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Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

30 Avril 2022 , Rédigé par japprendslechinois

Nous terminons le parcours de l'exposition originale Pionnières au musée du Luxembourg (notre billet du 23 avril dernier). La salle suivante est intitulée Représenter son corps autrement. 

"Les artistes femmes sont déterminées à révéler le monde tel qu’elles le voient, à commencer par elles-mêmes ; elles sont désormais libres de se représenter d’une autre façon que les hommes. Leur regard se construit à côté du regard masculin et s’en différencie de manière à la fois tranchée et subtile."

 Nous y retrouvons plusieurs artistes déjà présentes dans les salles précédentes :

Chana Orloff, dont la grande sculpture Grande Baigneuse accroupie, 1925, bronze doré, occupe le milieu de la salle.

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

Plusieurs toiles de Mela Muter :

Femme avec un chat, vers 1918-1921, huile sur toile
Nu cubiste, 1919-1923, huile sur toile
Nu assis avec des bas, 1922, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

Jacqueline Marval : L'Étrange femme, 1920, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

Marie Vassiliev, dont nous avions découvert les étranges marionnettes, cette fois avec un tableau : Nu aux deux masques, 1930, huile sur toile marouflée

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

et nous en découvrons d'autres :

Émilie Espérance Barret, dite Émilie Charmy (1878-1974) : 

Hania Routchine, nue, 1921, huile sur toile
Jeune femme, tête renversée, 1920, huile sur carton toilé

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

Alice Bailly (1872-1938) : Baigneuses aux oiseaux, 1922, tableau-laine sur carton

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

et Natalia Sergueïevna Gontcharova, dite Natalia Gontcharova (1881-1962) : Nu, vers 1925, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

La salle suivante est intitulée Les Deux amies

"Tamara de Lempicka, à qui cette salle est dédiée, fait partie des artistes qui vivent ouvertement leurs multiples aventures amoureuses et qui en font un des sujets de prédilection de leur art. À ce regard féminin sur le corps en général s’ajoute, dans les œuvres de Lempicka, la construction d’un regard désirant d’une femme sur le corps d’une autre femme."

On n'y trouve effectivement que des toiles de Tamara de Lempicka, dont nous avions déjà vu, dans un autre registre, Mère et son enfant.

Perspective ou Les Deux amies, 1923, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

La Belle Rafaela, 1927, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

et Suzy Solidor, 1935, huile sur bois, qui orne l'affiche de l'exposition.

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

La chanteuse Suzy Solidor, nom de scène de Suzanne-Louise-Marie Marion (1900-1983) est aussi évoquée dans cette salle par ses chansons.

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

Passons à la salle suivante, Le Troisième genre.

"Pendant ces Années folles se construit une réflexion complexe sur un « troisième genre », sur une éventuelle « neutralité », ainsi que sur la possibilité d’une transition d’un genre à l’autre. Dans quelques capitales cosmopolites, le genre est un choix, il s’agit d’une notion fluide en pleine transformation."

Ici encore, la salle s'organise autour de statues de Chana Orloff :

Romaine Brooks, 1923, bronze
Amazone, 1915, bronze

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

On y retrouve Marie Laurencin, avec Femmes à la colombe, Marie Laurencin et Nicole Groult, 1905, huile sur toile

Marie Laurencin a commencé sa formation en 1902 à la Manufacture de Sèvres, où elle apprend la peinture sur porcelaine puis s'est formée à la peinture sur toile en suivant les cours privés de l'Académie Humbert à Paris. Femmes à la colombe est un autoportrait de l'artiste avec Nicole Groult, son amie et son amante, où Laurencin joue avec les codes de genre et les stéréotypes de la sexualité : les teintes pastels ainsi que la féminité marquée de la robe de garçonne et la coiffe de Groult contrastent avec le costume masculin aux couleurs sombres de Laurencin.

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

De nombreuses toiles de Gerda Wegener, née Gerda Marie Fredrikke Gottlieb (1886-1940).

Pendant toute sa vie, Gerda Wegener a peint son mari le peintre Einar Wegener, plus connu sous son identité trans de Lili Elbe, et en a fait une vraie bataille contre toutes formes de discrimination.

Deux cocottes avec des chapeaux, 1920, huile sur toile
La Sieste, 1922, mine graphite et aquarelle sur papier

 

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

Lili avec un éventail à plumes, 1920, huile sur toile
Lili déguisée en "Chevalier à la rose", 1921, huile sur toile
Lily, 1922, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

et deux toiles de Beatrice Romaine Goddard, dite Romaine Brooks (1874-1970).

Romaine Brooks, artiste américaine expatriée, réinvente le portrait féminin à travers sa série de « portraits de famille » dont l'un des premiers est celui de Natalie Clifford Barney, dite « l'Amazone ». Femmes de lettres, riche Américaine, Barney rêve dans sa jeunesse de recréer une colonie saphique sur l'île de Lesbos, mais se contente de reconstituer un cercle d'amies qu'elle reçoit chez elle, au 20 rue Jacob à Paris.

Portrait de Natalie Clifford Barney, dite « l'Amazone », 1920, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

Au Bord de la mer, 1915, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

Dernière salle de l'exposition : Pionnières de la diversité

"Sans doute parce qu’elles étaient déjà à la périphérie d’un monde dont elles auraient voulu être au centre, les artistes femmes ont été aventurières, mobiles, curieuses et ouvertes à d’autres cultures. Elles ont pour certaines exporté la modernité sur d’autres continents, comme la Brésilienne Tarsila Do Amaral et l’Indienne Amrita Sher-Gil ; elles se sont également intéressées à la représentation de la diversité."

Tout un mur de la salle est occupé par le grand tableau de Marie Juliette Lucy Roche, dite Juliette Roche (1884-1980) Sans titre dit American Picnic, vers 1918, huile sur toile.

"Juliette Roche conçoit un déjeuner sur l’herbe moderne et multiethnique, une relecture de La Danse de Matisse, dans lequel les trois femmes assises au centre du tableau représenteraient le dialogue entre couleurs de peau, et où les danseurs androgynes annihileraient toute différence entre les sexes, évoquant l’espoir de vivre ensemble et en paix."

 

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

Nous retrouvons Suzanne Valadon : Vénus noire, 1919, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

ainsi que Mela Muter : Femme noire avec fleurs jaunes, sans date, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

 Amrita Sher-Gil (1913-1941) : Autoportrait en tahitienne, 1934, huile sur toile

Amrita Sher-Gil est née à Budapest d'une mère hongroise et d'un père indien. La famille déménage en 1921 en Inde; à l'âge de seize ans Amrita arrive à Paris et étudie à l'Académie de la Grande Chaumière puis à l'Ecole des Beaux Arts. Pendant son séjour à Paris elle prend conscience du caractère hybride de son identité, partagée entre deux cultures : sa façon de représenter le corps non occidental est tout à fait moderne, sa manière de s'habiller oscille entre deux traditions. Elle connaît les corps idéalisés des femmes tahitiennes peintes par Paul Gauguin, et c'est en réaction qu'elle peint son Autoportrait en Tahitienne qui renverse nombre des clichés de son époque.

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

Nina Hamnet (1890-1956) : Homme couché, vers 1918, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

Plusieurs toiles de la brésilienne Tarsila Do Amaral (1886-1973) :

Lagoa Santa, 1925, huile sur toile
Carte postale, 1929, huile sur toile
La Famille, 1925, huile sur toile

 

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

Lucie Cousturier, née Jeanne Lucie Brû (1876-1925), élève de Signac et de Henri-Edmond Cross, déjà citée dans notre billet du 5 février dernier :

Femme kissienne (Guinée), avant 1925, aquarelle sur papier
Homme noir écrivant, sans date, aquarelle sur papier

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

Terminons ce parcours éclectique avec Anna Quinquaud (1890-1984)

Formée à la sculpture aux Beaux Arts de Paris, Anna Quinquaud obtient en 1924 le Prix de l'Afrique Occidentale française - elle est la première femme sculpteur à le remporter - et a l'occasion d'effectuer un voyage en Afrique. C'est à la suite de son deuxième voyage en Guinée qu'elle rencontre les peuples foulah, coniagui et bassari qui lui inspirent ses œuvres les plus réussies. Son admiration pour leurs profils élégants, leurs silhouettes longilignes et leur allure altière s'accompagne du désir de se débarrasser de tout détail superflu ou pittoresque: Quinquaud veut représenter l'essentiel d'un regard ou d'une attitude.

An Floka, 1933, fusain, crayon sur papier

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)

Chef Foulah, 1930, Ronde-bosse, bronze
Nénégalley, fille de Tierno-Moktar, 1930, ronde-bosse, bronze, socle en marbre noir
Kadé, fillette de Tougué, 1930, ronde-bosse, bois

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
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Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (2/2)
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Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

23 Avril 2022 , Rédigé par japprendslechinois

Au musée du Luxembourg, une exposition qui sort de l'ordinaire, souhaitant "redonner une voix et un visage à des artistes encore très peu connues, dont certaines jamais présentées en France."

Très longtemps marginalisées, tant dans leur formation que dans leur accès au marché de l’art, aux collectionneurs et aux musées, les artistes femmes de la première moitié du XXe siècle n’ont pas été reconnues de leur vivant à leur juste valeur. Elles ont pourtant occupé un rôle primordial dans le développement des grands mouvements artistiques
de la modernité.

En suivant le parcours assez complexe de l'exposition, nous essaierons de faire partager au lecteur nos découvertes - ou redécouvertes - des œuvres de ces artistes.

 En ouverture, La Mort et la Femme, de Marie Vorobieff (1892-1984) dite Marevna, huile sur bois de 1917, dans une salle, Les Femmes sur tous les fronts, qui évoque le remplacement par des femmes des hommes décimés par le conflit.

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Gertrude Whitney, née Gertrude Vanderbilt (1875 –1942) : Étude de tête pour le Women's Titanic Memorial, 1923, marbre noir
Irina Codreanu, dite Irène Codréano (1896-1985) : Portrait de Doria Gamsaragan, 1926, bronze avec patine verte, socle en bois

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Dans la salle suivante, Comment les avant-gardes se conjuguent au féminin, des peintres :

Marcelle Cahn (1895-1981) : Composition abstraite, 1925, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Fransciska Clausen (1899-1986) :
Éléments mécaniques, 1926, huile sur toile
La Vis, 1926-1928, huile et gouache sur carton
Composition mécanique, 1929, huile sur toile et carton

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Anna Beöthy-Steiner (1902-1985) :
Composition abstraite, 1927, gouache sur papier
Composition concentrique, sans date, gouache sur papier

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Marjorie Jewell Moss, dite Marlow Moss (1889-1958) : Composition en blanc, rouge et gris, 1935, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Rita Kernn-Larsen (1904-1998) :
Nostalgie, 1929, aquarelle sur crayon sur papier côtelé
Fleur de rose, 1929, aquarelle sur crayon sur papier côtelé
Sans titre, 1929, aquarelle sur crayon sur papier côtelé

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Une photographe, Sophie Gisela Freund, dite Gisèle Freund (1908-2000) : Sylvia Beach dans sa librairie Shakespeare and Company, Paris, 1936, épreuve gélatino-argentique

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

et un sculpteur, Anna Prinner dite Anton Prinner (1902-1983) : Construction en cuivre, 1935, laiton et cuivre jaune

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

La salle suivante est intitulée Vivre de son art.  

Parce qu’elles sont moins visibles et reconnues que leurs homologues masculins, et pour gagner une indépendance nécessaire au développement de leur travail artistique, les artistes femmes sont plus que les hommes adeptes de la pluridisciplinarité. Mode, décoration intérieure et costumes de spectacles vivants, portraits mondains et objets, notamment des poupées, leur permettent d’atteindre l’autonomie financière.

La mode est illustrée par ces toilettes à l'entrée de la salle :

à gauche, deux manteaux de Sarah Lipska (1882-1973)
Scénographe et costumière pour les Ballets russes aux côtés de Léon Bakst, l'artiste polonaise Sarah Lipska est aussi sculptrice, peintre, décoratrice d'intérieur et designeuse. Elle collabore notamment avec le coiffeur et inventeur de la coupe à la garçonne Antoni Cierplikowski dit Monsieur Antoine, la femme d'affaires Helena Rubinstein, ses compatriotes, ou encore avec le couturier Paul Poiret. Les vêtements qu'elle crée et qu'elle vend dans ses propres boutiques, dont l'une se situe sur les Champs-Elysées, incorporent parfois des influences cubistes, et se singularisent par l'utilisation de tissus de qualité, notamment le satin ou encore la soie, ainsi que par l'abondance et l'éclat de ses broderies et applications. Internationalement reconnue de son vivant, elle reçoit un grand nombre de médailles dont une lors de l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925.

à droite, une robe noire de haute couture (vers 1927) de Gabrielle Chanel (1883-1971)

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Marie Laurencin (1883-1956) : Portrait de Mademoiselle Chanel, 1923, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Deux couvertures de l'édition française de Vogue, à la même époque

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Alicja Rosenblatt dite Alice Halicka (1895-1975) :
Sur la plage à Trouville, 1934
La Course de chevaux, vers 1930
Course de chevaux, vers 1930
Conversation, avant 1930
Collage, tissus, papier sur carton

Née à Cracovie, Alice Halicka s'installe à Paris en 1912 afin de rejoindre l'Académie Ranson. Pendant la Première Guerre mondiale elle peint principalement des natures mortes cubistes. Les conditions matérielles d'après-guerre l'orientent vers des collages de techniques mixtes qui combinent des éléments de peinture et de couture, en utilisant entre autres des boutons, des papiers collés ou encore des plumes. Ces œuvres, dites « Romances capitonnées », montrent des scènes figuratives qui, par leur matérialité, prennent des allures de « poupées en bas-relief ».

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Marie Germaine de Roton dite Germaine de Roton  (1889-1942) :
Ida Rubinstein, 1924, tissu, peau, soie
La Pavlova, 1924, tissu, peau, soie

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Stéphanie Marie Sophie Łazarska dite Stefania Lazarska (1887–1977) :

Poupée vêtue d'une robe de style Second Empire de couleur chocolat, à galon noir et fleuri, d'un châle dit « des Indes » à motifs cachemire, d'un spencer assorti, d'un bonnet à pompon rouge dit « à la turque », d'un jupon et d'un pantalon brodés, 1931, plâtre, tissu, porcelaine
Poupée décorative, dite « Poupée de salon » vêtue d'une robe madras vert, orange et brun, agrémentée de dentelle autour du décolleté, 1931, coton, tissu, plume, porcelaine
L'Atelier artistique polonais, fondé en 1915 par Stefania Lazarska, crée une source de revenus pour elle-même autant que pour ses collègues artistes grâce à la production de poupées en tissu qui s'inspirent de costumes folkloriques de son pays d'origine. Ses poupées sont présentées à l'Exposition coloniale internationale de Paris en 1931. En raison de la pénurie de tissus, la Seconde Guerre mondiale marque la fin de la production de son atelier. 
 

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Maria Ivanovna Vassilieva dite Marie Vassilieff (1884-1957) :

Marionnettes pour les pièces Avant-Pendant-Après, et Le Château du Roi, Théâtre du Bourdon, 1928, tissu, carton peint, bois

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

et au sortir de cette salle, nous retrouvons les marionnettes réalisées par Sophie Taeuber-Arp (1889-1943) pour la pièce Le Roi Cerf, 1918, peinture à l'huile, bois, métal, textile que nous avions découvertes à l'exposition Dada Africa (notre billet du 18 février 2018)

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

La salle suivante est intitulée Les Garçonnes, (mot popularisé par le roman de Victor Margueritte en 1922)

Après les traumatismes de la Grande Guerre et de la grippe espagnole qui avaient entraîné une profonde récession mondiale, s’installe une croissance économique et technique jamais vue auparavant. Les artistes se saisissent de nouveaux sujets tels que le travail et le loisir des femmes, transformant au féminin le modèle du sportif masculin, représentant le corps musclé à la fois compétitif, élégant et décontracté. Joséphine Baker incarne cette « nouvelle Ève » qui découvre le plaisir de se prélasser au soleil (c’est le début de l’héliothérapie), utilise son nom pour développer des produits dérivés, pratiquant aussi bien le music-hall la nuit que le golf le jour. Véritable entrepreneuse, Baker ouvre un cabaret-restaurant, fonde un magazine et devient une des artistes les mieux payées en Europe. Ces « garçonnes » sont les premières à gérer une galerie ou une maison d’édition, à diriger des ateliers dans des écoles d’art. Elles se démarquent en représentant des corps nus, tant masculins que féminins, en interrogeant les identités de genre.

Marie-Clémentine Valadon dite Suzanne Valadon (1865-1938), ancien modèle et peintre autodidacte :
La Chambre bleue, 1923, huile sur toile
Femme aux bas blancs, 1924, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Aleksandra Mitrofanovna Beļcova dite Aleksandra Beļcova (1892–1981) :
La Joueuse de tennis, 1927, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Marie-Joséphine Vallet dite Jacqueline Marval(1866-1932) :
La Baigneuse au maillot noir, 1923, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Curieusement, la seule création de Sonia Delaunay (1885-1979) présente dans cet l'exposition est ce vêtement de bain, vers 1928, haut en bayadère multicolore imprimée sur crêpe de Chine, soie doublée d'un tissu uni blanc, bas en jersey de laine uni rouge.

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Terminons la visite de cette salle sur quelques témoignages de la popularité de Joséphine Baker, notre dernière panthéonisée.

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
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Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Dans la salle suivante, Chez soi, sans fard, des artistes, peintres et sculpteurs, que l'on retrouvera au long du parcours.

Tandis que le corps des femmes s’expose librement sous le soleil, il se réinvente aussi chez soi, sans fard. Ces odalisques modernes se représentent dans leurs intérieurs, inventant une nouvelle forme de naturalisme.
Plus besoin de paraître ni de faire semblant : la maternité peut être fatigante ; les poses des nus excentriques ; le déshabillé une échappatoire aux diktats des regards et des devoirs domestiques. Dans l’immédiate après-guerre, Mela Muter et Maria Blanchard, en tant qu’artistes étrangères installées à Paris, réagissent aux inégalités de classes de la société française face à une politique qui milite pour une croissance de la natalité. Leurs madones sont des ouvrières ou des domestiques, d’origine espagnole ou africaine, qui s’éloignent de l’image traditionnelle de la maternité heureuse. Le discours est différent pour Chana Orloff et Tamara de Lempicka. Les sculptures de mères autonomes et indépendantes d’Orloff exaltent une vision puissante de la femme, capable d’assumer à la fois le rôle des deux parents et celui d’une artiste à succès vivant de son art. Loin de toute préoccupation sociale, Lempicka traduit en peinture le cadrage serré du cinéma hollywoodien en vogue à l’époque. Le traitement de ses figures met en lumière leur sensualité et leur glamour tout en les intégrant dans une vie mondaine semblable à la sienne.

Maria Mélania Mutermilch dite Mela Muter (1876–1967) : Famille gitane, vers 1930, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Maria Blanchard (1881-1932) :

La Toilette, 1924, huile sur toile
Maternité, 1921, huile sur toile
Maternité, 1922, huile sur toile

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Chana Orloff (1888-1968) :

Maternité Couchée, 1923, bronze
Moi et mon fils, 1927, bronze

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)
Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Maria Górska dite Tamara de Lempicka (1898–1980) : Mère et son enfant, 1932, huile sur contreplaqué

Pionnières - artistes dans le Paris des années folles (1/2)

Nous poursuivrons la visite de cette exposition originale dans un prochain billet.

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Un vernissage à la Bourse de Commerce

16 Avril 2022 , Rédigé par japprendslechinois

Un peu d'art contemporain pour changer, à l'occasion du vernissage le 6 avril dernier de l'exposition consacrée à Félix González-Torres et Roni Horn par la Bourse de commerce - Pinault Collection. Felix González-Torres, né le 26 novembre 1957 à Guáimaro, à Cuba et mort le 9 janvier 1996 à Miami, est un artiste américain d'origine cubaine, influencé par le minimalisme et l'art conceptuel. Roni Horn, née le 25 septembre 1955, à New York, est une artiste et écrivaine américaine. Son œuvre, développée durant plus de quarante ans, comprend de la sculpture, du dessin, de la photographie et des installations site-specific. L'exposition est ainsi présentée par les organisateurs :

Conçue à partir de quatre œuvres emblématiques de la Pinault Collection, montrées pour la première fois au public français – « Untitled » (For Stockholm) (1992) et « Untitled » (Blood) (1992) de Felix Gonzalez-Torres ; Well and Truly (2009-2010) et a.k.a. (2008-2009) de Roni Horn, cette exposition souligne les principes de dédoublement, de dualité, de complexité dans la répétition et d’identité à l’œuvre dans les pratiques respectives des deux artistes. Elle retrace aussi une conversation artistique commencée en 1991 entre Roni Horn et Felix Gonzalez-Torres, nourrie jusqu’à la disparition de ce dernier en 1996, et vivante encore aujourd’hui, notamment à travers cette présentation.

Roni Horn a elle-même participé à son installation.

A l'entrée, de Félix González-Torres,  “Untitled" (Perfect Lovers), 1987-1990
Horloges murales
Taille originale des horloges: 34,3 cm de diamètre chacune

Un vernissage à la Bourse de Commerce

Dans toute l'exposition, est déployée l'œuvre de Felix González-Torres :

"Untitled” (For Stockholm), 1992
Ampoules, douilles en porcelaine et cordon électrique
Douze parties

La première salle, très dépouillée,...
 

Un vernissage à la Bourse de Commerce
Un vernissage à la Bourse de Commerce

...comprend en outre, de Roni Horn :

Well and Truly, 2009-2010
Verre moulé solide brute de coulée
Dix parties : 45.7 x 91,4 cm

Un vernissage à la Bourse de Commerce

On accède à la deuxième salle en traversant, de Felix González-Torres :

“Untitled” (Blood), 1992
Rideaux de perles et dispositif de suspension
Dimensions variables
 

Un vernissage à la Bourse de Commerce
Un vernissage à la Bourse de Commerce
Un vernissage à la Bourse de Commerce

Aux fenêtres de cette salle, de Felix González-Torres :

"Untitled" (Loverboy), 1989
Tissu bleu transparent et dispositif de suspension
Dimensions variables

Un vernissage à la Bourse de Commerce
Un vernissage à la Bourse de Commerce
Un vernissage à la Bourse de Commerce

Au mur, de Roni Horn :

Double Mobius, v.2, 2009/2018
Deux rubans en or pur et deux chevilles en plastique
Deux rubans, chacun : 6,4 x 152,4 x 0,002 cm
Deux chevilles, chacune : 4,8 x 3,2 cm
 

Un vernissage à la Bourse de Commerce

Roni Horn :

Dog's Chorus - Let Slip Until the Cows Come Home, 2016
Aquarelle, plume et encre, gomme arabique sur papier aquarelle, ruban adhésif
Avec cadre : 80 x 56,8 x 4,1 cm (gauche) / 81 x 54,3 x 4,1 cm (centrE) / 81,3 x 55,9 x 4,1 cm (droite)
 

Un vernissage à la Bourse de Commerce
Un vernissage à la Bourse de Commerce
Un vernissage à la Bourse de Commerce
Un vernissage à la Bourse de Commerce

Appuyé contre une paroi :

Roni Horn :

White Dickinson
HE INHERITS HIS UNCLE EMILY'S ARDOR FOR THE LIE
, 2006-2007
Aluminium massif et plastique blanc moulé, 226,7 x 5,1 x 5,1 cm

Un vernissage à la Bourse de Commerce
Un vernissage à la Bourse de Commerce

a.k.a., 2008-2009
Tirages jet d'encre sur papier chiffon, trente photographies jumelées
Avec cadre, chacun : 43,1 x 37,9 x 3 cm

Trente portraits photographiques de Roni Horn – choisis par ses soins dans ses archives privées et familiales – sont présentés par paires. À chaque photo d’elle enfant ou adolescente répond une vue à l’âge adulte. La question de l’ambivalence de soi est centrale dans cette série de portraits intitulée a.k.a – acronyme de also known as. Se joue devant les yeux du spectateur l'identité fragmentée et multiple de l'artiste et, par extension, de chaque individu.

Un vernissage à la Bourse de Commerce
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Dans cette salle, deux dernières oeuvres de Félix González-Torres :

“Untitled” (Orpheus, Twice), 1991
Miroir
Dimensions variables
Deux parties : 195 x 70 cm

et au sol

 "Untitled” (Passport), 1991
Papier, approvisionnement illimité
Hauteur idéale de 10 cm x 60 x 60 cm (dimensions originales du papier)

Un vernissage à la Bourse de Commerce
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Faisant pendant aux deux horloges de  Félix González-Torres à l'entrée de l'exposition, nous retrouvons à la sortie une œuvre de Roni Horn :

Dead Owl, 1997
Deux impressions jet d'encre, 73.7 x 73.7 cm chacune

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Yves Saint Laurent aux musées

9 Avril 2022 , Rédigé par japprendslechinois

YVES SAINT LAURENT AUX MUSÉES célèbre le 60e anniversaire du premier défilé d’Yves Saint Laurent. Le couturier, tout juste âgé de 26 ans, signe le 29 janvier 1962 sa première collection sous son propre nom.

Cette exposition anniversaire se déploie dans six musées parisiens : nous vous proposons de la découvrir dans quatre d'entre eux.

Musée d'Orsay

Deux espaces d'expo séparés : dans une salle près de l'horloge, quelques vêtements, devant un portrait du maître en 1980 par Antony Armstrong-Jones (Lord Snowdon) 1930-2017.

 

 

Yves Saint Laurent aux musées
Yves Saint Laurent aux musées
Yves Saint Laurent aux musées
Yves Saint Laurent aux musées
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Dans une salle du cabinet des gravures, des croquis de coiffes et de décors réalisés pour le Bal des Têtes ,1957 (gouache, pastel, encre et crayon graphite sur papier)

A l'occasion d'un bal donné par le baron Alexis de Rédé, le 23 juin 1957, à l'hôtel Lambert, Yves Saint Laurent dessine coiffes et décors. Le bal des Têtes évoque un passage du Temps retrouvé, dernier tome de La Recherche, où le narrateur, croisant chez la Princesse de Guermantes la plupart de ceux qu'il a fréquentés par le passé, les juge difficilement reconnaissables car « chacun d'eux semblait s'être fait une tête, généralement poudrée, et qui les changeait complètement. »  D'une grande sophistication, ces dessins préparatoires laissent présager la brillante carrière de ce jeune homme, tout juste âgé de 21 ans.

Yves Saint Laurent aux musées
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Yves Saint Laurent aux musées
Yves Saint Laurent aux musées
Yves Saint Laurent aux musées
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Croquis de recherches pour les robes du bal Proust, 1971 (crayon graphite sur papier) ; croquis de robe pour Jane Birkin et pour Marie-Hélène de Rothschild, bal Proust, 1971 (feutre sur papier)

C'est au château de Ferrières que se tint, le 2 décembre 1971, le bal Proust, donné par le baron et la baronne Guy de Rothschild. Pour le bal Proust, Yves Saint Laurent reçoit plusieurs commandes, dont témoignent ses nombreux croquis de robes du soir à la taille marquée, aux manches gigots ou volantées dans des tissus souples, portées par des femmes aux silhouettes élancées et aux chignons hauts comme à la Belle Époque.

Yves Saint Laurent aux musées
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Yves Saint Laurent aux musées
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Croquis de recherche pour les costumes de L'Aigle à deux têtes de Jean Cocteau, 1978 (feutre et pastel sur papier)

Yves Saint Laurent aux musées
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Yves Saint Laurent aux musées
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et pour finir avec Orsay, une série de photographies de 1971 par Cecil Beaton (1904-1980)

Photographe, illustrateur, décorateur pour le cinéma et le théâtre, Cecil Beaton est un fidèle collaborateur de Vogue. À la demande du magazine, il photographie, à la manière de Nadar, les convives du bal Proust. Habillée par Yves Saint Laurent, Hélène Rochas apparaît en Odette de Crécy avec un décolleté ponctué de cattleyas blancs. Dans une atmosphère proche de l'atelier de Nadar, Beaton transforme chaque convive en fiction photographique, démarche qui aurait séduit Proust, qui s'inspira lui-même des portraits de Nadar pour créer ses personnages.

Marisa Berenson

Yves Saint Laurent aux musées

Baronne Guy de Rothschild

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Hélène Rochas

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Jane Birkin

Yves Saint Laurent aux musées

Jacqueline de Ribes

Yves Saint Laurent aux musées

Musée d'art moderne de la ville de Paris

Commençons aussi par un portrait :

Andy Warhol (1928-1987) : Portraits d'Yves Saint Laurent ,1972, encre sérigraphique et peinture polymère sur toile

Yves Saint Laurent et Pierre Bergé rencontrèrent Andy Warhol en 1968 et devinrent aussitôt amis.

Yves Saint Laurent aux musées

Des modèles du créateurs ornent les grandes salles du musée :

- devant La Fée électricité, gigantesque ensemble de 250 panneaux réalisé par Raoul Dufy pour l'Exposition universelle de 1937 à Paris

Yves Saint Laurent aux musées

Dans les salles Matisse, devant La Danse "inachevée" (1930-1931)

Yves Saint Laurent aux musées

et devant La Dance "de Paris" (1931)

Yves Saint Laurent aux musées

Les mêmes de dos, avec les panneaux de Daniel Buren en arrière-plan

Yves Saint Laurent aux musées

Des modèles rappelant les années 1930, avec en arrière-plan Les Sports, décoration monumentale de 45 panneaux en laque dorée à la feuille réalisée en 1935 pour le paquebot Normandie par Jean Dunand (1877-1942), et le Portrait de Renée Maha, dite Le Sphynx de Kees Van Dongen (1877-1968), 1920, huile sur toile.

Yves Saint Laurent aux musées
Yves Saint Laurent aux musées

Blouse normande en satin gris perle, automne-hiver 1962
Paletot en velours noir brodé de "poussières" d'argent, automne-hiver 1983
Robe en panne de velours de soie, automne-hiver 1975

mis en valeur dans de petites alcoves

Yves Saint Laurent aux musées
Yves Saint Laurent aux musées
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Dans la salle des Bonnard, Vuillard,...des robes aux dessins colorés

Yves Saint Laurent aux musées

Vêtements plus complexes devant des Giorgo de Chirico

Yves Saint Laurent aux musées

Terminons pour ce musée avec une harmonieuse série :

Blouson  en lainage jacquard tricolore blanc, bleu et noir, printemps-été1966
Caban en lainage jacquard marine, printemps-été 1966
Robe en crêpe de soie noir, vert et blanc, printemps-été 1969
Veste en lainage jacquard vert et blanc, printemps-été 1966

Yves Saint Laurent aux musées

Musée du Louvre

Dans la galerie d'Apollon, derrière la victoire de Samothrace, où sont exposés les joyaux de la couronne de France, le Louvre apporte sa pierre à la manifestation avec quatre vestes particulièrement précieuses - même si elles sont difficiles à photographier...

Veste en gazar noir brodé d'or, printemps-été 1980

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Caraco en organza brodé de paillettes, pierres et chenille, automne-hiver 1981

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Veste Hommage à ma maison en organza brodé d'or et de cristal de roche, printemps-été 1990

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Veste Miroir brisé en velours noir brodé d'or, d'argent et de rhodoïd, automne-hiver 1978

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Musée national d'art moderne (Centre Pompidou)

Sans doute une des plus réussies des parties de l'exposition, ces associations d'œuvres et de créations d'Yves Saint Laurent proposées au Centre Pompidou.
Henri Matisse : La Blouse roumaine, huile sur toile, avril 1940
Ensemble inspiré par Henri Matisse, blouse d'étamine de laine brodée de paillettes, rocailles et chenille, jupe de velours, ceinture de velours et passementerie, automne-hiver 1981 

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Pablo Picasso, Le Violon, huile sur toile, 1914
Cape Hommage à Georges Braque, drap de laine brodé de paillettes, tubes, rocailles et daim, printemps-été 1988
 

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La petite salle consacrée à Fernand Léger est fermée pour une raison mystérieuse, la robe qui y est exposée recouverte d'un emballage blanc...

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Pablo Picasso, Arlequin et femme au collier, huile sur toile, 1917
Robe Hommage à Pablo Picasso, crêpe de satin noir et blanc, automne-hiver 1979

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Au milieu de la salle consacrée aux peintures de Sonia et Robert Delaunay, une robe aux motifs assortis.

Yves Saint Laurent aux musées
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Piet Mondrian (1872-1944), Composition en rouge, bleu et blanc II, huile sur toile,1937
Robe Hommage à Piet Mondrian, jersey de laine écru incrusté de noir, rouge, jaune et bleu, automne-hiver 1965

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Près du tableau de Wifredo Lam (1902-1982) Pasos miméticos I, huile sur toile, 1950, un manteau , raphia et col de macramé brodé de perles de bois, Printemps-été 1967

Yves Saint Laurent aux musées
Yves Saint Laurent aux musées

Au milieu d'une salle, Robe de soir long, organza brodé de rhodoïd et de perles de boisprintemps-été 1967

Parmi les pièces de la collection printemps-été 1967 figure cette longue robe en organza brodée de perles et de rhodoïd dont les motifs géométriques renvoient aux textiles bogolan du Mali. Yves Saint Laurent reconnaît à son sujet que « c'est une robe faite pour être présentée uniquement », ajoutant qu'il « serait ridicule de la prendre pour une « robe à mettre ». C'est un totem. » Avec sa poitrine conique, cette pièce exceptionnelle n'est pas sans évoquer les sculptures surréalistes d'Alberto Giacometti, manifestant la même tension entre menace et érotisme.

Yves Saint Laurent aux musées
Yves Saint Laurent aux musées

Martial Raysse, né en 1936, Made in Japan - La Grande Odalisque, peinture acrylique, verre, mouche, passementerie en fibre synthétique, sur photographie marouflée sur toile, 1964
Manteau, fourrure de renard vert, Printemps-été 1971

Yves Saint Laurent aux musées

Gary Hume, né en 1962, The Moon [La Lune], peinture laquée sur panneaux d'aluminium, 2009
Robe Hommage à Tom Wesselmann, jersey de laine violet, noir et rose, automne-hiver 1966

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Ellsworth Kelly (1923, 2015),  Black White, [Noir Blanc] huile sur toile, 1988
Robe de soir long, crêpe de soie noir, automne-hiver 1965

Yves Saint Laurent aux musées

Nous retrouvons l'artiste libanaise Etel Adnan (1925-2021), voir notre billet du 2 juin 2021, avec quatre petites huiles sur toile, Sans titre, 2010 à côté d'une robe Hommage au pop art,  jersey de laine incrusté de bleu, jaune, marine et orange, automne-hiver 1966

Yves Saint Laurent aux musées
Yves Saint Laurent aux musées

Terminons avec ce bel ensemble installé devant le salon Agam,  réalisé entre 1972 et 1974 par l'artiste israélien Yaacov Agam pour aménager l'antichambre des appartements privés de Georges Pompidou au palais de l'Élysée.

Robe,  étamine de laine imprimée de motifs géométriques marron, orange et bleu, automne-hiver 1968
Robe, crêpe de soie noir imprimé de pois orange et blanc, printemps-été 1969
Jumpsuit, crêpe de soie noir imprimé de motifs géométriques ivoire et marron, automne-hiver 1970

Yves Saint Laurent aux musées
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Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)

2 Avril 2022 , Rédigé par japprendslechinois

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)

Nous reprenons la visite de l'exposition de l'Orangerie sur le Décor impressionniste avec cette décoration pour l'hôtel particulier de Victor et Marie Chocquet, 7 rue Monsigny à Paris, Nymphes au bord de la mer, dit aussi La Barque et les baigneurs, huile sur toile, vers 1890, qui orne le dessus de la porte d'entrée de la salle suivante :

« Un peu de gaieté sur un mur»

A partir des années 1880, les impressionnistes actualisent pour leur clientèle les sujets traditionnels du décor intérieur. Se tournant vers le passé, ils puisent à des sources diverses, du nu antique au XVIIIe siècle français. Renoir s'intéresse de près à l'architecture et admire la peinture murale de la Renaissance. Œuvre mûrement réfléchie, son Essai de peinture décorative, dit aussi Les Grandes Baigneuses, fait la synthèse de ces principes et traditions en une scène allègre à la luminosité de porcelaine. Selon Renoir, la finalité de la peinture est bien de « mettre un peu de gaieté sur un mur».
Dans son appartement parisien, Berthe Morisot fait cohabiter un décor qu'elle exécute d'après une toile de François Boucher, peintre du XVIIIe siècle, et un grand panneau décoratif peint pour elle par son ami Monet: une vue de villas récentes au milieu de foisonnants jardins méditerranéens. Elle mêle ainsi aux grâces délicates et fleuries du XVIIIe siècle un paysage moderne et exotique, éclatant de lumière.

Au milieu de cette salle, deux vases de faïence décorés :
- Femme assise, de Pierre-Auguste Renoir, 1900 ou 1906
- La Ronde des enfants, de Mary Cassatt, vers 1903
l'un et l'autre réalisés avec le céramiste André Metthey (1871-1920), souvent rencontré dans ce blog.

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)
Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)

Pierre-Auguste Renoir :

Baigneuses. Essai de peinture décorative, dit aussi Les Grandes Baigneuses, huile sur toile, 1884-1887

Comme l'indiquent son échelle monumentale, sa technique voulant imiter la fresque, et son titre, ce tableau a pour Renoir valeur de manifeste décoratif. Il fait référence à la grande tradition décorative, de Raphaël (1483-1520) au sculpteur François Girardon (1628-1715) : le peintre s'inspire du bas-relief d'un des bassins du château de Versailles, Le Bain des nymphes (1668-1670). Ces nus en plein air, au dessin précis, marquent une rupture et un jalon dans l'œuvre de Renoir. Le tableau fut mal compris par les critiques qui le voient exposé en 1887. Prêt exceptionnel du musée de Philadelphie, il ne l'avait pas quitté depuis plus de quatre-vingts ans, et n'avait pas été présenté en France depuis 1922.

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)

- Tannhäuser (1er acte), dit aussi Apparition de Vénus à Tannhäuser 
Tannhäuser (dernier acte), dit aussi Wolfram et Vénus (scène du 3e acte de Tannhäuser), huile sur toile, 1879
Décoration pour l'atelier de Jacques-Émile Blanche au Bas-Fort-Blanc à Dieppe

Le jeune peintre Jacques-Émile Blanche, fervent admirateur de Renoir, commande à ce dernier un décor pour l'atelier qu'il se fait construire sur la propriété de ses parents à Dieppe, au Bas-Fort-Blanc. Ces dessus-de-porte illustrent deux scènes de l'opéra Tannhäuser de Richard Wagner, violemment critiqué lors de sa première à Paris presque vingt ans auparavant. Choisi par Blanche, le thème inspire Renoir, qui peint ici avec une touche souple et sensuelle les amours tourmentées du héros Tannhäuser.

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)
Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)

Danseuse aux castagnettes et Danseuse au tambourin, huile sur toile, 1909

Décoration pour la salle à manger de l'appartement de Maurice Gangnat, 24 avenue de Friedland à Paris

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)
Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)

Nu d'homme dans un paysage, dit aussi Le Fleuve, huile sur toile,1885

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)

Berthe Morizot (1841 - 1895) : Vénus va demander ses armes à Vulcain, dit aussi Vénus dans la forge de Vulcain, copie d'après François Boucher, huile sur toile, 1883-1884
Claude Monet : Les Villas à Bordighera, huile sur toile, 1884
Décoration pour le salon blanc de l'appartement de Berthe Morisot, 40 rue de Villejust (actuelle rue Paul Valéry) à Paris

En 1883 Berthe Morisot s'installe au rez-de-chaussée d'un immeuble qu'elle et son mari ont fait construire au 40 rue de Villejust à Paris. Dans le salon-atelier, aux murs tendus de rose, elle place deux décorations : une copie qu'elle exécute d'après un détail d'une peinture de Boucher et Les Villas de Bordighera, commandée à Monet. Le peintre répète une composition peinte peu avant en Italie, tout en accentuant la vivacité de ses coloris. « Ce n'est pas un tableau mais une décoration très crue ou peut-être pas assez crue » écrit-il, « il faut voir cela en place.» L'œuvre de Monet est installée en dessus-de-porte et Morisot la garde toute sa vie.

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)
Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)

Dans cette salle, encore deux décorations de Berthe Morizot :

Bergère couchée, huile sur toile, 1891
Le Cerisier, huile sur toile, 1891

De l'été 1891 à l'hiver suivant, Morisot se consacre à cette composition dont elle réalise trois versions ; celle-ci, par son format vertical comme par sa taille, a tout d'un panneau décoratif. Morisot avait en tête de créer pour son appartement un cycle de quatre panneaux, projet finalement abandonné. Ici, sa fille Julie Manet pose avec sa cousine Jeannie Gobillard. Élevées dans une famille d'artistes et d'intellectuels parisiens, ces jeunes filles s'affairent à cueillir des fruits qui sont aussi, symboliquement, ceux de la connaissance, comme dans le décor monumental exécuté peu après par Mary Cassatt pour l'Exposition universelle de Chicago.

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)
Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)

Fleurs et jardins

Par leur infinie variété, les fleurs et les bouquets constituent le motif décoratif par excellence, largement répandu au XIXe siècle. Habiles à saisir sur la toile la beauté éphémère de la nature, les impressionnistes s'illustrent dans la peinture de fleurs. Leurs tableaux et panneaux décoratifs se couvrent de bouquets colorés, parfois à la demande de clients, comme les panneaux de porte exécutés par Monet pour son marchand, Paul Durand-Ruel, au début des années 1880. Fleurs et plantes envahissent aussi les décors destinés à leurs propres intérieurs, comme ceux de Gustave Caillebotte pour sa maison du Petit-Gennevilliers, dix ans plus tard.
Pour ces peintres férus d'horticulture, jardinage et décoration participent d'un même élan créatif. Avec un regard neuf, ils revitalisent la peinture décorative, réveillée par l'influence stimulante de l'art japonais. Celle-ci se retrouve dans les motifs floraux d'un service de table comme à la surface de leurs toiles. Par ces audaces de cadrage, les fleurs deviennent ornements purs et évoluent vers un décor impressionniste, enveloppant et immersif.

Claude Monet :
Chrysanthèmes, huile sur toile, 1897
Massif de chrysanthèmes, huile sur toile,1897

Avec ces toiles imposantes, Monet rend hommage à Caillebotte dont il avait reçu, peu après la mort de l'artiste, les Chrysanthèmes présentés dans cette salle. Ici, le regard se concentre sur des fleurs au milieu d'un parterre, vues en gros plan. Les chrysanthèmes semblent flotter à la surface de la toile, émergeant d'un dense fond de feuillage avec une grâce vaporeuse. Abolissant toute idée de limite et de perspective, voire de sujet, Monet traite l'espace en décorateur : avec ses arrangements chromatiques sophistiqués, il crée un motif purement ornemental et infiniment séduisant.

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)
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Panneaux de portes de l'appartement de Paul Durand-Ruel, 35 rue de Rome à Paris, huile sur toile
Azalées rouges en pot, 1883
Dahlias,1883
Branche d'azalées blanches et roses, 1885
Chrysanthèmes,1883
Pêches, 1883
Panier de pommes, 1885


En 1882, le marchand d'art Paul Durand-Ruel commande à Monet des panneaux pour orner cinq portes de la salle à manger de son appartement parisien rue de Rome : écrin pour sa collection d'oeuvre: impressionnistes, d'une importance alors inégalée ; occasionnellemet showroom ouvert à ses clients.
 

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)

Gustave Caillebotte :
Chrysanthèmes blancs et jaunes. Jardin du Petit-Gennevilliers, huile sur toile, 1893
Cultivés au Japon depuis quinze siècles, les chrysanthèmes connaissent en Europe, à la fin du XIXe siècle, une vogue particulière, célébrés pour leur éclat et leur floraison tardive. Ceux représentés ici poussent dans des pots de terre, entraperçus en bas de la toile - et sans doute à l'air libre, devant un mur de pierre. Dans cet espace sans profondeur, les fleurs surgissent vers nous en un jaillissement désordonné de tiges, feuilles et pétales, ébouriffés par la pluie ou le vent. Le tableau, que Monet posséda pendant plus de trente ans, lui inspira ses propres compositions de chrysanthèmes.
 

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Quatre panneaux de porte pour la maison de l'artiste au Petit-Gennevilliers : Orchidées (cattleya et anthurium)Cattleya et anthurium, Orchidées à fleurs blanches, Cattleya et plantes à fleurs rouges, huile sur toile, 1893

Dans sa maison du Petit-Gennevilliers, construite dix ans plus tôt, Caillebotte peint ces huit toiles pour décorer deux portes de son salon-salle à manger. Jardinier émérite, il y représente sa serre, située dans son jardin, garnie de ses plantations: orchidées, bégonias ou langues de feu. Par un effet de trompe-l'oeil, traditionnel dans le vocabulaire décoratif mais ici revivifié par l'artiste, ces portes font entrer chez Caillebotte le jardin qui l'a tant passionné.

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)
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Parterre de marguerites, huile sur toile, vers 1892-1893

Décoration pour la maison de l'artiste au Petit-Gennevilliers

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)

Félix Bracquemont (1833 - 1914), auteur du décor
Haviland & Cie, éditeur
Barluet & Cie, fabricant

Service à fleurs et rubans, 1879, faïence fine, décor imprimé à partir d'eaux fortes et peint sous couverte

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)
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« Aquarium fleuri » et «grandes décorations »

En 1893, dix ans après s'être installé à Giverny, Monet entreprend d'aménager chez lui ce qu'il appelle un « jardin d'eau », pour l'«agrément » mais aussi dans un but [d'avoir des] motifs à peindre ». Il fleurit le bassin et ses rives, œuvre  décorative en soi et source d'inspiration féconde pendant plus d'un quart de siècle. Dès la fin des années 1890, le thème des nymphéas prend dans sa peinture une dimension décorative: «transporté le long des murs, enveloppant toutes les parois de son unité », il procure, selon Monet, « l'illusion d'un tout sans fin». Il songe alors à décorer un salon ou une salle à manger qui « aurait offert l'asile d'une méditation paisible au centre d'un aquarium fleuri». Le projet n'aboutit pas, mais les séries des « bassins aux nymphéas » et des « paysages d'eau » créent, lorsqu'elles sont exposées galerie Durand-Ruel à Paris, une impression d'enveloppement qui frappe les visiteurs En 1914, Monet change d'échelle et entame ce qu'il nomme ses «grandes décorations ». Elles aboutiront au cycle des Nymphéas du musée de l'Orangerie.
 

Émile Gallé (1846-1904) :

Eaux dormantes, pot couvert, 1889-1890
Cristal soufflé à plusieurs couches, fond maté, couche superficielle partiellement martelée, cassons de verres gravés, inclusions de parcelles métalliques (argent et mica), application à chaud de cabochons gravés, décor gravé et taillé
L'Étang, vase diabolo à quatre pans, entre 1898 et 1900
Verre multicolore marbré, à couches multiples, décor gravé à la roue et en camée à la roue à la base de l'oeuvre
La Mer, vase en forme d'oignon, 1900
Verre coloré, inclusions de parcelles métalliques, marqueterie de verre, filets, applications, décor gravé à la roue
 La Mer, vase cornet, 1900
Cristal à deux couches, couche superficielle partiellement martelée, inclusions de parcelles métalliques (or et platine), marqueterie de verres gravés, perles de verre collées

Autour de 1900, Monet et le maître verrier Emile Gallé puisent à une source de motifs communs tels que les nymphéas, les fleurs aquatiques, et plus généralement les jeux de reflets, de transparence ou de densité de l'eau. Gallé superpose les couches de verres pour suggérer la profondeur, créant une impression de mystère. Comme chez Monet, ces effets reposent toutefois sur une observation exigeante de la nature. Les deux artistes ne travailleront jamais ensemble mais, au début du XXe siècle, le critique d'art Roger Marx rapproche leur démarche.

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)

Chôyôdô Yûkoku : Fleurs et herbes d'été et d'automne, encre et lavis colorés sur fond de feuilles d'argent, paravent à deux volets, époque d'Edo (1603-1868). milieu du XVIIIe siècle,

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)
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Claude Monet :

Le Bassin aux nymphéas, huile sur toile, 1899
Le Bassin aux nymphéas, harmonie verte, huile sur toile, 1899
Le Bassin aux nymphéas, harmonie rose, huile sur toile, 1900

En 1899, Monet réalise douze vues du motif du bassin aux nymphéas, suivies d'un ensemble de six autres en 1900. Cette même année, il en montre une dizaine à la galerie Durand-Ruel. Le bassin et sa végétation sont représentés comme un tout mêlé, presque indistinct. Eau, terre et ciel s'interpénètrent et se fondent en une profusion colorée qui sature la surface picturale en un effet de « all over ». Les visiteurs de la galerie perçoivent et interprètent cette série comme un ensemble décoratif.

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)
Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)
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Deux toiles Nymphéas de 1908

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)
Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)

Manufacture de la Savonnerie (Edmond Coupigny, licier) d'après Claude Monet : Nymphéas, Tapis velours, laine, 1911-1913
Manufacture de la Savonnerie (Henri Issartial, licier) d'après Claude Monet : Nymphéas, Tapis velours, laine, 1911-1913

Vers 1911 sont exécutées trois « savonneries », tissages en fil de laine d'après des tableaux de nymphéas de Monet : l'une de format circulaire et les deux rectangulaires exposées ici.

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)
Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)

Les organisateurs suggèrent de terminer la visite par les salles des Nymphéas, installation permanente et joyau du Musée.

Installés au musée de l'Orangerie depuis 1927, les Nymphéas de Monet couronnent plusieurs décennies d'expérimentations de l'artiste dans ce domaine. L'exposition remonte ainsi aux sources des Nymphéas, parcourant plus de cinquante ans d'œuvres décoratives produites par les impressionnistes.
Dès la fin des années 1890, Monet se consacre presque exclusivement à la représentation des nymphéas de son bassin ornemental à Giverny. Il songe à les magnifier dans un décor de grandes dimensions. À partir de 1915, il peint « de l'eau, des nymphéas, des plantes, mais sur une très grande surface », au cœur de son atelier.
À l'armistice de novembre 1918, «en hommage [...] à la paix conquise », Monet fait don à l'État de ses panneaux. Par son espace immersif, ses cadrages décentrés, ses effets de couleurs et d'abstraction, ce cycle dégage une harmonie puissante et radicale. Comme dans ses peintures de barques voguant sur l'Epte, exécutées trente ans plus tôt, Monet bouleverse la conception traditionnelle du paysage et celle du décor.

Des vues des huit grands panneaux, quatre dans chacune des grandes salles elliptiques...

Le décor impressionniste - Aux sources des Nymphéas (2/2)
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...et quelques détails.

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