Saintes, au fil de la Charente
8 Septembre 2012 , Rédigé par japprendslechinois Publié dans #Au fil de l'eau
Après avoir pris congé de nos petits-enfants au matin de la rentrée scolaire à Angoulême, nous avons suivi - c'était de circonstance - le chemin des écoliers pour regagner la région capitale, en suivant la Charente jusqu'à Saintes.
Cette petite ville plus de deux fois millénaire nous était largement méconnue.
Le lecteur sait-il que lorsqu'Auguste créa en 27 avant JC trois provinces impériales sur le territoire de la Gaule, Saintes était la capitale de l'une d'elles?
Ces trois provinces étaient la Gaule Belgique (capitale Durocortorum, actuelle Reims), la Gaule Lyonnaise (capitale Lugdunum, actuelle Lyon) et la Gaule Aquitaine, dont la capitale était Mediolanum Santonum, actuelle Saintes. Ce n'est qu'au troisième siècle de notre ère que Burdigala, actuelle Bordeaux, supplanta Saintes définitivement. C'est peut-être en souvenir de cette grandeur passée que lors de la création des départements en 1790, Saintes fut la préfecture de la Charente inférieure (actuelle Charente maritime). Ce n'est qu'en 1810 que La Rochelle prit sa place, reléguant Saintes au rang de sous-préfecture. En compensation, Saintes resta le chef-lieu de l'administration judiciaire du département : les assises de la Charente maritime se tiennent toujours à Saintes...
Notre première visite fut pour l'imposante cathédrale Saint-Pierre, aperçue derrière les quais de la Charente, puis au détour des petites rues de la ville ancienne. Hélas, un arrêté de péril en prive le visiteur depuis juin dernier :
Même de l'extérieur, l'édifice impressionne, par son clocher massif et par ses arc-boutants dressés dans le vide : la nef originale s'est en effet effondrée en 1568 lors du saccage de l'édifice par les troupes huguenotes emmenées par l'amiral de Coligny qui en avaient sapé les piliers et la nouvelle, reconstruite à partir de 1595 n'atteint, faute de moyens (déjà!) , que les deux tiers de la hauteur de la précédente.
La promenade dans la vieille ville est l'occasion, à chaque pas, de belles découvertes :
Sur l'autre rive de la Charente, nos pas nous ont conduits vers l'abbaye aux dames, abbaye bénédictine fondée en 1047 et qui fut jusqu'en 1792 l'une des plus importantes de France, formant les jeunes filles de la noblesse du royaume. Elle fut utilisée comme prison à la Révolution, jusqu'à ce qu'un décret de Napoléon 1er en fasse une caserne, affectation qu'elle conservera jusqu'en 1924 : rachetée par la ville, elle a depuis été restaurée et les bâtiments conventuels abritent des activités culturelles.
L'église abbatiale, romane, est d'une grande beauté ; les bâtiments conventuels qui subsistent, édifiés dans la décennie 1650-1660, d'une grande sobriété.
Le retour vers le fleuve nous permet d'avoir un aperçu de la Mediolanum Santonum antique, donc l'arc de Germanicus, arc routier à deux baies initialement bâti à l’arrivée de la voie romaine Lyon-Saintes (Lugdunum – Mediolanum Santonum), au niveau du pont romain sur la Charente. Sur proposition de Prosper Mérimée en 1843 l'arc fut déplacé à quinze mètres de son emplacement pour des travaux sur les quais de la Charente.