La soufflerie Eiffel : 101 ans et pas en retraite...
30 Mai 2013 , Rédigé par japprendslechinois Publié dans #Au fil de l'eau
Un but de visite original ce samedi 25 mai pour les retrouvailles annuelles des anciens de la promotion 1969 de Télécom ParisTech – qui ne s'appelait pas encore ainsi lorsqu'ils fréquentaient les bancs de cette Ecole...
A l'angle des rue Boileau et de Musset, en plein XVIème arrondissement, en face de l'ambassade du Viêt-Nam, se dresse le bâtiment où Gustave Eiffel a installé en 1912 sa deuxième soufflerie, après une première installation en 1909 sous la tour Eiffel. Lorsqu'il a dû démonter cette dernière et transporter son activité à Auteuil, il a si bien intégré les enseignements tirés de sa première expérience que la soufflerie d'Auteuil est encore utilisée de nos jours !
Si l'activité de constructeur d'Eiffel est bien connue et lui a apporté la gloire, peu de gens savent que sa première carrière a dû s'arrêter brusquement au moment du scandale de Panama, où il était le principal contractant pour la construction des écluses : bien que complètement innocenté par la suite et réhabilité – il avait été sacrifié à la vindicte des petits épargnants ruinés dans cette affaire mémorable et en a conçu une profonde amertume jusqu'à la fin de sa vie. Dépossédé de sa société de construction, il entama une deuxième carrière consacrée à l'aérodynamique, dont cette soufflerie est le fleuron qu'il a légué à la postérité.
Si la vitesse actuelle des aéronefs rend cette soufflerie inutilisable dans ce domaine, elle est tout à fait opérationnelle pour les automobiles, l'étude de l'effet du vent sur les bâtiments, les recherches en ventilation naturelle pour l'architecture, et même les bateaux...
Après avoir été utilisée par les militaires, puis le GIFAS (groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), elle est actuellement exploitée par une petite SARL, Aérodynamique Eiffel, filiale du groupe CSTB Développement. Le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) est un établissement public à caractère industriel et commercial créé en 1947 et placé sous la tutelle de la ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de l'Energie et de la ministre de l'Egalité des Territoires et du Logement. C'est le sympatique gérant d'Aérodynamique Eiffel, Benoît Blanchard, qui nous a lui même fait découvrir ses installations, classées monument historique depuis le 1er septembre 1997.
Des installations originales, seuls le moteur – et ses commandes, commutateurs divers sur marbre à l'esthétique indubitable mais peu conformes à la législation actuellement en vigueur pour la protection des travailleurs et la prévention des accidents du travail – ont été remplacés : le bâti de la soufflerie, le ventilateur, sont d'origine. Un rentoilage a eu lieu il y quelques années, sous le contrôle des monuments historiques, par une société spécialisée dans le rentoilage des vieux aéroplanes.
Interrupteurs d'arrêt d'urgence : l'ancien et l'actuel...
Le bâtiment abrite aussi quelques reliques des premières activités de Gustave Eiffel dans l'aérodynamique, notamment l'appareil qu'il a conçu avant même sa première soufflerie pour étudier l'influence du vent sur des objets en faisant chuter l'engin depuis les étages élevés de la tour Eiffel.