire d'Un enterrement à Ornans, chef-d'oeuvre du réalisme, pour créer Un enterrement à Shanghai, conçu spécialement pour le musée d'Orsay en célébration du 200e anniversaire de Courbet. Ce triptyque est composé de trois panneaux,  (Montagne céleste, Ma mère, L'adieu), disposés sur trois des parois de la salle de l'exposition, huiles sur toiles de dimensions respectives  500 x 750 cm,  500 x 400 cm,  315 x 668 cm
 

Un Enterrement à Shanghai (Yan Pei-Ming)
Un Enterrement à Shanghai (Yan Pei-Ming)

Le premier panneau figure des montagnes, peintes de manière expressionniste et tendant vers l'abstraction : "C'est un paysage idéal, une sorte de paradis. Là où je voudrais que ma mère puisse résider."

Un Enterrement à Shanghai (Yan Pei-Ming)

Le portrait de la défunte, la mère de l'artiste, est monumental : "Ma mère était une femme ordinaire, mais je l'ai peinte à la même échelle que les icônes du pouvoir politique."

Un Enterrement à Shanghai (Yan Pei-Ming)

Le troisième panneau, l'enterrement de la mère de l'artiste, est peint à l'échelle exacte d'Un enterrement à Ornans (1849-1850) : Les funérailles de sa mère sont ici minutieusement dépeintes. La scène se déroule, non plus à Ornans, mais à Shanghai, ville natale de l'artiste.

Un Enterrement à Shanghai (Yan Pei-Ming)

Quelques détails de l'enterrement et du "modèle" auquel il rend hommage.

Un Enterrement à Shanghai (Yan Pei-Ming)
Un Enterrement à Shanghai (Yan Pei-Ming)
Un Enterrement à Shanghai (Yan Pei-Ming)

Une belle occasion de découvrir un artiste d'une grande force, dont les tableaux sont exposés au musée national d'art moderne (centre Pompidou), aux Abattoirs de Toulouse, et naturellement aussi à Dijon, où il s'était installé et où il avait étudié à son arrivée en France en 1980, à vingt ans. Il travaille essentiellement dans son atelier de 2 500 m2 installé dans une ancienne usine d'Ivry-sur-Seine.

Nous avions déjà évoqué un autre peintre français d'origine chinoise, mais d'une génération précédente, Zao Wou Ki,  dans notre billet du 1er juillet 2018.

Terminons avec une vidéo réalisée par le Musée d'Orsay sur la genèse de  l'oeuvre. 

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Soulages au Louvre

1 Février 2020 , Rédigé par japprendslechinois

Pierre Soulages, « peintre de l’outrenoir », figure majeure de la peinture non figurative, est né le 24 décembre 1919 à Rodez. À l'occasion de son centième anniversaire, le musée du Louvre lui consacre une exposition exceptionnelle dans le Salon carré, situé entre la galerie d’Apollon et la Grande Galerie.

Seuls Chagall et Picasso, à l’occasion de leurs 90 ans, ont bénéficié avant lui de telles rétrospectives au Louvre. Cette exposition-hommage prend le parti de rendre compte du parcours chronologique de l’oeuvre de 1946 à aujourd’hui, en représentant par un choix resserré les huit décennies pendant lesquelles Soulages a développé ses recherches, ainsi que de très grandes peintures réalisées ces derniers mois.

Le public se presse dans un décor habitué à un tout autre style de peinture.

Soulages au Louvre
Soulages au Louvre

Peinture 195 x 130 cm, huile sur toile, mai 1953

Soulages au Louvre

Peinture 195 x 130 cm, huile sur toile, 14 mars 1955

Soulages au Louvre

Peinture 220 x 366 cm, huile sur toile, 14 mai 1968

Soulages au Louvre

Brou de noix sur papier

48,2 x 63,4 cm, 1946
63,8 x 48,5 cm, 1947

Soulages au Louvre

Peinture 193,4 x 129,1 cm, brou de noix sur toile, 1948-49

Soulages au Louvre

Goudron sur verre 45,5 x 76,5 cm, 1948-1

Soulages au Louvre

Peinture 162 x 127 cm, huile sur toile, 14 avril 1979

"Outrenoir : le noir devient émetteur de clarté. Ce sont des différences de textures, lisses, fibreuses, calmes, tendues ou agitées qui captant ou refusant la lumière font naître les noirs gris ou les noirs profonds. Le reflet est pris en compte et devient partie intégrante de l'oeuvre : il y intègre la lumière que reçoit la peinture et la restitue avec sa couleur transmutée par le noir." (Pierre Soulages)

Soulages au Louvre

Peinture 304 x 181 cm, 9 décembre 2007
Acrylique sur toile, polyptyque (4 éléments : un élément de 71 x 181 cm ; un élément de 81 x 181 cm ; un élément de 71 x 181 cm ; un élément de 81 x 181 cm, superposés)

Soulages au Louvre

Peinture 222 x 314 cm, 24 février 2008
Acrylique sur toile, polyptyque (2 éléments de 222 x 157 cm, juxtaposés)

Soulages au Louvre

Peinture 326 x 181 cm, 14 mars 2009
Acrylique sur toile, polyptyque (4 éléments : un élément de 71 x 181 cm ; un élément de 112 x 181 cm ; un élément de 81 x 181 cm ; un élément de 62 x 181 cm, superposés)

Soulages au Louvre

Avec une entorse à l'ordre chronologique, les grandes toiles qui entourent ses plus récentes productions :

Peinture 324 x 362 cm, 1985
Huile sur toile, polyptyque (4 éléments de 81 x 362 cm, superposés)

 

Soulages au Louvre

Peinture 290 x 654 cm, février-mars 1992
Huile sur toile, polyptyque (5 éléments de 290 x 130 cm, juxtaposés)

Soulages au Louvre

et, entre ces deux "monuments", trois grandes toiles verticales d'un seul tenant, peintes à la veille de ses cent ans, il y a quelques mois :

Peinture 390 x 130 cm, 10 août 2019
Peinture 390 x 130 cm, 26 août 2019
Peinture 390 x 130 cm, 18 octobre 2019

(acrylique sur toile)

Soulages au Louvre
Soulages au Louvre
Soulages au Louvre

Complétons le compte-rendu de cet exceptionnel hommage du Louvre à un peintre contemporain avec deux toiles déjà présentées dans ce blog :

- Peinture, 26 mai 1969, huile sur toile de la collection du Musée Bridgestone à Tokyo (notre billet du 10 juin 2017)

Soulages au Louvre

Peinture 92 x 65 cm, 10 février 1965, huile sur toile du musée Soulages à Rodez, présentée dans notre billet du 14 décembre 2019 sur l'exposition Le monde nouveau de Charlotte Perriand à la Fondation Louis Vuitton.

Soulages au Louvre
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