SoPi, Montmartre
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Rencontrant le terme étrange de SoPi, nous avons appris qu'il signifiait South Pigalle et que cet américanisme du type de Soho (South of Houston Street) à New York était censé désigner un des quartiers les plus "branchés" de Paris.
Un but de promenade comme un autre : nous sommes partis de ce qui était censé marquer le sud de SoPi, la petite place Saint-Georges à Paris (9ème), ornée en son centre du Monument à Gavarni, du sculpteur Denys Puech.
Sur le socle figure en relief une scène du Carnaval de Paris, avec trois personnages, dont au milieu une débardeuse, Paul Gavarni (1804-1866) s'étant spécialisé dans la représentation de ces figures carnavalesques.
La place, où débouche de façon discrète la station de métro éponyme, ne manque pas de charme.
On y trouve notamment le Théâtre Saint-Georges immortalisé par le film de Truffaut Le dernier métro
Au n° 28, l'hôtel, orné d'angelots, de lions, de statues de style néo-gothique et néo-renaissance, que la courtisane et demi-mondaine Esther Lachmann, plus connue sous le nom de la Païva, acquit en 1851 (avant d'en faire construire un plus grandiose encore sur les Champs-Élysées où on peut toujours le voir, au n°25)
En face, au n°27, l'hôtel Thiers. Il fut construit par Alexis Dosne, un des propriétaires qui obtint en 1824 l'autorisation de lotir et vendre les terrains sur lesquels se trouve la place et les rues avoisinantes. Sa femme le vendit à Adolphe Thiers quand celui-ci épousa sa fille, Élise Dosne. C'est là qu'on vint arrêter Thiers le 2 décembre 1851, pendant le coup d'État de Napoléon III. Alors que Thiers avait été élu président de la République et réprimait la Commune de Paris, le ministre de la Justice de la Commune, Eugène Protot, fit détruire l'immeuble le 11 mai 1871. Reconstruit en 1873, l'hôtel fut légué avec sa bibliothèque à l'Institut de France en 1905.
Derrière l'hôtel Thiers, un petit jardin public.
En remontant vers le nord, passant par la petite place Gustave Toudouze (1847-1904, écrivain et journaliste)
Nous atteignons la place Gabriel Kasperheit (1919-2006, ancien député et maire du 9ème arrondissement), avec la villa Frochot et ses vitraux qui doivent être plus beaux de l'intérieur, et l'avenue Frochot, privée (et privée d'accès...) qui vit y habiter et y travailler, entre autres, Théophile Gautier, Charles Baudelaire, Alexandre Dumas, les peintres Théodore Chassériau, Gustave Moreau, Charles-François Daubigny, Toulouse-Lautrec, Alfred Stevens, le cinéaste Jean Renoir, et Django Reinhardt.
Nous débouchons sur la place Pigalle, reconnaissable au "petit jet d'eau" - plutôt une grande vasque - de la chanson, mais plus vraiment "entouré de bistrots"...
Trouvant que SoPi manquait décidément de quoi alimenter un billet, nous avons traversé la place et pris la petite rue André Antoine pour monter à l'assaut de la butte Montmartre
Nous atteignons la place des Abesses, avec Saint-Jean de Montmartre, imposant édifice Art Nouveau terminé en 1904, première église à utiliser le béton armé.
Un regard, dans le square Jehan Rictus, sur le Mur des Je t'aime (2000), œuvre murale de 40 m2 composée de 612 carreaux de lave émaillée reproduisant 311 « je t'aime » en 250 langues, par Frédéric Baron et Claire Kito.
Nous suivons la rue La Vieuville...
Sur la gauche, la rue des Martyrs descend de la butte.
Une petite impasse curieusement appelée Cité de la Mairie, aux murs ornés de street-art
Le street-art est de plus en plus présent à mesure qu'on remonte la rue des Trois-Frères
jusqu'à ce qu'on atteigne la rue Androuet, où on retrouve la boutique de tatouages - et de street-art, semble-t-il - mastcora, à l'origine de la plupart de ces décorations murales.
Nous suivons la rue Berthe...
jusqu'à la place Émile-Goudeau où se trouve (sur le côté droit) la cité d'artistes du Bateau-Lavoir, qui vit passer entre autres Pablo Picasso (de 1904 à 1912), Kees van Dongen, Juan Gris (arrivé en 1906), Constantin Brâncuși, Amedeo Modigliani, le Douanier Rousseau, Diego Rivera. Le Bateau-Lavoir a été dévasté en 1970 par un incendie qui n'en épargna que la façade. Reconstruit à l'identique en 1978 par l’architecte Claude Charpentier, mais cette fois en béton, il comporte à nouveau 25 ateliers d'artistes.
Encore un peu à monter et nous pouvons jouer les touristes sur la Butte.
En vous épargnant la place du Tertre aux terrasses désertes, un coup d'oeil sur les deux édifices religieux du sommet de la butte, l'église Saint-Pierre (une des plus anciennes de Paris - 12ème siècle - sauvée de la ruine grâce à une profonde restauration entre 1900 et 1905, par l'architecte Louis Sauvageot
et la basilique du Sacré-Cœur, monument expiatoire bâti suite à la loi d'utilité publique votée le 24 juillet 1873 par 382 voix contre 138, tandis que 160 députés se sont abstenus, non pour " expier les crimes des communards" comme on le croit parfois mais pour expier la défaite de Sedan et la confiscation des états pontificaux.
La vue sur Paris...
Un peu d'histoire en ce 150ème anniversaire...
En redescendant vers le centre de Paris,
la petite place Dalida (Iolanda Gigliotti, dite Dalida, 1933-1987) avec un buste de la chanteuse.
Masques
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Un billet de circonstance, en cette curieuse époque où nous avançons masqués...
Nous avons terminé notre dernier billet en évoquant la découverte que nombre des galeries de la rue des Beaux-Arts avaient une spécialité : ce qu'il est convenu d'appeler maintenant les "arts premiers".
La collection de masques que nous vous invitons à découvrir avec nous est digne du musée du Quai Branly (à présent musée Jacques Chirac).
Plutôt que de les classer par galerie, nous avons pris le parti de les regrouper par origine.
Commençons par l'Afrique, avec ce masque Baoulé de Côte d'Ivoire
Plusieurs masques Dan (peuplade implantée principalement en Côte d'Ivoire, et aussi au Libéria, de l'autre côté de la frontière.
Un masque en bois et métal,
un autre, bois et pigments,
et un masque Dan kaoglé du Libéria, en bois.
Toujours de Côte d'Ivoire, un masque Yauore en bois de la région de Bouaflé.
En provenance du Nigéria, un masque Idoma okua, bois, fibre, trace de pigments
et un masque Ibidio idiok ekpo, en bois.
Terminons la série des masques africains avec la république démocratique du Congo : masque Basikasingo, région du Kivu, bois, pigments d'ocre rouge
et un masque Lega idimu, bois et fibre.
Passons à l'Amérique, du nord au sud, avec deux masques d'Alaska : un masque chamanique double "Esprit Inua de l'homme phoque"
et un masque représentant un esprit animal ou un chaman du groupe linguistique Inupiaq, Point Hope, au nord de l'état. Cèdre jaune (Cupressus nootkatensis) et ivoire marin avec une substance granuleuse épaisse et des dépôts marins.
En provenance du Canada (Colombie britannique), un masque portrait Tsimshian qui a appartenu au poète surréaliste André Breton, un des acteurs majeurs dans l'engouement pour les arts qualifiés alors de "primitifs"
Pour terminer la série américaine, un masque Hopi représentant un Kachina, en provenance d'Arizona. Cuir de selle ou de botte mexicain, peinture d'affiche, ficelle de coton et cordon.
Trois objets en provenance de Papouasie-Nouvelle Guinée :
- un masque ou ornement de visage du groupe lingustique Kumen, région du Bas-Sepik. Fibre et tissu de traite, fibre végétale, coquillages (nassa) et coquille de bénitier, noix de coco, dents de chien et ocre rouge
- un masque de rituel Malagan en provenance de Nouvelle-Irlande. Bois (Alstonia), coquillages et pigments
et un masque Murik Iewa (Lacs Murik ou Iles Schouten)
Un masque indien, Masque Phagli en provenance du district de Kullu, état de Himachel Pradesh. Bois, poils, métal.
Terminons avec un masque dont nous n'avons pas retrouvé l'identification, malgré tout le soin apporté à la rédaction de ce billet...Nous laissons au lecteur le soin de s'y essayer.
Rue des Beaux-Arts
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Toujours à la recherche d'un peu de beauté pour le lecteur, nous avons été attirés par une annonce trouvée dans la presse pour l'opération "à visage découvert" lancée par les galeries de la rue des Beaux-Arts.
Voici donc un aperçu de quelques-unes des œuvres entrevues à travers les vitrines des galeries en cette matinée ensoleillée de dimanche dernier.
L'accroche de la presse était consacrée à 4 Carols , de Robert Huot - acrylique et fusain sur toile, 2005, 4 tableaux de 173 x 56 cm chacun.
La photographie à travers les vitrines, est parfois complexe, comme avec "Their type of thing" Beyond the shadows, 2018, 80 X 120cm, impression jet d'encre semi-mate de Elsa & Johanna, nom d'artiste sous lequel travaillent ensemble deux photographes et vidéastes basées à Paris qui se sont rencontrées sur les bancs de la School of Visual Arts de New York, Elsa Parra et Johanna Benaïnous.
Même exercice avec Prisca F., pastel et fusain sur carton 120x80cm, 2015, de Vincent Bioulès.
Encore plus difficile avec ce Portrait de René Rasmussen (1911-1979) acrylique sur toile, 1975 de Guðmundur Guðmundsson, dit Erró où le reflet des façades vient ajouter à la complexité de l'œuvre...
Dans la même galerie, Masqué, 2026, huile sur toile 61 x 50 cm, hyperréaliste elle-aussi, de Philippe Huart
et La mécanique des rêves, technique (très) mixte de Christos Kalfas
Dans une autre galerie, une huile sur toile 65 x 50 cm de 1943 d'André Masson, L'enfant aux cerises (Diego)
On reconnaît au fond de la boutique une huile sur toile de Jules Pascin, Femme en chemise, 92 x 73 cm, 1928
et sur le mur une photographie chromogénique de Marina Abramović,
Lips of Thomas, 2006.
Une galerie à la façade étroite se consacre à l'œuvre graphique de Francis Bacon
Dans une autre, on retrouve Erró avec Garbage Face (1958) photographié par Fabrice Gousset
et Bouche en marche, bronze (1966) de Alina Szapocznikow
Au hasard des galeries, encore quelques "visages découverts" :
- un austère autoportrait (huile sur toile, 35 x 27 cm, vers 1980) de Pierre Tal Coat (1905-1985) [18 000 € tout de même, on paie un peu la signature...]
Un Portrait de Louis Jouvet par André Masson, encre de chine, 1945 [22000€, un meilleur rapport qualité-prix à mon sens]
un Masque de Jean Hélion, encre et aquarelle, 1944 [28000 €]
Au bout de la rue, l'École nationale supérieure des beaux-arts, dont nous citions dans notre dernier billet le directeur, Jean de Loisy, à propos de son opinion sur l'exposition du Chat sur les Champs-Élysées.
et devant les grilles, dans le cadre de l'expo, une œuvre d'un élève de l'atelier de Stéphane Calais, Yacine Ouelhadj, Station d'Aladin, tapis peints, installation in situ
Nous avons découvert à cette occasion que nombre d'autres galeries de cette rue avaient une spécialité commune, mais ceci fera l'objet d'un autre billet. Terminons le présent sur une note printanière, à quelques pas de la rue des Beaux-Arts, au bout de la rue de Seine.
Le Chat déambule sur les Champs-Élysées
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Quel plaisir de rendre compte d'une véritable exposition : les grandes sculptures de fonte réalisées par Philippe Geluck, artiste belge aux multiples facettes créateur du Chat.
Malgré les polémiques qu'elle suscite (Jean de Loisy, ancien directeur du Palais de Tokyo, actuel directeur de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris a tweeté, peut-être non sans raison : "Seule manifestation culturelle publique autorisée au temps des musées fermés : les produits dérivés commerciaux des chats de Geluck aux Champs Élysées . Confusion? cupidité? naïveté ? navrant !!!") ne boudons pas notre plaisir, au premier degré. Nous vous en proposons l'intégrale des vingt statues.
Flûte à bec
Pipi et Grobidet
Sans titre (Balançoire)
On en a plein le dos
Le Charmeur d'eau
Tutu et Grominet
Singin' in the rain
Le Docteur
Le Parleur
Le Martyre du Chat
Le Chaltérophile
Roméo et Juliette
L'Autre discobole
Le juste retour des choses
Le Golfeur
Sur le fil
Le Chat au journal
Rawhajpoutachah
Le Dieu du stade
et J'ai les boules
L'exposition est agrémentée de quelques panneaux présentant Geluck et le Chat, certains en anglais pour les touristes internationaux (oui, il y en encore...)
sans oublier les remerciements.