Eglises et palais de Palerme

La promenade dans les rues de Palerme dans notre dernier billet a dû laisser le lecteur sur sa faim : le présent billet essayera de tenir la promesse qui y était faite de pousser la porte des bâtiments entrevus et d'en découvrir l'intérieur, tout aussi dépaysant.
Commençons avec les églises qui surplombent la place Bellini : à gauche, la plus importante, l'église de la Martorana (1149), appelée aussi Santa Maria dell'Ammiraglio (Sainte-Marie-de-l'Amiral), qui connut des transformations importantes aux XIIie et XIVe siècles., mais dont les parties les plus anciennes sont représentatives de l'architecture byzanto-normande.
Dès l'entrée, on aperçoit le beau chœur baroque décoré par Olivio Sozzi au XVIIe siècle
mais c'est surtout la partie byzanto-normande originelle de l'église qui retiendra notre attention
Détails de mosaïques
La juxtaposition des styles donnent à l'édifice un charme tout particulier
Sur la gauche, lui est rattachée l'église San Cataldo , joyau de l’architecture arabo-normande, fondée entre 1154 et 1160 par l’amiral Maion de Bari, dans les années où il était Grand Amiral du Guillaume Ier de Sicile.
Son intérieur, très dépouillé, est d'une grande beauté.
Une des plus belles églises baroques de Palerme est l'église San Giuseppe dei Teatini, située contre un des Quattro Canti qui bordent la Piazza Vigliena que nous avions découverte dans notre billet précédent (Photo Bjs, 2007, la place étant en travaux lors de notre visite en 2006)
Elle a été construite au début du XVIIe siècle par Giacomo Besio, membre génois de l'ordre des Théatins.
La décoration intérieure est un défilé d'art baroque, avec des stucs de Paolo Corso et Giuseppe Serpotta. De grandes fresques sont visibles dans la nef, dans la voûte du transept peintes par Filippo Tancredi, Guglielmo Borremans et Giuseppe Velasco.
Terminons la série des églises en revenant au style arabo-normand avec Saint-Jean des Ermites (San Giovanni degli Eremiti - 1132)
Cette’église, dont les origines remontent au vie siècle, pendant la domination arabe a été convertie en mosquée pour être reconsacrée à l’ancien culte catholique par Roger II de Sicile qui a donné cet édifice, vers 1136, à l'Ordre de Montevergine des disciples de Guillaume de Verceil.
Le cloître, orné d’un jardin luxuriant, est la partie la mieux conservée de l’ancien monastère. On appréciera la beauté et la légèreté des colonnes couplées avec des chapiteaux ornés de feuilles d’acanthe qui soutiennent des arcs ogivaux à double anneau.
La sobre beauté de l'intérieur
Passons aux palais normands, avec la Cuba Sottana, le palais de Cuba, ou plus simplement, la Cuba. Ce petit palais de repos, dont le nom dérive de Qubba, « dôme » en arabe, a été construit en 1180 pour le roi Guillaume le bon, au centre d’un grand parc appelé Jannat al-ard (« jardin – ou paradis – sur terre » en arabe) ou Genoardo. Le Genoardo, qui comprenait également la Cuba Soprana et la Cubula, faisait partie des Sollazi Regi, un circuit de splendides palais de la cour normande situés autour de Palerme.
L'intérieur, lors de notre visite, était peu aménagé,
mais les mouqarnas du vestibule central étaient bien visibles.
Le palais de la Zisa ou la Zisa fut construit à partir de l’an 1164 à la demande du roi normand Guillaume Ier de Sicile dit le « Mauvais » et achevé en 1170, sous le règne de son fils et successeur, le roi Guillaume II de Sicile le « Bon ».
Ce palais de plaisance à trois étages tire son nom de l’arabe : « La Zisa » en italien vient de « al-Azîz », signifiant « La Splendeur ». L’architecture de ce monument est faite d’influences multiples, caractéristique de l’art arabo-normand sicilien : influences occidentales et orientales à la fois, de l’architecture normande à l’art byzantin en passant surtout par l’art islamique.
Ses élégantes façades offrent peu d'ouvertures au soleil
L'intérieur en était en travaux,
mais cette photo d'août 2004 de Bjs permet de mieux imaginer la niche du grand hall avec sa fontaine et sa muqarna.
et les fameux diables du plafond étaient visibles.
Terminons avec le plus fameux des palais, précisément nommé palais des Normands (Palazzo dei Normanni), qui fut tour à tour forteresse punique, fort romain, château des émirs arabes, résidence des rois normands au XIIe siècle, puis enfin siège de l’Assemblée régionale sicilienne.
Il reste à l'intérieur peu de vestiges de sa splendeur normande.
Nous pourrons en admirer l'élégante cour...
et surtout, pour boucler la boucle en revenant au style bizanto-normand, la chapelle palatine, située au premier étage du palais.
Roger II fut couronné roi de Sicile en 1130 ; il commença la construction de la chapelle en 1132. Elle fut consacrée le 28 avril 1140 en tant que chapelle privée de la famille royale et les travaux en furent terminés en 1143.
Malgré, là encore, les travaux...
on est en mesure d'en apprécier les éléments décoratifs...
et la splendeur des mosaïques figuratives
Dans les rues de Palerme

Devant le succès remporté par les billets "andalous" pendant le confinement, et l'heure n'étant pas encore vraiment à la détente, poursuivons dans la même veine en nous promenant dans les rues de Palerme.
Notre voyage à Palerme à la fin de l'hiver 2006 a été l'occasion de découvrir des monuments aussi anciens et intéressant qu'en Andalousie, mais pour faire une pause dans l'archéologie et l'histoire, je vous propose de simples scènes de rue, souvent sans mention du nom ou de l'époque des bâtiments, juste pour s'évader...
Dans les quartiers populaires autour du marché...
un peu d'animation...
Un peu d'art déco, qu'on qualifiera plutôt de fasciste, vu le contexte...
Un beau palais en triste état, le Palazzo Ugo delle Favare, où une plaque indique que Garigaldi y fit un bref passage.
Sa dernière transformation date de son acquisition au début du XVIIIème siècle par le marquis Ugo delle Favare, célèbre juriste ; il a pendant deux siècles accueilli nombre d’événements importants de la cité, et de visiteurs illustres telle en 1824 l'archiduchesse Marie-Louise d'Autriche, veuve de Napoléon 1er, avant de recevoir une bombe en 1943.
Ce palais donne sur la Piazza Bologni, où veille la statue de Charles Quint. Sur cette place aussi le Palazzo Riso, qui accueille à présent le Musée d'Art Contemporain de la Sicile.
Deux des Quattro Canti qui bordent la baroque Piazza Vigliena
Autre place monumentale à proximité, la Piazza Pretoria, connue aussi, comme la fontaine qui l'orne, sous le nom de Piazza della Vergogna. Dominent cette place le Palazzo Pretorio, hôtel de ville de Palerme, et l'église Sainte Catherine (fin du XVIe siècle)
Pêle-mêle, au hasard des rues...
Quelques touches de couleur...
En franchissant le porche d'une vieille demeure aristocratique,
...on peut découvrir des merveilles.
En clôture de cette promenade, un aperçu, toujours de l'extérieur, de la richesse monumentale de Palerme, que nous découvrirons dans un prochain billet, et qui couvre toutes les époques, des dominations arabes et normandes au tournant du premier millénaire au baroque foisonnant du XVIIIe siècle.
Dominant la Piazza Bellini, les splendides églises de Martorana et de San Cataldo.
Et, bien sûr, la cathédrale de Palerme, élevée au XIIe siècle dans le style arabo-normand et sans cesse enrichie et agrandie.
Excursion à Cordoue
La période de post-confinement n'est guère plus favorable à la recherche de sujets innovants pour divertir le lecteur. Mais impossible de terminer la série des billets sur Séville sans mentionner l'excursion de rigueur à Cordoue, à 40 mn par TGV.
Cette cité andalouse un peu plus "provinciale" que Séville a un charme différent mais tout aussi grand. Cordoue a un passé prestigieux, capitale de la province romaine d'Hispanie ultérieure pendant la période républicaine, puis de la province de Bétique durant l'Empire. Au Moyen âge, après la conquête arabe et berbère au VIIIe siècle, Cordoue connaît une période d'expansion et de rayonnement particulier au Xe siècle en tant que capitale du Califat de Cordoue gouverné par une branche locale de la dynastie des Omeyyades. Elle redevient une ville de taille moyenne après la reconquête au XIIIe siècle.
Le monument le plus remarquable en est la vieille mosquée-cathédrale, la Mezquita de Córdoba, reconvertie au christianisme au XIIIe siècle sous le nom de Catedral de Nuestra Señora de la Asunción. Elle a été construite à partir du VIIIe siècle sur l'emplacement de la basilique Saint-Vincent Martyr, construite par les Wisigoths. Elle a fait l'objet de plusieurs agrandissements durant le califat de Cordoue. Avec 23 400 m2, la mosquée est la deuxième plus grande mosquée après celle de La Mecque, uniquement dépassée ultérieurement en 1588 par la Mosquée bleue d'Istanbul et en 1993 par la mosquée Hassan-II de Casablanca.
Les murs extérieurs de la partie la plus ancienne, richement décorés
Pour pénétrer dans les immenses cours, empruntons la Puerta de Santa Catalina ou encore la Puerta del Perdón
En ce mois de février 2007, le sol est jonché d'oranges - immangeables - que des ouvriers ramassent dans des bennes...
Approchons de la mosquée-cathédrale, et de son clocher qui emmure l'ancien minaret
et pénétrons dans la forêt des colonnes de marbre qui supportent des arcades doubles en brique et pierre blanche et des arcs bicolores : il y eut jusqu'à 600 colonnes en marbre avant que la construction de la cathédrale dans la mosquée n'en détruise une partie.
Le point focal de la partie conservée de la mosquée est le mirhab, chef d'oeuvre absolu dont les mosaïques ont été réalisées par des artisans chrétiens venus de l'empire bizantin
Quand Cordoue fut reprise aux Musulmans par le roi Ferdinand III de Castille en 1236, la mosquée devint une église, mais avec un minimum de transformations : l'ouverture entre la cour et la salle de prière fut murée en ne conservant qu'une seule porte d'entrée (Puerta de Las Palmas) ; quelques rangées de colonnes furent abattues pour dégager la place de la Chapelle Royale décorée de stucs mudéjars, où furent enterrés Alphonse XI de Castille et Ferdinand IV de Castille en 1371 ; enfin la dernière travée à l'est fut divisée pour y délimiter des chapelles.
Mais au XVIe siècle, les chanoines du chapitre firent démolir une partie importante du centre de l'édifice pour y édifier une cathédrale qui apparaît comme incrustée dans la mosquée, rompant les perspectives de la forêt de colonnes et offrant un contraste entre celle-ci et la blancheur du chœur inondé de lumière. Ce monument allie les styles gothique, Renaissance et baroque et est magnifiquement décoré. Charles Quint, qui avait préservé le chef-d'œuvre d'architecture musulmane qu'est l'Alhambra, regretta la transformation de cet édifice : "Vous avez détruit ce qui était unique pour faire la même chose que l’on voit partout".
Plafonds et coupole
Des stalles aussi somptueuses que celles de Séville...
La liaison entre les deux architectures garde cependant une cerrtaine harmonie
Un dernier regard sur la Mezquita et son clocher
avant de déambuler dans les vieilles rues du centre historique
De belles églises au passage : Iglesia San Pablo et sa façade maniériste du XVIe siècle
Iglesia de San Francisco y San Eulogio, et le l'ancien cloître du couvent attenant San Pedro el Real (XVIIIe siècle)
Iglesia de San Lorenzo et son impressionnante rosace de pierre (fondée au XIIIe siècle sur une ancienne mosquée. Le minaret a été converti par Hernán Ruiz le Jeune en tour Renaissance, précédent à la transformation de la Giralda de Séville.
Iglesia de Santa Marina : comme la précédente, l'une des douze églises fernandines de Cordoue, édifiées après la conquête de Ferdinand III de Castille sur les Maures au XIIIe siècle.
Quelques images des patios de Cordoue...
Quelques places : la plus impressionnante, la Plaza de la Corredera, unique plaza mayor quadrangulaire d'Andalousie, oeuvre de l'architecte de Salamanque Antonio Ramós Valdés, qui a bâti un rectangle de 113 mètres de long et 55 mètres de large, en 1683.
Peut-être la plus célèbre, la Plaza del Potro (place du poulain). Au centre, une fontaine construite en 1577, couronnée d'une petite statue représentant un poulain cabré soutenant un écu figurant le blason de Cordoue. On trouve sur cette place la fameuse Auberge du Poulain, citée par Cervantès dans Don Quichotte.
la petite Plaza de Capuchinos avec le Cristo de los Faroles
Une curiosité enfin : Plaza del Conde de Priego avec une statue monumentale du toreador Manolete érigée en 1948
Terminons en sortant des murailles de la ville par la Puerta de Almódovar (rebâtie au XIVe Siècle)
Seville (III) L'Alcazar, la Cartuja, et autres lieux
Un dernier blog de souvenirs de Séville en février 2007, en donnant d'abord un aperçu des multiples bâtiments, patios et jardins de l'Alcazar (Real Alcázar de Sevilla), palais fortifié construit par les Omeyyades d'Espagne à partir de 720 pour leur servir de résidence et protéger la ville (la forteresse aurait permis de contenir en 884 une invasion des Vikings) : modifié à plusieurs reprises pendant et après la période musulmane, il est considéré comme l'exemple le plus brillant de l'architecture mudéjar sur la péninsule ibérique. Il est toujours officiellement résidence royale, même s'il ne remplit plus ce rôle que très rarement.
Après avoir franchi la porte du Lion (ci-dessus), on découvre un ancien petit aqueduc romain
et, juste à gauche, la partie la plus ancienne de l'Alcazar, la cour des stucs (patio del yeso)
donnant sur la salle de justice
Le palais de Pierre 1er dit « le Cruel », roi de Castille et León de 1350 à 1369, est de style mudéjar : en effet, à partir du 14ème siècle, les monarques castillans cessèrent de copier les tendances européennes pour s'inspirer des modèles andalous.
La cour des demoiselles (patio de las Doncellas)
Quelques détails
La cour des Poupées (patio de las Muñecas)
Le dédale des salles du palais
Le salon des ambassadeurs (salón de Embajadores)
Quelques images du Palais gothique (Palacio gótico), construit par Alphonse X de Castille qui régna de 1252 a 1284, mais fortement remanié par Charles Quint au 16ème siècle, et de ses cours
La base des murs est décorée d'azulejos réalisés par Cristóbal de Augusta entre 1577 et 1578, pendant le règne de Philippe II
Ce palais ouvre sur les jardins qui constituent une part fondamentale de l'Alcazar et ont connu divers réaménagements stylistiques — arabes, Renaissance, puis modernes — depuis leur tracé primitif.
Jardin de la Danse (Jardín de la Danza)
Le jardin de la Danse donne accès aux bains de Doña María de Padilla, citerne souterraine couverte de superbes voûtes d’ogive.
Le bassin de Mercure (Estanque de Mercurio) bordé par la galerie du Grotesque (galería del Grutesco), érigée à partir d’un ancien pan de muraille almohade.
La transformation de la galerie du Grotesque en belvédère et en élément décoratif de veine franchement maniériste, date de 1612 environ. Ce belvédère offre une très belle vue sur les jardins et multiples pavilllons avaoisinants.
notamment le Jardin des Poètes (Jardín de los Poetas), synthèse d’influences islamiques, Renaissance et romantiques.
Un peu à l'écart de la ville, sur l'île du même nom, le Monastère de la Cartuja (cartuja signifie chartreuse en castillan), dont le nom complet en espagnol est Monasterio de Santa María de las Cuevas (Monastère de Sainte Marie des Grottes).
En 1810, durant l'invasion française, le monastère fut pillé et utilisé comme quartier général. Les moines furent expulsés et se réfugièrent au Portugal avant de revenir en 1816. Par la suite, les moines furent à nouveau expulsés, cette fois définitivement, en 1835, dans le cadre du désamortissement espagnol (desamortización)
Charles Pickman Jones, commerçant anglais, loua ensuite le monastère abandonné en 1838, avant de l'acheter deux ans plus tard et de le transformer en 1841 en fabrique de faïence et de porcelaine décorées à la main à la façon anglaise.
Pickman fit construire dix fours munis de cheminées et l'usine s'installa dans les cellules et les salles du couvent avant d'empiéter sur les jardins. La fabrication de faïence continua jusqu'en 1982 et le site fut ensuite rendu à la Junte d'Andalousie. Le site connut un nouveau souffle grâce à l'exposition universelle de 1992.
Dans la partie restaurée du monastère, on trouve des styles allant du gothique à l'architecture mudéjare, avec notamment une chapelle gothique avec d'impressionnants gisants
et un beau cloître de style mujédar
Le monastère abrite à présent aussi le Centre andalou d'art contemporain
On y trouve aussi un arbre remarquable, ce Belombra ou Raisinier dioïque (Phytolacca dioica) qui aurait été planté par Fernand Colomb (1488-1539), second fils de Christophe Colomb et de sa maîtresse Beatriz Enriquez de Arana.
Regagnons le centre de Séville avec la place d'Espagne (Plaza de España), un des endroits les plus spectaculaires de Séville. Conçue pour l'Exposition ibéro-américaine de 1929 par l'architecte local Aníbal González (architecte responsable de l'événement), sa construction a commencé en 1914.
Mille hommes ont participé à sa construction qui s'est terminée en 1928. Elle couvre une surface de 50 000 m2, dont 19 000 m2 pour le palais et 31 000 m2 pour la place elle-même et les canaux, qui ont une longueur totale de 515 mètres.
A deux pas, conçu également au même moment par Aníbal González pour la même exposition...
...le palais de style mudéjar qui abrite à présent le Musée des arts et traditions populaires de Séville (Museo de Artes y Costumbres Populares)
Un coup d’œil sur les arènes ( Plaza de Toros de la Real Maestranza de Caballería de Sevilla ) que nous avions apercues du haut de la Giralda dans notre précédent billet
et terminons cette série de billets sur Séville par les rives du Guadalquivir.
On y aperçoit une sculpture de Eduardo Chilida (cf notre billet du 27 mai 2019 ), Monumento a la tolerancia, inaugurée en 1992
Autre monument remarquable - et plus ancien...- la Tour de l'Or (Torre del Oro), tour d'observation militaire construite au début du 13ème siècle, durant la domination almohade, afin de contrôler l'accès à la ville depuis le Guadalquivir.
Séville (II) La cathédrale et la Giralda

Poursuivons notre visite de Séville en février 2007 par la cathédrale Notre-Dame du Siège (Catedral de Santa María de la Sede) et son campanile, ancien minaret de la mosquée sur l'emplacement de laquelle elle a été bâtie à partir de 1402 dans un style gothique tardif.
Elle s'enorgueillit d'être une des plus grandes cathédrales catholiques du monde et la plus grande d'Espagne. C'est vrai pour ce qui concerne sa superficie et son volume (environ 500 000 m3). Mais elle mesure 132 mètres de long — moins que les cathédrales de Cologne (144,58 mètres), d'Amiens (145 mètres) ou de Metz (136 mètres) ; les voûtes de sa nef centrale s'élèvent à 42 mètres, une hauteur comparable à celle des cathédrales de Cologne (43 mètres), d'Amiens (42 mètres) et de Metz (41,41 mètres), mais inférieure à celle de Beauvais (48,5 mètres). Cependant, pour ce qui est de la richesse de la décoration, comme nous le verrons, elle nous paraît imbattable.
Commençons par quelques vues de l'extérieur...
Deux des nombreux portails : la Puerta San Cristobal
et, dans un registre différent, la Puerta de los Palos
En parcourant la nef principale, très richement décorée...
on est irrésistiblement attiré par les hautes grille qui protègent la Capilla Mayor...
et son retable en bois doré dont la luxuriance dépasse l'imagination...
A l'intérieur, aussi :
Le chœur des chanoines avec son imposant lutrin et ses stalles monumentales...
La salle gothique de la sacristie des calices
La salle renaissance de la grande sacristie, et à sa sortie le patio du Cabildo et son élégante fontaine
La salle capitulaire, pavée d'un précieux dallage couronnée d’une coupole elliptique, ornée d'une Immaculada de Murillo.
Terminons cette visite avec la Giralda, le campanile de la cathédrale, qui doit ce nom à la statue faisant office de girouette qui en couronne le sommet. C'est l'ancien minaret, construit sur le modèle de la Koutoubia de Marrakech ou la tour Hassan de Rabat et terminé en 1198, de l'ancienne mosquée almohade elle-même édifiée de 1172 à 1182. Contrairement à Cordoue, la mosquée n'a pas été réutilisée pour la cathédrale elle-même, car elle avait été gravement endommagée par un tremblement de terre survenu en 1356.
Haut de près de 100 m, l'édifice est constitué pour les deux-tiers de l'ancien minaret, la structure supérieure ayant été ajoutée à la Renaissance pour supporter les cloches et remplacer la partie supérieur du minaret qui elle aussi avait souffert du seisme de 1356.
Au passage, un regard sur quelques unes des 24 cloches...
et une vue imprenable sur Séville vient récompenser l'ascension.
les toits de la cathédrale...
le patio des orangers, ancienne cour intérieure de la mosquée...
la coupole de la salle capitulaire et sa lanterne
le palais épiscopal tout proche, quartier général du maréchal Soult sous l'occupation napoléonienne...
l'Alcazar, qui fera l'objet d'un prochain billet, et la place d'armes attenante
l'église Santa Cruz, au cœur du quartier du même nom
les arènes, ou pour être précis, la Plaza de Toros de la Real Maestranza de Caballería de Sevilla
et au loin, sur le Guadalquivir, le Puente del Quinto Centenario (1990-1992)