Exposition étonnante au Musée d'Orsay du 11 mars au 6 juillet
J'ai tendance à me méfier des expositions associant deux artistes : le fil reliant les deux est souvent ténu, plutôt artificiel...
Dans le cas présent, la pertinence de cette association saute au yeux, et le résultat est admirable. Le public ne s'y est d'ailleurs pas trompé : après un démarrage discret, les queues tant à l'extérieur du musée qu'à l'intérieur même, une fois rentré, sont impressionnantes. La genèse de cette exposition est parfaitement résumée sur le site du Musée :
"Quelques jours avant l'ouverture d'une rétrospective Van Gogh à Paris en 1947, le galeriste Pierre Loeb suggéra à Antonin Artaud (1896-1948) d'écrire un texte sur le peintre.
Prenant le contrepied de la thèse de l'aliénation, Artaud s'attacha à démontrer comment la lucidité supérieure de Van Gogh gênait les consciences ordinaires. En voulant l'empêcher d'émettre "d'insupportables vérités", ceux que sa peinture dérangeait le poussèrent au suicide.
En s'appuyant sur les catégories ou les désignations singulières mises en avant par Artaud dans Van Gogh le suicidé de la société, le parcours de l'exposition se déroule à travers une quarantaine de tableaux, un choix de dessins et de lettres de Van Gogh ainsi qu'une sélection d'oeuvres graphiques du poète-dessinateur."
L'expo, s'efforçant de rassembler les tableaux de la rétrospective de 1947, est l'occasion de voir quelques tableaux de collections particulières ou venant de musées étrangers, comme ci-dessous de La Haye et d'Amsterdam
ou du MOMA de New-york pour ces lauriers roses. Même quand il "viennent" du musée d'Orsay, comme cette salle de bal à Arles, c'est l'occasion de les redécouvrir ou d'en faire une autre lecture.
L'accrochage suit les chapitres de l'ouvrage d'Artaud, comme cette salle consacrés aux "paysages de convulsions fortes". Le docteur Gachet, que dans sa haine des médecins psychiatres Artaud rend responsable du suicide de Van Gogh, est bien sûr présent
L'oeuvre dessiné d'Artaud est présent, en contrepoint, avec ses grands dessins comme Le Théâtre de la Cruauté" ou La Projection du véritable corps ou encore cet impressionnant autoportrait.
Réalisés pour beaucoup d'entre eux à des fins thérapeutiques, leur caractère d'expression artistique n'en est pas moins présent.
Malgré l'affluence, la caractère intime de l'accrochage permet d'apprécier les détails de la manière unique de Van Gogh, comme dans ce tableau représentant la cour de l'Hopital Saint-Paul à Saint Remy de Provence
ou la fameuse chambre de la maison jaune
ou la nuit étoilée
Sans doute la plus belle exposition de ce printemps...