Elles font l'abstraction au Centre Pompidou (2/2)
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Nous poursuivons dans ce billet la visite de l'exposition du Centre Pompidou, la première que nous ayons visitée le jour même de la réouverture des musées au public. (Cf notre dernier billet). Ci-dessus, dans le hall d'entrée, les photos des 106 artistes qui "font l'abstraction".
Vanessa Bell (1879, Londres - 1961, Charleston Farmhouse, Firle)
Vanessa Bell, née Vanessa Stephen est une peintre et architecte d'intérieur britannique. Elle appartient au Bloomsbury Group et est la sœur aînée de l'écrivaine Virginia Woolf
Pamela, 1913, lin
Dessin pour le textile Maud pour les Ateliers Omega, 1913, crayon et gouache sur papier
Maud, 1913, toile de lin originale
Abstract painting, vers 1914, huile sur toile
Helen Saunders (1885, Londres - 1963, Londres)
Formée à la Slade School of Fine Art et à la Central School of Arts and Crafts, Helen Saunders se consacre à sa pratique artistique à partir de 1911. Cette année-là, elle participe à la marche pour le suffrage des femmes. En 1914, elle fait partie des membres fondateurs du groupe vorticiste et signe le manifeste paru dans la revue BLAST.
Black and Khaki, vers 1915, crayon, encre, aquarelle, gouache sur papier
Composition, Yellow and Green, vers 1915, crayon aquarelle, gouache sur papier
Vorticist Composition, Blue and Green, vers 1915, crayon, aquarelle et gouache sur papier
Canon, vers 1915, crayon et gouache sur papier
Abstract Multicoloured Design, vers 1915,gouache, aquarelle et crayon sur papier
Balance, vers 1915, crayon et gouache sur papier
Bauhaus : l'atelier textile
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Alors que le programme de l'école annonce en 1919 par son premier directeur Walter Gropius, stipule l'égalité entre les sexes, les grands noms associés au Bauhaus sont surtout ceux des hommes tels les maîtres qui y enseignent, Johannes Itten, Vassily Kandinsky, Paul Klee ou László Moholy-Nagy. Pourtant lors du premier semestre 1919, une égalité presque totale existe entre les hommes et les femmes et, sur la totalité de l'histoire de l'école, plus d'un tiers des élèves sont des femmes. À la suite du cours préliminaire, au moment de rejoindre l'un des ateliers spécialisés de l'école, un quota officieux est mis en place pour réguler le nombre de femmes admises. À l'initiative de Gunta Stölzl, une classe de femmes est créée et fusionnée avec l'atelier de tissage. Après le cours préliminaire les femmes sont systématiquement orientées vers cet atelier, suscitant pour certaines regrets et amertume. L'atelier de tissage devient ainsi un laboratoire d'expérimentations remarquables de l'abstraction. C'est également cette production qui assure la survie financière de l'école du Bauhaus.
Gertrud Arnt (1903, Raciborz - 2000, Darmstadt)
Tapis noué, 1924/1992, laine vierge nouée
Gunta Stölzl (1897, Munich - 1983, Zurich)
Fünf Chöre, 1928, tissage jacquard en coton, laine, rayonne et soie
Design for Textile to be Woven in the Jacquard Technique, 1927, aquarelle et crayon sur papier
Bauhaus Archive, vers 1919-1927, aquarelle, pastel et crayon sur papier
Bauhaus Archive, années 1920-1930, aquarelle et crayon sur papier
Benita Koch-Otte (1892, Stuttgart - 1976, Bielefeld)
Wallhanging, 1924, coton
Anni Albers (1899. Berlin - 1994, Orange)
Tenture, 1927/1964, coton, soie, double tissage
Parmi les (nombreuses) découvertes de cette exposition, une artiste formée au Bauhaus en 1927, où elle compte Josef Albers, Paul Klee et Vassily Kandinsky parmi ses enseignants :
Florence Henri (1893, New York - 1982, Compiègne), d'origine française par son père, François de Montague et allemande par sa mère, devenue suisse par mariage en 1924 pour pouvoir s'installer en France où elle était considérée comme apatride. Elle s'est tournée vers la peinture puis la photographie après avoir étudié et pratiqué la musique en tant que pianiste de concert.
Des épreuves au sel d'argent, deux tirages originaux de 1928 et un de 1931 :
Composition, vers 1925, gouache et collage sur papier
Trois huiles sur toile, intitulées Composition, datées entre 1924 et 1928
Dans la même salle, trois sculptures spatiales de Katarzyna Kobro (1898, Moscou - 1951, Łódí (Pologne)) datées de 1928, en métal peint et bois.
En 1917, elle commence à Moscou ses études à l'Académie des beaux-arts où elle rencontre Władysław Strzemiński qui deviendra son époux et partenaire artistique. Elle entame des recherches sur des nouvelles formes pour la sculpture qui, dès les premières réalisations, sont abstraites. En Pologne, Kobro s'engage dans les groupes de l'avant-garde artistique. Elle devient également membre du groupe Abstraction-Création. Ses réalisations les plus connues, les Compositions spatiales (1925-1931), formes géométriques ouvertes, combinent les surfaces plates avec des courbes et des ajours, peintes en blanc ou avec des couleurs primaires. La violence qu'elle subit de la part de Strzemiński l'amène au divorce. Plongée dans la misère après la guerre, elle décède prématurément à l'âge de 53 ans.
Figure majeure de la sculpture abstraite, l'anglaise
Barbara Hepworth (1903, Wakefield, - 1975, St Ives). Au premier plan,
Oval Sculpture (No. 2), 1943, moulage de 1956, Plâtre sur socle de bois
Vues de deux Sculpture(s) with Colors, 1943, bois peint, cordes.
Oval Form No. 1, 1946, gouaches, graphite sur bois
Curved form (Orpheus), 1956, huile et crayon sur bois
Dans la même salle, l'américaine
Georgia O'Keeffe (1887, Sun Prairie - 1986, Santa Fe)
Red, Yellow and Black Streak, 1924, huile sur toile
et l'anglaise
Marlow Moss (1889, Londres - 1958, Penzance)
White, Black, Red and Grey, 1932, huile sur toile
White with Curved Cord, 1936, huile sur toile avec corde
White with Rope, 1940, huile sur toile avec corde
La première toile évoque bien sûr Mondrian, et on pourrait croire que Marlow Moss a été influencée par ce dernier. En fait, c'est l'inverse, Piet Mondrian a découvert une toile de Moss dans une exposition, est entré en correspondance avec elle et s'est inspiré ensuite de sa technique.
Mary Ellen Bute (1906, Houston - 1983. New York)
Mary Ellen Bute travaillant sur son oscilloscope.
Première femme cinéaste à s'initier au cinéma abstrait aux États-Unis au début des années 1930, elle est également considérée comme une pionnière dans l'expérimentation en imagerie électronique. Bien que visionnaire et prescriptrice, l'œuvre de Bute est restée pendant de nombreuses années ignorée par l'histoire du cinéma d'avant-garde.
Abstronic, 1952 (extrait) film 35mm transféré dur vidéo HD, couleur, sonore
Intéressée par les mathématiques et les nouvelles technologies, Bute réalise avec Abstronic (1952) une hybridation, jusqu'alors inédite, entre techniques traditionnelles d'animation et composition générée électroniquement.
Expressionnisme abstrait
Janet Sobel (1893, Ekaterinoslav - 1968, Plainfield)
C'est à l'âge de 43 ans que Janet Sobel, mère de famille installée à Brooklyn, se met à peindre. Elle fait des expérimentations abstraites avec des coulures de peinture, à l'aide de pipettes en verre et d'émaux à séchage rapide. Elle incline aussi la toile et souffle sur la peinture humide. Peggy Guggenheim l'expose et dit d'elle que c'est « de loin la meilleure femme peintre d'Amérique ». Elle est considérée comme un précurseur et une inspiratrice de Jackson Pollock.
Sans titre, vers 1946, huile et émail sur carton
Sans titre, vers 1946-1948, technique mixte sur carton entoilé
Milky Way, 1945, émail sur toile
Lee Krasner (1908, New York - 1984, New York)
Lee Krasner se tourne vers la peinture de manière précoce. En 1937 à New York, elle suit les cours d'Hans Hofmann, qui enseigne le cubisme analytique. Elle devient membre active de l'association des American Abstract Artists. En 1945, elle épouse Jackson Pollock dont elle assure la promotion alors qu'elle-même est déjà reconnue. Ils s'installent dans une ferme à Long Island. Inspirée par son environnement naturel, Krasner crée une série décisive de peintures délicates, les Little Images, réalisées à plat directement avec le tube ou en diluant la peinture avec de la térébenthine. Après la mort de Pollock en 1956, elle réalise des peintures de formats de plus en plus grands. Son œuvre a souvent pâti du fait qu'elle était Mme Pollock et de la misogynie du milieu de l'art.
Sans titre, 1948, huile sur toile
Sans titre, 1947, huile et émail sur toile de lin
Sans titre, 1949, huile sur toile
Elaine de Kooning (1918, New York - 1989, Southampton (NY, États-Unis)
Elaine Fried étudie l'art et a tout juste vingt ans lorsqu'elle rencontre le peintre hollandais Willem de Kooning à New York. Elle prend des cours auprès de lui. Ils se marient en 1943. En 1948, elle passe l'été au Black Mountain College (Caroline du Nord), un établissement d'enseignement expérimental. Elle y suit les cours de théorie des couleurs du peintre Josef Albers, ainsi que ceux de l'architecte Richard Buckminster Fuller. Elle participe à d'importantes expositions collectives à New York dans les années 1950, avec une première exposition individuelle en 1954.
Black Mountain #16, 1948, émail sur papier monté sur toile
Hedda Sterne (1910, Bucarest- 2011, New York)
Au cours d'une carrière qui couvre une grande partie du 20e siècle, Hedda Sterne a toujours refusé d'adopter une « marque de fabrique ». À son arrivée aux États-Unis en 1941, Jean Arp la fait connaître à Peggy Guggenheim qui, à partir de 1943, l'inclut dans les expositions collectives qu'elle présente dans sa galerie newyorkaise The Art of This Century.
NY, NY No. X, 1948, huile sur toile
Nous retrouvons avec plaisir deux toiles de
Joan Mitchell (1925, Chicago - 1992, Neuilly-sur-Seine)
que nous avions découverte à la Fondation Leclerc à Landerneau (notre billet du 4 mars 2019)
Sans titre, 1952-1953, huile sur toile
Méphisto, 1958, huile sur toile
Shirley Jaffe (1923, Elizabeth (États-Unis) - 2016, Louveciennes)
Pensant séjourner seulement quelques mois à Paris en 1949, Shirley Jaffe s'y fixe définitivement. Elle y découvre Jackson Pollock, Willem de Kooning et se lie avec Jean-Paul Riopelle, Sam Francis puis Joan Mitchell.
Which in the World, 1957, huile sur toile
Helen Frankenthaler (1928, New York - 2011, Darien)
En 1952, Helen Frankenthaler fait couler de la peinture diluée dans de la térébenthine sur de la toile de coton brut, posée à même le sol de son atelier, sans châssis ni apprêt. Cette méthode - le soak-stain (tremper-tacher) - donne naissance à des œuvres diaphanes qui inspirent les peintres Kenneth Noland et Morris Louis et amènent la critique à se désintéresser de l'abstraction gestuelle.
Cool Summer, 1962, huile sur toile
Open Wall, 1953, huile sur toile non collée, non apprêtée
Atsuko Tanaka (1932, Osaka - 2005, Nara)
Atsuko Tanaka est membre du groupe japonais Gutai qui prône dans les années 1950 une recherche radicale de la nouveauté.
Denkifutu (robe électrique), 1956/1999, 86 ampoules couleur, 97 linolites vernis en 8 teintes, feutre, câble électrique, ruban adhésif, métal, bois peint, boîtier électrique, disjoncteur, automate.
Denkifutu trouve son origine dans les enseignes lumineuses que l'artiste observe dans les rues de Tokyo. Cette robe est composée de près de 200 ampoules recouvertes de peinture et clignotant de façon aléatoire. Le corps de l'artiste devient le support d'un tableau lumineux abstrait en constante transformation.
Deux peintures vinyliques sur toile, sans titre, 1959 et 1961
Wook-kyung Choi (1940, Séoul- 1985, Séoul)
Alors que la peinture abstraite coréenne postérieure aux années 1960 s'illustre par le mouvement Dansaekhwa, adepte du monochrome, Wook-kyung Choi est l'une des seules figures à s'exprimer par l'expressionnisme, avec une œuvre unique en son genre. Elle découvre les peintures de Jackson Pollock lors de ses études aux Etats-Unis.
Sans titre, vers 1965, acrylique sur toile
Sans titre, non daté, acrylique sur toile
Sans titre, 1966, huile sur toile
Comme dans toutes les grandes expositions organisées à cet endroit du Centre Pompidou, une attention particulière est portée à la salle située à proximité des verrières Nord.
Sculptures et jeux d'espace
Dans le fond de cette salle,
Marta Pan (1923, Budapest - 2008, Paris)
Installée à Paris après des études à Budapest, Marta Pan participe dès 1950 au Salon des Réalités Nouvelles. Deux ans plus tard, elle crée ses premières Charnières, sculptures articulées d'abord en terre cuite puis en bois, dont Le Teck fait partie.
Le Teck, 1956, 2 éléments articulés, bois de teck, métal
Cette sculpture abstraite, témoignant d'un intérêt spécifique pour le mouvement et pour le corps, devient le partenaire inattendu de la danseuse Michèle Seigneuret pour le ballet Le Teck de Maurice Béjart, créé sur le toit de l'unité d'habitation du Corbusier à Marseille pendant l'été 1956, et dont un film est projeté au dessus de l'œuvre.
Ruth Asawa (1926, Norwalk - 2013, San Francisco)
Les sculptures organiques de Ruth Asawa, formée au Black Mountain College dans les années 1940, sont marquées par son rapport étroit à la nature. Ces œuvres abstraites, tissages métalliques réalisés à la main, jouent du plein et de la transparence, de la lumière et de l'ombre, de l'intérieur et de l'extérieur. Mère de six enfants qu'elle implique dans la réalisation de ses sculptures, elle a souffert d'une lecture réductrice de son œuvre la qualifiant d'artiste housewife (femme au foyer) relevant des arts appliqués. Bien que l'architecte Buckminster Fuller considérait Asawa comme « l'artiste la plus douée, la plus productive et la plus inspirée » qu'il ait jamais rencontrée, son travail n'a été reconnu en dehors de la côte ouest américaine que dans les années 2010.
Claire Falkenstein (1908, Coos Bay, Oregon - 1997, Venice, Californie)
Deux oeuvres sans titre, années 55-60, fils de cuivre de diamètres différents soudés
Alicia Penalba (1913, San Pedro, Argentine - 1982, Saint-Geours-de-Maremne)
Lauréate en 1948 d'une bourse du gouvernement français, l'argentine Alicia Penalba, s'installe en novembre à Paris où elle s'inscrit à l'école des beaux-arts en gravure et, à partir de 1949, commence à sculpter dans l'atelier de Condoy puis travaille durant trois ans dans l'atelier de Zadkine à l'académie de la Grande Chaumière. Elle découvre alors les œuvres de Jean Arp, Brancusi, Giacometti. En 1950, elle s'installe dans un petit atelier à Montrouge.
Hommage à César Vallejo, 1955/1959-1960, bronze en trois morceaux superposés
Parvine Curie, née en 1936 à Nancy, est l'auteur de la sculpture à gauche de celle de Penalba.
Vera Pagava (1907, Tbilissi, Géorgie - 1988, Ivry-sur-Seine)
Vera Pagava a seize ans lorsque sa famille s'exile à Paris, fuyant le régime soviétique. Après une formation à l'École des arts décoratifs, elle fréquente de 1932 à 1939 l'atelier de Roger Bissière à l'Académie Ranson et à l'Académie de la Grande Chaumière. Elle participe ainsi, en 1938 et 1939, aux expositions à Paris du groupe Témoignage initiées par Marcel Michaud.
La Ville secrète (Villa), 1959, huile sur bois
La Citadelle éblouie, 1959, huile sur bois
La Grande Ville, 1959, huile sur toile
Nous retrouvons les œuvres abstraites tardives de
Maria Helena Vieira da Silva (1908, Lisbonne - 1992, Paris)
(voir la rétrospective de son œuvre au musée de Céret dans notre billet du 4 juin 2016)
Trois huiles sur toile de 1955
Saloua Raouda Choucair (1916, Beyrouth - 2017, Beyrouth)
Saloua Raouda Choucair est à l'origine d'une forme d'art unique, caractérisée par une fusion entre des éléments typiques de l'abstraction occidentale et de l'esthétique islamique. Elle commence à peindre à Beyrouth. A l'occasion d'un voyage à Paris en 1948, elle rencontre pour la première fois l'art abstrait. Elle décide de rester à Paris et s’inscrit à l’École nationale des beaux-arts7. Au cours de son séjour de plus trois ans, Saloua Raouda Choucair a observé et contribué à la scène artistique parisienne florissante. Elle rejoint l'atelier de Fernand Léger en 1949, mais le quitte trois mois plus tard en désaccord avec son approche artistique. En 1950, elle est l'une des premières artistes arabes à participer au Salon des réalités nouvelles à Paris. Avant de rentrer au Liban, une exposition personnelle à la galerie Colette Allendy lui est dédiée : sont montrées des œuvres déjà exposées à Beyrouth, en plus des peintures réalisées pendant son séjour parisien.
Composition in Blue Module, 1947-1951, huile sur toile
Deux huiles sur toile de la même période intitulées Fractional Module
La production de Choucair ne se limitait pas à la peinture :
Rythmical Composition, 1961, Tapisserie
Poem, 1963-1965, maquette de banc en pierre calcaire
Poem, 1963-1965, sculpture composée de 6 éléments en pierre
Dans la même salle, d'autres artistes ayant exposé à Paris à cette époque au Salon des réalités nouvelles :
Fahrelnissa Zeid (1901, Büyükada, Turquie - 1991, Amman, Jordanie)
Fahrelnissa Zeid est l'une des premières femmes inscrites à l'Académie des Beaux-Arts d'Istanbul en 1920. A Paris, elle suit les cours de Roger Bissière à l'Académie Ranson. Mariée au prince irakien Zeid bin Hussein, elle mène une vie cosmopolite. En 1948, ses premières œuvres abstraites retiennent l'attention du critique Charles Estienne et d'André Breton.
The Arena of the Sun, 1954, huile sur toile
Carmen Herrera (1915, La Havane, vit et travaille à New-York)
Carmen Herrera se forme d'abord à l’architecture à Cuba, puis suite à un voyage à Paris (en 1948), elle se tourne vers la peinture et s'installe à New York. A Paris, elle abandonne la figuration, son travail hésite alors entre l'abstraction géométrique et l'abstraction lyrique et gestuelle. Elle devient membre du Salon des réalités nouvelles, expérience fondatrice de son art, là elle croise Barbara Hepworth, Auguste Herbin, Serge Charchoune ou Ben Nicholson.
Sans titre, 1947-1948, acrylique sur toile
Flight of Colors #16, 1949, acrylique sur toile
Abstraction au Brésil
Une salle est consacrée à l'abstraction au Brésil :
avec deux artistes :
Lygia Clark (1920, Belo Horizonte, - 1988, Rio de Janeiro)
qui commence son parcours artistique en 1947 quand elle déménage de Belo Horizonte à Rio de Janeiro pour étudier avec le paysagiste Roberto Burle Marx. Entre 1950 et 1952 elle suit des cours avec Isaac Dobrinsky, Fernand Léger et Arpad Szenes à Paris. En 1953 elle est devenue un des membres fondateurs du groupe des artistes "Frente" et, en 1957, participe à la première Exposition Nationale d'Art Concret à Rio de Janeiro.
Ses Bichos (« insectes », 1960) sont des plaques de métal poli unies et articulées par des charnières, que l'on peut façonner à sa guise.
et Lygia Pape (1927, Nova Frigurgo - 2004, Rio de Janeiro)
Livro dos Caminhos I (2,9 et 10), 1963/1976, huile et latex sur bois
Objets divers, dans la vitrine
La richesse de cette exposition est telle que nous terminerons cette visite dans un prochain billet en milieu de semaine prochaine, en supplément du billet hebdomadaire du samedi, qui sera réservé à une autre des expositions qui viennent d'ouvrir à la fin de cette période d'abstinence...
Réouverture du Centre Pompidou - Elles font l'abstraction (1/2)
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Ce premier billet après le 19 mai se devait de renouer avec l'actualité des expositions : dès la réouverture du Centre Pompidou, nous avons tenu à permettre à nos lecteurs d'avoir un aperçu de l'exposition qui y tient la tête d'affiche.
D'après ses organisateurs, elle "ambitionne d’écrire l’histoire des apports des artistes femmes à l’abstraction à travers cent six artistes et plus de cinq cents œuvres datées des années 1860 aux années 1980.
Elles font l’abstraction donne l’occasion de découvrir des artistes qui constituent des découvertes tant pour les spécialistes que pour le grand public. L'exposition valorise le travail de nombre d’entre elles souffrant d’un manque de visibilité et de reconnaissance au-delà des frontières de leur pays. Elle se concentre sur les parcours d’artistes, parfois injustement éclipsées de l’histoire de l’art, en revenant sur leur apport spécifique à l’histoire de l’abstraction."
Abstraction et spiritualisme
Tout au début de l'expo - et de la période couverte - les travaux de l'anglaise Georgina Houghton (1814, Las Palmas - 1884, Londres), aquarelle et gouache sur papier, sont étonnantes et d'un avant-gardisme qui stupéfait :
The Sheltering Wing of the Most High (1862)
The Eye of God (1862)
The Risen Lord (1864)
The Eye of the Lord (1875)
(conservés à Melbourne, collection Victorian Spiritualists' Union)
Au dos des dessins, des notes manuscrites, de la belle écriture de l'artiste, comme ici au verso de The Sheltering Wing of the Most High, où l'artiste, en spirite qu'elle disait être, se fait l'interprète de l'esprit du peintre Thomas Lawrence (1769-1830)
La suédoise Hilma af Klint (1862, Stockholm - 1944, Ösby) avec deux huiles sur toile de 1906-1907 :
N°1, Primordial Chaos, Group 1
N°2, Primordial Chaos, Group 1
et trois huiles sur toile de 1915 :
The Swan, No. 13, Group IX/SUW
The Swan, No. 16, Group IX/SUW
The Swan, No. 18, Group IX/SUW
Olga Fröbe-Kapteyn (1881, Londres - 1962, Ascona)
Un ensemble de six « panneaux de méditation » (crayon et peinture sur carton). réalisés entre 1926 et 1934. Ces tableaux à la rigueur géométrique reposent sur une dialectique entre le noir (ombre, négatif, mort) et l'or (lumière, positif, vie), en accord avec la tradition du symbolisme sacré.
Danse et abstraction
Quatre photos de 1931 représentant Giannina Censi (1913, Milan - 1995, Voghera)
Élève de Jia Ruskaja, Giannina Censi fut l'interprète de la célèbre Aérodanse du futuriste Filippo Tommaso Marinetti inspirée par l'aéroplane. À la Galleria Pesaro de Milan entre autres, pieds nus, vêtue d'un costume et d'un bonnet scintillant dessinés par Enrico Prampolini, Censi danse seule sans musique sur des "aéropoèmes" récités par Marinetti en coulisses. Refusant la description, Censi parvient à interpréter une danse abstraite dans laquelle fusionnent le corps et la machine.
Gret Palucca, de son vrai nom Margarete Paluka (1902, Munich - 1993, Dresde) photographiée par Charlotte Rudolph (1896, Dresde - 1983, Hambourg)
Gret Palucca fait partie de la troupe de Mary Wigman qu'elle rejoint en 1919 et quitte en 1923 pour fonder sa propre école. Dans ses danses minimales et géométriques, Palucca exécute des mouvements qui fascinent les photographes comme Charlotte Rudolph, ainsi que les maîtres du Bauhaus.
Valentine de Saint-Point, née Anna Jeanne Valentine Marianne de Glans de Cessiat-Vercell (1875, Lyon - 1953, Le Caire)
Gestes Métachoriques et bois gravés retraçant les figures de danse exécutées en 1914 par Valentine de Saint-Point.
Dans le fond de la salle abritant cette petite section de l'exposition, un film reproduisant la Danse serpentine de Loïe Fuller nom de scène de Mary Louise Fuller (1862, Hinsdale - 1928, Paris). Pour le lecteur intéressé, se reporter à notre billet du 25 janvier 2020.
Avant-gardes russes
Une section d'une grande richesse et diversité, avec Lioubov Popova (1889, Krasnovidovo - 1924, Moscou)
Maquette du décor pour « Le Cocu magnifique », 1922/1967, déjà aperçue dans notre billet sur l'exposition Rouge au Grand Palais, un croquis pour ce décor et un projet de costume pour la pièce (1924)
Deux huiles sur toile de Popova :
Architectonique picturale au rectangle noir (1916)
Architectonique picturale (1917)
et des esquisses de robes ou projets de costume (encre de chine, gouache, papier) de 1924.
Olga Rozanova (1882, Melenki - 1918, Moscou)
Installée à Saint-Pétersbourg en 1911, Olga Rozanova est présentée aux côtés des peintres du Valet de Carreau à Moscou et aux expositions futuristes. Ses œuvres comme ses textes théoriques sont reconnus par ses pairs. Elle affirme le tableau comme « réalité indépendante » au-delà de l'imitation du réel et défend l'intuition et l'individualité dans l'acte créatif. Rozanova théorise ces positions en 1917 dans son essai Cubisme, Futurisme, Suprématisme. Elle se démarque de Kasimir Malévitch par le rôle central attribué à la couleur plus qu'à la matière picturale et exalte sa luminosité dans ses toiles abstraites de 1916-1918. Elle meurt prématurément en 1918. En 1919, une rétrospective posthume, visitée par 7 000 personnes, célèbre son œuvre avant un long hiatus.
Deux huiles sur toile, Composition sans objet, vers 1916
et Un nid de canards de vilains mots, ensemble de 13 lithographies de 1913.
Natalia Gontcharova (1881, Nagaevo - 1962, Paris)
Née dans un milieu instruit et aisé, Natalia Gontcharova rencontre en 1900 le peintre Mikhail Larionov qui devient son compagnon et complice professionnel. En 1913, elle cosigne avec lui le Manifeste du rayonnisme influencé par la découverte des rayons X et de la photographie de particules. Irréductible à une seule tendance, elle se dit au contraire « toutiste ». Elle affirme ainsi une liberté de moyens plastiques qui lui ouvre les portes de l'abstraction.
Deux pastels sur papier :
Composition rayonniste, vers 1912-1913
Construction rayonniste, vers 1913
et trois tableaux :
La Lampe électrique, huile sur toile, 1913
Composition, huile sur toile, 1913-1914
Vide, gouache sur toile, technique mixte, 1913
Alexandra Exter (1882, Białystok - 1949, Fontenay-aux-Roses)
Née en Ukraine, Alexandra Exter se forme d'abord à Kiev puis au gré de ses voyages de 1907 à 1914 entre Kiev, Moscou et Paris. De 1910 à 1912, d'abord étudiante à la Grande Chaumière, elle fréquente Apollinaire, Braque, Léger, Picasso. Son travail est d'abord dominé par le cézanisme géométrique, puis par le cubo-futurisme russo-ukrainien. Elle participe à toutes les expositions de l'art de la gauche russe dont l'Exposition Tramway V, celles du Valet de Carreau.
Deux huiles sur toile :
Composition non-objective, 1917-1918
Nature morte constructive, 1920-1921
L'abstraction dynamique qu'expérimente Exter trouve un champ de réalisation inédit au théâtre. Elle réalise décors et costumes pour les spectacles d'Alexandre Taïrov au Théâtre de Chambre (Kamerny) de Moscou, notamment Roméo et Juliette en 1921.
Projet de costumes pour Juliette dans Roméo et Juliette (1921)
Gouache, blanc, détrempe, couleur dorée et argentée sur carton
Toujours pour cette mise en scène de 1921 :
La Mort de Juliette. Esquisse d'un rideau (peinture à la colle sur carton)
Chambre à coucher de Juliette. Esquisse d'un rideau (peinture à la colle, peinture au bronze et crayon graphite sur carton)
Esquisse d'un rideau (gouache, chaux, peinture à la colle sur carton)
Don Juan et la Mort. Projet, 1926 (gouache sur papier collé sur carton)
Deux maquettes de lumière, 1927 (pochoirs publiés en 1930 dans le portfolio Alexandra Exter : Décors de théâtre)
Maquettes de costume, 1924 (mine de plomb et gouache)
Terminons la série des artistes de l'avant-garde russe avec
Varvara Stepanova (1894, Kaunas - 1958, Moscou)
Née dans une famille de fonctionnaires, Varvara Stepanova s'installe à Moscou en 1914 où elle étudie et commence à exposer. Elle s'installe en 1916 avec Alexandre Rodtchenko.
Dessins de costumes pour « La Mort de Tarelkine », 1922
Ensemble de trois dessins, encre sur papier.
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En 1923, Varvara Stepanova théorise le "vêtement de production". Destiné au travail ou au sport, dépourvu d'éléments esthétiques, le vêtement est vu comme une construction fonctionnelle abstraite déterminé par les exigences de son utilisation. (Ci-contre une auto-caricature en clown de 1924)
Trois dessins (encre de chine, gouache sur papier) : une robe pour tous les jours, vêtement de sport pour homme, vêtement de sport pour femme.
Un échantillon et des dessins de motifs pour tissus, tous de 1924.
Terminons ce premier billet sur cette très riche exposition avec deux artistes que nous avons déjà évoquées dans ce blog :
La première, Sophie Taeuber-Arp (1889, Davos - 1943, Zurich), attachante figure du mouvement dada (cf notre billet du 18 février 2018)
Dans cette exposition, on retrouve la reconstitution d'un des ses costumes katsina d'indiens hopi de 1922
un ensemble de meubles créés par elle, avec au mur une gouache sur papier de 1932 Quatre espaces avec une croix brisée
Composition dada (Tête au plat), 1920 (huile sur toile collée sur carton encadrée sous verre)
Deux échantillons de coton imprimé, 1918-1924
Tapisserie Dada, Composition à triangles, rectangles et parties d'anneaux, 1916 (tapisserie au petit point, laine)
et un travail commun à Sophie Taeuber et Jean Arp, Symétrie pathétique, 1916-1917 (broderie en coton)
La seconde, Sonia Delaunay-Terk (1885, Gradizhsk (Ukraine) - 1979)
dont nous avions présenté les créations textiles, notamment en matière de mode, dans notre billet du 11 août 2018 UAM - Une aventure moderne
Née en Ukraine et venue comme plusieurs autres dans cette expo se former au contact des ateliers parisiens, où elle a rencontré son mari Robert Delaunay, avec qui, comme Sophie Taeuber avec Jean Arp, elle a beaucoup travaillé dans une mutuelle inspiration.
Couverture de berceau, 1911, tissus cousus sur toile, sa première œuvre textile, réalisée pour son fils.
Un coffret peint, 1913
Pièce magistrale de cette section,
Prismes électriques, 1914
Ce chef-d'œuvre de la peinture orphique fixe sur la toile les variations éphémères de la lumière colorée émanant des globes électriques. La couleur devient le sujet unique du tableau. Les disques astraux de Sonia Delaunay-Terk, totalement abstraits, vibrent du mouvement qui circule en eux, traduisant l'infinitude de l'espace sensible.
Deux projets de publicité de 1914 :
Les Montres Zénith, papiers de couleur découpes et colles sur papier
Dubonnet, papiers de couleur découpes et colles sur papier contrecollé sur papier noir
Prisme solaire simultané, 1914 (collage, papiers découpés et collés sur carton, rehauts d'aquarelle et de crayons de couleur)
et un cliché avec Sonia Delaunay et Sophie Taeuber sur la plage avec des tenues dessinées par Sonia.
Choisy-le-Roi
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Intrigués il y a quelques semaines par une promenade "dans le rayon des 10 km" proposée par Télérama, nous sommes allés visiter la cathédrale Saint-Louis de Choisy-le-Roi, un peu étonnés de découvrir une troisième cathédrale sous ce vocable en Île-de-France, après Saint-Louis de Versailles, cathédrale du diocèse de Versailles et Saint-Louis des Invalides, cathédrale du diocèse aux Armées. Lorsque le nouveau diocèse de Créteil fut érigé en 1966, l'église Saint-Louis et Saint-Nicolas de Choisy-le-Roi devint la cathédrale du diocèse et le demeura jusqu'en 1987, date à laquelle Notre-Dame de Créteil, nouvellement construite, devint la nouvelle cathédrale. Depuis lors, l'église de Choisy reste cathédrale à titre honorifique.
Elle est due à Ange-Jacques Gabriel, Premier architecte du Roi, auteur du petit Trianon, de l'École militaire, de la Place de la Concorde et de la place de Bourse à Bordeaux. La première pierre en a été posée le 4 juillet 1748 par Louis XV qui considérait, dit-on, le château de Choisy, qu'il avait acquis en 1739 après la disparition de sa précédente propriétaire la princesse de Conti, comme sa demeure familiale à l'inverse de Versailles, Fontainebleau et Compiègne, résidences officielles.
La façade antérieure est à refends et à volutes, avec en son milieu un portail en plein cintre.
Le chevet, recouvert d'un toit à la Mansart, est à pan coupés avec un petit fronton encastré dans un petit pavillon donnant sur les jardins du château pour permettre à Louis XV de rejoindre directement l'église. On remarquera au dessus du portail du Roi l'inscription plus contemporaine "Salle Jean Jaurès"...
Vue de profil, avec la nef et le clocher, assez bas puisqu'il ne comporte que deux niveaux alors que le projet initial en comptait trois. On raconte que le Roi Louis XV aurait souhaité que le son des cloches ne porte ainsi pas assez loin pour le gêner lors de ses séjours.
La nef à trois vaisseaux se termine par une abside en cul-de-four. En se retournant, on découvre la tribune et le bel orgue restauré au début des années 1980 par le facteur Michel Jouve, d'une qualité très supérieure à l'instrument d'origine.
Au fond d'un des bas-côtés, un Christ en croix (1841) d'après Rubens d'André-Marie Colin, peintre abondant, ami de Delacroix, qui eut son heure de gloire au milieu du XIXème siècle.
Quelques détails de la décoration intérieure de la chapelle de la Reine, à côté du choeur.
Dans le cul-de-four et sur des panneaux, des fresques (1878) dues à Jacques Pauthe (Castres 1809-Perpignan 1889) : Saint-Louis présentant son épée au Christ, Saint-Louis et les pestiférés, Mort de Saint-Louis à Tunis.
Devant les angelots, une statue de Saint-Maurice (1729) de Jacques Bousseau (1681-1740), élève de Nicolas Coustou, don de Napoléon 1er à la paroisse de Choisy en 1802.
Du château de Choisy ne subsistent que les pavillons entourant l'entrée du parc.
A l'emplacement du château royal, une modeste mairie républicaine
entourée d'un agréable jardin public.
Quelques images de Choisy au hasard de nos déambulations : dans le parc Maurice-Thorez, à l'emplacement du potager du château royal, une belle statue en fonte (1931) de Georges Gardet, Eléphant attaqué par un tigre. Vestige de l’Exposition Coloniale Internationale de 1931. elle a été prêtée par la ville de Paris à la ville de Choisy-le-Roi en 1952.
des peintures murales,
En bordure, une belle villa qui sous le soleil semble évoquer les séjours réguliers de Maurice Thorez à Yalta au bord de la Mer Noire...
La rue Rouget de Lisle, où une plaque signale la maison où le poète s'éteint en 1836
et, insolite, dans une maison bourgeoise, une pagode, siège de l'Association des jeunes bouddhistes en France.
Terminons sur un regard d'enfants sur l'amitié internationale entre les peuples et la lutte contre l'impérialisme...
Ouest parisien
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Continuons à célébrer le printemps - même froid et tardif avec quelques images de l'Ouest Parisien. En commençant par le Parc Monceau, avec ses entrées discrètes dans l'axe de l'Etoile,...
Sur une grande partie, le parc est entouré d'hôtels dont le jardin est directement mitoyen. S'y sont rajoutés récemment des hôtels pour insectes...
Les pelouses, comme celles des autres parcs de la capitale, sont remplies en ce dimanche de parisiens confinés...
Quelques décorations sur le mode antique
Des statues d'un académisme à toute épreuve (ici, Hommage à Guy de Maupassant, par Raoul Verlet - 1897)
Petit clin d'oeil à nos lecteurs angoumoisins : Raoul Verlet, né à Angoulême en 1867, est l'auteur de la monumentale statue érigée en hommage à Sadi Carnot au bord du rempart Desaix.
Comme à Sceaux, le théâtre de Guignol attend encore les bambins
Principal ornement du parc, le bassin ovale, la Naumachie, est bordé d'une colonnade corinthienne. Celle-ci provient de la Rotonde des Valois, monument funéraire imaginé par Catherine de Médicis en 1559 pour son époux en ajout à la basilique Saint-Denis et détruit en 1719 : les colonnes furent récupérées et installées par Carmontelle (1717-1806, premier aménageur du parc pour le duc de Chartres, le futur Philippe-Egalité).
Un charmant petit pont...
et la belle rotonde à l'entrée sur le boulevard de Courcelles, due à Claude-Nicolas Ledoux. Elle faisait partie de l'enceinte des Fermiers généraux conçue par ce dernier et érigée de 1784 à 1790, et était appelée Barrière de Chartres, assez improprement puisqu'on n'y passait pas, dans la mesure où elle donnait sur les jardins du duc de Chartres...Elle abritait des bureaux des Fermiers généraux.
Restant dans la perspective de l'Etoile, empruntons l'ancienne avenue de l'Impératrice tracée par Haussmann dans les années 1850, devenue avenue du Bois en 1875, puis avenue Foch en 1922.
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Les hôtels qui ont fait sa splendeur ont été presque tous démolis pour faire place à des immeubles de luxe, notamment le palais rose de Boni de Castellane et de son épouse (héritière) américaine née Anna Gould, inspiré du Grand Trianon, construit de 1896 à 1902 et démoli en 1969 après des tentatives infructueuses de classement.
Quelques vestiges de cette époque. L'immeuble au drapeau abrite le musée Ennery, rattaché au Musée Guimet, qui présente la collection léguée à l'Etat par Clémence Dennery telle que cette dernière l'avait conçue.
Les bas-côtés de l'avenue, longue de 1200 m et large de 120 m, offrent un vaste espace de promenade,
Les iris y sont précoces, nettement plus qu'au Parc de Sceaux
Sur le côté de l'avenue, à son extrémité Ouest, encore des fleurs avec cette exquise entrée de la station Porte Dauphine, du Guimard le plus pur.
Portons-nous encore plus à l'Ouest, vers le parc de Bagatelle, un des quatre pôles du jardin botanique de la ville de Paris (avec le jardin des serres d'Auteuil comme lui au bord du bois de Boulogne, et le parc floral de Paris et l'arboretum de l'école du Breuil qui se trouvent eux dans le bois de Vincennes).
Le château et le premier parc ont été construits en soixante-quatre jours seulement, à la suite d'un pari entre Marie-Antoinette et le comte d'Artois, acquéreur du domaine en 1775.
Le Trianon a été ajouté en 1870, sur le flanc du château
C'est de loin qu'il est le plus décoratif
L'orangerie, ajoutée en 1835
Le kiosque de l'impératrice, juché sur une butte, offre une belle vue sur la roseraie malheureusement en retard de floraison
Encore quelques détails
Terminons avec cette charmante pagode à la mode chinoise, pour rester dans l'esprit du titre de ce blog.
Réveil de la nature
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Un billet d'images printanières, certifiées intérieures à la zone des 10 km, pour égayer ce blog.
L'attente de la floraison des vergers du Parc de Sceaux a été longue : le 7 avril, premiers clichés de l'apparition des fleurs des cerisiers roses (Prunus Serrulata Kanzan).
En détails :
Le 19 avril, la floraison est plus avancée...
Parmi les nombreux visiteurs, un groupe de jeunes coréennes...
Les cerisiers blancs, au même moment, sont encore plus féériques
Pour ne pas laisser le monopole aux cerisiers..
Une mention spéciale pour ce beau paulownia tomentosa
Si la glycine du jardin de l'auteur est encore timide, celle qui surplombe l'entrée de la maison où fut tournée une séquence du Fabuleux destin d'Amélie Poulain est en pleine floraison.
Les tulipes sont reines...
Encore quelques images de végétation printanière
avant de passer aux animaux...
Une mention spéciale pour les oiseaux attirés par la mangeoire installée chez l'auteur, à deux étapes de la floraison du tamaris
Terminons avec une "image de synthèse" - mais sans trucage - de notre propos.