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9 septembre 2023 6 09 /09 /septembre /2023 08:00

Nous terminons dans ce billet le parcours amorcé dans notre billet du 4 septembre d'une des expositions phares du printemps dernier, consacrée aux pastels du musée d'Orsay.

Avant de reprendre le parcours, quelques éléments sur un évènement organisé autour de l'exposition : PASTEL XXL.

Huit étudiants des Beaux-Arts de Paris (Mathias Bensimon, Juliette Duchemin, Rusné Gocentaité, Li Jinshuai, Kraus, Hakim Sahiri, Alexandra Willis et Misha Zavalnyi) ont créé, devant les visiteurs, un vaste dessin panoramique au pastel de 10 mètres de long. Cette performance en direct s'est déroulée pendant l'exposition au rythme d'une séance par semaine. Ci-dessous l'état de l'œuvre - par nature inachevée - au 17 mai 2023, lors de notre visite (de gauche à droite)

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

Reprenons notre parcours avec la section Intérieurs

Parmi les nouveaux sujets investis par les pastellistes dans les dernières décennies du XIXe siècle figure l’univers domestique. Le portrait devient aussi plus intime, plus informel, reflétant un état d’âme. Le foyer et la vie familiale étant au cœur des valeurs bourgeoises, les artistes se tournent vers les scènes de genre et les intérieurs. Ces sujets semblent particulièrement privilégiés par les artistes femmes qui, dans le contexte de l’époque, restent encore largement associées à cette sphère. Ce phénomène est accentué par la réputation de « propreté » et de facilité d’usage du pastel, considéré encore comme un art d’agrément convenant tout particulièrement aux femmes, jusqu’aux années 1880 – moment où il jouit d’une popularité sans précédent chez les artistes, tous sexes confondus : « Le pastel peut se prendre et se quitter, gardant tout au long du travail toute la fraîcheur de son éclat et la fleur de son velouté » (la Grande Encyclopédie, 1885). Il devient le médium de choix pour créer des instantanés de la vie quotidienne.

Odilon Redon : Camille Redon brodant, 1880, pastel sur papier
Eugène Loup (1867-1948) : Mélancolie, vers 1901, pastel sur toile
Georges Le Brun (1873-1914) : Le Vestibule, 1909, fusain et pastel

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

Auguste Renoir (1841-1919) : Portrait de jeune fille brune, assise, les mains croisées, 1879, pastel sur papier
Daniel de Monfreid (1856-1929) : Portrait de sa fille Agnès à trois ans, 1902, pastel sur papier vergé
Étienne Moreau-Nélaton (1859-1927) : Portrait de Raymond Koechlin, 1887, pastel et crayon noir sur papier

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

Mary Cassat (1844-1926) :

Portrait de Mademoiselle Louise-Aurore Villebœuf, 1902, pastel sur papier beige et châssis
Mère et enfant sur fond vert, 1897, pastel sur papier beige collé sur châssis entoilé
Femme et enfant devant une tablette où sont posés un broc et une cuvette, 1889, pastel sur papier beige collé sur châssis entoilé

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

Paul-César Helleu (1859-1927) :

Femme accoudée à une table, 1889, pastel sur papier chamois collé sur châssis entoilé
Portrait de Madame Paul Helleu, 1894, pastel sur papier bleu

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

Édouard Vuillard (1868-1940) :

Bouquet de soucis sur la cheminée, vers 1930, pastel sur papier beige
La Table servie, vers 1915, pastel sur papier beige

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

Marguerite Carpentier (1886-1965) : Marguerite Cahun dans l'appartement du boulevard Raspail, 1910, pastel sur papier marouflé sur toile avec cadre
Armand Guillaumin (1841-1927) : Intérieur, 1889, pastel sur papier vergé crème
Eva Gonzalès (1847-1883) : La Matinée rose, 1874, pastel sur papier et châssis entoilé

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

Intimités

Le pastel semble plus apte que tout autre médium à rendre le velouté de la peau et les teintes subtiles de sa carnation. Cette qualité explique naturellement sa grande popularité dans l’art du portrait, mais aussi dans celui du nu. Édouard Manet, Maurice Denis et Émile-René Ménard jouent de l’estompe pour donner un aspect poudreux et lumineux à la chair de leurs modèles, tandis que Degas utilise une grande variété de traits et des couleurs franches pour donner du relief à ses baigneuses aux postures prosaïques, sans idéaliser de leur corps.

Édouard Manet (1832-1883) : Buste de femme nue, vers 1875, pastel sur toile et châssis
Émile René Ménard (1863-1930) : Étude de nu dans un intérieur, sans date, pastel sur papier collé sur châssis entoilé

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

Edgar Degas (1834-1917) :

Femme nue debout, vers 1880-1883, pastel et fusain sur papier bleu-vert
Danseuse en maillot, vers 1896, pastel sur papier
Baigneuse allongée sur le sol, vers 1886, pastel sur papier beige

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

Edgar Degas :

Baigneuse s'essuyant, vers 1900-1905, fusain et pastel sur papier
Femme à sa toilette essuyant son pied gauche, 1886, pastel sur carton
Après le bain, femme nue s'essuyant la nuque, 1898, pastel sur papier vélin fin collé sur carton
Femme se coiffant, 1887-1890, pastel sur papier beige collé sur carton

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

Maurice Denis (1870-1943) : Nu, femme assise, de dos, 1891, pastel et fusain sur papier
Edmond Aman-Jean (1858-1936) : Farniente dit aussi Étude de femme drapée les mains levées, vers 1895, pastel sur papier gris-beige collé sur toile

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

Arcadies

Le XIXe est un siècle d’instabilité politique et de profonds changements sociétaux. La révolution industrielle et l’expansion rapide des chemins de fer bouleversent le rapport au temps et à l’espace. Vers la fin du siècle émerge la crainte d’un effondrement de la civilisation, comparable à celui de l’Empire Romain. En réponse à cette crise des valeurs et en réaction contre le matérialisme ambiant, certains artistes rejettent les sujets contemporains pour se tourner vers un idéalisme arcadien, rêve antique d’une vie simple, en harmonie avec la nature, hors du temps.
Un artiste comme Osbert développe une vision panthéiste et mystique peuplée de muses sur laquelle s’édifie son œuvre. Dans l’art de Degas, au contraire, le thème des baigneuses dans l’herbe et d’une possible symbiose avec la nature est une véritable rareté. Enfin, chez Desvallières et Rothenstein, la terre idyllique de l’Arcadie n’est pas sans présenter un caractère étrange voire menaçant, comme ébranlée par les secousses du XXe siècle approchant.

Alphonse Osbert (1857-1939) :

Au bord de la mer, 1926, pastel sur papier gris contrecollé sur carton
Muse allongée sous les arbres, vers 1910, pastel sur papier gris

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

Henri Fantin-Latour (1836-1904) : Les Filles du Rhin ou L'Or du Rhin, 1876, pastel et fusain sur lithographie sur papier
Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898) : Le Berger ou L'Orage, 1887, pastel sur papier beige collé sur châssis entoilé
 Léon Lhermitte (1844-1925) : Deux baigneuses au bord d'un étang, vers 1893, pastel et fusain sur papier brun

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

 Ker-Xavier Roussel (1867-1944) : Scène mythologique, dit aussi Silène et l'Enfant, vers 1916, pastel sur papier
Édouard Vuillard : Deux femmes dans un bois, vers 1890, pastel sur papier

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

Edgar Degas : Deux baigneuses sur l'herbe, 1896, pastel sur papier brun
William Rothenstein (1872-1945) : Femme nue assise, 1892, pastel et peinture dorée
George Desvallières (1861-1950) : Les Tireurs à l'arc, 1895, pastel sur papier gris-beige

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

La dernière section de l'exposition présente des œuvres de deux artistes seulement :

Âmes et chimères

La voie menant à une Arcadie utopique n’est pas la seule qu’aient empruntée les artistes peu enclins à tendre un miroir au monde transfiguré du XIXe siècle. Odilon Redon et Lucien Lévy-Dhurmer, tous deux en quête d’une réalité intérieure, adoptent le pastel pour donner corps à un imaginaire foisonnant, avec un vocabulaire visuel propre à chacun. Après Millet et Degas, ce médium « caméléon » est une nouvelle fois renouvelé par ces deux grands pastellistes symbolistes à la fin du siècle.

Pour Lévy-Dhurmer, l’exploration de la vie intérieure passe souvent par le portrait et la figure humaine, y compris dans la représentation d’êtres hybrides comme sa célèbre Méduse.

Lucien Lévy-Dhurmer (1865-1953) :

Portrait de Georges Rodenbach, vers 1895, pastel sur papier gris-bleu
La femme à la médaille, dit aussi Mystère, 1896, pastel et rehauts d'or sur papier contrecollé sur carton
La Sorcière, 1897, pastel sur papier

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

Lucien Lévy-Dhurmer :

Florence, vers 1898, pastel sur papier
Méduse, dit aussi Vague furieuse, 1897, pastel et fusain sur papier beige contrecollé sur carton
Le Silence, 1895, pastel sur papier

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

Redon exploite quant à lui l’extraordinaire plasticité du pastel pour donner forme à son imaginaire et insuffler une dimension personnelle au mythe, loin de l’allégorie. Son art repose sur l’indéterminé, avec une volonté de se laisser guider par le matériau.

Odilon Redon (1840-1916) :

Parsifal, 1912, pastel sur papier
Femme voilée, sans date, pastel, détrempe, graphite et transferts carbone sur papier beige
Le Bouddha, vers 1906-1907, pastel sur papier beige
La Visitation ou Entretien mystique, sans date, pastel sur papier beige, mise au carreau partielle à la mine de plomb

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)

Odilon Redon :

Char d'Apollon, vers 1910, pastel et détrempe sur toile
Fleur de sang, 1895, pastel sur papier gris
Vision sous-marine, vers 1900, pastel sur papier gris
La Coquille, 1912, pastel sur papier

Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
Pastels, de Millet à Redon (II/II)
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