Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 mars 2024 6 16 /03 /mars /2024 09:00

Nous terminons le parcours de la rétrospective Rothko à la Fondation Louis Vuitton, amorcée dans notre billet du 2 mars dernier.

Les années 1950

Au début des années 1950, la peinture de Rothko se fait immédiatement identifiable : deux ou trois formes rectangulaires et colorées se superposent, jouant d’une infinité de tons et de valeurs, créant la vibration si caractéristique de ses œuvres. La touche atmosphérique donne à la toile une qualité mystérieuse, quasi magique. Derrière la couleur, c’est la lumière que l’artiste dit rechercher. Les formats s’agrandissent encore, jusqu’à envelopper le spectateur. Rothko est bien conscient de l’emprise sensuelle de sa peinture, mais il refuse la qualification de « coloriste » tout comme il réfute la sérénité apparente de son œuvre : « J’ai emprisonné la violence la plus absolue dans chaque centimètre carré de leur surface ».

No. 9 (Dark over Light Earth/ Violet and Yellow in Rose), 1954, huile sur toile
Light Cloud, Dark Cloud, 1957, huile sur toile
No. 7 (Dark over Light), 1954, huile sur toile

Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)

Untitled (Red, Black, White on Yellow), 1955, huile sur toile
Yellow Band, 1956, huile sur toile
No. 13 (White, Red on Yellow), 1958, hulle et acrylique avec pigments en poudre sur toile
No. 9/No. 5/No. 18, 1952,huile sur toile

Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)

Green on Blue (Earth-Green and White), 1956, huile sur toile
Untitled, 1955, huile sur toile
No. 15, 1958, huile sur toile

Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)

No. 6 (Yellow, White, Blue over Yellow on Gray), 1954, huile sur toile
No. 10, 1957, huile et techniques mixtes sur toile
No. 14/No. 10 (Yellow Greens), 1953, huile sur toile
Untitled, 1955, huile sur toile

Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)

Seagram Murals

À partir de 1956 les couleurs s’assombrissent et les formats évoluent, comme en témoignent les trois ensembles réunis au niveau 1 du bâtimant de la Fondation Louis Vuitton :
En juin 1958, Rothko accepte la commande d’une série de peintures murales destinées au restaurant conçu par l’architecte Philip Johnson pour le nouveau gratte-ciel de Mies van der Rohe, le Seagram Building. Rothko s’enthousiasme à l’idée d’avoir la maîtrise totale d’un lieu où il cherche à créer une oeuvre indissociable de l’architecture.
Dans un nouvel atelier, il installe un échafaudage aux dimensions de la salle du restaurant. Quelque trente œuvres seront ainsi réalisées. Rothko restreint sa palette à une dualité de couleurs dans chaque panneau et privilégie les formats horizontaux ; modifiant sa composition, il passe d’une forme fermée à ouverte, dont les horizontales et les verticales peuvent suggérer une fenêtre ou un portail. Notons que les tableaux devaient être placés suffisamment haut pour rester visibles derrière les convives.
En décembre 1959, réalisant que le lieu ne correspond nullement à l’esprit du projet qu’il avait conçu, Rothko résilie le contrat. Dix ans plus tard, il sélectionne neuf de ces panneaux et en fait don à la Tate, sensible à l’idée d’une proximité avec l’œuvre de Turner qu’il admire. Les œuvres arrivent à Londres le jour de sa mort et sont exposées dans la « Rothko Room ». Leur présentation, dans le respect des directives données par l’artiste, est une occasion exceptionnelle de voir cet ensemble en dehors du Royaume-Uni.

en préambule, cinq œuvres de 1956 à 1958 qui par leur structure et leur palette annoncent les Seagram Murals, 1958-1959, dont le No. 9 (White and Black on Wine), 1958, qui est le tout premier de la série.

The Black and the White, 1956, huile sur toile
Brown and Black in Reds, 1957, huile sur toile
No. 15, 1957, huile sur toile
Pink and White over Red, 1957, huile sur toile
Ce tableau acquis en 1958 par Phyllis Lambert, architecte et fille du propriétaire de la firme Seagram, est à l'origine de la commande pour le Seagram Building passée à Rothko cette même année.
No. 9 (White and Black on Wine), 1958, huile sur toile

Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)

La «Rothko Room» de la Tate est ensuite présentée en totalité avec ses neuf Seagram Murals.

Ces œuvres, réalisées entre 1958 et 1959, intitulées pour les unes Black on Maroon, pour les autres Red on Maroon, sont présentées, comme à la Tate Modern de Londres, dans une lumière parcimonieuse selon les instructions qui ont accompagné le don de l'artiste.

Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)

– Le parcours se poursuit dans la salle suivante avec les Blackforms, 1964-1967.

Au cours de l’année 1964 dans la lignée des Seagram Murals, l’artiste expérimente la capacité de panneaux sombres à la limite de la monochromie à générer leur propre lumière. Mêlant au noir des bruns, des rouges et du violet, ces tableaux connus sous le nom de Blackforms exigent l’accoutumance de l’oeil avant de se révéler pleinement au regard. Ils coïncident avec le début de la réflexion de Rothko pour la chapelle de Houston, à laquelle il se consacrera jusqu’à la fin des années 1960.

Untitled, 1964, huile et acrylique sur toile
No. 8, 1964, huile, acrylique et techniques mixtes sur toile
No. 3, 1967, huile sur toile 

Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)

Quelques autres toiles dans la galerie 6 :

Untitled (Black, Red over Black on Red), 1964, huile sur toile
No. 3 (Green and Blue)[Untitled], 1957, huile sur toile

Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)

et dans la petite galerie 7, toujours au niveau 1 :

La « Rothko Room » de la Phillips Collection

Emblématiques de la période classique – couleurs vibrantes et effet de sfumato d’où émergent deux rectangles distincts –, les trois peintures réunies ici proviennent de la Phillips Collection (Washington, DC) où elles sont présentées ensemble dans un espace dédié, la « Rothko Room ». Les dimensions étroites du lieu convenaient à l’artiste qui souhaitait un accrochage des œuvres proche du sol, et un éclairage tamisé. Il fit ajouter un simple banc, incitant ainsi à la contemplation. Inaugurée en 1960, la « Rothko Room » est la première salle consacrée à Rothko dans un musée et la seule ouverte au public de son vivant. Elle suscitait chez Duncan Phillips, fondateur de la Phillips Collection, une sensation de « bien-être soudain assombri par un nuage ».

Ochre, Red on Red, 1954, huile sur toile
Orange and Red on Red, 1957, huile sur toile
Green and Tangerine on Red, 1956, huile sur toile
 

Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)

Les années 1960

Au cours des années 1960, Rothko poursuit la réalisation de tableaux individuels. Chacun d’eux propose au visiteur à travers un « état d’intimité » une expérience immersive. Co-créateur comme le souhaite Rothko, ce
visiteur doit « prendre le risque » et « entreprendre le voyage » [sauf à] « passer réellement à côté de l’expérience essentielle du tableau ». Comme toujours chez l’artiste, les couleurs en sont le vecteur. Elles se sont alors assourdies et densifiées, les rouges, les noirs et les marron prenant une importance croissante. Associés à des bleus profonds, ils créent un contraste renforçant l’incandescence et accentuent la luminosité de l’œuvre.

No. 1, White and Red, 1962, huile sur toile
Number 207 (Red over Dark Blue on Dark Gray), 1961, hulle sur toile
Untitled, 1960, Technique mixte sur toile
Blue, Orange, Red, 1961, huile sur toile

Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)

No. 5, 1963, huile sur toile
No. 2, 1963, huile, acrylique et colle sur toile
No. 14 (Painting), 1961, huile sur toile
Untitled, 1962, huile sur toile

Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)

La couleur, encore

Rothko continue d’utiliser jusqu’à la fin des couleurs éclatantes – rose, rouge, orange et bleu – comme le montrent les trois œuvres présentées dans la salle 11

Untitled, 1967, huile sur toile
No. 3 (Untitled/Orange), 1967, huile sur toile
Untitled, 1967, huile sur toile

Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)

Comme dans chaque grande exposition de la Fondation Louis Vuitton, le parcours se termine en apothéose dans la galerie 10 :

Black and Gray, Giacometti

La série des Black and Gray, 1969-1970, se distingue par une nouvelle composition en deux parties bien définies, séparées par une ligne continue : un rectangle noir dans la zone supérieure et un rectangle gris dans la zone inférieure. Chaque peinture, sauf une, est entourée d’une bordure blanche tracée à l’aide d’un ruban adhésif enfermant les deux rectangles. Ici on regarde l’oeuvre plus qu’on n’y pénètre. Rothko utilise de l’acrylique, employée auparavant seulement dans ses œuvres sur papier de 1967-1968. Marqués par une certaine sévérité, ces tableaux ont trop souvent été rapportés aux problèmes de santé de Rothko et à un état dépressif. Une lecture plus contemporaine, portée par les artistes, fait valoir une autre interprétation les reliant au minimalisme.
Ici, la présence de Giacometti évoque la commande d’une peinture monumentale passée à Rothko en 1969 par l’Unesco, pour son nouveau siège parisien. Cette oeuvre aurait dû être présentée à proximité d’une grande figure de Giacometti, artiste dont il se sentait proche et dont la couleur des peintures aurait, selon Motherwell, inspiré les Black and Gray. Dès juillet 1969, Rothko renonce à la commande, tout en poursuivant son travail sur cette série jusqu’à sa disparition en février 1970.

Tous ces tableaux sont peints à l'acrylique sur toile, sans titre (Untitled), mention parfois suivie de Black and Gray, et datés de 1969 ou 1969-1970.

Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Mark Rothko (1903-1970) (II/II)
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Michel
  • : De tout un peu, au quotidien : l'apprentissage de la langue et de l'écriture chinoise, s'il reste un but de l'auteur, est désormais bien loin des sujets abordés...
  • Contact

Recherche