Zao Wou-Ki - L’espace est silence

Le musée d’art moderne de la ville de Paris accueille jusqu’au début de l’année prochaine une très belle exposition consacrée à Zao Wou-Ki.
Elle réunit une part importante des œuvres que cet artiste, né en Chine en 1920, venu en France en 1948, naturalisé Français en 1964, a produites entre le milieu des années 50 et les dernières années de son activité.
Sa peinture, à la fois inspirée par sa grande culture chinoise - sa famille très ancienne a compté plusieurs peintres et calligraphes célèbres au XIè et XIIème siècle, par des artistes comme Klee, Matisse, et par ses rencontres avec le poète Henri Michaux et le compositeur Edgar Varèse, est inclassable et d'une beauté à laquelle on devient de plus en plus sensible au cours de la visite de l'exposition.
Elle débute par ce triptyque originalement intitulé 01.04.76, puis renommé Hommage à André Malraux à l'occasion du décès de ce dernier le 23 novembre 1976.
Nous suivrons l'accrochage, qui groupe les toiles dans quatre salles. Celles-ci correspondent aux différentes phases de l'oeuvre de Zao Wu-Ki, qui se recoupent parfois dans le temps. Elles portent parfois un titre, parfois une simple date...
Nous Deux (1957) du nom d'un poème d'Henry Michaux. Zao Wou-Ki exprimait son chagrin suite à sa séparation d'avec Lan Lan, qu'il avait épousée en Chine et avec qui il était venu en France.
Zao Wou-Ki illustra aussi des pochettes de disques de ses amis musiciens, ou des poèmes de son ami Henri Michaux
Zao a peint plusieurs hommages à d'autres peintres. Le triptyque Hommage à Claude Monnet (février-juin 1991) est particulièrement attachant.
Cet Hommage à Henri Matisse I 02.02.86 (1986) reprend la composition structurelle de Porte-fenêtre à Collioure peint par Matisse en 1914
Encore quelques grandes toiles :
Un beau triptyque de 1980, 24.11.80 - Triptyque
Le Vent pousse la mer, triptyque de 2004
Un quadriptyque magistral, Décembre 89-Février 90 (1989-1990)
L'exposition se termine sur des encres sur papier, technique longtemps tenue à l'écart par Zao Wou-ki qui la jugeait trop "chinoise", mais à laquelle il revient vers la fin de sa carrière. Celles présentées datent pour la plupart de 2005-2006.
Un de ses derniers triptyques, le Temple des Han (2005), semble un retour aux sources étonnant pour un artiste qui n'a jamais voulu se laisser enfermer dans des particularismes culturels.