SANGAM (Confluence) - Subodh Gupta au Bon Marché
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Un lieu d'installation insolite pour ce billet, mais que nos lecteurs ont déjà pu découvrir (voir notre billet du 10 février 2019 où nous rendions compte des installations de Joana Vasconcelos au Bon Marché).
Depuis sept ans, le grand magasin de la rive gauche donne en effet carte blanche à un artiste contemporain pour investir ses vitrines, la salle du deuxième étage, et surtout l'espace situé sous les verrières historiques, habité depuis 1990 par les escalators imaginés par l'architecte et designer Andrée Putman (1925-2013).
Subodh Gupta est né à Khagaul, une petite ville de l’Etat de Bihar, en Inde, en 1964. Après avoir joué cinq ans dans une troupe, il poursuit ses études au College of Arts and Crafts de Patna. Il présente à 22 ans, en 1986, sa première exposition au Gandhi Sangrahalaya à Patna. Après des études à l'Académie nationale des Beaux-arts de New Delhi, il signe en 1995 ses premières œuvres constituées d’ustensiles de cuisine. Fasciné par cette pièce centrale du foyer et attiré par la brillance de l’aluminium, il commence à détourner ces objets du quotidien pour en faire des installations monumentales et majestueuses où l’ordinaire devient art. Un concept artistique puissant, qui devient, au fil des années, sa signature. En 2004, reconnu sur la scène artistique internationale, Subodh Gupta est nommé professeur aux Beaux-Arts de Paris.
Trois parties dans l'exposition. À l'extérieur du magasin, dans les vitrines :
1. STITCHING THE CODE (COUDRE LE CODE),
Subodh Gupta inscrit ces installations dans l'héritage des ready-mades de Marcel Duchamp, ces œuvres composées d'objets manufacturés. L'artiste indien présente une série d'installations composées de pièces de mobilier et d'objets sélectionnés dans diverses brocantes en Île-de-France, évocatrices pour lui d'une certaine idée de la France. Cette matière a ensuite été remaniée, bousculée, augmentée en d'opulentes sculptures qui délivrent chacune leurs histoires et secrets.
À l'intérieur du magasin, trois grandes installations, sur trois niveaux du magasin :
2. SANGAM I & II (CONFLUENCE I & II), sous les verrières centrales
L'œuvre de Subodh Gupta se caractérise par une utilisation massive d'objets et particulièrement d'ustensiles de cuisine, qui font écho à son histoire personnelle et son identité indienne. L'artiste se nourrit de son expérience dans l'univers du théâtre pour concevoir des œuvres in situ qu'il souhaite voir dialoguer avec le public et son environnement. Subodh Gupta reprend les formes du seau et du pot traditionnel indien, eux-mêmes composés d'une multitude d'ustensiles en aluminium, qui déversent au cœur du Bon Marché Rive Gauche une cascade formée de miroirs. Sangam (confluence en hindi), le titre de l'exposition, prend tout son sens dans cette rencontre entre l'œuvre de l'artiste et Le Bon Marché Rive Gauche qui y est instantanément réfléchi.
Sangam I
Sangam II
Les deux Sangam en dialogue
et enfin, sur la plate-forme du deuxième étage,
3. THE PROUST EFFECT (L'EFFET PROUST)
Subodh Gupta réalise une construction en forme de hutte traditionnelle ronde, sans charpente ni mur, entièrement composée d'ustensiles de cuisine suspendus. Libérée des contraintes de la gravité la maison semble flotter à quelques centimètres au-dessus du sol. Elle convoque l'imaginaire enfantin des cabanes et l'effervescence des cuisines. Les ustensiles sont marqués par le passage du temps et évoquent celles et ceux qui les ont possédés et employés pour se nourrir, se réunir, pour vivre et célébrer. À la découverte de cette installation, Subodh Gupta invite chacun à se remémorer ses premiers repas, à s'interroger sur notre manière de nous nourrir et sur l'universalité de ce geste. Le rituel du repas refléterait ainsi une histoire plus grande que nous-même, empreinte de cultures et de traditions, de géographie et d'histoires collectives et individuelles.
Frieda Kahlo - Au-delà des apparences
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Le palais Galliera, musée de la Mode de la ville de Paris, présente une exposition originale consacrée à l'artiste mexicaine Frida Kahlo (1907-1954). À la différence de l'exposition de 2013-2014 (notre billet du 20 décembre 2013) qui présentait un dialogue de peintures de l'artiste et de son illustre conjoint Diego Rivera, peu d'œuvres de Frida elle-même mais une évocation de sa vie à travers des photos, des objets et bien sûr une superbe présentation de vêtements tels qu'elle en a mis en beauté toute sa vie.
Dans la première partie de l'exposition, de nombreuses photographies témoignent de son enfance et de sa jeunesse. Ce dessin relate l'accident grave d'autobus dont elle fut victime à 18 ans , le 17 septembre 1925 : c'est à partir de ce moment qu'elle se consacre à la peinture et adopte le vêtement traditionnel qui lui permet d'afficher sa mexicanité, mais aussi de composer avec son handicap., sachant qu'avant même cet accident, une poliomyélite contractée à l'âge de six ans l'avait déjà affligée d'une infirmité.
Une partie de l'exposition est d'ailleurs consacré à cette infirmité, avec ces croquis :
Autoportrait, 1953, encre sur papier
Pourquoi voudrais-je des pieds puisque j'ai des ailes pour voler ?, 1953, encre sur papier
Fac-similé de son journal (elle fut amputée de la jambe droite en 1953)
Divers corsets et béquilles. Certains corsets ont été décorés par Frida Kahlo.
Bottines portant un badge en relief « A Frida avec amour, Pita et Olga »>, 1948-1952, Coyoacán, Mexique, satin, cuir, coton, métal et verre.
Ces bottes présentent un talon compensé intégré pour s'adapter à la jambe droite, plus courte, de Frida Kahlo, résultat de la polio contractée dans l'enfance. Elles sont personnalisées avec des bandes de perles et de soie brodées de dragons. Le badge est un cadeau de la poétesse Pita Amor et d'Olga, l'épouse de l'artiste mexicain Rufino Tamayo.
Peu d'œuvres de l'artiste dans cette exposition centrée sur sa personnalité et sa vie, et surtout les vêtements qu'elle affectionnait, comme il convient à ce musée unique consacré à la mode.
Étreinte amoureuse de l'Univers, de la terre de moi, de Diego, 1949, dessin
Enfant tehucana, Lucha Maria ou Soleil et Lune, 1942
Autoportrait peignant Staline, vers 1954, mine de plomb sur papier
Jusqu'à sa mort, Frida Kahlo sera une militante et une fervente communiste. Son désir de consacrer son art au service de la cause politique, à l'instar de Rivera et des muralistes mexicains, est consigné dans son journal vers la fin de sa vie. Ici, l'artiste, habillée en Tehuana, est assise devant son chevalet, sur lequel est exposé un portrait de Joseph Staline. Bien que Frida Kahlo ait accueilli Léon Trotski chez elle à la fin des années 1930, elle a ensuite affirmé sa loyauté envers Staline. Ce n'est qu'après la mort de Frida Kahlo que les purges staliniennes furent plus largement connues.
Autoportrait, endormie, 1932
Photographie par Nickolas Muray du tableau de Frida Kahlo Ce que l'eau m'a donné, vers 1938
Autoportait, vers 1937, crayon et crayon de couleur sur papier calque
Les Apparences sont trompeuses, vers 1946, fusain et crayon de couleur sur papier
Autoportrait, 1938, huile sur métal
The Frame [Le Cadre], 1938, huile sur métal et fixé sous verre
Frida Kahlo a glissé son autoportrait, peint sur une feuille d'aluminium, derrière un cadre en verre peint à l'envers provenant de Oaxaca. Le tableau a été présenté en 1939, à l'occasion de l'exposition collective Mexique à la galerie Renou et Colle, à Paris. L'État français l'a alors acheté à la galerie : il est conservé au Centre Pompidou.
Ma robe est suspendue là-bas, 1933, huile et collage sur Isorel
Dans cette représentation du New York de la Grande Dépression, Frida Kahlo utilise son costume de Tehuana comme substitut à sa présence. Elle est le témoin réticent et la critique acerbe des maux de la société américaine avec le collage de files d'attente devant la soupe populaire et de manifestations politiques.
Autoportrait, 1948, huile sur panneau
Des bijoux, portés, pour beaucoup réalisés ou réarrangés par Frida Kahlo, et des objets divers.
Beaucoup de photos de l'artiste, dont le père était lui-même photographe, à commencer par ce portrait par son père en juin 1919 :
Frida et Diego Rivera chez le sculpteur Ralph Stockpole, 1931, photo de Peter Juley
Frida Kahlo et le Dr Farill, 1951, par Gisèle Freund, devant le tableau où elle s'est peinte avec le chirurgien.
Des photos en couleurs par Nickolas Muray en 1939. Sur la deuxième, elle porte des boucles d'oreille de Picasso.
Nous ne détaillerons pas les vêtements, le plus souvent traditionnels mexicains, qui comme toujours à Galliera composent de très belles installations.
Une exception pour la coiffe Resplandor, présentée sur un mannequin et portée par Frida Kalho sur cette photo de Bernard Silberstein en 1940.
Enfin, terminons par cette hommage à Frida Kahlo par Jean-Paul Gaultier : Corset multi-ceintures, jupon, manchons et coiffe, prêt-à-porter, printemps-été 1998, jacquard (corset et manchons), tulle et organza à étages (jupon)
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
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Derniers jours d'une exposition au musée de l'Orangerie, qui nous a fait découvrir un peintre dont nous n'avions jamais entendu parler, bien qu'il ait eu son dernier atelier à deux pas de notre ancien bureau, à Malakoff.
La trajectoire de Sam Szafran (1934-2019) n’est comparable à aucune autre. Enfant d’une famille juive polonaise, il connait pendant la Seconde Guerre mondiale l’ébranlement de son univers. La pratique du dessin et de la peinture lui offrent l’ancrage dans le réel qu’une vie menacée par les dangers de l’Histoire lui avait refusé. Dans le secret de l’atelier, en autodidacte et avide de savoir, Szafran a poursuivi les obsessions dont son œuvre est empli sans détourner le regard. Laissant de côté les débats de son temps, il a choisi la figuration dans une période qui y avait renoncé ou qui l’entraînait dans d’autres directions. Contemporain des dernières avant-gardes, le peintre s’en est tenu à l’écart tout en les observant avec attention, cultivant un goût pour les techniques passées de mode, comme le pastel et l’aquarelle. Szafran a élaboré un vocabulaire fidèle au regard qu’il portait sur le monde qui l’entourait : ateliers reflétant ses états psychiques, escaliers en colimaçon devenus labyrinthes, espaces envahis par la végétation, boîtes de pastels métamorphosées par un jeu de perspective…
Trois ans après sa disparition, cette exposition pose un premier regard sur l’œuvre désormais achevé.
Dans la première salle, plusieurs vues de son atelier de la rue du Champ-de-Mars
- Homme allongé, 1970, fusain sur papier
- Second orage, 1969-1970, fusain sur papier
- "Il neige dans ma chambre", 1970, fusain sur papier
- une autre vue de l'atelier, sans autre mention, 1970, fusain sur papier
L’atelier de la rue de Crussol
Les ateliers que Sam Szafran occupe à Paris et celui qu’il achète rue Vincent-Moris à Malakoff forment plus qu’une série ou un sujet. Il s’agit d’un thème qui traverse l’œuvre de l’artiste, au cœur de sa vie quotidienne, jusqu’à devenir un exercice d’introspection. Regardés, scrutés, analysés, ces lieux fournissent les multiples facettes d’une observation qui prend sur le papier et sous le bâtonnet de pastel la forme d’une figuration constamment renouvelée.
L’atelier de la rue de Crussol (Paris), petit espace prêté par le peintre américain Irving Petlin, se métamorphose en scène de ses créations. Il le décrit avec précision : « On y trouve les motifs qui deviendront récurrents selon les séries : les châssis retournés le long des murs (ici ceux de Petlin), le tub suspendu en hommage à Degas (La Bassine), le poêle à charbon, élément central de ce décor surréaliste, les boîtes de bâtonnets de pastel et les livres d’échantillons À la Gerbe qui se reflètent inversés, dans la verrière zénithale mal colmatée, la chaise longue capitonnée trouvée chez Madeleine Castaing où repose une figure amie… »
L'Atelier de la rue de Crussol, 1969, fusain sur papier
L'Atelier de la rue de Crussol, janvier 1971, pastel sur calque contrecollé sur carton
L'Atelier de la rue de Crussol, septembre 1969, fusain sur papier
L'Atelier de la rue de Crussol, février-mars 1972, pastel sur calque contrecollé sur carton
L'Atelier de la rue de Crussol, avril 1972, pastel sur calque contrecollé sur carton
Interior II (L'Atelier de la rue de Crussol), mai 1972, pastel sur calque contrecollé sur carton
«Les différents états d'ordre et de désordre de cet atelier à travers les onze variations qu'il m'a inspirées - ton général, lumière du jour, lueur de nuit, compositions ordonnées ou déchiquetées - expriment la palette d'émotions vives qui étaient miennes en ce moment, allant de la stabilité relative, sinon de la sérénité, à la colère et au drame passionnel le plus aigu» (Sam Szafran, 2000).
Deux fusains sur papier de 1969 intitulés Funambule (Philippe Petit) et Funambule (portrait de Philippe Petit)
En 1971, le funambule Philippe Petit parcourt sur un fil la distance entre les deux tours de la cathédrale de Notre-Dame à Paris. Il est ami avec Szafran qui le prend comme sujet et que l'on retrouve dans certains pastels de la série de l'atelier de la rue de Crussol. Hantant ses œuvres, l'image de l'équilibriste s'exerçant dans l'atelier fait figure de métaphore de la difficulté du juste équilibre dans son art.
et encore :
L'Atelier de la rue de Crussol, février 1972, pastel sur calque contrecollé sur carton
Les recherches du peintre et pastelliste Edgar Degas constituent pour Szafran une source d'inspiration durable. La lecture de Degas à la recherche de sa technique, publié en 1945 par Denis Rouart, est un jalon de son évolution artistique. C'est ainsi qu'il découvre par exemple l'usage du papier calque. Le tub souvent représenté par Degas apparaît dans certaines de ses compositions, allusion explicite au virtuose du XIXe siècle.
L’imprimerie Bellini
En 1970, Sam Szafran reprend avec des associés une ancienne fabrique de lithographies située rue du Faubourg-Saint-Denis (Paris). Ce lieu lui inspire une série de vues d’atelier, qu’il nomme Imprimerie Bellini, en hommage au peintre vénitien de la Renaissance Giovanni Bellini.
Contrairement aux ateliers de la rue de Crussol, qui représentent des variations à partir d’un même point de vue, cette série invite le spectateur à arpenter l’espace : du rez-de-chaussée au sous-sol. Avec précision, Szafran dépeint les verrières, les presses d’imprimerie, les outils, les bassins, les pierres lithographiques, ses amis et les ouvriers qui accomplissent leur travail.
La série des Imprimeries Bellini présente une particularité dans l’œuvre de l’artiste : elle est plus narrative qu’à son habitude. L’influence du cinéma est perceptible, l’artiste s’appropriant les lieux en fixant comme en travelling différentes perspectives. « Mon premier contact avec l’art a été le cinéma » confie l’artiste, qui cite parmi ses maîtres à penser les cinéastes Sergueï Eisenstein, Orson Welles ou Alfred Hitchcock.
L'Imprimerie Bellini, juillet-septembre 1972, pastel sur papier
L'Imprimerie Bellini, 1972, pastel sur papier
L'Escalier Bellini, juillet-septembre 1972, pastel sur papier
Imprimerie Bellini, 1972, pastel sur papier
L'Escalier Bellini, 1974, pastel sur papier
Les œuvres de la série des Imprimeries Bellini décrivent le travail dans un atelier d'estampes sous différents aspects. Certains pastels montrent les machines et les hommes au travail tandis que plusieurs autres mettent au cœur de la composition les boîtes de pastels, technique que Sam Szafran a choisie à contre-courant de son époque. Placées au bas de l'escalier dans la lumière, elles resplendissent comme un trésor.
Imprimerie Bellini, juillet-septembre 1972, pastel sur calque contrecollé sur carton
Imprimerie Bellini, juillet 1972, pastel sur calque contrecollé sur carton
L'Imprimerie Bellini avec le peintre Olivier O. Olivier, 1974, pastel sur calque contrecollé sur carton
Imprimerie Bellini, juillet-septembre 1972, pastel sur calque contrecollé sur carton
Imprimerie Bellini, 1972-1974, pastel sur calque contrecollé sur carton
La Délirante
De 1967 à 1983, Szafran participe très régulièrement à La Délirante, revue de poésie et maison d’édition dirigée par le poète Fouad El-Etr. Les univers spirituels et intellectuels des deux hommes se rejoignent autour de leur intérêt pour le romantisme anglais et allemand ou la poésie japonaise. De nombreux amis de Szafran, peintres, sculpteurs, poètes ou funambules ont contribué à cette publication.
Le poète (La Délirante), 1967, fusain sur papier
Ce fusain au sujet énigmatique montre un homme qui marche à grands pas poursuivant sa propre parole. Il est reproduit sur la couverture du premier numéro de la revue de poésie La Délirante (1967-2000), à laquelle Szafran a contribué jusqu'en 1983. Ce dessin est devenu l'emblème de La Délirante.
Escalier de La Délirante, 1972, fusain sur papier
En 1972, Szafran exécute le dessin d'un escalier situé au 54 rue de Seine. C'est là qu'habite le poète Fouad El-Etr, éditeur de la revue de poésie La Délirante. Pour en illustrer un numéro, il a proposé à l'artiste de représenter le palier devant son appartement. Dessiné ici au plus près du motif, le thème de l'escalier est devenu celui d'une des plus grandes séries de Szafran.
Escalier, 54 rue de Seine, 1974, fusain sur papier
Escalier de la rue de Seine, 1975, fusain sur papier
Escaliers – Déformations de la vision
Le motif de l’escalier est au cœur de l’œuvre de Szafran, à la croisée de ses préoccupations formelles, et ancré dans son histoire personnelle. L’artiste se souvient avoir été suspendu, alors qu’il était enfant, dans le vide de la cage d’escalier par son oncle qui le menaçait de le lâcher. Il souligne d’autre part : « Personne avant moi n’avait fait des escaliers, et moi j’ai toujours vécu dans les escaliers. C’est le côté territorial, physique, la survie, les petites bandes de mômes qui tiennent un territoire.»
Pour rendre les déformations de la vision, Sam Szafran rompt avec la tradition du dessin perspectif, en distordant l’espace. Il transcrit les sensations du vertige et de la chute : l’escalier devient parfois non plus un objet du quotidien mais un objet de contemplation quasi abstrait. Grâce à une technique virtuose, d’abord au pastel puis à l’aquarelle, il cherche toujours à affiner la précision des images formées par son regard.
Escalier, 1974, pastel sur papier
Escalier, 1981-1982, pastel sur papier
Escalier, 1981, pastel sur papier
Sans titre (Escalier), 1981, pastel sur papier
Sans titre (Escalier rue de Seine), 1981, pastel sur papier
Escalier, 1980, pastel sur papier
Escalier, 54 rue de Seine, 1990, aquarelle sur soie
Escalier avec Jacques Kerchache, François Barbâtre et l'artiste, 1993, aquarelle sur soie
Sans titre (Escalier), 1993, aquarelle sur soie
Escalier avec rampe et fenêtre, 1990-1992, aquarelle sur soie
Dans l'œuvre de Szafran, l'escalier devient parfois non plus un objet du quotidien mais un objet de contemplation quasi abstrait. L'espace est ici recomposé suivant la rampe qui, détachée de la structure architecturale, prend son indépendance et s'élève en volute dans les airs. Il devient impossible de déterminer le point où se tiendrait le spectateur. Celui-ci se transforme en œil flottant librement dans l'espace.
Paysages urbains
« Et puis il y a la rue. De plus en plus, le paysage urbain m’intéresse. Je remarque d’ailleurs qu’en peinture il y a beaucoup de choses à faire, qui n’ont pas encore été faites.» À partir du début des années 1990, l’artiste mène de nouvelles expériences autour de vues d’extérieurs, progressivement apparues par les fenêtres des escaliers qu’il a représentés. Désormais, Szafran utilise presque exclusivement l’aquarelle sur un support de soie, que lui fait découvrir le peintre chinois Lap Sze To. Cette technique autorise des compositions de plus en plus grandes où il tente de conjuguer simultanément l’espace, le temps et le mouvement. Comme un tourbillon d’images, les divers fragments du tableau deviennent partie intégrante d’un grand tout en mouvement. Anciens lieux familiers, souvenirs, choses réelles et irréelles, détails anecdotiques ou concrets sont des éléments qui viennent composer l’œuvre peint.
Escalier-Ville, 2012-2015, aquarelle et pastel sur soie
Les motifs étudiés sans relâche par l'artiste se fragmentent et se démultiplient. Ils se confrontent et se conjuguent dans une recherche qui tente de représenter simultanément le temps et l'espace. Szafran intègre pleinement dans son art les principes de la vision cinématographique, usant des effets de plongée et contre-plongée, zoom, gros plans, travellings et panoramiques.
Sans titre (Rue de Seine), 1997-1998, aquarelle sur soie
Sans titre, 2012, aquarelle et pastel sur soie
Sans titre (Malakoff), 2013, aquarelle sur soie
Szafran, grand admirateur de l'écrivain Georges Perec (1936-1982), travaille dans ses paysages urbains des questions comparables à celles qu'énonce l'écrivain : « L'espace de notre vie n'est ni continu, ni infini, ni homogène, ni isotrope. Mais sait-on précisément où il se brise, où il se courbe, où il se déconnecte et où il se rassemble ?» (Espèces d'espaces, 1974).
Feuillages
Au printemps 1966, l’artiste Zao Wou-Ki prête son atelier parisien à Sam Szafran. Une découverte décisive s’y produit : «J’ai été absolument incapable d’y travailler: j’étais fasciné par un magnifique philodendron […] qui resplendissait sous la verrière, et qu’il m’était impossible de dessiner. Cette impuissance était devenue une obsession.» Pendant un demi-siècle, la représentation de ces feuillages, principalement des philodendrons Monstera et des aralias, est prétexte à des images foisonnantes. Toutefois, Szafran s’oblige à décrire chaque «individu » précisément. La prolifération des végétaux sur le papier donne lieu à plusieurs ensembles. Le premier associe pastel et fusain dans un jeu sur le contraste du noir et du bleu. Puis vient la série des feuillages bleus, peu abondante. La feuille elle-même est l’objet de compositions fondées sur la répétition et la multiplication. Seule une présence humaine offre une respiration – surtout celle de Lilette, son épouse, dans son manteau japonais.
Végétation à la Besnardière, 1968-1969, pastel et fusain sur papier
Claude Bernard, le marchand de Szafran depuis 1965, l'invite régulièrement à travailler en Touraine dans sa maison de campagne, La Besnardière. Dans le jardin d'hiver les premières compositions au fusain et au pastel comprenant philodendrons et aralias voient le jour, laissant apercevoir l'architecture des serres et occasionnellement le portrait de l'hôte des lieux, ou du poète Jean Paget.
Personnage dans la végétation, octobre 1971, pastel et fusain sur papier
L'Atelier du graveur, 1967, pastel et fusain sur papier
En 1966, le collectionneur et marchand d'art Jacques Kerchache met à la disposition de Szafran un hangar où son jeune cousin Serge Kantorowicz vient poser. Le jeune homme, qui vient d'être embauché à l'imprimerie de la galerie Maeght, endosse pour Szafran le rôle du graveur, que ce dernier traduit en conjuguant le fusain et le pastel, annonçant les premiers feuillages bleus.
La Serre, 1969, pastel et fusain sur papier
Lilette dans les feuillages, 1974, pastel sur papier
Feuillages avec escalier et boîtes de pastel (Plantes, philodendron, escalier), 1978, pastel et fusain sur papier
Feuillages avec personnage, 1984, pastel sur carton
Sans titre (Jean Paget dans les feuillages), juillet 1971, pastel sur calque contrecollé sur carton
La série des pastels bleus de Szafran constitue un ensemble énigmatique et restreint, d'une grande sophistication
technique. L'artiste recouvre d'abord une feuille de pastel (n°7261 Roche) broyé puis travaille en transférant la couleur sur le support de la composition. En répétant cette opération, il crée une forêt de feuilles entrelacées : une jungle dense, impénétrable, à l'effet onirique.
Feuillages à l’aquarelle
« Puis il y a un saut dans l’univers du végétal, observe l’écrivain américain James Lord. Des plantes ! Des juxtapositions à l’infini de feuilles avec leur palpitation, leur perfection et profusion à la limite du perceptible, chaque feuille enluminée dans l’air vibrant, avec une précision jardinière.» Pour que ses compositions deviennent encore plus foisonnantes, Szafran envisage des formats de plus en plus importants, qu’il est impossible d’exécuter au pastel. Il se tourne alors vers l’aquarelle, qui lui offre une nouvelle voie d’expérimentation technique.
Il n’abandonne pourtant pas le pastel et se lance le défi d’associer les deux au sein de certaines œuvres, jonglant entre le sec et le mouillé. Szafran peint les plantes de son propre atelier, qui deviennent monumentales dans la réalité et sur le papier. Il ne cesse jusqu’à la fin de sa vie de revenir aux motifs végétaux dans un permanent « clin d’œil à Matisse », qui l’avait précédé dans le goût pour les grandes plantes ornementales dans l’atelier.
Végétation dans l'atelier, 1980, aquarelle et pastel sur papier
Lilette dans les plantes, 1987, fusain, aquarelle et crayon sur papier
Lilette dans l'atelier, 1997-1998, aquarelle sur papier
Sans titre, 1989, aquarelle sur papier
et détails de Lilette dans l'atelier
Lilette dans les feuillages (Hommage à Georges Perec)? février-août 2003, aquarelle sur papier
Szafran a souligné l'importance de la poésie et de la littérature pour son travail. Lorsqu'il se trouve dans une impasse, c'est vers les écrivains qu'il se tourne pour trouver une solution plastique. Ainsi, il reprend le credo de Georges Perec : « Il faut regarder le monde en biais, c'est alors qu'il apparaît en grand relief ». Il rend ici hommage à l'auteur d'Espèces d'espaces (1974) - titre qu'il aurait pu faire sien.
Sans titre (Lilette dans l'atelier de Malakoff), 1998, aquarelle et crayon sur papier
Sans titre (L'atelier à Malakoff), 1999, aquarelle et crayon sur papier
Feuillages, 1986-1989, aquarelle sur papier
Terminons sur un des derniers grands tableaux de Szafran, qui clôt magistralement l'exposition :
Hommage à Jean Clair pour son exposition « Cosmos », 2012, aquarelle et pastel sur soie
Szafran décrit son hommage à son ami Jean Clair, membre de l'Académie Française, comme « une expérience métaphorique liée à l'exposition que Jean Clair a organisée sur l'idée du ciel, du cosmos, l'idée de l'espace, de la lumière, idée qu'on retrouve dans la peinture au cours des siècles. (...) On retrouve dans ce projet ce que j'aime, à savoir le mélange entre les disciplines, entre les scientifiques et les artistes.»
Paris et nulle part ailleurs : 24 artistes étrangers à Paris 1945-1972
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Le Musée de l'histoire de l'immigration, installé dans l'ancien musée des Colonies édifié à l'occasion de l'exposition coloniale internationale de 1931, présente une intéressante exposition ainsi introduite :
Dans la première moitié du XXe siècle, Paris est la capitale mondiale des arts, le foyer des avant-gardes vers lequel affluent artistes et intellectuels du monde entier. Après la Seconde guerre mondiale, malgré l'attractivité de plus en plus forte de New York, c'est encore à Paris, et, pour beaucoup, nulle part ailleurs, qu'il faut aller se former, créer, exposer, confronter son travail à celui des autres, écrire l'histoire de l'art.
L'exposition Paris et nulle part ailleurs plonge le public dans ces années d'effervescence qui, de 1945 à 1972, virent l'émergence de nouvelles visions, que ce soit dans le domaine de l'abstraction, de la figuration et de l'art cinétique.
1 EXILS VOLONTAIRES
On ne quitte pas son foyer sans raison. Si certains artistes viennent à Paris pour apprendre leur métier, rejoindre un mouvement artistique, d'autres fuient un régime politique ou une société hostile. Paris est, en ces années d'après-guerre, un carrefour cosmopolite où l'on perd ses repères pour en créer de nouveaux. Pour certains, la vie d'avant est souvent en arrière-plan, pour d'autres les aventures individuelles prennent sens au regard de la grande Histoire. L'artiste étranger à Paris est aussi un solitaire dans une société qui l'ignore ou même qui peut le mépriser. Cette section démontre que le souvenir du pays quitté et de l'exil peut devenir un sujet artistique à part entière.
Eduardo Arroyo (1937-2018), Espagne :
Réflexions sur l'exil : Irun-Hendaye, 1976, huile sur toile
Velásquez mon père, 1964, huile sur toile
Robinson Crusoé, 1965, huile sur toile
El Caballero español, 1970, huile sur toile
Miodrag Đurić dit Dado (1933 - 2010), Montenegro :
L'Architecte, 1959, huile sur toile
Les Limbes, dit Le Massacre des innocents, 1958-1959, huile sur toile
La Maison à Hérouval, 1967, huile sur toile
Alicia Penalba (1913-1982), Argentine
Trois sculptures :
Alada, vers 1960-1963, bronze
Hommage à César Vallejo, 1955-1960, bronze en trois morceaux superposés
Ancêtre Papillon, 1955, bronze à la cire perdue sur socle en ardoise
Judith Reigl (1923-2020), Hongrie :
Face à..., 1989, technique mixte sur toile
Antonio Segui (1934-2022), Argentine.
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Avec une mention particulière pour ce peintre qui s'était installé à Arcueil, dans l'ancienne maison d'Émile Raspail :
Paris Journal 13 (3 avril 1992),
Paris Journal 63 (19 mai 1992),
Paris Journal 58 (13 mai 1992),
Paris Journal 107 (25 août 1992), huile et acrylique sur papier journal marouflé sur toile
Mucha Gente, 1966, huile sur bois découpé
À vous de faire l'histoire I, 1965-1968, huile sur toile et bois découpé
Constitué d'une soixantaine de tableautins associés et à l'origine interchangeables car montés sur plaques magnétiques, À vous de faire l'histoire I est le premier tableau d'une série poursuivie par l'artiste de 1965 à 1969. En opposition à beaucoup de ses œuvres précédentes caractérisées par une sombre satire de la société argentine, la série est inspirée par l'humour et les couleurs légères des bandes dessinées et des encarts publicitaires de la presse. Personnages comiques, éléments anatomiques, chapeaux, vêtements et nuages, librement disposés sur toute la surface de l'œuvre et parfois montés sur cubes de bois, permettent au spectateur d'imaginer à partir d'eux toutes les narrations possibles comme le font tous les enfants du monde à partir de leurs propres jouets.
Cuando te Vuelvo a Ver, 1985, huile sur toile
Hervé Télémaque (1937-2022), Haïti
Quartier, 1992, marc de café et pigments sur bois
Mornes II, 1995, marc de café et pigments sur bois
Petit célibataire un peu nègre et assez joyeux, 1964, huile sur toile
Métro n°2 (à bas les nègres), 1967, acrylique sur toile et tissu
Banania III, 1964, huile sur toile
2 HYBRIDATIONS
L'étranger est au carrefour de plusieurs cultures, qui parfois se mêlent, parfois entrent en tension. Les artistes viennent s'imprégner à Paris des chefs-d'œuvre historiques et se nourrir de la création contemporaine. Leur style, établi durant leurs années de formation, change au contact des mouvements artistiques parisiens, et contribue à les renouveler. Cette seconde partie de l'exposition interroge la manière dont certains artistes réinvestissent la modernité parisienne à l'aune des langages et techniques artistiques de leur pays natal.
Shafic Abboud (1926-2004), Liban :
L'Adieu de février, 1982, huile sur toile
À l'atelier, 1970, huile sur toile
Saisons II, 1959, huile sur isorel
Ahmed Cherkaoui (1934-1967), Maroc :
Talisman III, 1966, huile sur toile
Le Couronnement, 1964, huile et pigments sur toile
Les Rêves de la princesse, 1962, huile et pigments sur toile
Menaces de la fleur, 1962, huile et pigments sur toile
Wifredo Lam (1902-1982), Cuba - voir notre billet du 1er octobre 2015) :
Femme, 1975, huile sur toile
Maternité IV, 1960, huile sur toile
À la fin de la nuit, 1969, huile sur toile
Grande composition, 1960, huile sur toile
Joan Mitchell (1925-1992), Etats-Unis - voir notre billet du 10 décembre 2022) :
A Small Garden, 1980, quadriptyque, huile sur toile
Peinture, vers 1959, huile sur toile
Iba N'diaye, (1928-2008), Sénégal :
Les Anciens nous regardent, 1979, huile sur toile
Scène de marché, 1978, huile sur toile
Rhamb, 1979-1990, huile sur toile
Rhamb, 1979, huile sur toile
Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992), Portugal - voir notre billet du 4 juin 2016) :
Lisbonne, 1940, gouache sur carton
Normandie, 1949, gouache sur toile
Paris, la Nuit, 1951, huile sur toile
Zao Wou-Ki (1920-2013), Chine - voir notre billet du 1er juillet 2018) :
10-03-72 - En mémoire de May, 1972, huile sur toile
Vent, décembre 1954, huile sur toile
3 L'OPACITÉ DU MONDE
Au début des années 1960, nombre d'artistes insèrent dans leurs œuvres des objets ordinaires, en plein avènement de la société marchande et industrielle. Ils interrogent le réel le plus banal, son expressivité mais aussi son opacité, sa violence et sa vacuité. Leurs œuvres traduisent leur prise de distance à l'égard du pays dans lequel ils viennent d'arriver, dans un monde polarisé par la Guerre Froide mais où souffle un désir de libération sociale. En réponse à cet univers étranger et inquiétant, ils cherchent à construire un monde à eux. Cette section rassemble des artistes qui recréent un univers artistique fait d'objets venus de toutes parts.
Guðmundur Guðmundsson, dit Erró (né en 1932), Islande
12 collages des séries Collages Paris et Meca-Make-up, entre 1958 et1960
Auto-transformateur des générations, 1961, peinture glicerophtallique sur toile
Tetsumi Kudo (1935-1990), Japon :
Âmes d'artistes d'avant-garde, 1986, plastique, métal, laine, soie, résine synthétique
Votre portrait-Chrysalide dans le cocon, 1967, ouate plastifiée, polyester et lumière noire
Portrait de l'artiste, 1968-1975, plastique, résine, métal, laine, papier, peinture et bois isorel
Portrait de l'artiste, 1975, plastique, métal, terre, résine, colle, cellulose, câble, peinture, thermomètre, pinceau, cage
Milvia Maglione (1934-2010), Italie :
Rue Rambuteau, 1974, objets cousus sur textile
Dédicacé à L., 1973, objets cousus sur toile de lin peinte par endroits
Autoportrait, ,huile sur toile
Roberto Matta (1911-2002), Chili :
Contra vosotros asesinos de palomas, 1950, huile sur toile
Daniel Spoerri (né en 1930), Roumanie :
Les Souliers verts, 1976, assemblage d'objets usagés sur bois
Vue cubiste de ma chambre n° 13 de l'Hôtel de Carcassonne, 24 rue Mouffetard, 1961, assemblage de photographies et d'objets
La pharmacie bretonne, 1981, bois, verre et eau Tirage 20/55+ 5 E.A.
Les Puces, 1961, assemblage d'objets usagés sur table pliante en bois et isorel
Marché aux puces (Hommage à Giacometti), 1961, aggloméré, tissu, matériaux divers
4 UN LANGAGE UNIVERSEL
Des artistes conçoivent, dans les années 1950 et 1960, un art pour tous, au-delà des frontières, des barrières de la langue, de culture ou du milieu social. Pour établir une relation directe avec le public, ils mettent un place un langage universel de formes et de couleurs. C'est d'abord à Paris que ces artistes, venus pour beaucoup d'Amérique latine et d'Europe centrale, développent notamment l'art optique et cinétique, qui connaît vite un écho international. Cette section clôt l'exposition avec les recherches menées par une nouvelle génération d'artistes dont le langage pur de formes transcende les frontières.
André Cadere (1934-1978), Roumanie :
Barre de bois rond A 12300040, Barre de bois rond A 13020040, Barre de bois rond A 02301040, Barre de bois rond A 02030014, 1977, barres formées de vingt anneaux de bois peints de 4 couleurs différentes
Carlos Cruz-Diez (1923-2019), Vénézuela :
Labyrinthe de Transchromie B, Ed. 2/5, 1969-2017, plastique, métal, susoension
Julio Le Parc (né en 1928), Argentine :
Cercles polychromes, 1970, acrylique et collage sur toile
Surface Couleur, ondes 140, série 50, n°1, 1974, acrylique sur toile
Surface Couleur, série 48, n°1, 1970, acrylique sur toile
Vera Molnár (née en 1924), Hongrie :
3e étude pour « Effet esthétique de l'inversion des fonctions par la fluctuation de l'attention », 1960, gouache sur papier
10 carrés vert fluo coupé en 2, 1966, collage sur papier
M comme Malévitch (de la série), 1961, gouache et collage sur papier réalisé à la « Machine Imaginaire »
M comme Malévitch (de la série), 1967, gouache et collage sur papier réalisé à la « Machine Imaginaire »
Jesús-Rafael Soto (1923-2005), Venezuela :
Penetrable blanco y amarillo (réplique), 1968/2019, panneaux de plexiglas sérigraphiés, profilés aluminium, et tiges d'acier peintes
et pour finir :
Victor Vasarely (1906-1997), Hongrie - voir nos billets du 30 mars 2019 et du 3 avril 2019
Beryll, 1963, acrylique sur toile
Orion MC, 1963, acrylique sur bois
Arny (Ombre), 1967-1968, collage sur contreplaqué
et nous terminons ce billet avec Grand Iboya MC 174, 1970, éléments en luran collés sur bois, édition de 8, présenté sur fond de tableaux de Wifredo Lam.