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Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

25 Septembre 2021 , Rédigé par japprendslechinois

Nous terminons dans ce billet le parcours de la première rétrospective en France de l'artiste américaine Georgia O'Keefe débutée dans notre billet précédent.

Un monde végétal

Alors qu'elle peint des fleurs de façon réaliste depuis 1919, Georgia O'Keeffe réalise, après avoir vu les fleurs de Charles Demuth lors d'une visite à son atelier en 1923, que la seule façon pour elle de continuer à les peindre serait de trouver une approche totalement personnelle et originale. Deux ans plus tard, elle soumet ses fleurs à une vision rapprochée. Ce passage au «gros plan » s'opère sous l'effet conjoint de l'influence du modèle photographique et d'une attention à sa perception de la ville moderne. S'inspirant de l'usage du « blow up » (agrandissement) pratiqué par une nouvelle génération de photographes (Paul Strand, Edward Weston, Ansel Easton Adams), elle recourt à de nouveaux « cadrages ». Impressionnée par l'essor et la hauteur vertigineuse des buildings à New York dans les années 1920, elle déclare à propos de ses fleurs : «[...] j'eus l'idée de les agrandir comme d'énormes immeubles en construction.» Concédant d'abord que son art traite « essentiellement de sentiments féminins », elle dément bientôt avec vigueur l'interprétation obsessionnellement « érotique » que la critique livre de ses fleurs.
« Il est rare que l'on prenne le temps de regarder une fleur. J'ai peint ce que chaque fleur représente pour moi et je l'ai peinte suffisamment grande pour que les autres la voient telle que je la vois. »

Inside Red Canna, huile sur toile, 1919
Skunk Cabbage, huile sur toile, 1922
Corn, Dark, No. 1, huile sur panneau de fibres de bois, 1924

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Oriental Poppies, huile sur toile, 1927

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

White Iris, huile sur toile, 1930
White Iris No. 3, huile sur toile, 1957

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

The White Calico Flower, huile sur toile, 1931

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Yellow Jonquils No. 3, huile sur toile, 1936

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Jack-in-the-Pulpit No. IV, huile sur toile, 1930
Jimson Weed/White Flower No. 1, huile sur toile, 1932

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Autumn Leaves - Lake George, N.Y., huile sur toile, 1924
Oak Leaves, Pink and Gray, huile sur toile, 1929

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Autumn Trees - The Maple, huile sur toile, 1924
White Birch, huile sur toile, 1925

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

The Chestnut Tree - Grey, huile sur toile, 1924
Dark Tree Trunks, huile sur toile, 1946

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Dark and Lavender Leaves, huile sur toile, 1931
Dead Cottonwood Tree, huile sur toile, 1943

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Le Nouveau-Mexique

Après des années passées à rechercher « son » lieu, Georgia O'Keeffe séjourne en 1929 au Nouveau-Mexique. Quelques années plus tard, elle fait l'acquisition de Ghost Ranch, une maison isolée, entourée de déserts. Elle découvre un pays qui la fascine, celui des danses indiennes et du souvenir d'un catholicisme austère. S'emparant des collines du Nouveau-Mexique, elle en humanise les formes, fait de leurs traces géologiques les commissures, les plis, les rides d'une peau, et de leurs reliefs des détails anatomiques. L'empathie qu'elle éprouve pour ces paysages la conduit à adopter dans ses tableaux les tons dictés par ses humeurs. Ainsi, durant la Seconde Guerre mondiale, l'oeuvre Black Place - du nom donné par O'Keeffe à l'un de ses sites favoris, lunaire et désolé, situé en pays navajo – devient le reflet des drames de l'époque. À plusieurs reprises, elle prend pour modèle les Kachinas, poupées que les Indiens hopis utilisent pour enseigner leur mythologie aux jeunes enfants.

The Mountain, New Mexico, huile sur toile, 1931
Bear Lake, New Mexico, huile sur toile, 1930

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Soft Gray, Alcalde Hill, huile sur toile, 1929-1930

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Black Mesa Landscape New Mexico, Out Back of Marie's II, huile sur toile, 1930

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Rancho's Church No. 1, huile sur toile, 1929
Taos Pueblo, huile sur toile, 1929/1934

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Stables, huile sur toile, 1932

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Nature Forms - Gaspé, huile sur toile, 1932

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Grey, Blue and Black - Pink Circles, huile sur toile, 1929

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Grey Cross with Blue, huile sur toile, 1929
Church Steeple, huile sur toile, 1930

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

My Front Yard, Summer, huile sur toile, 1941
Grey Hills, huile sur toile, 1941

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Black Hills with Cedar, huile sur toile, 1941-1942
Blue Sky, huile sur toile, 1941

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Grey Hill Forms, huile sur toile, 1936
Waterfall I, huile sur toile, 1952

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Black Place I, huile sur toile, 1944
Black Place II, huile sur toile, 1945

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Kachina, huile sur toile, 1938
Paul's Kachina, huile sur panneau, 1931
Kokopelli, huile sur panneau, 1942
Idol's Head, huile sur toile, années 1960

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Cosmos

L'œuvre de Georgia O'Keeffe des décennies 1950 et 1960 est marquée par un parti pris de simplification, une grande synthèse formelle qui met son art en phase avec les recherches d'une nouvelle génération d'artistes américains, notamment le peintre Ellsworth Kelly. L'abstraction à laquelle elle soumet ses motifs traduit la spiritualité, le sentiment mystique auquel elle les associe. Sa fascination pour une porte ouvrant sur le patio de sa maison d'Abiquiú donne lieu à une variation qui résume ses réflexions sur l'ombre et la lumière, sur les rapports du vide et du plein - principes qui n'ont cessé de nourrir son art. L'« élévation » littérale que lui offrent ses nombreux voyages en avion inspire à O'Keeffe des sujets inédits : lits de rivières, dont le dessin reproduit celui des ramures des arbres, et nuages qui, vus d'en haut, réconcilient le ciel et la terre.

My Last Door, huile sur toile, 1952-1954
Black Door with Red, huile sur toile, 1954

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Sky Above Clouds/Yellow Horizon and Clouds, huile sur toile, 1976-1977

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Pink and Green, huile sur toile, 1960
It Was Yellow and Pink II, huile sur toile, 1959

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Road to the Ranch, huile sur toile, 1964
Winter Road I, huile sur toile, 1963

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Misti - A Memory, huile sur toile, 1957
Easter Sunrise, huile sur toile, 1953

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Green, Yellow and Orange, huile sur toile, 1960
Untitled (City Nights), huile sur toile, 1970s

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)

Terminons avec la toile accrochée juste avant la sortie de cette éblouissante rétrospective, In the Patio IX, huile sur toile, 1950. 

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (2/2)
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Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

18 Septembre 2021 , Rédigé par japprendslechinois

La première grande expo de la saison au Centre Pompidou, dans le lignée des expositions consacrées aux femmes peintres, présente la première rétrospective en France de l'oeuvre de l'américaine Georgia O'Keeffe (1897-1986). A New York, dans les années 1910 et 1920, elle participe à la révolution qui fait surgir une peinture ni tout à fait abstraite ni vraiment figurative, saturée de couleurs puissantes et de formes organiques géométrisées. Dans l’entre-deux-guerres, elle découvre le Nouveau-Mexique, où elle s’installe, à Ghost Ranch. Elle y découvre des paysages et des motifs naturels, dont elle tire des toiles absolument singulières, tantôt attentives aux détails, tantôt épurées à l’extrême. Jusqu’à la fin de sa vie, elle incarne la liberté. 

L'exposition s'ouvre sur une section intitulée 

La galerie 291

Créée en 1905 par le photographe Alfred Stieglitz, la galerie 291 (en référence au numéro de l'immeuble qui l'accueille sur la Cinquième Avenue de New York) est le premier lieu de diffusion et de pédagogie de l'art moderne aux États-Unis. Après Rodin (en 1908), Matisse (en 1908, puis en 1910), Cézanne (en 1911), Stieglitz organise les premières expositions américaines de Picasso (1911), Picabia (1913) et Brancusi (1914). Georgia O'Keeffe découvre la galerie en 1908, durant ses études à l'Art Students League de New York. Elle en suivra dès lors les expositions et les publications, notamment la revue Camera Work qui publie les premières études consacrées aux artistes des avant-gardes européennes. Stieglitz, qui l'épousera en 1924,  présente une série de dessins au fusain de Georgia O'Keeffe dans une exposition de groupe dès 1916. De 1923 jusqu'à sa mort, en 1946, il consacrera chaque année une exposition à l'œuvre d'O'Keeffe. Il dira qu'elle «incarne l'esprit de 291».

Quelques œuvres présentées dans cette section comme sources de l'inspiration de Georgia O'Keeffe à la galerie 291 :

Pablo Picasso : Nature morte, encre, crayon graphite et fusain sur papier, 1910-1911 et Nu debout, Cadaquès, encre de chine, été 1910

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Paul Cézanne : Le Four à plâtre, aquarelle sur tracés au crayon noir sur papier vélin crême, vers 1890-1894

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Eugène Rodin : Femme nue sur le dos de face et les jambes repliées et écartées, crayon au graphite sur papier vélin, sans date

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Arthur Dove (1880-1946) : Orange Grove in California de Irving Berlín, huile sur panneau, 1927
Marsden Hartley (1877-1943) : Painting, Number 5, huile sur toile de lin, 1914-1915

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Charles Demuth (1883-1935) : Red Glalioli, aquarelle et graphite sur papier, 1928

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Premières œuvres

Les fusains que Georgia O'Keeffe soumet au jugement d'Alfred Stieglitz en 1916 témoignent de l'ancrage de ses œuvres dans une tradition marquée par le naturalisme et le vitalisme de l'Art nouveau, découvert durant ses premières années de formation à Chicago. En cette fin des années 1910, l'art d'O'Keeffe s'attache à l'érotisme présent dans les aquarelles d'Auguste Rodin ainsi qu'à la synthèse formelle et au mouvement vers l'abstraction dont témoignent les  œuvres d'Arthur Dove. Les aquarelles que réalise O'Keeffe au Texas, où elle enseigne de 1912 à 1914, puis de 1916 à 1918, sont inspirées par les mouvements des astres et les espaces infinis. 

Nude Series VIII, aquarelle sur papier, 1917
Nude Series IX, aquarelle sur papier, 1917

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Special No. 9, fusain sur papier, 1915
Black Lines, aquarelle sur papier, 1916

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Sunrise and Little Clouds No. II, aquarelle sur papier, 1916

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Blue II, aquarelle sur papier, 1916

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Evening Star No. VI, aquarelle sur papier, 1917

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Vers l'abstraction

Fin 1912, dans la revue Camera Work, Georgia O'Keeffe découvre la traduction d'un extrait du livre Du Spirituel dans l'art, et dans la peinture en particulier publié quelques mois plus tôt à Munich par Vassily Kandinsky. Elle en retient qu'il existe deux voies tracées pour l'art moderne: celle de la « Picasso-forme » - voie ouverte par le cubisme, conduisant à une négation du réel au profit de sa métamorphose analytique et plastique - et celle issue de la « couleur-Matisse », à l'héritage de laquelle Kandinsky a associé l'expression de la vie et de l'âme des objets. Par leur biomorphisme, les peintures que produit O'Keeffe à la fin des années 1910 montrent qu'elle a fait le choix d'un art résolument attaché au monde sensible et à ses ressources symboliques. Interrogée sur le caractère « abstrait » de ses œuvres, O'Keeffe aime à répondre qu'elle est « toujours surprise de voir comment les gens séparent l'abstraction du réalisme ». « L'abstraction » n'est pour elle qu'un moyen, le fruit d'un éloignement de la source de ses formes, d'une séparation, d'une décantation.

Series I - No. 4, huile sur panneau, 1918

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Series I - No. 3, huile sur panneau, 1918

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Series I - No. 8, huile sur toile, 1919

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Series I White & Blue Flower Shapes, huile sur panneau, 1919

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Blue Line, huile sur toile, 1919

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Series I - From the Plains, huile sur toile, 1919

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Red and Orange Streak, huile sur toile, 1919

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Blue and Green Music, huile sur toile, c 1919-1921

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Abstraction. Blind I, huile sur toile, 1921

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Abstraction White, huile sur toile, 1927
Black Abstraction, huile sur toile, 1927

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Abstraction, fusain sur papier, 1945

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

De New York à Lake George

À partir de 1920, Georgia O'Keeffe et Alfred Stieglitz partagent leur temps entre New York et Lake George lieu de villégiature de la famille Stieglitz dans l'État de New York. O'Keeffe peint en alternance les mouvements du ciel et de l'eau, des fruits et des feuilles, et les gratte-ciels qu'elle peut contempler depuis les fenêtres du Shelton Hotel à New York, où elle habite désormais avec Stieglitz, depuis leur mariage en 1924. Ses peintures témoignent de l'intérêt qu'elle porte aux artistes de la galerie 291, au naturalisme d'Arthur Dove ou de John Marin, aux formes rectilignes, aux surfaces unifiées puisées dans le spectacle de l'Amérique industrielle et urbaine. Les granges qu'elle peint à Lake George concilient ses souvenirs d'enfance et les formes cristallines héritées du cubisme chères aux peintres Charles Demuth et Charles Sheeler. Ses buildings réalisés à Manhattan dessinent d'immenses « canyons » sous la voûte étoilée, O'Keeffe demeurant fascinée par le ciel infini et la puissance du cosmos qui l'ont marquée au Texas.

The Barns, Lake George, huile sur toile, 1926
Farmhouse Window and Door, huile sur toile, octobre 1929

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Storm Cloud, Lake George, huile sur toile, 1923

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

From the Lake No. 1, huile sur toile, 1924

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Red, Yellow and Black Streak, huile sur toile, 1924

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Lake George - Autumn, huile sur toile, 1922

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

My Shanty, Lake George, huile sur toile, 1922

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

East River from the Sheldon Hotel, huile sur toile, 1928

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

East River from the Sheldon (East River No. 1), huile sur toile, 1927-1928

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

New York Street with Moon, huile sur toile, 1925
The Shelton with Sunspots, N.Y., huile sur toile, 1926
Ritz Tower, Night, huile sur toile, 1928

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)
Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Ossements et coquillages

La vie, dans son mouvement, ses cycles, est le premier sujet de la peinture de Georgia O'Keeffe. La croissance d'un végétal, l'épanouissement d'une fleur disent autant du vivant que la spirale d'un coquillage mort ou les os blanchis d'un bovin. Au Nouveau-Mexique, elle a l'intuition de cette continuité du cycle vital : « Les ossements semblent tailler au cœur de ce que le désert a de profondément vivant ». En 1943, elle peint pour la première fois un os de bassin collecté lors d'une marche dans le désert. S'il ne devient pas la métaphore directe des temps de guerre, le ciel qu'elle entrevoit dans la cavité de l'os brandi à bout de bras devient pour elle « ce Bleu qui sera toujours là comme il est maintenant même après que les hommes en auront fini avec leurs destructions » : la vie, au-delà de la mort.

Clam and Mussel, huile sur toile, 1926

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Ram's Head, White Hollyhock-Hills (Ram's Head and White Hollyhock, New Mexico, huile sur toile, 1935

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Pelvis with the distance, huile sur toile, 1943

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Pelvis IV, huile sur panneau, 1944

Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou (1/2)

Nous vous proposons de poursuivre cette visite dans un prochain billet.

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L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

11 Septembre 2021 , Rédigé par japprendslechinois

Rentrée des expositions parisiennes sur ce blog avec la découverte, pour nous, du peintre danois Peder Severin Krøyer (1851-1909).

Le musée Marmottan Monet présente en effet la première exposition monographique en France de celui qui est au plein air ce que son compatriote et contemporain Vilhelm Hammershøi fut à la peinture d'intérieur. Très présent à Paris de son vivant, il y avait été oublié depuis sa mort.

Elle se concentre sur le travail réalisé par Peder Severin Krøyer à Skagen un village de pêcheurs situé à l'extrême nord du Danemark. Elle est intitulée "l'heure bleue", un phénomène qui se produit au crépuscule : une couleur et une lumière particuliers apparaissent alors sur la mer au-dessus de l'horizon, qui ont fasciné les peintres.

1. Peder Severin Krøyer à Paris

Peint ici en 1904 par son ami Laurits Tuxen (1853-1927), Krøyer n'est pas un inconnu à Paris. Il y a souvent exposé de son vivant. Depuis, il a régulièrement été présenté dans des manifestations évoquant le Danemark de la fin du XIXe siècle. Au musée d'Orsay figure Bateaux de pêche, qui lui valut une médaille d'honneur à l'Exposition Universelle de 1889 et confirme les liens étroits que Krøyer a entretenus avec la France.

Au début du parcours, deux autoportraits de Krøyer, huile sur bois de 1879 et huile sur bois de 1889.

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

Un portrait de Marie Triepcke, l'année de son mariage avec Krøyer, huile sur toile, 1889.
Elle était peintre elle aussi ; le tableau les représentant tous deux a été réalisé "à deux mains" :

Marie Krøyer (1867-1940) et Peder Severin Krøyer : Double portrait de Marie et Peder Severin Krøyer, huile sur toile, 1890

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

Le déjeuner des artistes à Cernay, dit aussi Un déjeuner d'artistes à l'hôtel Léopold de Cernay-la-Ville, huile sur bois, 1879

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

2. À la découverte de Skagen

Après avoir voyagé en Allemagne et aux Pays-Bas, Krøyer arrive à Paris en 1877 et entre dans l'atelier du peintre Léon Bonnat. Il ne séjourne pas seulement à Paris mais aussi à Cernay-la-Ville et en Bretagne où son art s'imprègne du naturalisme ambiant. Jusqu'en 1903, il revient régulièrement à Paris et séjourne dans différentes villes d'Europe où il expose, mais son port d'attache est désormais Copenhague qu'il quitte à la belle saison, à partir de 1882, pour retrouver la colonie d'artistes installée à l'extrême nord du Danemark, à Skagen. Là, il réalise de nombreux portraits de pêcheurs et multiplie scènes de genre et études qui vont lui servir à réaliser de grands formats destinés aux expositions.

Petite fille debout sur la plage de Skagen, Sønderstrand, huile sur bois, 1884
L'Heure bleue, huile sur toile, 1907

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

Devant la maison de Christoffer à Skagen, soirée d'été, huile sur toile, 1885
Oscar Björck peignant à Skagen, Sønderstrand, huile sur toile, 1882

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

Marie Krøyer peignant sur la plage, Stenbjerg, huile sur bois, 1889
Artistes sur la plage de Skagen, Sønderstrand, huile sur toile, 1882

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

La Plage de Skagen au clair de lune, huile sur panneau, 1899
Ambiance vespérale à Skagen ,huile sur panneau, 1893

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

3. Des œuvres pour le Salon parisien

Afin de participer aux Salons et expositions qui se tiennent dans
l'ancien château de Charlottenborg, à Copenhague, et un peu partout en Europe, Krøyer brosse, dans les années 1880, de grandes toiles où il représente la dure existence des marins-pêcheurs de Skagen. Plusieurs d'entre elles figurent sur les cimaises du Palais de l'Industrie, à Paris, tels ses Bateaux de pêche de 1884 que le public découvre avec admiration la même année et revoit lors de l'Exposition Universelle de 1889. Chacune de ses peintures est longuement préparée au moyen de dessins, de pastels et de nombreuses esquisses qu'il réunit sur la toile définitive, certains détails pouvant apparaître à plusieurs reprises. Très vite, Krøyer choisit un moment particulier de la journée pour installer ses compositions. Il s'agit de ce moment, entre chien et loup, où le bleu du ciel se fait plus intense et la nuit plus claire. C'est la fameuse « heure bleue » qui donne une lumière toute particulière à ses peintures et colore les ombres des pêcheurs à la tâche.

Trois pêcheurs halant un bateau, huile sur toile, 1885
Pêcheurs de Skagen, Danemark, coucher de soleil, huile sur toile, 1883
Départ des bateaux de pêche après le coucher du soleil, Skagen, huile sur toile, 1894-1895

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

Pêcheurs sur Nordstranden, soir d'été, huile sur bois, 1891
Bateaux de pêche, huile sur toile, 1894
Une barque blanche sur la plage, soir d'été, huile sur toile, 1895

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

4. Entre amis

En 1884, les amis peintres de Krøyer, Michael (1849-1927) et Anna
Ancher (1859-1935) achètent une maison à Skagen et, durant l'été, invitent leurs amis à fêter l'événement. Ce n'est cependant pas là, mais dans le jardin de l'hôtel Brøndum qui appartenait aux parents d'Anna Ancher, que Krøyer réalise les premières esquisses de l'oeuvre qu'il achève en 1888. Le lieu n'est pas la seule incartade hors de la vérité du peintre puisqu'il ajoute aussi certains amis absents comme Christian Krohg (1852-1925) ou Thorvald Niss (1842-1905), tandis qu'il en supprime d'autres. Quant à son portrait, sur l'axe central de la composition, il le peint d'après celui réalisé par l'artiste suédois Oscar Björck (1860-1929). Présentée à l'Exposition Universelle parisienne de 1889, l'oeuvre soulève l'enthousiasme de la critique qui admire un « œil aussi fin et aussi juste que la main est adroite, une entente remarquable à traduire tous les modes lumineux, à y faire mouvoir des formes vivantes » (André Michel, Journal des Débats, 29 août 1889).

Hip, hip, hip, hourra ! Déjeuner d'artistes, Skagen, huile sur toile, 1885-1888

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

Quatre des études de petit format réalisées par Krøyer pour cette toile :

Anna Ancher avec sa fille Helga sur ses genoux, 1884
Etude pour un portrait d'Hélène Christensen, vers 1884
La Table est mise, 1887
Hip, hip, hip, hourra !, 1888

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

5. Soleil, joie, jeunesse

Le succès des tableaux peints à Amalfi durant son séjour du mois de
juillet 1890, représentant des baignades d'enfants, incite Krøyer à multiplier ce type d'évocation où lumière rime avec joie et jeunesse. Il n'hésite pas, dès lors, à reprendre le sujet à plusieurs reprises les années suivantes, y compris dans des formats ambitieux de la taille des tableaux de Salon. Ainsi, en 1892, il peint des Enfants se baignant (localisation inconnue) dont nous conservons plusieurs esquisses préparatoires, au pastel ou à l'huile, très abouties où se lit la technique très en pâte de l'artiste. Cette série de petits baigneurs n'occupe Krøyer qu'un court moment mais a une grande influence sur les développements de la peinture de plein-air au Danemark. Elle marque, en particulier, le mouvement vitaliste qui inspire le peintre Jens Ferdinand Willumsen (1863-1958) dans son Soleil et Jeunesse (1909, Göteborg, Göteborgs Konstmuseum).

Garçons se baignant un soir d'été sur la plage de Skagen, huile sur toile, 1899
Garçons se baignant, huile sur toile, 1908
Attendez-nous !, huile sur toile, 1892
 

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

6. Le temps du bonheur

Durant ses séjours à Skagen, Krøyer travaille avec ardeur aux grandes
toiles qu'il adresse aux expositions, mais trouve aussi le temps de peindre de plus petits formats, reflets de sa vie intime et des moments paisibles que vit le couple bientôt rejoint par une enfant, Vibeke, qui voit le jour en 1895. Bien d'autres relations et amis passent aussi, que le peintre photographie et dont certains, comme sa belle-mère, figurent dans ses tableaux. Le plus célèbre tableau évocateur de ces tendres moments, Roses, représente Marie Krøyer vêtue de rose, assise dans une chaise longue dans le jardin de la maison qu'ils louaient à madame Bendsen. Mais le personnage principal est, plus que son épouse, l'immense rosier en fleurs qui occupe le premier plan et dont les branches envahissent la toile. Cette composition peut être rapprochée de plusieurs toiles de Claude Monet (1840-1926) et, en particulier, de La Liseuse (1870, Baltimore, Walters Art Gallery) que Krøyer put voir, en 1889, à la galerie Georges Petit.

Roses, huile sur toile, 1893

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

Dans le jardin de Skagen, huile sur bois, 1893
Michael Ancher, Helene Christensen et Anna Ancher dans le jardin des Brøndum, huile sur bois, 1885

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

Tir à la cible, huile sur bois, 1883
Poulets sous les arbres dans le jardin de madame Bendsen, huile sur bois, 1893
Oscar Björck peignant dans le jardin des Brøndum, huile sur bois, 1884

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

7. L'Heure Bleue

Une partie de la notoriété de Krøyer repose sur quelques tableaux
emblématiques peints durant l'été sur la plage située au sud de Skagen. Le sable blond, où se repèrent les traces de pas de promeneurs disparus, traverse la toile en diagonale, ne laissant qu'une petite portion de l'espace à la mer et au ciel aux tonalités avivées par le phénomène atmosphérique qu'est l'« heure bleue ». Plus ou moins décentrés, un ou plusieurs personnages - le plus souvent d'élégantes jeunes femmes, Marie Krøyer et Anna Ancher, mais parfois aussi le peintre et sa femme - se promènent entre terre et mer, silhouettes minuscules dans l'immensité de l'espace. La première de ces compositions a été peinte en 1893. Il s'agit du tableau intitulé Soirée calme sur la plage de Skagen, Sønderstrand préparé par plusieurs photographies et esquisses. C'est à Paris que le tableau fut exposé pour la première fois, sur les cimaises du Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de 1895.
 

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

Pêcheurs sur la plage de Skagen, après-midi d'été, huile sur toile, 1883

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

La Plage au sud de Skagen, huile sur toile, 1883

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

8. Le portraitiste

Krøyer fut d'abord portraitiste. L'appel de la nature modifia son intérêt pour la figure; les portraits ne furent bientôt que des éléments de ses scènes de genre. Il n'en oublia pas pour autant ce thème qui réapparaît à différents moments et donne lieu à des portraits d'apparat qu'il adresse aux expositions. Ses qualités de portraitiste sont néanmoins telles qu'il doit, à la fin des années 1880 et dans les années 1890, renoncer à des sujets personnels pour brosser de grandes toiles réunissant de nombreuses personnalités du monde industriel et culturel danois. Sa fille Vibeke, comme les enfants de ses amis, occupe une place importante dans son travail de peintre de portrait. Souvent représentés en extérieur, la lumière et le paysage qui les entourent contribuent à évoquer les meilleurs moments de l'enfance.

Portrait de Holger Drachmann, huile sur toile, 1895

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

Portrait de Tove Benzon, huile sur toile, 1894

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
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Portrait des deux filles d'Alfred Benzon, Else et Hanne, huile sur toile, 1897

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer

Terminons avec deux portraits intimes :

- le dernier autoportrait de Krøyer, peint en juillet 1909 l'année de sa mort et dédié à son ami Michael Ancher
- un portrait de sa femme Marie peint en 1889 pendant leur voyage de noces. Jamais exposé et conservé par le peintre, il n'apparut qu'en 1910 lors de la vente organisée après son décès.

L'Heure bleue : Peder Severin Krøyer
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Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)

4 Septembre 2021 , Rédigé par japprendslechinois

Terminons la visite de l'exposition Jean Puy au musée de Pont-Aven entamée dans notre dernier billet. La section suivante est intitulée

L'amour de la nature

Plus qu'un peintre de la ville, Jean Puy a toujours été attiré par la nature. Tout au long de sa vie, il est resté attaché aux mêmes lieux: Saint-Alban-les-Eaux, la Bretagne, vers lesquels il revient aux mêmes saisons. Il fréquente plus rarement les rives de la Méditerranée : Saint-Tropez, Toulon ou Collioure.
Très lié à sa famille, Jean Puy retourne à Saint-Alban-les-Eaux, chaque été de 1896 à 1936. Il a beaucoup représenté la terrasse ombragée de la maison familiale, décor de scènes intimistes où figurent souvent ses jeunes sœurs. La campagne environnante est aussi un motif récurrent dans son travail. Le paysage y est vallonné et les champs, vignes et bois s'étagent sur les flancs des collines.

La Forêt-bois de pins ou La Forêt au crépuscule, huile sur toile, 1903

Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)

Paysage noble, huile sur toile, 1904

Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)

Vue de Saint-Alban, huile sur toile, vers 1901

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Forêt en Forez ou Sous-bois au soleil, huile sur toile, 1912

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Le Hamac à Saint-Alban ou Repos dans le hamac, huile sur toile, vers 1904

Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)

Quai de Saint-Tropez, huile sur toile, vers 1924

Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)

Barques vertes à Collioure, huile sur toile, 1913

Jean Puy séjourne à Collioure de février à mars 2013, sans doute sur les conseils de Matisse qui y séjourna en 1905.

Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)

Autoportrait et tête de plâtre ou Tête en plâtre et mon portrait, huile sur toile, 1908

Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)

Exercices de style : les natures mortes

Jean Puy a réalisé des natures mortes tout au long de sa carrière. Le genre est à la mode pour décorer les intérieurs bourgeois de la première moitié du XXe siècle. Obéissant aux formules mises en place à la fin du XIXe siècle, il n'hésite cependant pas à s'en affranchir pour développer ses propres recherches. Dans l'oeuvre Bouquet de fleurs ou Nature morte de fleurs (1906), Jean Puy se montre radical dans sa composition, oubliant toute notion de perspective et inscrivant le bouquet dans un format tout en hauteur, à la manière d'une estampe japonaise. En dehors des fleurs, il aime peindre des objets simples, issus de son quotidien sur des tables recouvertes de nappes colorées : coupes remplies de fruits, pots et coupelles de toutes sortes, poissons et crustacés en écho à son goût pour la mer ou encore plâtres d'études ou céramiques qui peuplent son atelier.

Les Poissons, huile sur toile, 1911

Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)

Oranges et citrons ou Nature morte aux oranges et citrons, huile sur toile, 1912

Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)

Bouquet de fleurs ou Nature morte de fleurs, huile sur carton, 1906

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Bouquet de fleurs au vase blanc, huile sur toile, 1912

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Nature morte au compotier et aux grappes de raisin, huile sur toile, 1912

Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)

Ubu à la Guerre

Texte d'Ambroise Vollard, illustrations de Jean Puy, 1923


Jean Puy traverse les deux guerres mondiales. La première, surtout, aura un impact important sur sa carrière. Volontaire pour rejoindre l'armée, il est finalement incorporé en janvier 1915. Il sera mobilisé pendant 3 ans. Même s'il est peu marqué dans sa chair, le traumatisme de cette sombre période se manifeste par une sorte de dépression et par un arrêt provisoire de sa créativité.
Pendant la guerre, Ambroise Vollard et Jean Puy ne cessent d'être en contact. En 1916, le marchand, qui se dirige vers l'édition, reprend à son compte le personnage d'Ubu, créé par son grand ami Alfred Jarry en 1896. Il rédige de nouvelles aventures, inspirées par les lettres et anecdotes que Jean Puy lui envoie du front: Le Père Ubu à l'hôpital (1916) et Le Père Ubu à l'aviation (1918) illustrés par Pierre Bonnard, La politique coloniale du Père Ubu (1919) illustré par Georges Rouault.
Ambroise Vollard fait appel à Jean Puy dès 1919 pour Ubu à la guerre. L'édition de luxe sort en 1923, avec 109 gravures de l'artiste, autant de revanches sur « tous les menus chefs idiots » qui l'ont broyé dans « la stupide machine militaire ». Avec ce projet, Jean Puy retrouve ainsi la confiance et l'enthousiasme que la guerre avait éteints. Les personnages sont grotesques, le trait est vif, jeté sur le papier. D'autres projets étaient en préparation : Le Pot de fleurs de la mère Ubu et Le Déjeuner de l'évêque. Les textes ont disparu mais Jean Puy avait déjà dessiné des planches.
 

Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)
Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)
Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)
Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)

L’Amiral en chef est en train de procéder aux grandes manœuvres avec des bateaux en réduction dans un bocal à poissons rouges... Pour "Le Père Ubu à la guerre", éd. 1923, eau-forte
 

Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)

Quelques autres gravures exposées dans la même section :

L'Évêque surpris en galante compagnie Pour Le Déjeuner de l'évêque (non publié) vers 1924, lithographie
 

Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)
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Dante et Père Ubu aux enfers, eau-forte

Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)
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Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)
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Candide
Texte de Voltaire, illustrations de Jean Puy, non publié

En plus des projets autour d'Ubu, Vollard sollicite Jean Puy pour des illustrations de Candide de Voltaire, dans la logique de sa politique éditoriale initiée en 1900 avec la publication du sulfureux Parallèlement de Paul Verlaine, illustré par Pierre Bonnard. Pour ce conte philosophique, Jean Puy produit des images au trait enlevé, pleines d'humour, alliant le réalisme à l'ironie grinçante. Vollard décède en 1939, avant l'aboutissement de ce projet et Jean Puy, très investi, se désespère de la disparition de ses travaux.
Excellent dessinateur, Jean Puy trouve dans les techniques de gravure, une nouvelle forme d'expression, au même titre que la céramique qui fut une parenthèse courte mais enrichissante dans sa carrière.
 

Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)
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Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)
Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)
Jean Puy - Ambroise Vollard : Un fauve et son marchand (2/2)

La dernière section de l'exposition a toute sa place à Pont-Aven, et vient clôturer avec bonheur la série des billets émis pendant les vacances d'été...

La passion de la Bretagne

Les lieux de prédilection de Jean Puy sont l'océan et la Bretagne. Cette passion vient d'abord de l'enfance, à travers les grands récits d'aventures de Jules Verne ou d'Homère, puis d'un voyage à l'été 1897 dans la région de Quimperlé et du Pouldu. Passionné par la mer, féru de navigation, il passe de longs mois sur les côtes du Finistère, à naviguer sur son voilier et à peindre au large de Concarneau, dans l'anse de Bénodet, dans la baie de Concarneau et à Belle-Île-en-Mer.

Le Port de Concarneau ou Le Passage à Concarneau, huile sur carton, 1905

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Crique en Bretagne ou Entrée de Bénodet, huile sur toile, 1909

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L'Arrivée du bateau à vapeur au port du Palais (Belle-Île) ou Arrivée du bateau à Belle-Île, huile sur toile, vers 1921

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Le Port du Palais. Belle-Île-en-Mer ou Port du Palais avec des ombrelles noires, huile sur toile, 1921

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Mer à Belle-Île ou Marine à Belle-Île, huile sur toile, 1902

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Bateaux au port : Belle-Île, huile sur toile, 1904

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