Images d’Angoulême
Avec la période estivale reviennent les billets de cartes postales. Nous proposons au lecteur quelques images d'Angoulême, avec bien sûr les images inspirées par les bandes dessinées qui sont légion dans cette ville qui a su en faire son "fonds de commerce", détrônant dans l'esprit du public la ville d’Épinal qui historiquement aurait eu tous les atouts pour prendre cette place et au lieu de cela voit péricliter l'imagerie Pellerin, pourtant à l'origine des premières "bandes dessinées"...
Commençons avec le mur peint Titeuf, par ZEP
Mur peint Réalité : sortie de secours, par Marc-Antoine Mathieu
Mur peint La Fille des remparts, par Max Cabannes
Terminons la série des grands murs peints "officiels" avec l'un des plus anciens et des plus romantiques Mémoires du XXème ciel, par Yslaire (1999)
Les images se nichent partout dans Angoulême : ainsi la permanence du député Thomas Mesnier (LREM) ne faillit pas à la tradition...
Tout comme ce bar...
ce poste de distribution du gaz...
cette boîte à lettres...
le chantier de rénovation de la cathédrale Saint-Pierre...
ou des "murs peints" plus modestes et moins officiels au gré de notre promenade.
Les bandes dessinées sont parfois présentes en trois dimensions. Ainsi, un pont sur la Charente relie, sur la rive gauche, la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image, installée sur les ruines de l'Abbaye de Saint-Cybard...
...au musée de la bande dessinée installé dans d'ancien chais rénovés sur la rive droite...
...parallèlement au musée du papier, installé dans un immeuble-pont, l'ancienne manufacture Lacroix, puis Bardou (papier à cigarette Le Nil, qu'utilisait le grand-père de l'auteur...).
Au milieu de ce pont, sur l'île Marquet, se dresse une belle statue de Corto Maltese, personnage emblématique des romans graphiques d'Hugo Pratt.
Hommage à la Team Couz
Comme chaque été, Saint-Pabu a organisé une "exposition déambulation" (cf. nos billets des 20 juillet 2019 et du 18 juillet 2018)
Elle est dédiée cette fois à une équipe de couturières bénévoles qui, au cœur de la crise sanitaire, se sont attelées à la fabrication d'équipements de protection, comme on le lira sur le dépliant ci-dessous. Les clichés sont dus à un photographe amateur de talent, Jean-François Henry.
Nous vous proposons de suivre le parcours du dépliant, bordé par les 14 panneaux de l'exposition.
Les deux premiers panneaux sont situés sur la place Teven Ar Reut :
1 : Xavière, Nathalie
2 : Charlotte, Denise
Le troisième, devant la mairie, présente les photos des 23 couturières bénévoles de l'opération.
Devant la terrasse du Thalassa, le bar-tabac :
4. Marie-Hélène, Christelle
Sur la grille du Chantier Naval des Abers :
5. Anne, Iwenn, Enora
Sur le quai du Stellac'h, sur le mur du bureau du port :
6. Hélène, Nadège
En remontant la pente qui descend vers le Stellac'h...
et en suivant le GR 34, on arrive aux abords de la Cale du Passage :
7. Élise, Stéphanie
Un coup d'oeil sur l'Aber Benoît, sous une "lumière" très bretonne...
et on remonte la rue du passage jusqu'à Ganaoc'h :
8. Danielle, Sandrine
Arrivé au dessus de la plage de Béniguet :
...c'est le tour des enfants :
9. Zoé, Titouan, Louise, Luna
Au bout de la rue de Béniguet :
10. Brigitte, Anita
En s'engageant sur la rue de Kervigorn :
11. Sylvie, Rythysey
Tout au bout de la rue de Kervigorn, dominant la plage de Korn Ar Gazel :
12. Ariane, Laetitia
En remontant au bord de la route, à l'orée du sentier qui mène à la Maison des Abers :
13. Marie, Christine
Et pour terminer en beauté, dominant l'entrée de l'Aber :
14. Armelle, Louise
Christo et Jeanne-Claude : Paris !

L'exposition consacrée par le Centre Pompidou à Christo et Jeanne-Claude était prévue de longue date, pour coïncider avec l'emballage de l'arc de triomphe de l'Etoile prévu initialement au printemps 2020 puis repoussé en en septembre 2020 pour ne pas interférer avec la nidation du faucon crécelle qui avait déjà bien souffert de l'incendie de Notre-Dame. Entre-temps, la crise sanitaire a fait reporter le projet en 2021 et Christo lui-même est décédé le 31 mai dernier à New York, à l'âge de 84 ans. Mais l'exposition, même en retard, est bien en place et le projet de l'emballage de l'Etoile, qui avait été décalé à l'automne 2021 avec l'accord de l'artiste, a été confirmé à cette date par le Centre des Monuments Nationaux, pour respecter les dernières volontés de Christo, ce projet imaginé par Jeanne-Claude dès les années 60 lui tenant particulièrement à cœur.
Christo et Marie-Jeanne (ou communément Christo ) est le nom d'artiste sous lequel est identifiée l'œuvre commune d'un couple d'artistes : Christo Javacheff, né le 13 juin 1935 à Gabrovo en Bulgarie et mort le 31 mai 2020 à New York, et de Jeanne-Claude Denat de Guillebon, née le même jour à Casablanca au Maroc et morte le 18 novembre 2009 à New York.
L'exposition s'ouvre sur un portrait (1959) de Mme Précilda de Guillebon, mère de Jeanne-Claude, réalisé par Christo qui était alors un jeune réfugié bulgare à Paris et gagnait sa vie en réalisant des portraits ; c'est grâce à ce portrait qu'il fit la connaissance de Jeanne-Claude.
Dans la première salle, les œuvres les plus anciennes :
Sans titre, huile sur toile, 1959
Surface d'empaquetage (1958) : peinture, laque et sable, sur tissu tendu par des cordeaux sur cadre en bois.
Surfaces d'empaquetage : 1959, 1960 et 1961.
Les techniques varient un peu :
peinture et laque, ou peinture, laque et sable,
sur papier monté sur toile de jute ou tissu, ou panneau,
ou sur tissu monté sur panneau,
Les quatre œuvres suivantes sont intitulées Cratère et datent de 1959.
Technique : peinture émaillée, peinture à la colle et sable (sable et métal pour deux d'entre elles) sur panneaux.
Une vitrine de petits objets (bouteilles et boîtes de conserve) plus ou moins empaquetés de la fin des années 50 et une collection de quatre œuvres plus importantes intitulées Barils de pérole empaquetés (1958-1961)
et un collage de photos présentant le Projet de mur provisoire de tonneaux métalliques (rue Visconti Paris 6) déposé en 1961, première réalisation éphémère de Christo et Jeanne-Claude.
L'autorisation ayant été refusée, ce mur fut érigé le 27 juin 1962 à 21H et demeura en place 8H.
Deux Empaquetage de 1961 et un Jerrycan empaqueté de la même année.
Une mention spéciale pour ce Petit cheval empaqueté de 1963
et divers Empaquetage de 1958, 1963, un grand Empaquetage de 1961 et un Empaquetage suspendu de 1962
Une première grande vitrine d'empaquetages variés...
Au mur, un grand Empaquetage de 1961 et deux plus petits de 1962...
...et au sol Torse empaqueté (1958), Deux chaises empaquetées (1961), Empaquetage sur une table (1961) et Table empaquetée et chaise empaquetée (1963)
Dans des cadres, Empaquetage de 1960 et Chaussures empaquetées de 1963 (on apprendra dans le film qu'il s'agit de celles de Jeanne-Claude..)
Une belle salle dédiée à des devantures et des vitrines...
Red Store Front, 1964
Bois, Plexiglas, peinture émaillée, métal, tissu, lumière électrique
et ses divers projets
Purple Store Front (1964)
Bois, Plexiglas, peinture émaillée, métal, tissu, lumière électrique
et divers projets de 1963 et 1964
Précurseur de ces devantures cette Vitrine (1963)
Bois, peinture, verre, roulettes, tissu, métal et lumière électrique
Le tissu est censé dissimuler ce que la vitrine (paradoxalement destinée à montrer) contiendrait, à la manière des empaquetages...
Encore une grande vitrine d'empaquetages entre 1960 et 1963
Notamment deux Empaquetage sur galerie de voiture (1962), Panneaux de signalisation empaquetés (1963), Poussette empaquetée (1962), Empaquetage dur landau (1962)
Terminons les "petits" empaquetages avec ces tableaux :
Tableau empaqueté, 1962, polyéthylène, ficelle, cordeau, huile sur toile signée Javacheff, montés sur panneau de bois peint
Portrait empaqueté de Jeanne-Claude, 1963, polyéthylène, ficelle, cordeau, huile sur toile signée Javacheff, montés sur panneau de bois peint
Portrait empaqueté de Brigitte Bardot, 1963, polyéthylène, ficelle, cordeau, huile sur toile signée Javacheff, montés sur toile de jute tendue sur panneau
Portrait empaqueté de Denyse, 1964, polyéthylène, ficelle, cordeau, huile sur toile signée Javacheff, montés sur toile de jute tendue sur panneau
Le reste de l'exposition est consacré à l'empaquetage du Pont-Neuf, en débutant par un documentaire passionnant de 1990, de David Maysles, Albert Maysles, Deborah Dickson, Susan Froemke qui en retrace les différentes étapes des premiers repérages en 1979 jusqu'à l'aboutissement du projet en 1985, en passant par les difficiles négociations avec les décisionnaires parisiens.
La suite du parcours est consacrée à l'opération du Pont-Neuf, avec le matériel utilisé...
...les techniques employées...
de beaux croquis de Christo qui remplaceront ici avantageusement les diapositives que j'avais prises à l'époque et que je n'ai pas encore retrouvées...
...et une grande maquette.
à la sortie de l'exposition, exclusivement consacrée au parcours parisien de Christo (de son arrivée de Bulgarie à la fin des années 50 et sa rencontre avec Jeanne-Claude à leur départ pour New York en 1964, puis l'aventure du Pont-Neuf), une galerie de photos présentant des réalisations emblématiques (voir les légendes).
Nous espérons proposer au lecteur en octobre prochain un billet sur le grand projet de Christo et Jeanne-Claude conçu dès leurs années parisiennes, l'empaquetage de l'Arc de Triomphe.
James Tissot (1836-1902) L'ambigu moderne (II/II)

Nous poursuivons la visite de l'exposition Tissot à Orsay, amorcée dans notre billet précédent, avec la section suivante, Un Français à Londres. Avant son départ pour Londres en 1871, il collaborait déjà comme caricaturiste avec Vanity Fair : Napoléon III (septembre 1869), le Sultan de Turquie (octobre 1869), le Tsar de Russie (octobre 1869), Darwin (septembre 1871).
Quelques réalisations inspirées par la guerre : Le soldat blessé, aquarelle sur papier 1870, Le Foyer de la Comédie Française pendant le siège de Paris, eau-forte et pointe sèche 1876-1877, Grand'Garde, souvenir du siège de Paris, eau-forte et pointe sèche 1878
A Londres, dans la continuité de la série "japonaise", Safe To Win, dit aussi The Crack Shot, huile sur toile entre 1869 et 1873
London Visitors, huile sur toile, vers 1874
Too Early, huile sur toile, 1873
The Ball on Shipboard, huile sur toile,1874
Cette dernière toile fait la transition avec la section astucieusement nommée par les commissaires Thames et Variations
The Gallery of HMS Calcutta (Portsmouth), huile sur toile, 1877
Portsmouth Dockyard, huile sur toile, 1877
The Thames, huile sur toile, 1876
The Last Evening, huile sur toile, 1873
The Captains'Daughter, huile sur toile, 1873
Terminons cette série avec deux œuvres sur papier (une eau-forte et une encre) intitulées Ramsgate et une huile sur toile, Room Overlooking the Harbour, (1875-1876) : toutes autour de thèmes voisins, avec des variations sans doute destinées à s'adapter au goût des amateurs.
La section suivante, Paradise Lost, est ainsi présentée : dans la seconde moitié de sa décennie londonienne, Tissot accorde à l'univers des jardins et des parcs une place inédite. Transformés en en lieu souvent clos, que les éléments naturels - feuillages, pelouses, plans d'eau - participent à borner, ces espaces sont le théâtre de mises en scènes séduisantes et énigmatiques. La figure féminine, souvent inspirée par la compagne du peintre, Kathleen Newton, y joue un rôle majeur.
Waiting, huile sur toile, 1873
October, huile sur toile, 1877
La Paresseuse, dit aussi The Convalescent, huile sur bois, 1870
A Convalescent, huile sur toile, 1875
Holyday, huile sur toile, 1876
The Reply, dit aussi The Letter, huile sur toile, 1874
A la même époque, le goût de Tissot pour l'Extrême-Orient - qu'il n'a cependant jamais visité - le conduit à se lancer dans la production de pièces d'art décoratif en émail cloisonné directement inspirées par les arts de la Chine et du Japon.
Croquet, huile sur toile, 1878
Kathleen Newton à l'ombrelle, dit aussi Femme à l'ombrelle, huile sur toile, vers 1878
Summer Evening, dit aussi La Rêveuse, huile sur bois 1882
A Portrait, dit aussi Mavourneen, huile sur toile, 1877
Hide and Seek, huile sur panneau de bois, 1878 (il s'agit des enfants de Kathleen Newton et de ses nièces)
Un Nemrod, dit aussi Le Petit Nemrod, huile sur toile, vers 1882-1883
Il s'agit des mêmes enfants
Tissot fut très affecté par la disparition de Kathleen Newton, jeune divorcée irlandaise qui était son modèle et sa compagne depuis 1876. Atteinte de tuberculose, se donna la mort en 1882 à 28 ans. Il quitta définitivement Londres quelques jours après. Cette huile sur toile de 1885, L'Apparition mediumnique, en est un témoin.
Il se tourna aussi vers la religion, comme en témoignent ces scènes bibliques : trois gouaches sur carton (1896-1902) conservées au Jewish Museum de New York : Les deux prêtres foudroyés, L'arche traverse le Jourdain, Le chantier de l'arche
et surtout cette Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, éditée bien sûr chez Mame à Tours, comme le catéchisme de notre enfance...
dont quelques scènes (gouache et graphite sur papier vergé gris, vers 1886-1894) : Élévation de la Croix, Ce que voit Notre Seigneur Jésus-Christ sur la Croix, Le Tremblement de terre, Les Morts apparaissent dans le Temple.
Signalons aussi une belle série de quatre tableaux, huiles sur toiles peintes à Londres en 1880 avant la disparition de Kathleen, The Parable of the Prodigal Son in Modern Life :
Le Départ, En Pays étranger, Le Retour, Le Veau gras
La dernière section présente un des grands accomplissements de Tissot, un cycle de 15 peintures de même format que l'artiste réalise à son retour en France et qu'il présente lors de deux expositions personnelles à Paris en 1885 puis à Londres en 1886, dispositif spectaculaire et inédit pensé par le peintre comme un moyen de retrouver sa place sur la scène artistique française : La Femme à Paris
Sept de ces huiles sur toile réalisées entre 1883 et 1885 sont présentées dans l'exposition.
Les Demoiselles de province
La Demoiselle d'honneur
La Demoiselle de magasin
Les Femmes de sport
Ces Dames des chars
La plus jolie femme de Paris
Les Femmes d'artistes
A la sortie de cette remarquable exposition, sans doute une des dernières œuvres peintes par Tissot en 1899 : Portrait de Madame de Senonnes. Copie en grisaille d'après Ingres.
Cette copie fidèle, conservée au musée d'Art de Nantes, est un ultime témoignage de son admiration pour le grand maître. Elle est exécutée en août 1999, comme en atteste la date de la lettre de Tissot demandant au conservateur du musée de Nantes une photographie de l'original, détenu par ce musée depuis 1853, pour en faire une copie. La copie permet à l’artiste, lui-même élève d’un élève d'Ingres, de se remémorer une peinture admirée dans sa jeunesse. L’usage du miroir, ouvrant un espace mystérieux, l'attention aux accessoires, textile et bijoux, et surtout la finesse psychologique, sont des éléments que l’on retrouve dans les portraits peints par Tissot tout au long de sa carrière.
Nota : nous avons joint ci-dessous l'original d'Ingres (1814) [photo libre de droits]