Balades à Toulouse (III) - Art moderne
Ce troisième épisode des balades toulousaines sera consacré, pour varier les plaisirs, à l'art moderne. C'est naturellement vers "Les Abattoirs" que nous dirigerons nos pas. Ce nom usuel désigne l'Espace d’art moderne et contemporain de Toulouse Midi-Pyrénées et fait référence à l'histoire du lieu : en 1825, l’architecte Urbain Vitry réalise une construction de type basilical, marquée par une articulation symétrique et un langage néo-classique, pour abriter le regroupement des abattoirs municipaux de Toulouse. Elle remplira cette fonction jusqu'en 1988. Inscrits à l'inventaire des monuments historiques en 1990, ces bâtiments abriteront l'espace d'art moderne à partir de 2000, après leur rénovation, commencée en 1997, par les architectes Antoine Stinco et Rémi Papillault.
Avant d'entrer dans le musée, nous longeons à droite le bâtiment principal en passant devant le Grand Tournesol de Fernand Léger, qui nous rappelle les oeuvres en céramique de ce dernier découvertes dans l'exposition consacrée à son amie Charlotte Perriand (notre billet du 14 décembre 2019)
Nous allons retrouver nos amis au café situé dans les petits bâtiments en arc de cercle derrière le musée. Dans l'allée, quelques sculptures monumentales et aux murs des mosaïques de Fernand Léger
Acrobates et Musiciens, Fernand Léger
What’s a public sculpture? N°3, Franck Scurti
Les Plongeurs Polychromes, Fernand Léger
Les Trois Musiciens, Fernand Léger
Los Pès del parpalhòl, Jessica Stockholder
On retrouve Fernand Léger avec sur la façade du musée une version monumentale de la céramique Les Femmes au perroquet sur fond rouge dont une version plus petite figurait dans l'exposition Charlotte Perriand déjà citée.
Lors de notre visite - à tarif heureusement réduit - la belle nef du bâtiment principal est dans un joyeux désordre - qui permet cependant d'en apprécier l'architecture monumentale.
La préparation d'une prochaine exposition est en cours - consacrée aux pianos dans l'art contemporain, à première vue...
Nous ne pouvons que nous diriger vers le sol-sol, qui abrite la seule exposition visible, Deep See Blue Surrounding You / Vois Ce Bleu Profond Te Fondre de Laure Prouvost.
Il s'agit de la première étape de la tournée du projet que l'artiste avait présenté au Pavillon français pour la 58ème édition de la Biennale de Venise.
Laure Prouvost est née à Croix-Lille (France) en 1978, avant de s’établir à Londres où elle a étudié à la Central Saint Martins puis au Goldsmiths College. Lauréate du prestigieux Turner Prize en 2013, elle vit et travaille désormais entre Londres, Anvers, et une caravane dans le désert croate.
C'est un ensemble d'installations étranges, dans une ambiance musicale que malheureusement le lecteur de ce billet n'entendra pas, dans une atmosphère sombre où l'éclairage évolue sans cesse.
La pièce centrale est une œuvre filmique (sic) et fictionnelle qui prend la forme d’un voyage initiatique, d’une joyeuse épopée tournée lors d’un road trip à travers la France, en passant par le Nord, la banlieue parisienne, le Palais du Facteur Cheval, et la mer Méditerranée, jusqu'à Venise. Ce film, basé sur un script co-écrit par l’artiste et divers contributeurs, mélange les langues, le français et l'anglais avec des passages en italien, arabe ou néerlandais.
Nous en donnons ici un court extrait
Avant de quitter le musée, un regard sur son plus beau chef d'oeuvre, La Dépouille de Minotaure en costume d'Arlequin, rideau de scène de la pièce de Romain Rolland, par Pablo Picasso.
En quittant le musée, en traversant le Jardin Raymond VI, encore des sculptures monumentales :
Arche, Daniel Coulet (2001)
et, pour finir, Agoraphobia (2005) de Franz West que nous avions découvert dans notre billet du 12 janvier 2019.
Balades à Toulouse (II)
L'actualité compromettant le rassemblement de nouveaux matériaux, nous poursuivons dans ce billet la relation de nos balades toulousaines amorcée dans notre précédent billet avec deux autres monuments religieux exceptionnels.
La basilique Saint-Sernin est une des plus grandes églises romanes conservées en Europe, avec la cathédrale de Spire, en Allemagne. Nous en découvrons la masse imposante au débouché de la rue du Taur, dont le nom fait allusion au martyre de Saint-Sernin en 250.
Le chevet aux multiples chapelles rayonnantes
La façade Nord
Et l'entrée principale de la façade Ouest.
La nef, longue de 115 mètres, est composée de 5 vaisseaux et son vaisseau principal est large de 8 mètres.
Quelques vues du croisillon sud du transept
Avec un regard au passage sur le vaisseau principal, le croisillon nord du transept...
et ses fresques remarquables, notamment un cycle de la résurrection
et la chapelle du Crucifix.
A la croisée du transept, le maître-autel sous un impressionnant baldaquin de style baroque dans lequel se trouve une statue à la gloire du Saint.
Dans le déambulatoire, de nombreux petits autels-reliquaires richement décorés
Deux des sept bas-reliefs en marbre encastrés dans le mur, un Christ de majesté et un des apôtres qui l'entourent
Quelques statues d'apôtres en bois du XVIème siècle
Sous l'abside, la crypte qui abrite les plus précieuses reliques de la basilique.
A deux pas de Saint-Sernin, rue du Périgord, nos pas nous mènent vers la chapelle des Carmélites. La première pierre en a été posée le 1er juillet 1622, année de la canonisation de sainte Thérèse d'Ávila, par le roi Louis XIII, accompagnée de son épouse Anne d'Autriche. Terminée en 1643, elle fut décorée au siècle suivant avec un remarquable ensemble de peintures murales de Jean-Pierre Rivalz (1625-1707) et de tableaux de Jean-Baptiste Despax (1710_1773).
La vue d'ensemble de la chapelle
Les plafonds et peintures murales...
Les tableaux de Jean-Baptiste Despax, élève et gendre d'Antoine Rivalz, fils de Jean-Pierre Rivalz, auteur du plafond...et deux touristes dialoguant (jeux de mots...)
Pour clore ce billet, un dernier regard sur ce merveilleux plafond qui a valu à la chapelle des Carmélites le surnom de Chapelle Sixtine Toulousaine...
Balades à Toulouse (I)
A la suite de nos billets sur la collection Bemberg, quelques images de cette si belle ville que nous avons redécouverte bien des années après nos premières visites...
Passage quasi-obligé pour nous rendre en ville depuis le Port Saint-Sauveur où nous avions pris nos quartiers à bord de Sabrina, le bateau de nos bons amis (voir nos billets de juin 2016), le Boulingrin, appelé aussi "Grand Rond)...
Après un passage devant l'équivalent toulousain des immeubles "haussmanniens"...
La cathédrale Saint-Etienne, où les apports architecturaux des différentes époques composent un étrange ensemble plein de charme...
La Place du Capitole, où la patinoire apporte en cette fin d'hiver une note insolite...
Le Capitole lui-même, hôtel de ville emblématique, mérite une visite :
L'ancienne salle des mariages, décorée par Paul Gervais (1859-1944) - présent également dans la Salle des Illustres, avec la Fontaine de Jouvence (1908)
Son contemporain - mais dans un genre heureusement très différent - Henri Martin (1860-1943) a décoré le grand hall qui mène à la salle des Illustres...
Donnant au premier étage sur la place du Capitole, la Salle des Illustres occupe toute la largeur du bâtiment.
Ornée de peintures et de sculptures entre les fenêtres qui donnent sur la place,..
à une extrémité, La défense de Toulouse, par Jean-Paul Laurens,
à l'autre, Entrée du pape Urbain II en 1096, par Benjamin Constant.
Terminons cette première balade avec le Couvent des Jacobins, dont l'église, terminée en 1385, mesure 80 mètres de long sur 20 mètres de largeur créant un volume intérieur impressionnant. Une installation, "Mesure de la lumière", due à Sarkis avec sept néons de couleur suspendus dans chacun des sept intervalles de la colonnade...
...et un faisceau de sept tubes néon assemblant les sept couleurs sous le "palmier", chef d'oeuvre de l'édifice.
De l'église, passons au cloître formé de quatre galeries construites entre 1306 et 1309. Les colonnades sont en marbre gris de Saint-Béat et les chapiteaux sont ornés de sculptures végétales. Elles soutiennent un toit en appentis reposant sur des arcs de briques, eux-mêmes reposant sur les chapiteaux.
Dans la galerie occidentale du cloître, la salle capitulaire datant d'entre 1299 et 1301, dont la voûte repose sur deux fines colonnes prismatiques en marbre.
Dans le prolongement de cette galerie, le réfectoire est une vaste salle avec des arcs diaphragmes portant une charpente lambrissée. Il mesure 17 m de hauteur et est l'un des plus vastes réfectoires monastiques de l'époque médiévale.
La petite chapelle de la Vierge, dernière partie du couvent récemment ouverte au public
La chapelle Saint-Antonin, située entre le réfectoire et la salle capitulaire, a été construite et décorée entre 1335 et 1341. Son décor est peint à la détrempe et représente entre autres la deuxième vision de l'Apocalypse.
Le cloître offre une belle vue sur l'église...
...et sur le clocher qui mesure 45 mètres de haut. Ce clocher octogonal de quatre étages en retrait percés de baies géminées couvertes d'arc en mitre a été construit entre 1275 et 1298, sur le même modèle que celui de la basilique Saint-Sernin que nous visiterons dans un prochain billet.
Fondation Bemberg, Hôtel d'Assezat, Toulouse (II/II)
Nous terminons dans ce billet la visite commencée dans notre billet du 29 février.
La salle suivante de la partie "moderne", salle IX "Henri Fantin-Latour", qui regroupe des scènes intimistes et portraits, peints par des contemporains d'Henri Fantin-Latour. De de dernier, entre autres toiles, Vase aux pommes et feuillage (1872)
Tête de jeune paysan par Paul Gauguin (1888)
Le maître d'équipage par Henri de Toulouse-Lautrec (1882)
Jardin fleuri par Egon Schiele (1905)
Pégase et l'Hydre par Odilon Redon (vers 1907)
Nu aux bras levés (vers 1929-1930) par Georges Rouault
La Clairière (vers 1925) par André Derain
Dans la salle X, dite « salle fauve », La Seine (environs de Rouen) et Le Théâtre en plein air, Alger, deux toiles réalisées en 1942 par Albert Marquet
Port de Dieppe (1893) par Albert Lebourg
Jardins à Honfleur (1902) et Paysage sur la terrasse (1909) par Othon Friesz
De Louis Valtat, Les Roches rouges (1901) et Sur le boulevard (1893)
Dans cette salle, également, quelques toiles de Raoul Dufy :
Rideau d'arbres à Falaise (1905)
Le Quai de Paris (vers 1906-1907)
La Frontière, Paysage de Munich (1909)
Paysage au clocher (vers 1908-1910)
Régates à Deauville (vers 1946)
et un petit Matisse : La Falaise d'Aval et le cabanon (vers 1920)
Maurice Vlaminck :
Les Poissons (vers 1907)
Nature morte aux poissons (1907)
Vue de Chatou
Kees Van Dongen :
La Course
Le Caoutchouc rouge (1904)
Georges Braque : Fenêtre sur l'Escaut (1906)
Maurice Utrillo : La rue Bayen à Paris (1922)
Charles Camoin : Quatre bateaux dans le port de Cassis (vers 1904-1905)
Salle XI « Les impressionnistes »
Camille Pissarro : Dulwich College, Londres (1871) et Portrait de Felix en jupe (1883)
Alfred Sisley : Les bords du Loing vers Moret (1883) et Le canal du Loing (1892)
Femme au jardin (Villa Arnulphi à Nice) - 1882 par Berthe Morisot
Le petit bras de la Seine en automne (1890) par Gustave Caillebotte
Crinolines sur la plage (1863) par Eugène Boudin
Stanislas Lepine : Vue de la Seine et du Trocadéro - Le pont de Grenelle (1878-1883) et Paris, le pont des Arts (1875)
La salle XII présente la collection exceptionnelle d’œuvres de Pierre Bonnard rassemblées par Bemberg, avec ces deux autoportraits datant respectivement de 1933 et 1945.
Paysage du Midi (vers 1917-1918)
Paysage du Cannet (1935)
Femme au peignoir rouge (1916)
Iris et lilas (1920)
En bateau (vers 1910)
Les Pommes rouges et jaunes (1920)
Les pêcheurs (1907)
Nu au tub (1903)
La Promenade au bord de la rivière (1919)
Voiliers au sec (1914)
Intérieur (vers 1905)
Misia Sert dur le navire d'Edwards (vers 1905)
Montmartre (1907)
L'Omnibus (1895)
Avant de passer dans la dernière salle (XIII), dite des dessins, un tableau d'Albert Gleizes, Vue de Budapest (1904)
et deux sculptures :
Aristide Maillol : Eve à la pomme (1899)
Roger de la Fresnaye : Grand nu (vers 1911)
La salle XIII rassemble les "dessins", au sens générique du terme (plume, gouache, aquarelle...), de plusieurs grands noms de la peinture française et vient clore la visite.
Raoul Dufy :
La Famille du comte Harry Kessler à cheval, aquarelle sur papier marouflé
Chevaux de cirque, aquarelle et gouache sur papier
André Dunoyer de Segonzac : Vase d'anémones, citrons et panier sur la table, encre sur papier
Pablo Picasso :
Portrait de Jane Thylda, crayon noir sur papier
Portrait d'Angel Fernandez de Soto, pastel
Le Couple, fusain sur papier
Pierrot et Arlequin, crayons et cires sur panneau
Henri de Toulouse-Lautrec :
Tête de femme, huile sur carton
Maison de la rue des Moulins, Rolande, peinture à l'essence sur carton
Monsieur Tapié de Céleyran en chasseur, ou Le Tir aux pigeons, crayon , gouache sur papier
Auguste Renoir : Portrait de jeune fille, pastel
Paul Gauguin : La Tahitienne, lavis aquarellé
Berthe Morizot : Jeune fille lisant, pastel
Georges Rouault : Fille ou nu assis, aquarelle et pastel sur papier,
et terminons sur une oeuvre qui n'appartient pas à la collection, mais a été déposée provisoirement par le Musée d'Orsay en remplacement de l'Arlequin jaune de Degas, que nous avions présenté dans notre billet du 28 décembre dernier sur l'exposition Degas à l'Opéra.
La Baigneuse rose, détrempe sur carton de Félix Valloton (vers 1893)