Les origines du monde - l'invention de la nature au XIXe siècle (II/II)
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Poursuivons la visite, amorcée dans notre dernier billet, de cette exposition assez hétéroclite mais intéressante qui s'est tenue au musée d'Orsay, en définitive, de sa réouverture au 18 juillet.
Quelques œuvres consacrées au monde marin et ses mystères :
Charles-Alexandre Lesueur (1178-1846)
Méduse Chrysaora Lesueur, entre 1804 et 1810, aquarelle sur velin
Gustave Moreau (1826-1898) : Galatée, vers 1880, huile sur bois
On remarquera les anémones, coraux, et autres invertébrés marins que l'artiste représente dans l'arrière-plan de sa Galatée.
Eugen von Ransonnet-Villez (1838-1926) : Paysage sous-marin, 1864, huile sur toile
Dans la section suivante, des paysages plus ou moins imaginaires mais toujours effrayants...
Carl Gustav Carus (1789-1869) Paysage géognostique, Katzenköpfe à Zittau, 1820, huile sur toile
Pierre-Jacques Volaire (1729-1799) Éruption du Vésuve, 1771, huile sur toile
John Brett (1831-1902) Glacier de Rosenlaui,1856, huile sur toile
Briton Riviere (1840-1920) Au-delà de l'homme, vers 1894,huile sur toile
et un grand nom pour cloturer cette série :
Joseph Mallord William Turner (1775-1851) : Tempête en mer avec une épave en feu, vers 1840, huile sur toile
Les monstres de la préhistoire, avant l'arrivée de l'homme :
Robert Farren (1832-1912) Duria Antiquior, a more ancient Dorset, vers 1850, huile sur toile
Benjamin Waterhouse Hawkins (1807-1894) :
Megalosaurus, 1853, plâtre peint
Iguanodon, 1854, plâtre peint
et après son apparition :
Paul Jamin (1853-1903) La Fuite devant le mammouth, 1885, huile sur toile
Des tentatives de reconstitution de l'aube de l'humanité :
Yvonne Parvillée (1895-1984) : L'Homme du Moustier, 1923, plâtre
Louis Mascré (1871-1929) et Aimé Rutot (1847-1933) :
Précurseur de l'ère tertiaire, 1909-1914, plâtre peint
L'Homme de Néandertal, 1909-1914, plâtre peint
Femme de la race de Néandertal, 1909-1914, plâtre peint
et des œuvres plus fantasmées :
René Rousseau-Decelle (1881-1964) La Famille préhistorique, 1906, huile sur toile
Fernand Cormon (1845-1924) Les Races humaines, esquisse pour le plafond de l'amphithéâtre de paléontologie du Muséum d'histoire naturelle de Paris, 1897, huile sur toile
Paul Jamin (1853-1903) Rapt à l'âge de pierre, 1888, huile sur toile
Paul Richer (1849-1933) Premier artiste, 1890, plâtre
Gabriel von Max (1840-1915) Pithecanthropus Alalus, 1894, huile sur toile
et un nom plus connu,
František Kupka (1871-1957) Anthropoïdes, 1902, aquarelle et gouache sur papier
Le singe occupe une place de choix dans le parcours, avec les mignons petits singes de Gabriel von Max :
Singe devant un squelette, vers 1900, huile sur toile
Model Laura, 1901-1915, huile sur toile
Abélard et Héloïse, après 1900, huile sur toile
Bonjour! Singe avec un bouquet. Un petit bouquet de pensées, 1901-1915, huile sur bois
Un tableau de Gustave Moreau : Bertrand et Raton, 1879-1885, huile sur toile
et des singes plus menaçants :
Alfred Kubin (1877-1959) Le Singe, vers 1903-1904, craie et crayon sur papier
Emmanuel Fremiet (1824-1910) :
Orang-outan étranglant un sauvage de Bornéo, 1893, plâtre polychromé
Gorille enlevant une femme, 1893, chef-modèle en bronze
Paul Meyerheim (1842-1915) Banquet darwinien préhistorique, 1865, huile sur toile
Une incursion dans le fantastique avec Jean Carriès (1855-1894) :
Batracien à queue de poisson, 1892, grès émaillé
Grenouille aux oreilles de lapin, 1891, grès émaillé
Le Grenouillard, vers 1891, grès émaillé
Deux tableaux d'Odilon Redon :
Vision sous-marine, 1900, pastel sur papier
Oannès, 1900-1910, huile sur toile
et des lithographies sur papier vélin fort gris de son ouvrage Les Origines, Paris, Lemercier & Cie, 1883
Des sculptures d'Auguste Rodin (1840-1917) :
Femme-Poisson, 1915-1917, marbre
La Centauresse, vers 1887, fonte de 1969, bronze, fonte à la cire perdue
Arnold Böcklin (1827-1901) Combat des Centaures, 1872-1873, huile sur toile
George Frederic Watts (1817-1904) Le Minotaure, 1885, huile sur toile
Le thème du Paon a retenu visiblement l'attention du commissariat de l'exposition, avec cette Pavonia, huile sur toile (1858-59) de Frederic Leighton (1830-1896)
Archibald Thorburn (1860-1935) Peacock and Peacock Butterfly, 1917, huile sur toile
et ces objets :
Louis Comfort Tiffany (1848-1933) :
Vase plumes de paon, vers 1897, verre soufflé, modelé à chaud, veiné de stries irisées
Bouteille "Paon", vers 1897, verre
Auguste Delaherche (1857-1940) Vase, 1889, grès émaillé
Quelques tableaux et objets pour illustrer comment la nature inspire les artistes :
Claude Monet :
Nymphéas bleus, 1914-1919, huile sur toile
Nymphéas, entre 1916 et 1919, huile sur toile
Odilon Redon :
Arbre sur un fond jaune, 1901, huile, détrempe, fusain et pastel sur toile
Arbres sur un fond jaune, 1901, huile, détrempe, fusain et pastel sur toile
Des vases ou objets Art Nouveau d'Émile Gallé (1846-1904)
ou ce vase La Mer (vers 1912, émail translucide sur cuivre) d' Eugène Feuillâtre (1870-1916) annonçant la transition vers l'Art Déco.
Enfin, ce chef d'oeuvre de l'école de Nancy :
Émile Gallé (1846-1904), Victor Prouvé (1858-1943), Louis Hestaux (1856-1919) Jardinière Flora marina, Flora exotica, 1889, poirier sculpté, marqueterie de bois divers (amarante, ébène de Macassar, érable moucheté, orme, padoule, poirier, sycomore teinté), intérieur en zinc et plomb
À la fin du parcours, quelques œuvres dont le lien avec le thème nous semble ténu, mais ne boudons pas notre plaisir...
František Kupka (1871-1957) :
Étude pour "Conte de pistils et d'étamines", vers 1919, gouache sur papier
Motif hindou (Dégradés rouges), 1919, huile sur toile
Wassily Kandinsky (1866-1944) Sans titre (Déluge), 1914, huile sur toile
Plusieurs œuvres du norvégien Edvard Munch (1863-1944) :
Métabolisme (Vie et Mort), 1896, encre de Chine sur papier vélin
Hérédité, 1905-1906, huile sur toile
La Madone, 1895-1902, Lithographie 64x48 cm
Piet Mondrian (1872-1944) Évolution, 1911, huile sur toile
et deux beaux tableaux de la peintre suédoise Hilma af Klint (1862-1944) que nous avions découverte dans l'exposition Elles font l'abstraction (notre billet du 22 mai dernier)
Eros, no 1 [Eros, No. 1, Group 2, Series WU (The Rose)] 1907, huile sur toile
Chaos primordial, no 13 [Primordial Chaos, No. 13, Group 1, Series WU (The Rose)] 1906, huile sur toile
Terminons ce billet avec une installation insolite dans le grand hall du musée, en lien avec cette exposition, prêt du Museum National d'Histoire Naturelle :
Marguerite, capturée à Ceylan à la fin du XVIIIe siècle, ainsi qu'un mâle dénommé Hans, sont acheminés en Hollande, via la Compagnie maritime des Indes Orientales, et rejoignent la ménagerie du prince d'Orange. Mais, dans le contexte des guerres de la Révolution, ils sont saisis par l'armée française puis conduits à Paris, à la ménagerie du Jardin des Plantes conçue pour étudier et préserver les espèces animales et instruire le public. On y recueillait alors également les animaux de la Ménagerie royale du Château de Versailles en déshérence.
Après vingt-deux mois de voyage par la route, les canaux, la mer et enfin la Seine, ils arriventle 23 mars 1798. L'engouement est tel que le peintre et naturaliste Jean-Pierre Houël rédige leur biographie, relatant entre autres l'épisode d'un concert avec des musiciens du Conservatoire, destiné à étudier la sensibilité des pachydermes à la musique à travers des airs de Gluck à Mozart, ou encore le très populaire “Ça ira, ça ira”. Hans survit quatre années à sa captivité puis, naturalisé, entre au Musée des Sciences Naturelles de Bourges ; Marguerite vivra jusqu'en 1816, date à laquelle elle sera naturalisée et rejoindra le Muséum national d'Histoire naturelle de Paris. Les caractéristiques morphologiques de l'animal sont bien celles d'une femelle, malgré quelques libertés facétieuses prises par le taxidermiste.
Les origines du monde - l'invention de la nature au XIXe siècle (I/II)
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Nous n'avions pas encore eu l'occasion de présenter à nos lecteurs l'exposition phare de la rentrée du musée d'Orsay, un peu fourre-tout comme la plupart des expositions consacrées à un thème plutôt qu'à un artiste ou à un mouvement artistique, mais non dénuée d'intérêt. Elle a fermé ses portes le 18 juillet, mais nous l'avions visitée au mois de mai, et elle nous servira de "feuilleton de l'été"...
Quelques œuvres assez variées à l'entrée pour introduire le sujet :
Filippo Palizzi (1818-1899) Après le déluge, 1864, huile sur toile
Jan Bruegel le Jeune (1601-1678) Le Paradis terrestre avec la création d'Ève, vers 1630, huile sur cuivre
Entourage de Conrad Meit (vers 1480 - vers 1550) Adam et Ève, 1ère moitié du XVIe siècle, marbre
Isaak van Oosten (1613-1661) Adam et Ève et les animaux de la Création, 1625-1650, huile sur toile
Jules Laurent Terrier (1853-après 1907), Dodo, Raphus Cucullatus, 1901, plâtre blanc, moulé
Cet oiseau incapable de voler, emblème de l'Île Maurice, disparut au milieu du XVIIe siècle, victime de la prédation.
Jacopo Zucchi (1541?-1590?) La Pêche au corail (Allégorie de la découverte de l'Amérique),1615-1630, huile sur cuivre
Alexandre-Isidore Leroy de Barde (1777-1828)
Réunion d'oiseaux étrangers, vers 1810, Aquarelle et gouache sur papier
Oiseaux, 1810 - 1828, Aquarelle et gouache sur papier
Anne Vallayer-Coster (1744-1818) Panaches de mer, Lithophytes et Coquilles, 1769, huile sur toile
Nicasius Bernaerts (1620-1678)
Étude d'autruche
Tortue sur un bord de mer, avec trois pêcheurs
1665-1668, huile sur toile
Rhinomanie
« Mademoiselle Clara », rhinocéros indien, est le cinquième spécimen arrivé vivant dans l'Europe moderne, en 1741. C'est aussi le premier à gagner une célébrité internationale, égalant celle du rhinocéros gravé par Dürer en 1515. Avec son « impresario », le capitaine hollandais Douwe Mout van der Meer (1705-env. 1761), elle réalisera un Grand Tour d'Europe de douze années qui déclenchera une véritable « rhinomanie ». Endossant tour à tour le rôle d'animal de compagnie, de monstre biblique, de prodige convoité par les rois, de phénomène de foire, de merveille de la Nature inspirant les artistes, et enfin de « type » d'une espèce dans l'Histoire naturelle de Buffon et dans l'Encyclopédie, Clara incarne parfaitement le passage de la curiosité à la studiosité qui s'opère au siècle des Lumières.
Jean-Joseph de Saint-Germain [fondeur) (1719-1791)
François Viger [horloger] (1708-1784)
Pendule au rhinocéros, 1750, bronze doré et patiné, écaille et cuivre sur le socle, cadran émaillé
Pietro Longhi (1701-1785), Le Rhinocéros, 1751, huile sur toile
Attribué à Pietro Longhi, Le Rhinocéros, vers 1751, huile sur toile
Albrecht Dürer (1471-1528) Le Rhinocéros, 1515, estampe, gravure sur bois
Les girafes ont aussi la vedette, que ce soit en France :
Anonyme La Première Girafe de France, vers 1830-1815, diorama : bois, peinture à l'huile, terre cuite, verre, cuir
ou de l'autre côté de la Manche :
Jacques-Laurent Agasse (1767-1849) Girafe nubienne, 1827, huile sur toile
Cette girafe de Nubie offerte au roi George IV est représentée avec Edward Cross, le responsable de la ménagerie des Royal Surrey Gardens à Londres.
Dessins naturalistes : je reconnais avoir un certain penchant pour ce style d'œuvres qui me rappellent les catalogues Vilmorin illustrés de dessins que je feuilletais dans mon enfance.
Jean-Charles Werner (1798-1856)
Mazikina mâle aux 2/3° de la grandeur naturelle, 1824, aquarelle sur papier
Sajou cornu variété à moustaches, au 4/5° de sa taille réelle, 1842, aquarelle sur papier
Jean-Jacques Audubon (1785-1851) Colins de Virginie, dans Birds of America, Londres, chez l'auteur, t. I 1827-1838, Livre imprimé
Nicolas Robert (1614-1685) Tulipa (Liliacées): Tulipae variae La veuve violette. Passables de panaches mais de mauvaise forme, XVIIe siècle, gouache sur vélin
Pierre-Joseph Redouté (1759-1840) Phymosia umbellata (Cavanilles) Kearney (Malvacées): Malva umbellata Cavanilles, Mexique, 1810, aquarelle sur vélin
Pierre-François de Wailly (1775-1852) Le Kakatoès buse Psittacus funereus Shaw, Nouvelle Hollande, 1813, aquarelle sur vélin
Nicolas Maréchal (1753-1802) Ours blanc Ursus maritimus Phipps (Ursidés): ours polaire, sixième de la grandeur de l'individu,1796, aquarelle sur vélin
Michel Garnier (1753-1829)
Mangue prune, entre 1801 et 1810, huile sur papier marouflé sur toile
Dattier, entre 1801 et 1810, huile sur papier marouflé sur toile
Des tableaux inspirés par la nature exotique :
Carl Blechen (1798-1840) Intérieur de la palmeraie de l'île aux Paons de Berlin, 1832-1833, huile sur papier marouflé sur toile
Johann Moritz Rugendas (1802-1858) Arbre géant dans la forêt tropicale brésilienne, 1830, huile sur toile
du même Johann Moritz Rugendas, Indiens dans la forêt vierge, 1830 huile sur toile
Terminons ce premier billet avec quelques tableaux moins pédagogiques :
Eugène Delacroix (1798-1863) :
Chasse aux lions (esquisse), 1854, huile sur toile
Le Puma, 1859, huile sur toile
Paul Meyerheim (1842-1915) La Lionne jalouse, 1885-1890, huile sur toile
et deux sculptures un peu surréalistes du sculpteur animalier Antoine-Louis Barye (1795-1875) :
Singe monté sur un gnou (première édition), vers 1840, bronze patiné
Tigre dévorant un gavial, 1832, bronze à patine brun rouge à la cire perdue
Bourse de Commerce - Pinault Collection
Nous n'avions pas encore parlé à nos lecteurs de l'ouverture du troisième musée créé par François Pinault pour faire partager au public sa collection d'art contemporain et lui faire découvrir ses artistes préférés. Après le Palazzo Grassi, ouvert à Venise en avril 2006 après l'échec de son projet initial sur l'île Seguin, sur l'ancien site des usines Renault, puis la Punta della Dogana, toujours à Venise, qui a ouvert en juin 2009, Pinault a accepté la proposition de la maire de Paris d'installer son troisième musée dans l'ancien bâtiment de la Bourse de Commerce, dans l'ancien quartier des Halles.
Après rénovation et transformation de l'espace intérieur par l'architecte japonais Tadao Ando, qui avait déjà signé les deux précédentes réalisations (voir notre billet du 16 février 2019), la Bourse de Commerce - Pinault Collection a ouvert ses portes par un weekend portes ouvertes les 22-23 mai 2021.
L'aspect extérieur du bâtiment n'a pas été modifié depuis la dernière intervention majeure sur ce bâtiment à l'histoire mouvementée, tel qu'il fut inauguré en 1889 comme Bourse de Commerce après les travaux de l'architecte Henri Blondel (1821-1897). Initialement, c'était une Halle aux Blés construite par l'architecte Nicolas Le Camus de Mézières (1721-1789), , inaugurée en 1767, à ciel ouvert. François-Joseph Bélanger (1744-1818) est l'auteur de la coupole actuelle, la précédente ayant été détruite par un incendie en 1802.
Plusieurs maquettes permettent de visualiser l'intervention de Tadao Ando pour transformer la bourse de commerce en espace muséal.
Au rez-de-chaussée, une grande huile et liant acrylique sur toile de Martial Raysse, Ici Plage,ici comme là-bas, 2012.
Le passage autour de la rotonde est ponctué de vitrines de Bernard Lavier :
à gauche, Picasso, aile d'automobile Citroën, 2020
à droite, Walt Disney Productions n°6 1947-2018, peinture cellulosique sur résine de polyester, 2018
103 Peugeot, motocyclette accidentée suspendue, acier, 1993
Manubelge, armoire à pharmacie, verre, métal, peinture acrylique Liquitex, 1982
Bosch AHS70-34, taille-haie, 2020
La Rotonde est l'espace le plus emblématique du bâtiment : elle abrite une installation pensée par Urs Fischer pour ce contexte spécifique. Chaque élément en est constitué d'une cire pigmentaire au rendu réaliste. Les sièges - au style tantôt commun et industriel, tantôt empreint de cultures lointaines, inspiré par le panorama de la coupole de la Bourse de Commerce - sont plus vrais que nature. Le personnage, Rudi, est parfaitement conforme à son modèle, Rudolf Stingel, un artiste ami d'Urs Fischer – dont trois oeuvres sont présentées au 2e étage. La grande sculpture, semblable au marbre, est une réplique exacte de L'Enlèvement des Sabines (1579-1582) de Giambologna, chef-d'oeuvre de la statuaire maniériste.
Au début de chaque nouvelle exposition, selon le protocole défini par l'artiste, les mèches fichées dans les différentes sculptures sont allumées afin d'en engager la consumation. La cire se liquéfiant, ce qui semblait pérenne s'avère fragile. Ce qui était le fruit d'un travail minutieux et précis est gagné par le hasard et l'entropie. Ce qui était formel devient informe. Le temps de l'exposition coïncide avec celui de la fonte des bougies, de leur métamorphose, dans un saisissant processus de destruction créatrice.
Si le bras droit de la Sabine est déjà bien entamé, la statue de Rudolf Stingel fait encore bonne figure...
La fresque de toiles marouflées dans la partie inférieure de la coupole évoque le commerce entre les cinq parties du monde, par Évariste-Vital Luminais [1821-1896] (L'Amérique), Désiré François Laugée [1823-1896] (La Russie et le Nord), Victor Georges Clairin [1843-1919] (L'Asie, L'Afrique) et Hippolyte Lucas [1852-1925] (L'Europe), séparées par quatre grisailles représentant les quatre points cardinaux, par Alexis-Joseph Mazerolle [1826-1889]. Les fresques ont été rénovées par Alix Laveau à l'occasion du réaménagement du site en 2021.
Des escaliers situés derrière la paroi de la rotonde donnent accès aux galeries derrière lesquelles sont situées les salles d'exposition.
Quelques aperçus du parcours des expositions présentées lors de cette ouverture :
Des peintures photoréalistes de Rudolf Stingel (l'homme représenté en cire sous la rotonde par Urs Fischer :
Untitled (Franz West), huile sur toile, 2011 (pour Franz West, voir notre billet du 12 janvier 2019)
Untitled (Paola), huile sur toile, 2012 (Paola Cooper, galeriste new-yorkaise)
Claire Tabouret :
Self-portrait at the Table, acrylique sur toile, 2020
Girlfriends (stripes), acrylique sur toile, 2019
Self-portrait with a Hood (pink), acrylique sur panneau, 2020
Kerry James Marshall :
These Blues, acrylique sur toile, 1983
Could This Be Love, acrylique et collage sur toile détendue, 1992
Untitled, acrylique sur fibre de verre, 2008-2014
Untitled (Two Eggs Over Medium, Sausage, Hash Browns, Whole Wheat Toast), acrylique sur panneau PVC, 2017
Antonio Obá :
Sesta, huile sur toile, 2019
Stranger fruits - genealogia, huile sur toile, 2020
Les étranges et inquiétantes figures de Miriam Cahn...
Clôturons ce rapide coup d'œil sur les expositions de cette ouverture par un aperçu des grandes salles de la galerie...
Tatiana Trouvé, à l'aide de chaises de gardien de musée vides disséminées dans tout le bâtiment,, met en scène le corps par son absence, soulignant ce que l'habitude rend invisible...
Les salles d'exposition à l'est offrent une très belle vue sur le nouveau forum des Halles et sa canopée, avec le centre Pompidou en arrière-plan.
Terminons ce billet avec le spectacle du soleil déclinant sur la coupole et les fresques.
Exposition Évidances à Saint-Pabu
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Comme chaque été, nous consacrons un billet à l'exposition de plein air organisée dans notre lieu de villégiature (voir par exemple notre billet du 29 juillet 2016, le premier, et le dernier, un peu spécial, du 18 juillet 2020.
L'exposition Evidances, installée tout au long du GR 34 à St-Pabu du 22 juin à fin septembre, présente douze constructions structurelles composées de bois et de métal.
Conçues en collaboration entre les étudiants du lycée Vauban et de la licence Art de l'UBO, puis réalisées par les étudiants de 1ere année du Diplôme National des Métiers d'Art du Design (DNMADE) mention création métal et design de produit du lycée Vauban, ces constructions ont été pensées en relation étroite avec le paysage. La volonté des étudiants était de construire avec le vide tout en laissant la part belle aux magnifiques points de vue devant lesquels se poseront les structures.
Nous en suivons le parcours d'ouest en est, depuis la plage de Korn Ar Gazel
1. Arborescence (Sarah Lutz, Louise Signard)
On aperçoit dans le fond, à gauche la balise de la Jument, à droite le phare de l'Île Vierge.
2. Tension (Léna Jeuland, Lou Joncheray, Margaux Daoulas, Constantin Savalli-Crochery)
Près de la table d'orientation,
3. Lévitation (Maÿliss Chauvin, Théo Guttierres, Maéva Bremont)
Sur la pointe de Kervigorn,
4. Orion (Gabriel Dirmeikis, Martin Dubois, Loeiza Ropars)
Suivant les escaliers du GR qui descendent de la pointe de Kervigorn,
au pied d'un bouquet de grands pins,
5. L'Arbre (Zoé Miniou, Vona Huelvan, Charline Emiry)
et en remontant sur la rue de Béniguet,
6. Contrario (Nolwen Leforestier, Camille Gouchet, Jeong Hee Cho Blare)
Dominant le plage de Béniguet,
7. Yggdrasil (Célia Courson, Solène Aymard, Maël Bizien)
Au dessus du mouillage de Ganaoc'h,
8. Amer (Victor Doléans, Geoffroy Veyrier, Maëlla Cosquéric)
Sur l'aire de pique-nique, juste au dessus,
9. Métral (Lilie Gillet, Angel Gomes, Cyann Quemeneur)
Au lieu-dit Le Passage, à l'endroit du bac qui reliait autrefois Saint-Pabu à Landeda,
10. Hanter-Loar (Basile Pervier, Ewan Bryce, Mélodie Leboine)
En remontant le sentier du Passage,
11. Serzh (Anna Gillet, Salomé Philippe, Margaux Lebrun)
Notre parcours se termine au bord du quai du Stellac'h, avec
12. Éclipse (Manon Poilane, Inés Raimbault, Sarah Uguen)
Eglises du Bassigny
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Nous proposons au lecteur de découvrir avec nous trois églises du Bassigny, une dans le Bassigny Lorrain, deux dans le département de la Haute-Marne, toutes situées dans un mouchoir de poche, et avec toutes trois de très beaux décors baroques dans des bâtiments plus anciens.
Église Saint Bénigne à Damblain (Vosges)
Un bel édifice gothique flamboyant. Une belle allée boisée la longe pour rejoindre l'entrée, sur le côté.
Les croisées d'ogives de la nef et des bas-côtés
Arrivé au chœur, on est frappé par le baldaquin monumental, point d'orgue de la décoration baroque de l'intérieur de l'église.
Détails du baldaquin, avec l'angelot suspendu en son centre
Le maître-autel et son imposant retable baroque
Les anges de chaque côté du choeur.
Tout le mobilier de l'église est d'une belle facture baroque ; la chaire avec les aigles qui la supportent, les confessionnaux...Un détail des boiseries richement décorées.
Dans le fond du chœur, des peintures de qualité
Les autels latéraux aussi participent à ce riche ensemble
Dans le fond de l'église, une statue plus ancienne en pierre peinte de Saint Jean Baptiste
Un intéressant tableau des saints protecteurs
Terminons avec une statue du dédicataire, Saint Bénigne, transpercé par des lances, instrument de son martyre.
Église de Breuvannes
(commune de Breuvannes-en -Bassigny, Haute-Marne)
Ce qui frappe dès l'entrée est la magnifique poutre de gloire en fer forgé (XVIIIe siècle), pleine de détails symboliques, sans autre personnage que le Christ.
On retrouve comme à Damblain un chœur à décoration baroque, avec des boiseries et un retable en bois doré
A nouveau un baldaquin, moins imposant mais très élégant
Les anges de chaque côté du choeur
Des autels latéraux eux aussi richement décorés
Quelques détails des boiseries, et la table de communion en fer forgé à la manière de Jean Lamour.
Église Saint-Martin de Colombey-les-Choiseul
(commune de Breuvannes-en -Bassigny, Haute-Marne)
Un bel édifice du XVIème siècle qui vient d'être rénové.
La façade Renaissance du clocher.
Comme dans les deux églises précédentes, la nef mène à un chœur rénové à l'époque baroque.
Pas de baldaquin ici, mais l'autel, avec son retable est à notre sens une des plus belles réalisations de Jean-Baptiste Bouchardon (1667-1742)
Toujours de belles boiseries, plus simples que dans les églises précédentes
Les autels latéraux
Une des particularités de l'église de Colombey-les-Choiseul réside dans les peintures qui ont été dégagées du badigeon qui les recouvraient à l'occasion de la rénovation.
Sur le mur à l'arrière, encadrant le porche d'entrée, un apôtre au gourdin (Saint Jacques-le-Mineur ?) et un à la hallebarde (saint Jude ?)
A l'entrée du chœur, Saint Paul et son épée à droite, Saint Pierre à gauche, avec un cartouche représentant Sainte Apolline.
Restes de peintures sur les voûtes de la nef : on reconnaîtra le taureau de Saint Luc et l'ange de Saint Mathieu. Les peintures décoratives des voûtes surplombant le maître-autel portent la date de leur réalisation.
Deux belles statues en bois de la Vierge et de Saint Jean entourent le grand crucifix au centre de l'église. Derrière la Vierge, sur le pilier, une peinture murale de Saint-André.
Un bel ensemble de vitraux anciens. Sur la droite du premier ensemble, le saint céphalophore serait Saint Didier, et sur la droite du second, le noble vieillard serait le Père éternel, selon la base Mérimée.
Terminons sur ce beau calvaire, dans le calme du soir, sur la prairie attenante à l'église.