Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 avril 2024 6 13 /04 /avril /2024 08:00

Nous poursuivons la visite de la rétrospective consacrée par le Musée d'Art Moderne de Paris à Jacques Hélion (1904-1987) amorcée dans notre billet du 30 mars dernier, avec des œuvres de la fin des années 1940, où nous retrouvons les thèmes favoris de l'artiste.

Nature morte à la citrouille, 1948, huile sur toile
Nu étoilé au Fumeur et au Journalier, 1949, huile sur toile
La Belle Étrusque (le porteur de citrouille), 1948, huile sur toile

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Grande scène journalière, 1948, huile sur toile
Dans les année 1940, Hélion invente de nouveaux sujets. Les figures qui peuplent ses toiles sont désignées par des néologismes : « Salueurs », « Allumeurs », « Journaliers ». Dans Grande scène journalière, le caractère énigmatique de la scène est traduit par le thème de l'homme assis (motif abordé dès 1928), qui rappelle la figure alors populaire du Bibendum de Michelin. Il est encadré par deux « journaliers » de profil, en marche, qui se distinguent par les plis stylisés de leurs journaux et de leurs vêtements. La symétrie, l'absence d'expression et les coloris ajoutent à l'étrangeté de la composition.
Trois nus et le gisant, 1950, huile sur toile
Nu accoudé, 1948, huile sur toile

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Journalier gris, 1947, huile sur toile
L'Homme assis, 1947, huile sur toile
L'Homme assis, 1947, huile sur toile

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

De dessins, principalement de cette période :

Chaussures, 1950, fusain sur papier
L'Énuméré des choses 21, 1951, fusain, rehauts d'aquarelle sur papier
Chapeau, 1948, fusain sur papier
Journal chiffonné, 1950, fusain, rehauts d'encre sur papier contrecollé

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Le Lit, 1950, fusain et gouache sur papier
Holocaustes, 1977, pastel et aquarelle sur papier Canson brun
Tête de poisson, 1977, pastel sur papier
Suite de poissons, 1976, encre, aquarelle, gouache et pastel sur papier coloré marouflé sur toile

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Frédéric assis de dos, 1950, fusain sur papier
Nu affalé, 1950, fusain sur papier vergé
Autoportrait, 1953, fusain et huile sur toile
Homme couché, 1950, fusain sur papier

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Mannequin, 1950, fusain sur papier
Les Mains d'Oscar, 1951, fusain sur papier
Mains, 1950, fusain sur papier
Le Dos de l'acrobate, 1952, fusain, aquarelle et gouache sur papier
Deux harengs, 1946, encre et aquarelle sur papier

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Le parti pris des choses
Avec les « mannequineries » (La Grande Mannequinerie, 1950) - associant les motifs de la vitrine, ses mannequins masculins, et de l'homme couché -, dans lesquelles il introduit divers objets du quotidien (parapluies, chapeaux, chaussures), Hélion infléchit la volumétrie des plis des vêtements, accentue les ombres, et atténue la gamme chromatique. Même s'il partage avec des amis, comme Francis Ponge ou Alberto Giacometti, un intérêt passionné pour la réalité, Hélion traverse une période difficile et poursuit sa quête, en abordant des thèmes nouveaux, en particulier avec les Chrysanthèmes, qui marque son « recommencement ». Il privilégie de fascinantes compositions en rébus (baguette de pain, citrouille éclatée, vêtements féminins et masculins, chapeaux, parapluies, bancs, plantes) souvent teintées d'érotisme, comme dans Le Goûter (1952). L'espace de travail de l'artiste se prête à des mises en scène élaborées, comme dans L'Atelier (1953), où l'on reconnaît Pierre Bruguière, son plus important et proche collectionneur. Le thème de la Vanité (La Jeune Fille et le Mort, 1957) fait son apparition et l'amène à se confronter à l'histoire de la peinture, qu'il ne cesse d'interroger.
Hors de l'atelier, le peintre fait face aux éléments de la nature, en particulier au jardin du Luxembourg (Marronniers, 1957), et aux paysages que lui offre Belle-Île, où il séjourne régulièrement (Le Grand Brabant, 1957), dans un style cursif et nerveux. Avec la série des « Toits » (Toits, 1960), Hélion aborde un autre versant de cette peinture d'extérieur, explorant les rues et les vitrines qui avoisinent son atelier, et donne à voir, dans une armature où la géométrie est toujours présente, « le visage de la ville ».
En 1967, ressentant, une fois encore, le besoin de faire le point sur son évolution et sa vie, il peint le Triptyque du Dragon, exposé dans la
galerie du même nom. Dans une composition monumentale de près de dix mètres de long, il déploie les thèmes qui ont jusqu'alors façonné son œuvre, tout en leur conférant une dimension allégorique.

L'Homme couché sur un banc, 1950, huile sur toile
Mannequinerie d'argent, 1950-1951, huile sur toile
Grande mannequinerie, 1951, huile sur toile
Vanité à la rose (planche), 1957, huile sur toile

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

La Citrouille et son reflet, 1958, huile sur toile
Le Grand Brabant, 1957, huile sur toile
Chrysanthème, 1951, carton entoilé
Chrysanthèmes, 1951, huile sur bois

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Nature morte au hareng saur et au pain, 1952, huile sur toile
Citrouillerie, 1952, huile sur toile
Les Anémones d'hier et d'aujourd'hui, 1952, huile sur toile
L'Atelier, 1953, huile sur toile
L'atelier, lieu de travail, revêt une importance capitale pour Hélion, qui aime à dire que c'est « l'âme du peintre ». Ici, l'artiste met littéralement son œuvre en scène. Dans une composition très structurée, il reproduit en miniature toutes ses créations : Le Goûter, Citrouillerie... Parmi cette accumulation de peintures qui rappelle la manière des cabinets d'amateurs du XVII° siècle, seuls sont présents ses rares soutiens du moment, sa femme Pegeen et son ami Pierre Bruguière.

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Le Goûter, 1953, huile sur toile
Chou sous la lucarne, 1960, acrylique sur toile
Marronniers, 1954, huile sur toile
Les Toits, 1960, huile sur toile

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Quatuor, 1958-1959, huile sur toile
Intérieur au parapluie, 1955, huile sur toile
Self ou Dans un miroir (autoportrait), 1958, huile sur toile
La Jeune Fille et le Mort, 1957, huile sur toile
Autoportrait (planche), 1959, acrylique sur toile

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Triptyque du Dragon, 1967, acrylique sur toile 

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Quartier libre
Hélion trouve, dans les manifestations de Mai 1968, un événement à sa mesure et qui ravive ses convictions politiques (Choses vues en mai, 1969). À partir de cette époque, un sentiment d'allégresse face au spectacle du quotidien s'empare de l'artiste. Paris est un décor de théâtre grandeur nature avec ses bouches de métro, ses pissotières, ses amoureux, ses bouquinistes des quais de Seine et ses terrasses de café. Cet euphorique tohu-bohu offre d'insolites rencontres de thèmes qui produisent des allegories inattendues. Elles prennent la forme de suites comme des phrases d'objets (Escalade chapelière, 1978, Suite pucière, 1978).
Dans Suite pour le 11 novembre (1976), Hélion se réfère une fois encore à l'histoire de la peinture, en réinterprétant la Parabole des aveugles de Pieter Brueghel l'Ancien pour dénoncer les monuments aux morts de la guerre de 1914. Le caractère volontairement parodique du tableau est traduit par la stridence des couleurs.
Pour clore cette décennie, Hélion éprouve le besoin de livrer ses réflexions dans une œuvre de synthèse. Méditant sur l'existence, le triptyque du Jugement dernier des choses (1978-1979) réunit l'ensemble de ses thèmes et objets fétiches dans une composition qui prend la forme d'un étal de marché aux puces.

La Voiture de fleurs et le boucher, 1964, huile sur toile
Métro, 1969, acrylique sur toile
Suite pucière, 1977, fusain, pastel et encres sur papier Canson vert
Escalade chapelière, 1978, acrylique sur toile

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Suite pucière n°2, 1978, acrylique sur toile
Nature morte et comique, 1979, acrylique sur toile
Pantalonnade, 1978, acrylique sur toile
Un Borsalino pour Émile, 1981, acrylique sur toile

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Une Fable pour Richard Lindner, 1981, acrylique sur toile
Suite pour le 11 novembre, Lamento, 1976, acrylique sur toile
Bataille de chaises à Skyros, 1980, acrylique sur toile
Accident le 6 novembre, 1981, acrylique sur toile

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Chou, 1982, gouache et pastel sur papier
Trois araignées de mer, 1976, pastel sur papier brun
Citrouille, 1972, pastel sur papier bleu

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Suite pour le 11 novembre (dyptique)
Panneau 1: Monument
Panneau 2 : Farandole
1976, acrylique sur toile

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Jugement dernier des choses (triptyque), 1978-1979, acrylique sur toile
Composition de synthèse, ce triptyque, qui prend la forme d'un étal de marché aux puces, réunit l'ensemble des thèmes et motifs poursuivis sa vie durant par le peintre. De gauche à la droite : friperie, soupière, machine à coudre, banc du jardin du Luxembourg; au centre, mannequin de vitrine; à droite, escalier, instruments de musique, le peintre portant son chevalet... Conçue comme « une immense vanité », cette toile pourrait faire figure, par son titre, d'œuvre testamentaire, mais son ironie laisse aussi entendre une leçon méditative sur l'existence.

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Dernière section :

À perte de vue
Les troubles oculaires apparus dans les années 1960 s'amplifient jusqu'à la cécité presque complète de Jean Hélion, en 1983. De 1981 à 1983, il n'en continue pas moins de peindre « pour voir clair », comme il le dit. L'aveugle, motif prémonitoire apparu en 1944 dans L'Escalier (1944) puis dans le Triptyque du Dragon (1967), prend alors tout son sens. Dès lors, le songe se substitue au réel. Pour lui, cet aveuglement prend une dimension métaphorique et finit de le délivrer de toute convention plastique.
Hélion recycle tous les thèmes de sa vie, se paraphrasant souvent avec humour. Sa manière de peindre est hâtive, pressée par le temps, mais froide et précise. Cette désinvolture toute apparente se traduit par un chromatisme exacerbé. Le peintre se concentre sur les thèmes de la chute et de la relève : L'Instant d'après (1982) et Les Relevailles (1983). Le combat quotidien du peintre face à la toile et à son modèle est illustré par Le Peintre piétiné par son modèle (1983) et par Parodie grave (1979), où il est symbolisé par le chevalet du peintre porté comme une croix.
Dans le même temps, Hélion produit une série d'autoportraits particulièrement émouvants, dans lesquels il confie au miroir le soin de refléter son visage à l'approche de la mort (R... pour requiem, 1981, Requiem 2, 1981).

Autoportrait, 1980, fusain, pastel, encres sur papier Canson gris
R... pour requiem, 1981, acrylique sur toile
Requiem 2, 1981, acrylique sur toile
Festival d'automne à l'atelier, 1980, acrylique sur toile

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Portrait de famille, 1982, acrylique sur toile
Suite vaniteuse à l'atelier, 1982, acrylique sur toile
L'Instant d'après, 1982, acrylique sur toile
Les Relevailles, 1983, acrylique sur toile

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

Le Peintre piétiné par son modèle, 1983, acrylique sur toile
Parodie grave, 1979, acrylique sur toile
Trombone pour un peintre, 1983, acrylique sur toile
Grand autoportrait, 1981, huile, gouache, encre et crayon sur papier coloré

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)

À la sortie de l'exposition, dans le grand hall du rez-de-chaussée du musée, le triptyque monumental Choses vues en mai, 1969, acrylique sur toile.

Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Jean Hélion - La prose du monde (II/II)
Partager cet article
Repost0

commentaires

S
Vos photos ont poussé nos pas jusqu'à l'expo. Merci pour tout, il nous manquait notre rapport à la dimension, voilà qui est chose faite.
Répondre

Présentation

  • : Le blog de Michel
  • : De tout un peu, au quotidien : l'apprentissage de la langue et de l'écriture chinoise, s'il reste un but de l'auteur, est désormais bien loin des sujets abordés...
  • Contact

Recherche